Eduardo: “La Premier League s’insinue en vous.”

L’ancien Gunner Eduardo se souvient des hauts et des bas de trois saisons mouvementées auxquelles il a participé à Arsenal.

Recruté lors de l’été 2007 en provenance du Dinamo Zagreb, pour qui il a marqué 73 buts en 108 apparitions, Eduardo se devait d’avoir un impact immédiat dans son nouveau club, marquant en championnat comme en Ligue des Champions. Puis vient ce mois de février l’année suivante, qui devait offrir une belle saison à la fois pour le joueur mais aussi pour le club. Un tournant dans la carrière du joueur. Une blessure qui aura mis son avenir sportif entre parenthèses. Un tacle horrible du joueur de Birmingham City Martin Taylor qui a brisé le péroné et désarticulé la cheville d’Eduardo.  A cette époque, Arsenal était au sommet de la Premier League, maintenant une forme resplendissante, mais cet incident a semblé faire dérailler leur saison. Eduardo a réussi à outrepasser l’appréhension pour finalement revenir, au plus grand plaisir des fans et de ses partenaires mais le temps passé au Club n’a pas été récompensé par un trophée. Durant l’été 2010, il accepta un transfert au Shakhtar Donestk. Cependant, il fit son retour à l’Emirates Stadium quelques mois plus tard, après que son club tombe sur Arsenal en Ligue des Champions. Shakhtar était mené 3-0, Eduardo fit son entrée sous une standing ovation de la part des supporters d’Arsenal, marquant le but de l’honneur qui fut également applaudi par les supporters d’Arsenal. Arsenal remportant finalement la partie 5-1. Lors du match retour, Shakhtar retrouva sa fierté en gagnant 2-1, match lors duquel Eduardo marqua le but victorieux, qu’il refusa de célébrer afin de prouver son respect envers son ancien club. Comme il l’explique à Dan Brennan et Jefferson Rodrigues, ce sens du respect et cet amour envers le Club sont des notions qui restent dans son cœur encore aujourd’hui.

Quels sont vos meilleurs souvenirs à Arsenal?

J’ai beaucoup de souvenirs mais le premier qui me vient en tête est quand j’ai signé mon contrat. Mes premiers jours dans un club tel qu’Arsenal, mon premier match contre le Sparta Prague en Ligue des Champions, lorsque j’ai inscrit mon premier but…Et évidemment, l’autre grand souvenir est quand j’ai fait mon retour après ma blessure à la cheville. C’était un match de coupe contre Cardiff City et j’avais inscrit un doublé. Le dernier souvenir que j’ai, c’est quand je suis revenu à l’Emirates avec Shakhtar, quand j’ai marqué et que les supporters d’Arsenal m’ont applaudi.

Vous faites référence à beaucoup de vos buts, lequel est votre préféré?

J’en ai trois, deux que j’ai déjà mentionné. D’abord, le but de la tête contre Cardiff, qui fut mon premier but après ma blessure. Puis, il y a eu ce superbe but en FA Cup, je ne me souviens pas contre qui c’était, [Burnley] c’était un peu un but de beach volley. Et puis, il y a eu mon premier but pour le Club, contre le Sparta Prague.

De qui étiez-vous le plus proche au Club? Passiez-vous beaucoup de temps avec les autres Brésiliens du Club?

Quand je suis arrivé, il y avait Gilberto. C’est la personne qui m’a donné le meilleur accueil et énormément de soutien. Il ne l’a pas fait qu’avec moi, il était comme ça avec tous les autres joueurs brésiliens qui sont arrivés pendant cette période, comme Denilson par exemple. Et cela nous a rapproché. Je dirais que Gilberto fut l’ami le plus proche que j’ai pu avoir au Club. Après son départ, j’étais proche de Denilson. Mais j’étais aussi très proches de plusieurs autres joueurs étrangers, surtout ceux qui ne parlaient pas français comme Rosicky, Fabregas, Almunia et Van Persie.

Qu’avez-vous appris d’Arsène Wenger?

J’ai beaucoup appris. La chose la plus importante était d’être aussi professionnel que possible. Il m’a appris que le Club est toujours plus important que n’importe quel joueur. Et que nous devons respecter ce maillot. Je n’avais pas le droit de manquer de respect aux joueurs d’équipes inférieures sous prétexte que je faisais partie d’un gros club. C’est la plus grande leçon qu’il m’a inculqué. Une autre chose importante qu’il m’a montré c’est qu’il traitait tous les joueurs de façon équitable, peu importe si vous étiez un jeune ou une star internationale.

Comment avez-vous profité de la vie en Angleterre? Comment utilisiez-vous votre temps libre?

