On ne lâche rien !

La victoire de samedi contre Wolverhamton a fait du bien et nous a permis de sortir du brouillard après deux douloureuses défaites. Ces trois matchs ont été riches en enseignements et mettent en perspective ce qui doit être accompli d’ici la fin de la saison. Plusieurs miracles sont nécessaires pour éviter le « crash and burn » de la saison dernière. Le premier consiste à remporter nos cinq prochains matchs. Pour le reste, advienne que pourra !

Quelques turbulences

Invaincus depuis le début de l’année 2024, les Gunners auront dérapé à deux reprises en l’espace de quatre jours. Certains constats sautaient aux yeux, d’autres étaient plus discrets.

Déjà, a-t-on sous-estimé les Villans ? Il y avait un gros déséquilibre offensif dans la composition de l’équipe : Saka, Jesus, Trossard, Havertz, Ødegaard, Zinchenko. Résultat : beaucoup trop d’espaces à défendre pour Rice et les trois défenseurs. Contre les hommes d’Emery, on se serait attendus à ce qu’Arteta cadenasse son milieu de terrain et fasse appel à Jorginho ou Partey. Aston Villa nous avait battu au match aller et ils ne pointent pas à la 4ᵉ place pour rien. Zinchenko était trop léger défensivement. C’est vrai qu’il est intéressant dans la construction de jeu mais sur la feuille de match, il reste arrière gauche et doit pouvoir couvrir sa tâche primaire, à savoir protéger son couloir, sa zone de réparation et son gardien. S’il ne le fait pas lui-même c’est à Gabriel de s’en occuper et le Brésilien a déjà assez à faire face aux équipes que nous rencontrons.

Ensuite, l’équipe est trop dépendante de son capitaine. Au-delà de ses compétences techniques exceptionnelles, c’est lui qui dicte le tempo par ses passes et surtout par son pressing. Contre Villa, il a porté son équipe à bout de bras pendant 80 minutes, celle-ci s’est écroulée à sa sortie. Quand il a été remplacé par Smith Rowe, on a eu un flashback de l’expulsion de Zidane en 2006 contre l’Italie. Quand des joueurs avec autant d’aura quittent le terrain, on sait que c’est cuit. Ça n’a pas manqué, le poison Zaniolo a scellé notre sort moins d’une minute plus tard. En C1 le scénario était relativement similaire, Ødegaard a surnagé, tout seul.

On ne parle pas du côté physique, mais bien du mental. Les incessantes montées du Norvégien sur le porteur de balle montrent à quel point il y croit. Mais pour que ça marche, il a besoin d’être entouré de joueurs ayant les mêmes convictions. En fin de match contre les Wolves, Declan Rice semblait avoir compris le principe et il a vraiment été le moteur derrière notre victoire. C’est de bon augure. La relation Ødegaard-Rice fonctionne à merveille, ils se parlent beaucoup sur le terrain et il serait étonnant que l’Anglais ne récupère pas l’année prochaine le rôle de vice capitaine.

Arteta, un discours qui évolue

Au lendemain des défaites contre Aston Villa et le Bayern Munich, le coach savait l’importance de trouver les bons mots afin de re-booster ses troupes. Sa devise habituelle, prendre les matchs les uns après les autres, ne semblait plus adaptée et il était important de donner de la perspective aux joueurs.

Avant le déplacement à Wolverhampton il s’y est appliqué : « Plus vous devenez bons et plus vous êtes proche de vous battre avec les meilleures équipes que ce championnat n’ait jamais eues dans l’histoire de la Premier League. Nous avons été au sommet de nombreuses fois au cours des 24 derniers mois. Lorsque vous y êtes, il n’y a que deux issues. Vous restez en haut, ou vous tombez. Il n’y a qu’un seul gagnant. Si vous voulez faire partie de ce groupe, vous devez faire face à toutes les situations qui se présentent, car sinon, tout est déception ».

