Lacazette – Aubameyang : une bromance sur et en-dehors du terrain

Il y a deux ans déjà, à l’été 2017, alors qu’Arsène Wenger entamait ce qui allait devenir sa dernière saison à la tête d’Arsenal, Alexandre Lacazette s’engageait avec les Gunners et devenait alors la recrue la plus chère de l’histoire du club (53 millions d’euros). Chez les fans, beaucoup ont alors pensé que l’équipe avait enfin recruté le buteur prolifique qui lui faisait défaut depuis le départ de Robin Van Persie et que n’était pas Olivier Giroud, l’autre attaquant du club, au-delà de ses nombreuses qualités.

Si tout commence bien pour l’ancien Lyonnais, avec un but dès la 2e minute de son premier match de Premier League (victoire 4-3 contre Leicester), les mois qui suivirent ne furent pas aussi idylliques, malgré un bilan honorable pour une première demi-saison. Seulement voilà, à la toute fin du mois de janvier et du mercato d’hiver, Olivier Giroud part pour Chelsea. Pour le remplacer, Arsène Wenger s’offre la dernière grande recrue de son mandat de 22 ans: Pierre-Emerick Aubameyang rejoint à son tour les Gunners et chipe au passage à Lacazette son récent record de transfert (64 millions d’euros).

C’était en janvier 2018 et une saison et demi s’est donc écoulée depuis que les deux attaquants évoluent sous les mêmes couleurs. Alors que commence à peine leur deuxième saison complète ensemble, l’heure est venue de faire un bilan de cette cohabitation et de ses perspectives d’évolution, alors que Nicolas Pépé a rejoint Arsenal et a, à son tour, pris le statut de recrue la plus chère de l’histoire du club (80 millions d’euros).

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Pour Alexandre Lacazette, après une première saison en demi-teinte malgré des statistiques honorables, l’exercice passé a été celui de l’affirmation. Avec Unaï Emery, l’attaquant français a démarré la saison sur le banc au profit d’Aubameyang, mais il a très vite montré son importance dans le jeu offensif des Gunners si bien qu’Emery l’a progressivement intégré à son onze et à son 4-2-3-1 fétiche (du moins avant ses deux années au Paris Saint-Germain). C’est donc Aubameyang qui s’est mis lui aussi à débuter certaines rencontres sur le banc en championnat, alors même que le Gabonais semblait indéboulonnable après ses six premiers mois très prolifiques sous le maillot des Gunners.

Le problème, si l’on peut appeler ça ainsi, c’est que et Lacazette et Aubameyang répondent tous deux aux attentes lorsqu’ils sont titulaires. Mais que le 4-2-3-1 oblige Emery  à, soit se priver de l’un des deux buteurs au coup d’envoi, soit d’excentrer l’ancien joueur de Dortmund sur un côté, que ce soit le gauche ou le droit. Dans cette position, le rendement d’Aubameyang est aléatoire, et les performances de l’attaque des Gunners, notamment à l’extérieur, s’en ressentent.

Pourtant, l’entente entre Lacazette et Aubameyang est déjà évidente, tant sur le terrain qu’en dehors, si bien qu’Emery fait le même constat que tous les fans des Gunners : ces deux-là doivent être associés systématiquement dès le coup d’envoi.

Ainsi, le véritable acte de naissance du duo fut le passage quasi définitif du 4-2-3-1 au 3-4-3. Ce nouveau système avait en effet l’avantage d’accommoder les deux attaquants, alignés en pointe juste devant Özil, mais aussi de donner à Kolasinac et Maitland-Niles des postes de piston plus appropriés à leurs qualités et à leurs défauts, notamment défensifs.