Les gens qui ne connaissent pas le football anglais et le mode de vie anglais pensent que tous les joueurs vivent dans de superbes appartements dans le centre de Londres. Mais c’est faux. Les joueurs ont tendance a vivre loin du centre et c’était le cas pour moi. Ma maison était à 1h30 du centre de Londres, près du centre d’entrainement donc ce n’était pas simple de profiter du mode de vie londonien. Je préférais passer mon temps libre avec ma famille. J’utilisais mon temps libre pour emmener ma fille à l’école par exemple, jouer avec elle et passer un peu de temps avec ma femme.

Evidemment, un moment crucial de votre passage à Arsenal fut cette blessure, qui a mis votre carrière en danger. Quels sont vos souvenirs de ce moment désormais? Comment avez-vous pu passer cette étape? Et étiez-vous inquiet de savoir si vous alliez rejouer un jour?

En fait, j’essaie de ne pas m’en souvenir. Ce fut une tragédie pour moi mais aussi pour le football. Je n’ai vraiment pas envie de parler de cet incident mais la seule chose que je me rappelle, c’est quand je suis arrivé à l’hôpital, le chirurgien est venu vers moi et m’a dit de ne pas m’inquiéter, que j’allais récupérer et que je jouerais à nouveau. Cela m’a donné des forces et de la confiance…et c’était la vérité. Je suis la et je joue encore.

Cela a du être très difficile pour votre famille et votre fille?

C’était difficile pour ma fille, qui avait tout juste 2 ans, mais aussi pour ma femme, ma famille et mes amis. Ils ont tous joué un rôle crucial durant ma convalescence. Ils étaient avec moi 24/24, m’ont motivé, m’ont donné de la force et du soutien. Tout ça m’a aidé à revenir. Et bien sur, savoir que ma fille dépendait de moi m’a donné des ressources pour me battre et revenir. Et je suis de retour, je joue toujours au haut niveau et cela me rend très fier.

Cette blessure a provoqué un énorme soutien envers vous de la part des supporters. Est-ce que cela vous a aidé?

Les supporters sont la raison principale qui fait que vous jouez au football et la raison pour laquelle on donne tout sur le terrain. De savoir que les supporters étaient derrière moi, qu’ils m’envoyaient des lettres de soutien et qu’ils priaient pour que je récupère fut une sensation incroyable. Cela m’a donné la force de poursuivre ma rééducation et m’a rendu mentalement plus fort. Ce fut une démonstration de pure affection.

A cette période, Arsenal était premier du classement, surfant sur une forme magnifique puis vint une baisse comme si ce qui vous étiez arrivé avait affecté toute l’équipe et le Club…

Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je crois que nous étions 5 points devant Manchester United avec un match à jouer. Puis on a fait 5 nuls de suite, on a perdu notre rythme et ne l’avons jamais retrouvé. Je ne sais pas si cette blessure a affecté l’équipe, mais quelque chose a radicalement changé.

Vous faisiez partie d’une équipe d’Arsenal qui n’a jamais vraiment réussi à aller au bout de son potentiel. Avez-vous des regrets de n’avoir rien gagné avec le Club?

Evidemment. Cela me manque de ne pas avoir remporté de trophée avec Arsenal. C’est un club qui était habitué à gagner et j’avais l’habitude à gagner des titres avec le Dinamo Zagreb. Je suis le genre de joueur qui veut toujours gagner les matchs et les trophées. J’ai passé 3 ans à Arsenal et je sais que la Premier League est un championnat serré et difficile mais je pense que si cette équipe était restée comme ça encore 2 ou 3 ans, nous aurions pu gagner plusieurs trophées.

Pensez-vous que nous avons vu le meilleur de vous-même à Arsenal?

Lorsque je suis arrivé au Club en juillet, j’ai passé 3 mois a m’adapter au pays et au club. Lorsque le mois d’octobre est arrivé, j’étais prêt et j’ai eu ma chance dans l’équipe. J’ai très bien travaillé mais 5 mois plus tard, j’ai subi cette blessure. Quand je pense à ces 5 ou 6 mois avant ma blessure, je pense que c’était les meilleurs moments de ma carrière.

Comparé à la Premier League, comment se jouait l’aspect physique dans les autres pays dans lesquels vous avez joué? Pensez-vous par exemple, que ce genre de blessure peut avoir lieu en Ukraine, au Brésil ou en Croatie?

Ce genre de choses peuvent arriver à n’importe qui. Quelques mois après ma blessure, un joueur en Croatie a subi la même chose mais peu de gens le savent car le championnat croate n’a pas la même exposition que la Premier League.

