Andreï Arshavin

Andreï Arshavin, oublié parmi les grands

Il y a 12 ans, jour pour jour, Andreï Arshavin atomisait à lui seul la défense de Liverpool, en inscrivant 4 buts au cours d’un match légendaire. L’occasion de rendre hommage à celui qui, même s’il n’est jamais parvenu à faire l’unanimité, fait incontestablement partie des joueurs qui comptent dans notre histoire.

Andreï Arshavin est quelqu’un qui passe difficilement inaperçu. La dernière fois que le Russe a fait parler de lui à l’international, il quittait un strip-club de Saint-Pétersbourg passablement éméché, juché sur le dos d’un cheval. Ça vous classe le niveau de discrétion du bonhomme.

Une anecdote folle, fantasque et inattendue. Tout comme le fut son explosion au plus haut niveau. L’ailier a déjà 27 ans lorsqu’il mène le Zénith Saint-Pétersbourg au titre en Europa League pendant la saison 2007-2008. Pourtant, le Vieux Continent le découvre seulement. Et est pleinement conquis par son explosivité, sa créativité et sa débauche d’énergie. Une bonne impression confirmée quelques semaines plus tard par l’international Russe, à la faveur d’un Euro 2008 complètement fou, marqué par sa performance stratosphérique face aux Pays-Bas en 1/4 de finale (victoire 3-1 après prolongations). La défaite 3-0 de la Sbornaja au tour suivant face au futur vainqueur espagnol n’y change rien : Andreï Arshavin est la nouvelle coqueluche du foot européen.

Il faut toutefois attendre janvier 2009 pour le voir débarquer dans l’ouest du continent. Direction l’Angleterre et les rangs de nos chers Gunners ! Il arrive en grande pompe, dans l’enthousiasme général et réalise des débuts époustouflants. Il repart 4 ans plus tard, dans l’indifférence des supporters et après avoir essuyé le feu nourri des critiques. Alors, que retenir de l’aventure d’Arshavin à Arsenal ? N’est-il qu’un joueur banal parmi tous ceux qui se sont succédé sous nos couleurs ? Assurément non.

Deux ans et demi de haute volée

Certes, la comète russe s’est éteinte prématurément. Elle a traversé le ciel londonien en laissant derrière elle une traînée de regrets. Mais elle l’a fait en brillant de mille feux. Le souvenir de son passage chez nous doit être célébré. Doit être chéri par tous ceux qui ont eu la chance de vivre le « phénomène Arshavin ». Car, à sa manière et à son échelle, l’homme à l’éternel visage de poupon a marqué l’histoire récente d’Arsenal.

Avant même ses premières minutes jouées, l’arrivée du natif de Leningrad est une réussite probante pour le club. À une époque où l’étiquette d’équipe « qui joue bien mais ne gagne pas » commence à sérieusement nous coller à la vareuse, celui qui attire alors la convoitise des plus grands -Real et Barça en tête- décide de poser ses valises sur les rives de la Tamise. Un joli coup réussi par Wenger, qui joue les orpailleurs et s’accapare la pépite, prouvant par les faits l’attractivité de son écurie.

Sportivement, contrairement à l’opinion qui s’est répandue dans le sillage de son départ, le séjour du Tsar à l’Emirates ne mérite pas d’être qualifié d’échec. Ni même de déception. Il faut le reconnaître : l’aventure, entrecoupée d’un prêt au Zénith en 2012, a pris fin avec un Arshavin démotivé qui ne mettait plus un pied devant l’autre et un amer goût d’inachevé pour les supporters. Mais plus de deux saisons durant, l’ailier a largement apporté sa pierre à l’édifice, se montrant régulièrement décisif. Ainsi, entre son arrivée en janvier 2009 et la fin de l’exercice 2010-2011, il inscrit 22 buts et délivre 17 passes décisives en Premier League, pour 62 titularisations ! Un bilan comptable loin d’être famélique pour un ailier (décisif tous les 1,6 matchs), auquel s’ajoutent les frissons procurés par ses innombrables dribbles, ses rushs de folie et quelques véritables moments de grâce.

Quelques souvenirs impérissables

Son quadruplé à Anfield compte parmi les plus grandes performances individuelles jamais réalisées par un joueur d’Arsenal. Son récital face au FC Porto lors de l’édition 2009-2010 de la Ligue des Champions (victoire 5-0, trois passes décisives et une activité de tous les instants pour le Russe) est rentré dans l’histoire de la compétition. C’est lui qui, un peu moins d’un an plus tard, est venu sceller l’un des plus grands succès d’Arsène Wenger, en inscrivant le but de la victoire face au grand Barça en 1/8e de finale aller de cette même Coupe aux grandes oreilles. Lui, également, qui a offert à l’icône absolue Thierry Henry son ultime but pour Arsenal lors du bref retour de ce dernier en 2012 (victoire 2-1 sur la pelouse de Sunderland).

Des buts, des passes, des performances mythiques et des émotions. Que demander de plus ?

Alors oui, Arshavin est en partie responsable de l’image contrastée qu’il a laissée derrière lui. Non, jamais il ne bénéficiera de l’aura de nos légendes. Et il n’a effectivement rien gagné sous nos couleurs. Mais il était l’un de ces artistes pour lesquels on se déplace au stade. L’un de ces intermittents du spectacle qui, lorsqu’il consent à nous dispenser un peu de sa magie, nous fait nous lever de notre siège en hurlant et déchaîne la passion viscérale dont est façonné notre amour du football.

Andreï Arshavin était un grand joueur. N’en faisons pas un grand oublié au prétexte qu’il a quitté Arsenal par la petite porte.

#Clément #AFC


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