Aaron Ramsey : itinéraire d’un prodige devenu injustement bouc-émissaire

Depuis la saison dernière, on peut remarquer qu’en cas de résultats défavorables pour Arsenal, si le Gallois est sur le terrain, on peut être certain qu’il sera considéré comme celui qui est la cause de tous les maux d’Arsenal. Cet acharnement sur Aaron atteint son paroxysme cette saison alors qu’il aligne de bonnes performances avec Arsenal.

Quand je vois les réactions des gens, aussi bien sur twitter que sur facebook, s’acharner sur l’un des plus grand talents britannique, chaque semaine, je suis choqué par ce désamour et ce manque de considération dont il fait l’objet. Je ne suis pas son plus grand fan mais cela suffit.

Aaron a débuté sa carrière, lors de la saison 2006-2007, à Cardiff à 16 ans et 124 jours et déjà il obtient le record de précocité dans son club en étant le plus jeune joueur à évoluer sous les couleurs de Cardiff City. Dès sa première saison, il est repéré par les plus grands clubs anglais et reconnu comme un des grands espoirs du Royaume. Sir Alex Ferguson a même envoyé Gary Neville et son directeur exécutif, David Gill, pour le convaincre et Arsène Wenger a dépêché un jet privé pour que ses parents et lui viennent le rejoindre en Allemagne où il était commentateur de l’Euro 2008. C’est dire les capacités de ce gamin de 16 ans. Conseillé par son entraineur adjoint de l’époque, Terry Burton, aujourd’hui entraineur de l’équipe réserve d’Arsenal, le jeune gallois s’engage à Arsenal.  Le jeune Ramsey a été enthousiasmé à l’idée de travailler avec Arsène Wenger qui est reconnu pour sa capacité à aider les jeunes joueurs à exploiter  leur potentiel.

Très vite Aaron aura sa chance avec Arsenal et obtiendra quelques opportunités en équipe première. Dès ses premières apparitions, il impressionne. Il est l’un des plus jeunes buteurs de l’histoire de la Ligue des Champions. Pour sa première apparition en championnat face à Blackburn, qui pourrait oublier sa fantastique passe décisive pour Adebayor ? Pour sa première saison, il dégageait une maturité incroyable, notamment grâce à un physique assez imposant pour un joueur de son âge. Le sport national au Pays de Galles n’étant pas le football, il n’est pas étonnant de savoir que dans sa jeunesse, Aaron est passé par la case rugby. Il en a hérité un corps musclé lui permettant de s’acclimater rapidement à l’intensité de la Premier League et d’avoir une endurance impressionnante pour un joueur de 17 ans. En 2007-2008, il montra tant de bonnes choses, que l’on pouvait affirmé qu’il était le plus grand talent d’Arsenal, devant Jack Wilshere. Pour certains, il était même programmé pour faire mieux que Cesc Fabregas car il avait la même maturité, une capacité physique supérieure à celle de l’Espagnol et des capacités adaptées à la culture anglaise. Il n’est pas un “pass master” comme a pu l’être Fabregas ou un perforateur comme Wilshere mais il a toutes les qualités d’un joueur qui fait le lien entre l’attaque et la défense.

Sa deuxième saison, selon certains observateurs, aurait pu presque être aussi excitante que la saison 2010-2011 de Jack Wilshere. L’Anglais continue de montrer sa capacité à rendre les choses simples pour ses coéquipiers et le Gallois, lui, montre des qualités mentales et apporte cette étincelle et cette mentalité de gagnant, ce qui manquait à l’époque à Arsenal. Mais, au final, le jeune Ramsey n’a pas eu autant de temps de jeu que Fabregas au même âge ou que Jack Wilshere en 2010-2011. Faute peut être aussi à la présence d’un grand nombre de milieux talentueux (Song, Denilson, Fabregas, Diaby, Rosicky) qui étaient plus expérimentés que lui. Malgré un temps de jeu limité, il a su saisir ses chances en débloquant notamment  des situations compliquées (Stoke City, Portsmouth par exemple).

Puis arriva ce fameux 27 février 2009 et l’infâme incident face à Stoke. Je n’ai pas vu ce match mais sur les vidéos que l’on peut trouver sur le net on peut se rendre compte de la violence du choc. Rien que le bruit du choc laisse présager le pire. Résultat des courses, une double fracture tibia/péroné et une indisponibilité de 9 mois pour le jeune Aaron. Un gros coup au moral et à la confiance pour un jeune joueur. Aujourd’hui, on en voit le résultat, l’étincelle dans son regard a disparue, il n’a plus la même rage de vaincre qu’avant sa blessure. Remercions chaleureusement les bouchers de Stoke (en particuliers Shawcross) d’avoir totalement détruit la confiance de l’un des plus grands talents d’Angleterre. Aaron revient de loin, il aurait pu suivre le même chemin qu’Eduardo mais il s’est relevé.