Deux saisons après, vous avez disputé un match contre Stoke ou Aaron Ramsey a subi une blessure similaire. Souhaitez-vous que ce genre de tacles assassins soient punis encore plus sévèrement?

Bien sur. Je pense que les associations nationales, l’UEFA et la FIFA devraient vraiment se pencher la dessus. Ils savent ce qui est le mieux pour le football, mais en Angleterre, le comportement de certains arbitres peuvent être un problème à mon avis. Ils laissent le match se poursuivre et ne siffle pas à chaque faute. C’est bien pour les supporters et pour le sport mais cela peut placer un match comme un endroit dangereux car les fautes sont plus dures et de graves blessures en découlent.

Etiez-vous en mesure d’apporter à Aaron des conseils d’après votre propre expérience?

Oui bien sur. J’étais sur le banc quand il a été blessé. Sa blessure n’était pas aussi complexe que la mienne car c’est sa jambe qui a subi les dégâts et pas sa cheville. C’est pourquoi il a pu faire son retour plus vite que moi. Mais je me souviens être allé le voir pour le rassurer afin qu’il puisse s’en remettre. Je l’ai soutenu et prié pour qu’il fasse son retour le plus vite possible.

Est-ce que votre blessure vous affecte toujours lorsque vous jouez?

Non. Beaucoup de gens ne s’attendaient pas à ce que je fasse mon retour au plus haut niveau ou à ce que je rejoue en Ligue des Champions ou pour la sélection croate. Ils pensaient que je reviendrais jouer pour des petits clubs de seconde ou troisième division. Mais j’ai fait mon retour au plus haut niveau et je me réjouis de l’avoir fait.

Un autre fait marquant durant votre période à Arsenal fut le plongeon contre le Celtic en phase de poules de Ligue des Champions. Avez-vous été surpris par la controverse générée?

En Angleterre, la mentalité est différente. Les gens sont droits et à 100% corrects dans ce qu’ils font. Donc plonger est synonyme de tricher et c’est offensant pour eux. Dans des pays comme le Brésil, l’arbitre aurait sifflé penalty, je serais devenu un héros et personne n’aurait rien dit. En Uruguay, c’est surement pareil, c’est pour ça que Suarez a été porté aux nues après sa main contre le Ghana en quart de finales de la Coupe du Monde en Afrique du Sud. L’Uruguay a gagné et Suarez est devenu un héros national. En Angleterre, c’est vu comme une chose horrible et vous êtes considéré comme étant un malhonnête. Et c’est ce qui m’est arrivé, mon nom a été trainé dans la boue dans les médias. Et c’est encore plus dur lorsque vous êtes étranger, je dirais qu’ils sont un peu plus tolérants avec les joueurs britanniques.

Gardez-vous contact avec des joueurs d’Arsenal?

Oui, je suis toujours en contact avec Bacary Sagna et Tomas Rosicky.

Avez-vous l’occasion de voir des matchs d’Arsenal à la TV? Que pensez-vous de l’équipe actuelle?

Je regarde Arsenal à la télé à chaque fois que je le peux. Lorsque je suis à l’hôtel et qu’Arsenal joue, je regarde absolument le match et je les soutiens. La Premier League est diffusée en direct dans beaucoup de pays et Arsenal est une des équipes préférées dans le monde entier. C’est toujours une grande équipe, constamment en Ligue des Champions et pas si loin de remporter des trophées. Mais personnellement, je dirais que l’équipe actuelle n’est pas tout à fait au niveau de celle avec Rosicky, Van Persie, Fabregas et Arshavin a leurs meilleurs niveaux. Cette équipe était un peu comme le Barcelone d’aujourd’hui. Tout le monde adorait les voir évoluer.

Vous souvenez-vous de Jack Wilshere lorsqu’il est apparu en équipe première? Aviez-vous pu déceler son potentiel?

Je me souviens de Wilshere, il avait tout juste 16 ans mais j’avais vu qu’il avait énormément de talent. J’ai toujours dit a mes amis au Brésil de se souvenir de son nom, car il deviendrait un des meilleurs joueurs du monde. C’est un joueur de classe mondiale et pour moi, l’atout principal de l’équipe actuelle.

Considérez-vous un retour en Angleterre possible?

J’ai toujours un an de contrat au Shakhtar et je ne sais pas de quoi sera fait mon avenir après cela. Si j’ai l’opportunité de revenir en Angleterre, ce sera avec plaisir. La Premier League s’insinue en vous et la plupart des joueurs qui s’en vont veulent revenir. Jouer en Premier League me manque, l’intensité des matchs et la mentalité du jeu anglais également.

#Max (via arsenal.com)


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