Lors de la première moitié de l’année 2019, notamment à partir de la blessure de Bellerín lors du match contre Chelsea le 19 janvier, Arsenal a débuté toutes ses rencontres importantes dans ce système et avec ses deux hommes forts devant. Et il est peu de dire que cette organisation a réussi aux deux hommes dans ces matchs de prestige, puisque le duo a marqué successivement contre Chelsea, Manchester United, et surtout lors de la campagne de Ligue Europa, contre Naples et Valence, avec comme point d’orgue cette fameuse victoire 4-2 lors de la demi-finale retour à Mestalla, lors de laquelle Aubameyang s’est offert un triplé alors que Lacazette marquait lui l’autre but des Gunners.

S’il ne faut pas oublier que cette entente s’est terminée sur la déroute de Bakou contre Chelsea lors de la finale de League Europa, au cours de laquelle ni Aubameyang ni Lacazette n’ont su porter leur équipe comme lors des tours précédents, il n’en reste pas moins que la certitude laissée par la saison 2018-2019 est que ce duo doit constituer la base du onze d’Arsenal pour la saison à venir.

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Mais, sans tomber dans les formules convenues, nous savons que les certitudes s’éternisent rarement en football. Il semble en effet évident que l’arrivée de Nicolas Pépé et son transfert record bouleverse la donne, puisqu’on n’imagine pas qu’il ne soit pas titulaire à court terme et que l’aile droite d’un système en 4-2-3-1 ou 4-3-3 (peu importe à vrai dire) ne lui soit pas réservée.

Une fois ce postulat établi, la question se pose de savoir comment accommoder l’attaque des Gunners pour que Pépé puisse démarrer les matchs avec Aubameyang et Lacazette à ses côtés. Sur les réseaux sociaux, depuis l’annonce de la venue de Pépé, beaucoup de supporters et même de journalistes imaginent déjà les trois évoluer ensemble avec Aubameyang sur la gauche, Lacazette dans l’axe et Pépé à droite. Si, sur le papier, cette attaque peut faire rêver les plus optimistes, elle a le défaut de faire oublier à beaucoup que le Gabonais, malgré sa bonne volonté à évoluer sur un côté, n’y est jamais aussi bon que dans l’axe.

Si on peut imaginer que ce trio sera testé tôt ou tard par Emery en championnat, il semble difficile de le voir fonctionner aussi bien que ce que beaucoup imaginent aujourd’hui. Tout du moins, il est clair que pour que l’équipe soit plus équilibrée, il faudrait consentir à mettre un profil plus créateur parmi ces trois attaquants, que ce soit Nelson, Mkhitaryan ou même Saka, et donc de sacrifier l’un des deux hommes forts de la saison passée, même si, avec la longue saison qui se profile, il fait peu de doutes que les trois stars de l’attaque auront chacune assez de matchs pour montrer ce qu’elles savent faire.

Reste qu’à l’heure d’achever cet article et donc de faire un bilan du parcours de Lacazette et d’Aubameyang au club, un paradoxe apparaît : les deux se sont avérés être d’excellentes recrues, et leur bilan, que ce soit individuellement ou ensemble, est de toute évidence excellent. Pour autant, leur association à la pointe de l’attaque est désormais compromise, et il sera intéressant de voir comment Emery parvient à organiser son équipe et à satisfaire les égos de chacun dans cette saison où le rendement de ses buteurs sera à nouveau primordial.

Trio pourri

Depuis leurs arrivées respectives, les deux attaquants ont été directement impliqués sur 101 buts en Premier League et en Europa League, que ce soit par un but ou une passe décisive.

Alexandre Lacazette en PL et EL (recruté été 2017) :
– 35 buts
– 14 passes décisives

Pierre-Emerick Aubameyang en PL et EL (recruté en janvier 2018) :
– 41 buts
– 11 passes décisives.

Aubameyang est d’ailleurs le joueur qui a marqué le plus de buts sous les couleurs d’Arsenal au cours de ses 50 premiers matchs de Premier League. Le Gabonnais a ainsi trouvé 33 fois le chemin des filets. C’est mieux que Thierry Henry (30) et Ian Wright (24), deux légendes du club.

#Antoine


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