Arsenal en pleines turbulences

Après le match nul à Stamford Bridge, les Gunners pointent à la quatrième place du classement, avec neuf points de retard sur Liverpool. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats sont loin des attentes. Pour rajouter de l’huile sur le feu, le club a enregistré la semaine dernière la démission d’Edu. L’annonce est soudaine et le timing inopportun alors que commencent à se dessiner les contours du mercato hivernal. Pour une fois, la trêve internationale est accueillie avec soulagement.

État des lieux

Pour commencer, quelques chiffres : depuis le précédent rassemblement en sélections nationales (deuxième et troisième semaines d’octobre), Arsenal a disputé sept rencontres dont quatre en PL, avec deux points pris sur douze possibles. C’est trop peu pour un prétendant au titre. Surtout quand nos rivaux ont tous des ratios supérieurs : Liverpool et Nottingham Forest en tête (respectivement 10/12 et 9/12), suivis de City et Chelsea (6/12, 5/12).

La blessure d’Ødegaard ne laissait rien présager de bon, mais les ajustements tactiques opérés par Arteta ont tenu bon sur la période allant de mi-septembre au 5 octobre : dix points sur douze en championnat, succès en Carabao Cup et Ligue des Champions face à Paris. Néanmoins, les victoires à l’Emirates contre Leicester et Southampton laissaient déjà présager des moments plus sombres.

Depuis, les performances en championnat sont symptomatiques d’un collectif à bout de souffle. Le carton reçu très tôt contre Bournemouth fait mal, car en plus de nous exposer (défaite 2-0), il handicape un peu plus la défense face à Liverpool. Lors de ce choc, les joueurs étaient sur les rotules à l’image de Gabriel et Timber qui n’ont pas pu finir la rencontre en l’absence de Saliba. Ce qui interpelle, c’est surtout la stratégie déployée par le coach. Après être passés devant en fin de première période grâce à Merino, les Gunners se sont repliés sur eux même, dans leur moitié de terrain, faisant bloc face aux Reds. Entre la 43’ et la 81’ (but de Salah), Arsenal a cumulé 0.06 xG.

Une attitude aussi conservatrice face à City quelques semaines plus tôt était logique, nous étions en infériorité numérique. Mais contre les hommes de Slot, au mieux cela manquait de caractère, au pire c’était se tirer une balle dans le pied. À Saint James Park, l’apathie d’Arsenal faisait peine à voir, la charnière centrale, magistrale ces dernières années, était vraiment perdue sur le but des d’Isak. La déconnexion entre le milieu et l’attaque était frappante. Les supporters demandent que l’on essaie quelque chose de nouveau et de plus créatif, quitte à changer en cours de route si ça ne fonctionne pas.

Ethan Nwaneri cristallise les espoirs après des performances abouties en Carabao Cup, mais les plus conservateurs prêchent que titulariser le jeune crack ne serait pas lui faire un cadeau. Il a besoin de se développer tranquillement et de gagner en maturité. Il existe surement un juste milieu. Du coup, on préfère donner au Baby Gunner des bouts de match en PL, en général quand l’équipe est sous pression (9 minutes contre les Cherries alors qu’Arsenal est mené 2 à 0, 5 minutes contre les Reds alors à 2 partout, 29 minutes contre les Magpies qui menaient 1 à 0).

Arteta semble vouloir protéger au maximum son poulain mais se retrouve obligé de l’utiliser en fin de match dans des situations très inconfortables. Une titularisation aurait surement été un exercice plus adéquat. Ødegaard vient de manquer 7 matchs de PL, pendant cette période, Nwaneri aura passé 52 minutes sur les terrains en championnat.

Nwaneri à la baguette en Carabao Cup.

Le retour de Martin Ødegaard lors des déplacements à Milan et à Chelsea nous procure une petite source de consolation. Bien que sur le plan comptable les résultats soient mitigés, l’équipe a tout de suite montré un autre visage. La titularisation du Norvégien à Stamford Bridge était une surprise, mais il a tenu le coup et c’est lui qui a amené l’étincelle sur le but de Martinelli.

Autre satisfaction de ce début de saison, la jeunesse retrouvée de Thomas Partey. Il vient de disputer son 17ème match d’affilée en PL, à cheval sur les saisons 23/24 et 24/25. Son record de 18 matchs à la suite date de l’année 2023. Le Ghanéen s’est montré polyvalent, évoluant brillamment arrière droit contre Liverpool, disponible et sérieux. Face à Chelsea, il était assigné au marquage individuel de Cole Palmer, qui a été inoffensif. On entend de plus en plus parler d’une possible extension de son contrat. S’il ne se blesse pas et garde ce niveau, une année supplémentaire aurait du sens, bien que l’ombre de problèmes extra-sportifs plane. Les médias restent très évasifs, mais les rumeurs à ce sujet ne datent pas d’hier.

