L’actionnaire majoritaire d’Arsenal Stan Kroenke a apporté un soutien sans équivoque à Arsène Wenger afin qu’il reste en poste jusqu’à atteindre une troisième décennie de présence.

Stan Kroenke a pratiquement offert une heure d’interview, écartant ses doutes quand à l’avenir d’Arsène Wenger. L’Américain souhaite que la manager Français reste en poste pour atteindre les 30 années de présence au Club.

“Je ne vois personne de plus qualifié et j’estime qu’il fait un travail fantastique.” dit Kroenke. “Nous avons toujours soutenu l’homme, nous n’avons jamais eu d’inquiétudes, nous sommes fiers de lui, du Club, de la manière dont le Club est géré et de sa portée à travers le Monde.”

Wenger est désormais dans l’ultime saison de son contrat de 3 ans mais lorsque l’on demande si l’entraineur ayant connu le plus de réussite demeure une pierre angulaire de sa vision à long terme d’Arsenal, Kroenke ne pouvait pas être plus catégorique.

“C’est exactement ça.” dit-il. “Arsène sait comment nous sommes et connait notre philosophie et notre ambition et j’ai l’impression que nous sommes sur la même longueur d’onde. Je pense qu’il souhaite réaliser les mêmes choses que nous.”

Cependant, il y a une certaine mise en garde. Kroenke sent que la passion de Wenger pour ce qu’il appelle “le club de sa vie” semble diminuer et pense également que son manager se rapproche des 64 ans et qu’il a traversé une des périodes les plus difficiles lors de ses 17 années de règne à Arsenal. Des pourparlers ont eu lieu et une offre a été proposée à Arsène Wenger mais Wenger lui-même estime qu’il a encore la sensation d’avoir des choses à prouver. Kroenke ne partage pas ce sentiment et avec le bon début de saison de l’équipe, il est optimiste quant à la possibilité d’un accord entre les deux parties.

“Arsène reste maitre de lui-même, il tirera ses propres conclusions.” dit Kroenke. “Il y a beaucoup de pression dans ce métier, il l’a toujours bien géré mais à un moment donné, nous devons tous prendre des décisions quant à la suite de notre carrière. Je ne veux pas dire des choses sur Arsène qui seraient fausses mais à mon sens, je sens qu’il aime ce qu’il fait. Mon fils et ses amis se sont rendu au centre d’entrainement. Deux sont d’ailleurs des joueurs de basket NBA. Nous étions sous la pluie à regarder la séance, il pleuvait à torrents. Ce fut le cas durant plusieurs heures. J’avais peur que les joueurs soient frappés par un éclair et Arsène était au milieu de ses joueurs. Tous les jours, il est la pour mener la séance. Il faut aimer cela sinon c’est impossible à faire. C’est une preuve de passion et d’attachement.”

Wenger est actuellement le manager possédant la plus grande longévité sur un banc d’un club de Premier League et malgré tout le changement qui s’est opéré autour de lui depuis toutes ces années, il possède les pleins pouvoirs sur l’ensemble du football d’Arsenal. Kroenke ne veut pas modifier ce fonctionnement et souligne également que les fonds annuels d’Arsenal, qui rejoindront bientôt le même montant que Manchester United, à savoir £300 millions, seront disponibles pour d’autres recrues de la même trempe que le transfert de £42 millions de Mesut Özil.

“J’apprécie vraiment Arsène, il est très intelligent, très consciencieux.” dit Kroenke. “Il a un contrôle absolu sur la façon de diriger cette équipe et le Club. Il a mérité ce droit. N’attendez pas de moi que j’interfère la dedans. J’ai pu me rendre compte au fil des années que les propriétaires qui essaient de mettre leur grain de sel font de grandes erreurs. Nous avons toujours dit qu’il y avait des fonds disponibles. Certaines personnes pensent que nous devrions pousser Arsène à dépenser davantage. C’est un point de vue, il y a toujours des opinions différentes mais Arsène est un libre penseur et un planificateur. Il travaille très dur cet aspect et possède un bagage fantastique dans le domaine. Il a été formé aux sciences économiques.”

