Arsenal 2024 – Top Guns?

Le printemps arrive doucement et pour la majorité des clubs la Premier League se met sur pause jusqu’à fin mars. La plupart des joueurs vont partir en sélection nationale. Ce petit break leur permettra peut-être de regarder en arrière et de contempler les progrès effectués depuis le début de l’année. Il faudra se remettre dans le bain très vite, les deux mois qui arrivent promettent d’être explosif et les Gunners peuvent aller chercher un exploit historique. Tous les feux sont au vert, il faudra être impitoyable et prendre un départ à la Verstappen.

Un groupe qui doit saisir sa chance

Soutenir Arsenal peut être très frustrant. Trop souvent ces dernières années, le club est passé à deux doigts… Lors de la saison 2015-2016, tous les mastodontes ont calé mais les Gunners finissent malgré tout à la seconde place, dix points derrière Leicester, champion d’Angleterre à la surprise générale. En 2019 à Bakou, ils ont l’opportunité de ramener un trophée européen, mais se font terrasser par les Blues d’Olivier Giroud. En mai 2022, ils n’arrivent pas à se qualifier pour la Ligue des champions, finissant 5ᵉ derrière Tottenham… La claque de l’année dernière nous aurait-elle fait passer un pas ?

Alors oui, nous étions favoris face à Porto et on ne peut pas sortir éternellement la carte de l’apprentissage… Mais il faut aussi souligner que la grande majorité de nos joueurs évolue pour la première fois à ce niveau. Se battre sur deux fronts aussi tard dans l’année a rarement souri à Arsenal. Notre dernier doublé remonte à 2002 et même les Invincibles avaient dû laisser tomber les coupes domestiques et européennes afin de conquérir le Graal. Les jours qui viennent de s’écouler nous donnent peut-être déjà des raisons de se réjouir.

En affrontant Brentford samedi, la veille du choc Reds – Citizens, Arsenal avait l’opportunité de reprendre la première place du championnat. Auparavant, cette chance aurait été gâchée bêtement, les Gunners acceptants tristement leur sort et leur rang, laissant aux cadors le devant de la scène. Mais grâce à un but de dernière minute, ils ont renversé les Bees, et ce sont eux qui ont mis la pression sur leurs concurrents.

Quand Clément Turpin a sifflé la fin de la prolongation contre Porto mardi soir, certains joueurs ont dû avoir des flashs du match retour contre Lisbonne en mars dernier. La situation était quelque peu similaire, nous étions premiers du championnat et nous battions pour les quarts de finale européens jusqu’à la dernière minute. Mais la peur du vide ne s’est pas emparée de nos joueurs. Cette fois-ci, il semble qu’il y ait quelque chose de différent.

Ce déclic provient en partie de l’état de forme actuelle de notre capitaine. Contre Porto, Martin Ødegaard a été exceptionnel. Au-delà de sa passe décisive et de son pressing incessant, il a irradié l’Emirates de son leadership. Il a pris ses responsabilités, a affronté Diogo Costa le premier et transmit de la confiance à ses coéquipiers, qui comme lui se prêtaient à cet exercice périlleux. Réussir à garder son sang-froid dans un tel match, après 120 minutes sur le terrain, est un exploit. Personne n’a tremblé. Comme leur skipper, Saka, Havertz et Rice participent à quasiment tous les matchs et sont rarement remplacés. 

Une défense en béton armé

« Attack wins you games, rest defence wins you titles ». Cette semaine dans The Athletic, Liam Tharme nous expliquait le concept de la « défense restante ». En vulgarisant, l’organisation de l’équipe quand elle attaque, afin de favoriser le contre-pressing et de gagner les seconds ballons. Cette tactique amène le surnombre en optimisant la productivité de la charnière centrale.

Avant la rencontre face aux Bees, Martin Ødegaard expliquait : « Tout le monde parle de ce que nous faisons avec le ballon, les buts… mais quand vous regardez notre contre-pressing, la façon dont nous remportons le ballon, c’est très difficile pour nos adversaires »

Contre Brentford, dans les phases offensives, les Gunners bougent en bloc. On pouvait presque faire rentrer les 20 joueurs de champ dans une surface de réparation. Arsenal suffoque son adversaire. Les joueurs sont prêts les uns des autres et effectuent des passes courtes. Les centraux symbolisent cette défense restante. Bien au-delà de la ligne médiane, ils sont juste derrière le pivot (Jorginho), et facilitent les dédoublements. Cela rend la vie plus facile aux ailiers, qui font souvent face à des prises à deux. Le piège est de se faire prendre en contre-attaque, d’où l’importance d’avoir une charnière solide. Cette saison, nous n’avons concédé que deux buts de cette façon, le dernier remonte au mois de septembre contre United.

