Ozil et Arsenal : instance de divorce

Il est loin le temps où Mesut Ozil illuminait de son génie les yeux des spectateurs à l’occasion d’un match de foot. Il faut désormais regarder en dehors des terrains pour apercevoir des gestes de classe et des coups d’éclat de la part d’Ozil. L’histoire d’amour entre l’Allemand et Arsenal semble malheureusement avoir atteint un point de non-retour. À tel point qu’il ne devrait plus jouer sous les couleurs d’Arsenal.

En guerre ouverte avec son entraîneur Unai Emery l’an dernier, le champion du monde 2014 semble prêt à repartir au front, avec cette fois-ci pour objectif de faire payer la direction du club. Ozil a déjà fait ses preuves sur le front médiatique mais un seul homme peut-il tenir tête à une institution ? Si un extraterrestre comme Messi n’a pas réussi à faire plier sa direction, on peut douter des capacités d’Ozil à faire mieux.

La dégradation du statut d’Ozil à Arsenal, ne date pas d’hier. Excellent communicant hors des terrains, Ozil a déjà fait parler de lui l’an dernier. D’abord à son insu, en étant victime avec son compère Kolasinac et leurs compagnes, d’une agression à l’arme blanche dans les rues de Londres qui a fait la une de tous les journaux anglais.

Puis, en poussant les convictions d’Emery dans ses retranchements, obligeant le Basque à céder à la pression populaire en le réintégrant dans le onze. Mesut eut gain de cause en remportant une guerre d’images face à un adversaire affaibli par les résultats sportifs de son équipe. Toutefois, le retour d’Ozil n’a pas permis d’inverser la spirale négative des Gunners alors enlisé dans une série de matches sans victoire jamais vu depuis l’instauration de la Premier League. Cinq matches après avoir réintégré Ozil, Emery est démis de ses fonctions par le board après une humiliante défaite en Europa League.

Freddie Ljungberg conforte l’Allemand dans son onze titulaire, lors de son intérim. Ljungberg titularise Ozil à quatre reprises sur les cinq matches de Premier League qu’il a dirigé, pour un bilan peu reluisant (1V, 2N, 2D). Ce temps de jeu permet à Ozil de s’exprimer à nouveau… dans les médias.

En décembre 2019, Ozil condamne ouvertement sur ses réseaux la politique chinoise envers les Ouïgours. Le régime chinois n’a évidemment pas apprécié cette critique. En réponse à ces accusations, la Chine déprogramme la rencontre entre Arsenal et Manchester City le week-end suivant et en supprime Ozil du jeu Pro Evolution Soccer (PES) sur le territoire chinois. Arsenal de son côté ne soutient pas son joueur, arguant que le club a “toujours adhéré au principe de ne pas s’impliquer dans la politique” pour protéger ses intérêts commerciaux avec la Chine (article du Monde sur le sujet).

Mesut Ozil of Arsenal during the Premier League match at the Emirates Stadium, London. Picture date: 15th December 2019. Picture credit should read: David Klein/Sportimage Photo by Icon Sport – Mesut OZIL – Emirates Stadium – Londres (Angleterre)

Heureusement pour l’Allemand, cette affaire géopolitique est rapidement éclipsée par la nomination de Mikel Arteta à la tête de l’équipe première le 20 décembre 2019. Les deux hommes ont eu l’opportunité de jouer ensemble à Arsenal entre 2013 et 2016. Sous les ordres d’Arteta, l’Allemand, retrouve de l’allant sur le terrain, comme plusieurs de ses coéquipiers en perdition, Xhaka et David Luiz pour ne citer qu’eux. Mesut n’hésite pas à faire les efforts défensifs à la perte du ballon et élève son niveau technique, sans toutefois parvenir à améliorer ses statistiques devant le but. L’atmosphère au club et les résultats sur le terrain s’améliorent. Et alors qu’Arsenal enchaîne 3 victoires de suite en Premier League, la situation sanitaire se dégrade en Grande Bretagne et le championnat se voit stopper après que Mikel Arteta ait été déclaré positif au COVID-19.