Cette coupure de 9 mois l’a stoppé net dans son évolution. Mais on l’a vu à son retour, physiquement, il était prêt et avait retrouvé l’entièreté de ses capacités physique. Mais psychologiquement, il en garde encore des séquelles. Il ne s’engage plus comme avant, sa prise de décision n’est plus aussi rapide qu’auparavant. Cette blessure a brisé sa confiance en lui et en son corps. Et ça, c’est le plus dur à réparer. Abou Diaby est dans le même cas qu’Aaron, depuis qu’une blessure a stoppé son développement, sa confiance en son corps a disparue et l’enchaînement de blessures depuis près de deux ans ne l’aide pas à aller mieux. Contrairement à ces deux joueurs, Jack Wilshere retrouvera son niveau bien plus rapidement car sa blessure n’a pas eu lieu sur un fait de match comme pour Aaron et Abou mais elle est dû à une accumulation de matches qui ont provoqués chez lui une fracture de fatigue. Mais à 22 ans le mois prochain, Ramsey a encore toute sa carrière devant lui, donc on peut lui pardonner de ne pas être encore au top.

La bonne nouvelle pour le Gallois est que son retour début 2011 face à Manchester United a été une belle réussite puisqu’il a été étincelant aux côtés de Wilshere et Song et réussissant à marquer le seul but du match. Il a montré lors de son retour qu’il n’était un deuxième Eduardo et qu’il pouvait revenir alors que beaucoup pensaient le contraire. Alors, la raison pour laquelle les fans d’Arsenal  s’acharne sur lui reste un mystère pour moi. Il a la mentalité d’un gagneur, il ne se laisse pas abattre facilement, c’est un combattant sur le terrain. Il le prouve depuis son retour en harcelant ses adversaires de la première à la dernière minute. Il souffre certainement de la comparaison avec Cesc Fabregas et Jack Wilshere qui ont tant manqués à Arsenal et aux fans. Mais Aaron n’est pas comme eux, il n’a pas le même profil, mais ça, je l’ai déjà montré. On le voit à l’entrainement et en match, il travaille beaucoup et comme Jenkinson et Wilshere, il se révèlera (à nouveau). Il peut devenir notre Gerrard ou Lampard.

La saison dernière, Ramsey était loin d’être mauvaise. Il revenait de sa double fracture de la jambe. Ramsey  n’est pas un meneur de jeu comme les fans voudraient le voir mais il ne s’est jamais caché et a continué à travailler pour l’équipe. Selon certains supporters, il a fait aussi bien que Cesc, dans le fonctionnement du milieu de terrain. Mais quelques mauvaises performances et il est devenu le bouc émissaire d’une grande partie des fans. Devenant un exutoire de toutes les frustration des fans, et cela, sans prendre en compte la gravité de sa blessure et le choc que celle-ci a pu avoir sur lui. Il recommence à tenter cette saison, dès qu’il rend le ballon à l’adversaire, il va se battre pour essayer de récupérer le ballon, il a la bonne attitude mais ça, personne ne le voit. On reste sur sa perte de balle et on passe sous silence ce qu’il y a derrière. La saison dernière, il a joué 44 matches pour 3 buts et 8 passes décisives, c’est si mauvais que ça pour un jeune joueur qui joue sa première saison complète après une double fracture de la jambe ? Il a aussi été nommé capitaine de sa sélection par son sélectionneur qui a vu en lui un leader par sa maturité et sa capacité à être un leader par le sacrifice, à chaque match, il se donne à fond et va au bout de lui même. Même si ce brassard est venu trop tôt, ou qu’il a fait une mauvaise performance, il ne se cache pas et prend ses responsabilités. C’est pour cela qu’Arsène Wenger a une grande confiance en lui et elle ne faiblira pas.

Avec Aaron, il faut arrêter de regarder le passé. Il va aller de mieux en mieux. Dans le système actuel d’Arsène Wenger, il n’a pas vraiment de poste de prédilection. Il est polyvalent et c’est ce qui fait sa force. Il est capable de jouer au milieu aux côtés d’Arteta comme de jouer sur une aile pour rendre service à l’équipe. En effet, il a passé une partie de sa formation à Cardiff comme ailier. De plus, son physique lui permet de faire les efforts qu’il faut sur un côté, d’aider à bloquer l’aile. Face à Manchester City, il a montré que ce rôle lui convenait même si ce n’est pas son poste de prédilection. Il peut venir couvrir Cazorla et donner un coup de main au milieu. Son énergie, son déplacement, son endurance et sa ténacité vont l’aider à devenir notre pivot dans les années à venir. Ce pivot est pour le moment Arteta mais celui-ci ne sera pas éternel. C’est pour cela qu’il a besoin de temps de jeu. la saison dernière, il a beaucoup souffert de la mort de Gary Speed, l’homme, son ami qui lui avait fait confiance et lui avait donné le brassard de capitaine du Pays de Galle. Robin van Persie que l’on voyait très souvent s’agacer de la prise de responsabilité et de risque de son jeune coéquipier, n’est plus là et le libère d’un poids et de l’animosité systématique des supporters du fait de son statut de superstar blamaient le jeune Gallois. A 21 ans, il en a pris dans la figure bien plus qu’il n’en méritait mais il s’est toujours relevé. Il compte déjà près de 150 apparitions avec Arsenal à son âge, malgré 9 mois d’absence. On peut être sur qu’il fera partie dans les 3-4 prochaines années du milieu d’Arsenal avec Wilshere et Coquelin.

Alors patience.

#Yann


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