Se (re)trouver en décembre

Entre le retour à la compétition le 23 novembre et le 4 janvier, les Gunners vont enchainer douze matchs (deux par semaine pendant six semaines), au programme neuf rencontres de PL soit 27 points à aller chercher. Au-delà d’un calendrier plus favorable que nos concurrents, conséquence d’un début de saison dantesque, Arsenal bénéficiera de ne quasiment pas quitter Londres, hormis pour des déplacements à Lisbonne en C1 et à Brighton début janvier.

Les probabilités qu’Arsenal remporte le championnat se sont considérablement réduites, 4.6% d’après Opta, néanmoins le championnat anglais a déjà été témoin de retournements de situation plus spectaculaires. Fin décembre 1997, les artificiers pointaient à la 6ème place du classement et comptaient treize points de retard sur Manchester United. Un enchainement de dix victoires d’affilée les verra soulever le trophée avec un point d’avance sur les hommes de Sir Alex.

De plus, nous n’avons toujours pas vu de feuille de match avec notre meilleur XI. La faute aux blessures, qui contrairement aux saisons précédentes ont été omniprésentes. Touché à l’épaule au mois d’août, Merino a été intégré comme titulaire pendant l’absence du capitaine, pas idéal quand on sait que celle-ci a complètement chamboulé l’organisation d’Arteta. L’Espagnol n’est pas en confiance et ne le sera pas tant qu’il n’aura pas évolué régulièrement aux côtés de son capitaine et de Rice ou Partey en 6. Une fois son intégration complètement effectuée, nous espérons le voir briller dans différents scénarios, sa sortie de banc contre Chelsea s’est révélée convaincante.

On attend avec impatience le retour de Calafiori (touché au genou), dont la présence sur le terrain semble libérer Martinelli. Épaulé par l’Italien, ce dernier a été directement impliqué sur quatre buts (contre Manchester city, Leicester et Southampton). Les nouvelles recrues peuvent mettre un certain temps à s’acclimater, nous en avons été témoins la saison dernière avec Kai Havertz et David Raya, qui sont maintenant des titulaires indiscutables. Soyons patients.

Enfin, le retour du capitaine arrive comme un grand bol d’air frais dans ce climat étouffant et va nous permettre de : 1. Replacer nos pions sur l’échiquier. Depuis la blessure d’Ødegaard, Havertz est redescendu d’un cran et tente de couvrir cette position de 8 à droite tout en gardant un œil sur son rôle d’avant-centre. Le résultat est médiocre pour les deux positions. Replacé en 9, l’Allemand devrait reprendre ses bonnes habitudes. 2. Redonner du liant entre la défense et l’attaque. Les différentes options essayées par le coach depuis mi-septembre ont été peu convaincantes : le manque de créativité flagrant impacte la verticalité de notre jeu, on a trop souvent vu Martinelli et Saka impuissants, esseulés sur leur côté face aux prises à deux. Trop souvent, la solution réside dans des centres pleins d’espoir comme contre l’Inter. Ce soir-là à Giuseppe Meazza, il y a eu 46 centres… pour quatre tirs cadrés…

Ødegaard décisif dès son retour avec un caviar pour Martinelli

La ligue des nations ainsi que les qualifications pour la coupe du monde 2026 ont repris leurs droits, et une petite dizaine de Gunners ont rejoint leur sélection. Quelques pensionnaires restent à Colney, parmi eux Rice, Saka et Ødegaard. Ces joueurs, extrêmement importants dans notre système, vont avoir l’occasion de souffler un peu et de se préparer au mieux à la période qui arrive. Leaders naturels du groupe, ils savent que l’enchainement de matchs qui arrive sera crucial, et qu’Arsenal doit recoller au wagon de tête le plus vite possible, pour garder quelques chances de bien figurer au mois de mai.

On vient d’apprendre que Ben White sera absent 10 à 12 semaines après avoir été opéré du genou, on espère donc que Calafiori revienne vite et reste en forme, car malgré les nombreux renforts aux postes de latéraux, ce secteur reste toujours un casse-tête pour l’entraineur, qui semble avoir une confiance plus que limitée en Zinchenko.

Arteta a connu plusieurs périodes compliquées à la tête de l’équipe : décembre 2020, août 2021, décembre 2023. À chaque fois, il a su raviver la flamme. Le 26 décembre, le Basque célèbrera cinq années passées à la barre. Comme dans chaque profession, seuls les résultats comptent. Le travail effectué sur et hors des terrains est certes titanesque, mais le coach sera jugé sur sa capacité à remporter des trophées. Arsenal est toujours en lice dans quatre compétitions et n’a plus le droit à l’erreur. Le restart, c’est maintenant. Go Gunners !

#AFC

Jonathan


Publié

dans

par