Sans résultats, pire, sans manière…

« Je trouve les juifs bien prétentieux de s’arroger le monopole de la souffrance devant les supporters d’Arsenal… »

C’est par cette boutade de mauvais goût, au bout d’un énième week-end de déception, que j’ai voulu traduire ma frustration du résultat d’Arsenal à Everton. A froid, ce résultat est un bon résultat. Au bout d’un combat physique intense, sans milieux défensifs de plus de 70 kg dans nos rangs, contre une équipe victorieuse de Manchester United avec la manière, il n’y a pas à rougir. Arsenal n’a pas été inspiré comme souvent, mais a été loin d’être ridicule. Le club croule assez sous les commentaires assassins pour qu’on lui nie ces mérites, ceux notamment sur sa solidité défensive.

Je fais partie des supporters récents d’Arsenal. Je n’ai pas connu l’époque glorieuse du début de siècle, ni même la finale de la LDC en 2006. Je suis né en supporter d’Arsenal quand Wilshere a commencé à éclore.  Et pourtant, je fais corps avec l’histoire du club. Mon imprégnation dans sa légende est totale. Ma fusion avec l’esprit, la santé, le charme du club est exclusive. Mon estime pour Wenger est immense. Arsenal a fini par devenir en  trois ans, un élément central de ma vie. Pour nous, dont le mérite est d’avoir connu le club vierge de titre, la relation est puissante, elle est faite d’espoir, d’attachement et de conviction sur le long terme.

La victoire de février 2011 à l’Emirates contre l’ogre Barcelonais, est à ce jour, mon plus grand orgasme de supporter.  Il s’agit moins de la victoire, anecdotique  – vu la suite qui lui a été réservée – que du panache qu’avait l’équipe ; étant la seule sur le continent à rivaliser dans les registres géniaux de la technique, de la vitesse, de l’esprit de jeu avec la meilleure équipe du monde. Oui ce soir-là, on a atteint le sommet du jeu en récoltant la moisson de ce qu’Arsène Wenger a semé depuis 16 ans.

Nous pouvons être fiers, en ces temps frustes, de notre identité. Arsenal, c’est une marque de fabrique. Le jeu total. Insouciant. Porté vers l’avant. Complice. Le football séduisant est léché que même les ennemis les plus hostiles concèdent au bout de leur jalousie. Quand nous perdions, ce pilier restait comme consolation, comme fabuleuse consolation d’avoir vu des actions de classes. Cette insouciance et cette jeunesse ont un charme qui tranche avec la froide mécanique des mercenaires modernes qui ôte  aux clubs, leur valeur première : leur âme. Nous avons la nôtre, elle survit au désert de titres. Elle nous unit et d’en doutez jamais, c’est le socle des prochains cycles victorieux. Les supporters véritables, les passionnés de foot plus initiés que les crétins assujettis à leurs jeux vidéo, savent qu’un club se construit perpétuellement lors des changements de générations. Malgré les défaites, les colères, l’important ce sont les fondements, les nôtres sont solides. Enfin, je veux y croire….

…Car dernièrement, Arsenal ne fait pas qu’enchainer les contreperformances. L’équipe joue mal. La possession du ballon qui était un marqueur de notre ascendant s’effrite. Notre supériorité technique n’est plus évidente, parfois contestée.  Face à de petites équipes, la maîtrise technique est criardement  médiocre. Les déficits techniques dans le jeu à terre, en remise ( cf Giroud, Gervinho) nous font regretter les décrochages de RVP. Pire que les résultats, l’équipe n’enchante plus. Pour preuve, cette tradition qui semble être le signe pathétique d’un changement de cap : lors des coups d’envoi, l’axe envoie le ballon directement dans des transversales souvent perdus à droite. Combien de fois, on voit Mertesacker se renvoyait la balle avec Sagna, parce qu’il n’y a pas  de  sollicitation. La défense et l’attaque sont coupées en deux. L’équipe nage donc dans cette possession illusoire (cinglante concession d’A.W lui-même). Sans Cazorla dans un bon jour, il n’y a pas de pénétration ni vitesse. Vivement Rosicky pour doubler les munitions. A Everton Wilshere a été plus tranchant, il atteindra sa vitesse de croisière vers fin Décembre.

Les pertes de balles sous pressions  (secteur où nous sommes pauvres) signent justement une réalité démoralisante : l’équipe dicte moins son style. Et ça, ce n’est pas Arsenal, c’est tout sauf les contre-attaques monumentales qu’on faisait, ni le jeu à une touche qui ravissait, ni cette capacité à se projeter vers le bu adverse. Et pour l’amoureux du beau jeu que je suis, pour le garçon excité que j’ai été en rêvant de voir associé Cazorla, Wilshere et Arteta, l’équipe n’a pas le droit de ne pas imprimer son tempo dans le match, avec la volonté de garder le ballon, car c’es le premier indice de qualité des équipes techniques.

Je ne suis meurtri pas par les matchs nuls d’Arsenal, enfin peu,  mais surtout, par la pauvreté dans le jeu qui est une trahison de notre philosophie. Je ne veux pas croire que la solidité défense rime avec cette frilosité à attaquer, à faire rêver, à jouer comme Dortmund, bref ce qui à fait de l’Emirates, un temple de bonheur. Non! We only wants our Football back, the club still is…

Je ne joue pas mon amour pour le club et mon admiration pour Wenger sur un résultat, ni un cycle négatif. Jamais, elles sont éternelles. Mais je veux retrouver l’équipe qui m’a fait rêver, par le jeu et pour le jeu. Perdre est dans l’ordre des choses, perdre son identité, définitivement une trahison.

Quoi de mieux que la réception de Swansea, pour renouer avec les Gunners qu’on aime  dévorer de fierté, de PLAISIR.

 #Elgas


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