Newcastle-Arsenal : le come b4ck

Si à Arsenal, on fait beaucoup de choses très bien, il y en a incontestablement une que l’on fait mieux que les autres : perdre. Pour tenter d’effacer le traumatisme de nos défaites les plus spectaculaires et iconiques, nous avons créé le Comité de Soutien des Gooners Anonymes, une association d’entraide qui vous fait revivre vos pires souvenirs dans l’espoir de les exorciser. Pour sa deuxième réunion, le CSGA s’attaque à un monument de la lose made in Gunners : le nul 4-4 face à Newcastle en 2011.

2 mars 2002. 11e minute de la rencontre de Premier League qui oppose les Magpies à Arsenal. Dennis Bergkamp suspend le réel le temps d’un contrôle et d’une valse sublime. Son éphémère cavalier, victime magnifiée par la douceur du geste qui pourtant l’assassine, est foudroyé sur place et ne peut empêcher le Hollandais d’inscrire l’un des plus grands buts de l’histoire du football.
Un éclair de génie qui aura marqué tous les amoureux du ballon rond. Les fans d’Arsenal plus encore que les autres. Pour eux, depuis lors, chaque rencontre face à Newcastle était l’occasion de se vautrer dans la nostalgie d’un moment dont l’éclat ne devait jamais ternir.


But à 1:50

Autant dire que pour réussir à saccager un monument pareil, il fallait y aller ! Viser grand. Taper fort. Mais impossible n’est pas Gunners ! 9 ans après l’exploit réalisé par leur illustre ainé, des braves relèvent le défi et donnent tout pour parvenir à souiller le souvenir du chef-d’œuvre. Le 5 février 2011, après avoir mené 4-0, cette fine équipe d’experts en désillusion parvient à en prendre 4 dans le buffet en seconde période, et à donner à l’invraisemblable nul ainsi obtenu un goût plus amer encore que celui de la défaite.

Tutoyer les sommets

Vu l’ampleur du chantier qui attend nos chantres du désastre, il n’y a pas de temps à perdre. Dès la première minute de la rencontre, qui compte pour la 26e journée de Premier League, ils entament leur basse besogne. Magnifiquement lancé dans l’axe par une subtile passe d’Arshavin, l’« ex-futur Thierry Henry » Theo Walcott dépose le « David Luiz vintage » Fabricio Coloccini et s’en va tromper le portier de Châteauneuf.

Moins de deux minutes plus tard, Arshavin, encore lui, envoie un coup franc parfait dans la surface des Magpies. Tête, et but de Djourou. Aïe. Erreur tactique des Londoniens. Un événement aussi inopiné et improbable qu’un pion du défenseur suisse, c’est bien la preuve qu’il se trame quelque chose de louche. De quoi mettre la puce à l’oreille des supporters ? Tout à leur allégresse, les pauvres bougres n’y voient que du feu. Mais pour les artisans de leur futur malheur, plus question de prendre des risques avec ce genre de coup d’éclat. Pour jouer le reste de leur partition, les Gunners optent pour la sobriété et misent sur du classique pour amadouer leurs fans. Ils envoient au front un obscur soldat hollandais disparu des mémoires, qui fait à l’époque office d’attaquant. Un Role player Vaguement Potable, qui parvenait toutefois à régulièrement faire trembler les filets. Ce dernier y va de son doublé (10e, 26e minute), et porte le score à 4-0. Ivres de joie, les supporters sont aux anges. Rien ne peut arriver à leur équipe, dont le niveau culmine à des kilomètres au-dessus de celui de Newcastle. Les bases d’une chute historique sont posées.

Vouvoyer les abysses

Envoyer les Gooners au septième ciel avant de les faire se fracasser au sol dans la foulée. C’est là que réside le génie du plan machiavélique ourdi par les hommes d’Arsène Wenger. La tâche est telle (4 buts d’avance, quand même) qu’il leur faut toutefois un complice dans les rangs de Newcastle. Et c’est Joey Barton qui endosse pour l’occasion le costume de fossoyeur des espoirs londoniens.
L’Anglais fait expulser Diaby 5 minutes après le retour des vestiaires, puis sonne la charge des siens en réduisant le score sur pénalty à la 69e. L’amorce d’un come back qui sera acté en 19 minutes seulement. À la 75e, Best donne évidemment le meilleur de lui-même et propulse le ballon dans les filets de Szczęsny suite à un centre mal repoussé par Gaël Clichy. Koscielny se joint ensuite au bal des maladroits en offrant un second penalty à Barton, qui réalise le doublé à 7 minutes du terme. Avant que Tioté, d’une volée magistrale, ne mette fin à cette remontée en même temps qu’aux derniers espoirs des supporters canonniers à la 88e minute.

Une master class. La débâcle est historique. Et l’objectif des briseurs de souvenirs, atteint. Avant, pour les supporters d’Arsenal, un match contre Newcastle était l’occasion de se remémorer un magnifique coup de génie. Dorénavant, cette affiche résonne en eux comme un traumatisme.

#Clément #AFC

 


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