Wenger avait précédemment fait un parallèle entre le football et l’art, et au delà du strict plan économique, il est clair que les deux hommes semblent se rejoindre sur ce point. Kroenke avait même admis que la présence de Wenger, tout comme le fait que le Club soit basé à Londres et soit un modèle en terme de business et d’infrastructures, fut fondamentale dans sa décision d’acheter des parts d’Arsenal en 2007. En effet, après avoir commencé à s’intéresser à Arsenal lors du doublé Coupe/Championnat en 2002, Kroenke considère encore le fait de ne pas s’être impliqué plus tôt comme sa “plus grosse erreur”.

“Leur style de jeu, le jeu de passes, le mouvement de balle, c’est tout simplement magnifique à regarder.” dit-il. “C’est boom, boom, boom, un joueur a de l’espace et ils l’exploitent. C’est super. Le basketball reste le sport de ma jeunesse. J’avais un bon shoot mais la meilleure sensation au basket, c’est quand un de vos coéquipiers réalise une superbe passe.”

Cette admiration pour le jeu d’Arsenal reste une preuve tangible mais Kroenke démystifie à nouveau l’idée que le Club et même Wenger puissent être satisfaits de simplement terminer dans le Top 4. Arsenal domine actuellement le championnat et remporter le titre reste l’objectif majeur.

“Rien ne serait plus beau.” dit Kroenke. “Je ne suis plus aussi jeune. J’aimerais vraiment y parvenir. J’ai pu le faire plusieurs fois aux USA (en NHL, NFL et MLS ndlr) et c’était incroyable. Pour les joueurs, les entraineurs et le manager, mais aussi pour tous les gens qui gravitent autour du Club, je ne peux imaginer le niveau d’excitation que cela engendrerait. L’idée que personne n’y pense ou ne soit passionné par ce genre de choses est tout simplement hors réalité.”

Il est sans aucun doute difficile de passer du temps en compagnie de Kroenke sans se rendre compte que sa passion pour Arsenal est à la fois bien réelle et grandissante. Il est présent à Londres chaque mois et passe entre 30 et 40 jours par an en Angleterre pour gérer les affaires d’Arsenal. Lorsqu’il est aux USA, le contact avec le directeur exécutif Ivan Gazidis et le nouveau président Sir Chips Keswick est constant.

Avec NBC retransmettant maintenant chaque match de Premier League en direct, il peut suivre les matchs sur son portable ou iPad. Kroenke utilise le mot « tortueux » pour décrire l’expérience que c’est de regarder ses équipes de sports.

« Une partie du problème d’être impliqué c’est que vous êtes tellement impliqué qu’à la fin cela peut ruiner  votre journée, votre weekend car vous suivez tout» dit-il. « Ma mère dit que la clé dans la vie c’est de rester équilibré. Je suis trop emballé par cela. »

Kroenke est aussi prêt à s’attaquer de front à quelques peurs et suspicions qui ont entouré les propriétaires américains dans le football.

Il est déconcerté par les oppositions à la famille Glazer à Manchester United et, sans pousser, cite des exemples de propriétaires d’enseignes sportives qui ont été fructueux aux Etats-Unis qui parfois gagnent du profit de leur club.

Il y a différentes règles aux Etats-Unis et dans les sports américains qui limitent les dépenses sur les salaires des joueurs et qui donc interdit les clubs d’investir tout leur revenu dans l’équipe.

Kroenke souligne aussi le risque que les propriétaires doivent maintenant prendre dans le monde du sport professionnel et suggère que leur ultime responsabilité et de subvenir à la stabilité du club et au potentiel sur le terrain avec une base commerciale optimal.

