Arsenal dans les starting-blocks

Malgré le triste résultat en Ligue des Champions de mercredi, les résultats en championnat sont au rendez-vous. Le traditionnel stage d’hiver à Dubaï a fait beaucoup de bien à nos Gunners. Depuis le retour à la compétition le 20 janvier, ils enchainent les performances de grande qualité. Cette petite escapade dans les Émirats a permis aux joueurs, au staff et aux familles de se retrouver, loin du vacarme de Londres. Le football est bien entendu au centre du programme, mais ce moment privilégié permet surtout aux acteurs du club d’apprendre à mieux se connaitre. Cette année, l’exercice semble particulièrement réussi. Depuis leur retour, les artificiers sont impitoyables.

Les Gunners mitraillent

Au début de l’année, le secteur offensif était sous le feu des critiques : beaucoup d’occasions pour peu de concrétisations. Le match contre West Ham du 28 décembre reflétait ce constat : 74% de possession, 30 tirs dont huit cadrés, zéro but. Les Hammers quittaient l’Emirates avec les trois points en poche. Depuis le 20 janvier, Arsenal a marqué 21 buts en cinq matchs de Premier League.

Notre capitaine norvégien n’est pas étranger à ce sursaut. Auteur d’une première partie de saison de bonne facture mais sans réels éclats, Martin Ødegaard commence vraiment à élever son niveau depuis mi-décembre et fait parler sa créativité. Il utilise régulièrement sa tête et ses épaules pour amener l’adversaire à anticiper où il va aller, puis déplace son centre de masse et passe de l’autre côté. Ces mouvements provoquent des cassures et lui font gagner de précieuses secondes avant de distiller ses offrandes. Bien que ses prouesses ne se traduisent pas toujours sur les feuilles de statistiques, il cumule un but et trois passes décisives sur les deux dernières rencontres de championnat. Le skipper crée actuellement une occasion toutes les 37 minutes en PL, seuls Mesut Özil (toutes les 27 minutes) et Cesc Fabregas (toutes les 32 minutes) ont un meilleur ratio de minutes par chance créée pour Arsenal.

Bukayo Saka est en feu et vient d’inscrire deux doublés, qui lui permettent d’atteindre 53 buts à seulement 22 ans. Durant le court break de janvier, il a appris à diversifier son jeu et à être moins prévisible. Il a marqué deux fois du pied droit, dont une magnifique frappe en force contre Burnley. Quand il reste sur son pied gauche, il peut aller chercher l’angle fermé au lieu d’enrouler, ce qui n’a pas manqué de surprendre Areola.

Gabriel Martinelli complète ce trio de joueurs en forme. Il a signé un superbe doublé « Henry-esque » dans les arrêts de jeu face à Crystal puis a marqué lors du choc contre les Reds. La saison dernière, l’ailier avait culminé à 15 buts, il va devoir redoubler d’efforts s’il souhaite atteindre, voire dépasser ce chiffre.

Experts des coups de pied arrêtés

Les louanges n’arrêtent pas de pleuvoir sur Nicolas Jover. Arrivé en juillet 2021, il a complètement révolutionné les routines d’Arsenal. Depuis le début de la saison, le club a marqué à seize reprises à la suite d’une touche, d’un coup franc ou d’un corner. Arsenal est l’équipe la plus efficace sur ces phases de jeu bien huilées, qui aident les Gunners à casser les blocs bas auxquels ils font souvent face.

Sur corner, cela se passe souvent en deux temps. On applique d’abord un maximum de pression en surchargeant les 5m50 de l’adversaire. Arsenal place en moyenne 3.31 joueurs dans cette zone. Cela créé de la confusion et souvent du chaos. Ben White est passé maître dans la distraction des gardiens et les écrans façon NBA de Leandro Trossard ouvrent des portes aux plus grands. Ensuite, il suffit de privilégier les corners rentrants (82% des corners tirés par Arsenal).

Sur coups francs offensifs, plusieurs joueurs commencent régulièrement l’action en position de hors-jeu (se plaçant entre le mur et le gardien). Au moment où le tireur entame sa course, ces derniers se replacent correctement, tout en essayant de bloquer les replis des joueurs adverses. Cette technique permet de libérer un maximum d’espace devant le but. Mais attention, il faut avoir un bon timing si on ne veut pas voir l’arbitre assistant lever son drapeau. Ce schéma de jeu fonctionne plutôt bien : but de White contre Bournemouth, puis de Gabriel face à Liverpool en décembre et à West Ham la semaine dernière.

Nicolas Jover semble avoir trouvé ses padawans : Rice et Ødegaard à la baguette, Gabriel et Saliba à la réception. Le brésilien a inscrit quatre buts depuis le début de la saison (comme Jesus) et en totalise 14 depuis son arrivée à Londres. Aussi, il talonne Laurent Koscielny au classement des défenseurs les plus prolifiques du club en Premier League (22 buts pour le français).

Une défense suave

Le club a un long historique de lignes défensives impériales. Dans la liste, on retrouve le back four de George Graham mené par Tony Adams, les Invincibles de Vieira et Sol Campbell, plus récemment et à un autre niveau la paire Mertesacker-Koscielny. La défense était un des premiers chantiers d’Arteta à son arrivée à l’hiver 2019. C’est un secteur qui a eu le temps de murir et les pièces que le coach ramène au puzzle s’emboitent parfaitement. Les statistiques ne mentent pas, Arsenal possède une des meilleures différences de buts du championnat (+36) et les arrières sont autant impliqués dans la préservation de leur cage que dans l’activité offensive.

Notre défense actuelle se connait bien, Gabriel et Saliba se partagent les tâches. Les deux centraux jouent au niveau de la ligne médiane en phase de possession et doivent être à même de couvrir leurs espaces. Gabi est en général le premier à partir au combat quand Saliba balaie les quelques incursions de l’adversaire.

En l’absence de Zinchenko, c’est Ben White qui joue le rôle d’inverted full back. L’Anglais est dans une forme étincelante, il combine, rentre dans le jeu et sa roublardise fait de lui un atout non négligeable sur les coups de pied arrêtés.

Cette redistribution a permis à Jakub Kiwior de doucement monter en puissance et de prendre ses marques sur le couloir gauche. Depuis sa bonne prestation contre Liverpool (entré en cours de jeu et signe une passe décisive) il enchaine les titularisations.

Sur les cinq derniers matchs de PL, la défense signe trois clean sheet pour deux buts encaissés et en moyenne deux tirs cadrés concédés par match. La cerise sur le gâteau, c’est la douceur de cette défense. La paire Saliba – Gabriel ne cumule que cinq cartons jaunes depuis le début de la saison.

Revigorée depuis le retour de Dubaï, l’équipe respire la confiance et aligne des performances de grande qualité. Contrairement à l’année dernière, on ne sent pas le groupe à bout de souffle. La défaite à Porto semble être le résultat d’une crispation liée au retour en Ligue des Champions, les Gunners ont joué avec le frein à main. Les joueurs ne demandent qu’à aller au combat et dégagent sérénité et détermination. Peut-être est-ce aussi parce qu’ils voient l’infirmerie se vider. Ils comprennent que les prochains revenants vont encore booster un peu plus la créativité et l’imagination du sorcier Arteta.

#AFC

Jonathan


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