Durant cette période de lockdown, Arsenal en proie à des difficultés économiques prend le parti de négocier des baisses salariales importantes pour l’ensemble des joueurs de l’équipe première. Les négociations avec les joueurs sont menés par Arteta et une baisse de l’ordre de 12,5% est acté pour une période d’un an. Seule ombre au tableau, 3 joueurs n’auraient pas accepté ces baisses, parmi lesquels, le plus gros salaire du club, à savoir Mesut Ozil. Faute de garanties sur le maintien des emplois au club, l’Allemand a préféré refuser l’offre. En parallèle, Mesut poursuit ses œuvres de charité à destination des enfants défavorisés.

Depuis le restart, Mesut Ozil n’a plus été inscrit sur la feuille de match. Ozil n’a disputé que 23 matches avec Arsenal la saison dernière, pour un but marqué et 3 passes décisives, soit sa saison la plus maigre depuis son arrivée en Angleterre. Un triste bilan pour le plus gros salaire du club. Si Arteta invoque simplement des raisons footballistiques pour justifier cette mise à l’écart, on est en droit de penser que cela va bien au-delà du sport. Les trophées remportés cet été par les hommes d’Arteta ne plaident pas en la faveur de l’Allemand, qui n’est donc plus indispensable au succès du club. D’autant que l’espagnol a vu sa position au club largement renforcé en étant nommé manager et non plus simple head coach à la tête de l’équipe première.

Arsenalís Mesut Ozil in action during the Premier League match at the Emirates Stadium, London. Photo by Icon Sport – Mesut OZIL – Emirates Stadium – Londres (Angleterre)

Aujourd’hui, la prolongation XXL d’Ozil, signée en février 2018 apparaît comme un fardeau pour le club. À un an du terme de son contrat, Arsenal cherche activement à s’en séparer. À 32 ans, le meneur de jeu allemand jouit encore d’une belle renommée à l’échelle mondiale, mais son salaire exorbitant est un frein considérable. Mesut ne manque pas de sollicitations dans des championnats de secondes zones, que ce soit en MLS, en Turquie ou en Arabie Saoudite. Des destinations qui ne l’intéressent pas pour le moment, puisqu’en août dernier il confiait à David Ornstein sa volonté d’ « honorer son contrat » dans « le club qu’il aime ».

Une marque de fidélité embarrassante, car le club souhaite mettre fin à cette relation. Faute de pouvoir s’en séparer avant la fin de son contrat, Arsenal cherche à économiser le plus d’argent possible. En le laissant en tribune, les Gunners se gardent de lui verser des primes d’apparitions et de performances. Les deux parties ne risquent pas de se quitter bons amis et ce ne sont pas les compilations de ses meilleures actions qui vont faire changer d’avis la direction.

Néanmoins, la vague de licenciements au club cet été donne raison à Ozil sur le manque de garanties liées aux baisses salariales consenties par les joueurs pendant le confinement. Lorsque le club annonce le limogeage de la mascotte Gunnersaurus, Mesut le chevalier blanc vole à son secours. Il propose de payer le salaire de la fameuse mascotte, jusqu’à la fin de son contrat à Arsenal.

La réponse du club est on ne peut plus claire. Premièrement, Gunnersaurus reviendra bien quand les spectateurs seront de retour dans les stades anglais et de deux, Ozil n’a pas été inscrit sur les listes d’enregistrement de l’Europa League et la Premier League. Sauf revirement en janvier prochain, Ozil ne devrait pas rejouer en match officiel sous la tunique d’Arsenal. Mesut n’a aucune emprise sur cette décision administrative. Arsenal ne laisse pas de place à la rédemption sur les terrains pour Ozil. L’histoire d’amour entre Ozil et Arsenal, débutée en 2013, battait déjà de l’aile après le départ de Wenger, aujourd’hui le divorce semble inévitable.

#Julien B #COYG


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