« Vous pouvez dire que les gens sont attirés par la Premier League autour du monde car ils pensent qu’ils vont venir et se faire du fric » dit-il. « Je pense que s’ils regardaient le championnat dans le sens opposé, ils  y verraient beaucoup de problèmes. Je dis à mes amis, ‘les gens devraient vouloir un club sain sur le plan commercial’. Quand ces équipes se ratent, que le propriétaire s’en va, les joueurs vont de l’avant et les managers trouvent d’autres emplois. Les gens qui restent sont les fans. C’est le groupe principal. Si j’étais un fan, ce serait extrêmement haut dans ma liste d’importance d’avoir des revenus sains au même titre qu’un système sain car généralement il y a une corrélation entre cela et le succès du club. Les Los Angeles Lakers au Etats-Unis sont de grands gagnants et leur propriétaires rendent cela profitable, ils prennent l’argent comme du profit mais les fans n’y font pas attention. Ils étaient le seul club financièrement sain en NBA et ils en ont gagné le plus. Si vous prenez Jerry Jones [le propriétaire des Cowboys de Dallas],  il a des revenus exorbitants mais ne peut pas dépenser plus que l’homme à Cininnati. Il y a des règles très strictes là dessus. Peu importe qu’il prenne l’argent en dehors du club, car il a fait augmenter les revenus et est limité sur ce qu’il peut dépenser. »

Et les Glazer ?

« Si j’étais un fan, j’aurais cette réaction : “ok ils ont doublé les revenus commerciaux, ils ont gagné la Premier League, ils jouent bien en Champions League et on réduit la dette globale”. Je pense seulement que c’est très intéressant car qu’est-ce que vous voulez demander de plus ? Je pense réellement que cela remonte à un temps où les finances étaient très différentes. Quand les gens ont littéralement des milliards d’investis, s’asseoir et dire ‘ceci est un investissement auquel personne ne peut toucher’. C’est l’inverse de tout les investissements que je connais. Ce sont des millions si les choses tournent mal. Personne n’assume quand cela tourne mal. Dans un monde économique ce n’est pas juste un cas. »

Contrairement à la prise de contrôle des Glazer à United, l’achat d’Arsenal par Kroenke n’a pris aucune place dans la dette ou aucun intérêt dans l’engagement du club. Avec un accord évaluant Arsenal à 731M£, et des paiements structurés sur 5 ans, cela représente le plus gros investissement dans un club de sport à travers le monde. Kroenke insiste qu’il a toujours supporté la philosophie auto-suffisante d’Arsenal qui fait que les revenus naturels du club sont disponibles pour renforcer l’équipe.

En réponse aux inquiétudes des fans sur le fait qu’il puisse prendre de l’argent en dehors du club d’un autre moyen, il invite les fans à regarder son historique pendant ses cinq ans à Asenal et presque deux décennies dans le sport américain.

Avec Alisher Usmanov qui détient toujours presque 30% des parts et vu par certains fans comme un investisseur à fort potentiel, Kroenke est sur que le model d’avoir un investisseur milliardaire comme à Chelsea, City ou au PSG offre beaucoup moins de stabilité.

« Les gens parlent d’injecter plus d’argent là dedans, pas envers moi mais d’autres propriétaires. » dit-il « Oui, pendant un moment. Les gens ne font pas ça indéfiniment. Même les plus riches et nous en connaissons beaucoup. Après un moment, ils n’aiment plus le faire. Donc, qu’arrive-t-il aux fans quand cela intervient ? Je tends à penser ‘ce que j’ai,  ce que sont nos revenus commerciaux, que pouvons nous faire pour aider à avoir le plus haut niveau sur le terrain ?’ »

Et avec son fils Josh qui dirige maintenant les opérations des équipes de basketball et de hockey à Denver, il est fort possible d’imaginer Arsenal rester dans la famille Kroenke pour une génération encore ou plus.

« Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles vous vous impliquez. » déclare Kroenke. « J’aime le sport. J’aime les valeurs que cela transmet à nos jeunes. J’ai appris à mes propres enfants ces valeurs. Quand je ne pouvais pas jouer au plus haut niveau, j’ai toujours eu le rêve d’avoir une équipe. Je n’ai jamais vendu une seule et je n’ai aucun intérêt à cela.  J’ai toujours eu l’idée de construire quelque chose sur le long terme. Je pourrais me faire beaucoup d’argent en vendant mes parts. Cela ne m’intéresse pas. J’ai dis à ma femme il y a un certain temps, ‘Je pense que nous sommes chanceux. D’un côté tu peux te plaindre que je travaille trop, mais d’un autre j’adore ce que je fais. C’est pour ça que je travaille. Je voudrais que ça soit clair. Nous sommes ici et nous aimons être ici. »

#Max et #Rodolphe (via Telegraph.co.uk)


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