Retraite de Nicklas Bendtner : le Lord était-il vraiment si mauvais ?

Clap de fin. En ce triste mois de juin de l’an 2021, Lord Nicklas Bendtner a décidé, à l’âge christique de 33 ans, de raccrocher ses nobles chausses cramponnées et de mettre un terme à sa majestueuse carrière. En 16 saisons passées à arpenter les pelouses, dont 9 chez nous, l’attaquant danois s’est taillé une réputation solide : celle d’un joueur mégalomane aux pieds carrés, dont les plus beaux débordements ne furent pas réalisés sur un terrain. Maintenant que l’épée du Lord est définitivement au fourreau, il est l’heure de trancher la question fatidique : Nicklas Bendtner était-il vraiment si mauvais ?

« L’une des catégories du questionnaire utilisé par Arsène Wenger pour mesurer l’intelligence, la confiance et la volonté d’un joueur était appelée « autoévaluation des compétences », autrement dit à quel point le joueur pense qu’il est bon. Sur une échelle de 1 à 9, Bendtner a eu 10 », avait raconté le regretté Jacques Crevoisier lors d’une interview accordée au magazine suédois Offside. Et de conclure son anecdote en expliquant que « lorsque Bendtner rate une occasion, il est sincèrement convaincu que ce n’est pas de sa faute ». De quoi vous situer l’ampleur de l’ego. Une confiance en lui à toute épreuve, que le Danois ne sera jamais parvenu à légitimer par ses performances sur le terrain.

En près de 500 matchs professionnels, Nicklas Bendtner a inscrit un peu plus de 140 buts. Pas ridicule. Mais, très clairement, pas flamboyant non plus. Loin, très loin des cimes au-dessus desquelles l’attaquant estimait voler. En somme, Nicklas Bendtner, c’est le fruit d’une rencontre entre l’arrogance d’Ibrahimovic et l’efficacité de Frédéric Piquionne. La seconde n’aurait rien d’infamante sans l’existence de la première. L’ancien Gunner était simplement un joueur lambda. Mais voilà : Nicklas était persuadé d’être un géant, exsudant ce sentiment de supériorité de tout son être. C’est ce décalage entre ce qu’il affirmait être et ce qu’il était vraiment qui a contribué à lui conférer une image de footballeur médiocre. Son penchant pour les frasques et les débordements hors terrain ont achevé de l’entériner comme l’un des pires joueurs passés par Colney aux yeux des Gooners.

Débuts en fanfare

Tout avait pourtant démarré sous les meilleurs auspices pour le natif de Copenhague. Brillantissime sous le maillot de sa sélection dans les catégories U16 puis U17, il est recruté par Arsenal dès 2005, sans aucun match professionnel dans les jambes. À l’époque, l’enthousiasme à son égard est démesuré. Les louanges pleuvent sur le Scandinave, perçu comme un futur crack, et Wenger est convaincu d’avoir réussi un coup grandiose en accaparant la pépite avant les autres grands d’Europe. « Il a le potentiel pour devenir un buteur inarrêtable, avait déclaré le coach français. Il est bon dans les airs, il a une bonne technique, une bonne stature, un bon jeu de passe… ».

Après un prêt encourageant d’un an passé à Birmingham, alors pensionnaire de Championship, le Danois est pleinement intégré à l’équipe première au début de la saison 2007-2008. Et gagne le cœur des fans de façon spectaculaire ! Le 22 décembre 2007, tout juste entré en jeu, il permet aux Gunners de remporter le North London Derby en catapultant son tout premier ballon dans les filets d’un coup de casque monumental. Début de l’idylle ? Loin de là.


L’incroyable rentrée de Bendtner contre Tottenham

Par la suite, les performances du buteur se feront décevantes au possible, et ses faits d’armes les plus mémorables le seront pour de mauvaises raisons. Ses actions les plus marquantes sous notre maillot ? Sa bagarre avec Adebayor en plein match (Tottenham-Arsenal, janvier 2008, défaite 5-1), son sauvetage sur la ligne en faveur de…Liverpool sur une frappe de Fabregas (1/4 aller de la Ligue des Champions 2008, nul 1-1) et ses innombrables ratés, dont le plus fameux est sans doute celui réalisé face à Barcelone en 1/8e de C1 et qui coûte la qualification à nos Gunners. Son plus grand coup d’éclat restera finalement d’être parvenu à convaincre la Juventus de se le faire prêter un an lors de la saison 2012-2013.

Passion des ballons et amour des coupes

Inconsistant sur le terrain, incontrôlable en dehors. En parallèle de ses piètres performances sportives, Bendtner multiplie les frasques en tous genres. L’ivresse de la victoire, très peu pour lui. La bouteille lui suffit. S’il aime les ballons et les coupes, c’est qu’ils servent à boire du rouge et du champagne. En 2009, suite à notre élimination face à United en Ligue des Champions, le Danois s’offre une virée en boite de nuit et finit en une des tabloïds, ivre mort, ceinture défaite et futal tombant. Cinq ans plus tard, il confirme qu’il a l’alcool mauvais : de retour au pays, il s’offre un zouk inopiné avec un taxi, pantalon déboutonné, avant de fouetter son cavalier de circonstance de sa ceinture et de qualifier le conducteur de « gros cochon ».

Le problème est que, si l’éthanol ne contribue pas à faire du Lord un être brillant et distingué, la sobriété ne semble pas y parvenir non plus. En 2009, il s’offre une sortie de piste, cette fois si tout sauf métaphorique, et se crashe au volant de son Aston Martin d’une valeur de 180 000 euros. Il en sort heureusement indemne. Ce qui ne sera pas le cas des différents véhicules (décidément, il a un amour inconditionnel pour l’automobile) qu’il entreprend de consciencieusement dégrader aux abords de St James Park alors qu’il est à l’époque, en 2011, prêté à Sunderland, club rival des Magpies.  

Le niveau moyen justifie la fin

Nicklas Bendtner achève définitivement son aventure londonienne à l’issue de la saison 2013-2014. Et repart avec un casier judiciaire plus fourni que son palmarès. Il rebondit tout d’abord à Wolfsburg, où il passe deux ans, avant un bref passage à Nottingham Forest et un retour définitif dans sa Scandinavie natale.

En 2009, l’attaquant avait affirmé vouloir devenir le meilleur buteur de la Premier League, de la coupe du monde et compter parmi les meilleurs joueurs du monde. « Croyez-moi, cela va arriver. Je regarde les autres joueurs, je vois mes propres capacités et je ne vois rien qui me dit que ça ne va pas arriver, avait-il clamé dans les pages du Guardian. Je suis sûr que les gens vont se dire : “Qu’est-ce qu’il raconte ?” Mais comme je l’ai fait auparavant, et comme je le ferai encore, je vais m’asseoir et me moquer de ces personnes quand tout sera terminé. » Des moqueries, il y en a eues. Mais le Lord cadre visiblement ses prédictions aussi bien que ses frappes : c’est lui qui les a reçues.

Après 16 ans de carrière et alors qu’il est l’heure de dresser le bilan, le constat est sans appel : non, l’irritant Nicklas Bendtner n’était pas nul. Il n’était simplement pas bon. Et trop présomptueux pour s’en rendre compte.

#Clément #AFC


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