Le vestiaire est derrière leur entraineur et tous sont persuadés qu’Arteta les mènera vers le titre. Le coach ne le sait que trop bien, les trophées sont indispensables pour garder les meilleurs joueurs. Quand le Basque débarque à Arsenal en 2011, quelques jours après une humiliante défaite à Old Trafford (8-2), Fabregas et Nasri viennent de quitter le navire, lassés du manque de résultats et d’ambitions du club. Robin Van Persie suivra l’année suivante.

Entre 2006 et 2012, Arsenal finit au mieux 3ème et ne glane qu’une League Cup, trop peu pour conserver ses stars. Tous les joueurs cités rejoignent de grosses écuries qui ne tergiversent pas et produisent des résultats quasi immédiatement. Peu après leur départ, ils remporteront tous la Premier League avec Chelsea, City et United.

Arteta renchérit en partageant publiquement son ambition : « La plupart du temps, les marges et les éléments pour lesquels vous êtes en compétition sont décidés entre avril et mai. Avant cela, il faut être extrêmement régulier pendant neuf mois. Voyons ce que nous pouvons faire maintenant pour nous battre pour ce que nous voulons, c’est-à-dire gagner la Premier League ».

Saka et son destin

Statistiquement, l’ailier anglais devrait réaliser sa meilleure saison en PL. Il totalise à l’heure actuelle 14 buts (soit le même nombre qu’à la fin du dernier exercice) avec une différence aux xG positive (+0.63). À noter qu’il est le tireur de pénaltys attitré et en a converti cinq. Saka a déjà distribué 8 passes décisives et peut certainement égaliser voire dépasser son record de la saison passée (11 unités).

Mais si les statistiques sont hautes, les attentes placées en lui le sont aussi. Enfant du club (il a rejoint l’académie à sept ans), beaucoup voient en lui le digne successeur des David Rocastle, Ian Wright et Thierry Henry. Le Français a rejoint le club à 22 ans et y a marqué 228 fois en 369 apparitions TCC, soit 0.61 but par match. Le ratio de Saka est beaucoup plus faible : 0.25 but par match (56 réalisations pour 222 rencontres). Alors oui c’est vrai, Henry jouait au centre et Saka sur l’aile, le king bénéficiait d’un gabarit différend (188cm vs 178cm). Cela explique-t-il tout ?

Pas vraiment, on peut aussi prendre un exemple plus contemporain. Mohamed Salah, ailier de 175cm, a un ratio identique à Henry (343 apparitions, 210 buts pour les Reds). La différence, c’est que malgré son jeune âge, Saka dispute déjà sa cinquième saison de PL et a donc commencé très tôt (il a à peine 18 ans quand il fait sa première apparition dans l’élite anglaise). Henry et Salah étaient eux bien plus rôdés quand ils ont rejoint Arsenal et Liverpool. La comparaison semble surement très dure, mais elle reflète vraiment les espoirs placés par le club et ses supporters dans leur pépite.

Saka doit casser son plafond de verre et prendre les devants pour alléger le fardeau de Martin Ødegaard. Arsenal a besoin d’un ailier non-conformiste et toutes les étoiles sont alignées pour que Bukayo s’épanouisse dans ce rôle de franchise player.

Il fait partie d’un groupe de joueurs soumit à une haute pression et jouant tous les trois jours, il est l’exemple de réussite pour de nombreux jeunes, il doit maintenant maîtriser l’art de changer le cours d’un match de façon plus régulière. Pas le choix Lil Chili, à toi d’endosser le costume de super-héros jusqu’au 19 mai. Qui sait ? Peut-être qu’il ne pourra plus s’en passer.

Malgré une triste élimination en coupe d’Europe, il reste encore de très belles choses à venir. Arsenal jouera deux derbys en moins d’une semaine, les joueurs seraient bien avisés de les remporter. Grâce ou à cause du calendrier décalé de Manchester City pour cause de FA Cup, les Gunners ont la possibilité d’appuyer sur l’accélérateur et de mettre les Skyblues sous pression. Go Gunners !

#AFC

Jonathan


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