Ceci explique peut-être cela. Notre défense est impliquée directement sur 22 buts toutes compétitions confondues depuis le début de la saison, 12 depuis le 1er janvier. C’est simple, hormis Cedric Soares, tous les défenseurs en ont au moins inscrit un. Les plus gourmands sont Gabriel et Ben White. Le premier en a déjà inscrit quatre, à la suite de coups de pied arrêtés, et l’Anglais en est à deux buts et quatre passes décisives. À titre de comparaison, la défense des Reds a été impliquée à vingt reprises et celle de City seulement onze. Bien sûr, nous ne rappellerons pas qu’Arsenal possède la meilleure défense du championnat avec seulement 24 buts encaissés.

Qui va à la chasse…

La saison dernière, les blessures de Gabriel Jesus et William Saliba avaient terriblement handicapé Arsenal. L’épaisseur de notre banc n’avait pas pu nous permettre de tenir le choc face au retour tonitruant de Manchester City. Cette année, même si les absences de Timber, Zinchenko, Tomiyasu, Partey et Jesus ont ralenti le développement du groupe, elles auront aussi permis l’éclosion et la prise de pouvoir de Kiwior, Jorginho et Havertz. Depuis janvier, ce trio s’affirme avec beaucoup de régularité.

Le retour tellement attendu du Ghanéen est quelque peu retardé par l’efficacité et la maestria du milieu italien. Thomas Partey est bien rentré contre Sheffield United il y a une dizaine de jours (65’), mais il n’a passé que quelques minutes sur le terrain contre Brentford. Et pour cause, depuis sa titularisation contre Liverpool, Jorginho se montre impérial et profite d’une deuxième jeunesse sous le maillot rouge et blanc. Arteta conserve-t-il Partey pour le choc face à City ? À voir…

Jakub Kiwior avait lui bien commencé la saison en bas de la hiérarchie des arrières. Depuis, il a vu ses concurrents directs s’effacer. Bien que défenseur central par formation (il mesure 1.89 m), il a vite pris ses aises dans le couloir gauche. Il n’amène peut-être pas autant de créativité et d’animation qu’un Zinchenko, mais protège bien son aile. Et depuis avoir remplacé ce dernier à la 46’ contre Liverpool, il fait le job et se permet régulièrement des incursions dans la défense adverse, il compte déjà un but et trois passes décisives en PL.

À la pointe de l’attaque, Kai Havertz est de plus en plus indispensable et provoque beaucoup d’occasions, même s’il a toujours du mal à concrétiser. Il pourrait atteindre un niveau très intéressant s’il était plus clinique. Statistiquement, il est déjà impliqué sur plus de buts que la saison passée et est en plein momentum. L’Allemand a même réussi à nous faire oublier (momentanément) le débat autour du recrutement d’un vrai neuf et vient de marquer lors de quatre rencontres successives en PL.

Son humilité et sa malice en font un joueur à qui on s’attache vite. Bien qu’auteur de performances insipides les premiers mois, il bénéficiait déjà du support des fans et était à l’origine de cette chansonnette lancinante, qui nous rappelle un triste été 2010 dans l’hémisphère sud. Les critiques liées à son prix d’achat étaient récurrentes, mais sa ténacité aura permis de les faire taire. Jesus va devoir batailler fort (et rester en forme) pour récupérer sa place de titulaire.

Les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas. Arsenal n’est plus l’élève timide surpris de passer au tableau. Après la chute douloureuse, les Gunners se sont vite relevés et ont maintenant le cuir un peu plus épais. Cela suffira-t-il à nous amener jusqu’au bout ? Suspens… On ne va pas se voir plus beau que l’on est, Opta nous prédit toujours une troisième place au classement final, mais une victoire historique à l’Etihad pourrait changer la donne. En attendant, profitons de cette situation confortable jusqu’au 31 mars. Go Gunners !

#AFC

Jonathan


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