Avant match de Tottenham-Arsenal (28ème journée de Premier League)

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Match of the year !

Grâce à sa victoire in extremis à Boleyn Ground lundi soir, Tottenham s’est mis en sécurité en prévision du North London Derby ce dimanche. Les Spurs comptent quatre points d’avance sur leurs rivaux, et une victoire dans leur antre pourrait les mettre définitivement à l’abri. Vous me direz, les Gunners peuvent espérer prendre le siège de Chelsea, qui pointe désormais à la quatrième place, mais l’enjeu serait moindre. Car dimanche, il ne sera pas question que d’une quelconque qualification. Fierté, honneur, et histoire sont au programme de ce 170ème North London Derby. Alors que la guerre londonienne fait plus que jamais rage, cette 28ème journée pourrait annoncer les prémices de l’avenir des trois éternels ennemis.

La Bale est dans le camp des Spurs.

Villas-Boas pouvait quitter l’est de Londres avec le sourire. Il sait que son équipe vient d’arracher une victoire ô combien cruciale dans les dernières minutes d’une très belle rencontre. En ce lundi soir de fin février, ses hommes ont désormais relégué leurs éternels rivaux du nord de Londres à quatre points, ce qui est un avantage non-négligeable à six jours d’un derby qui s’annonce bouillant. Mais le Portugais peut se montrer euphorique pour une autre raison : son club vient d’accrocher sa quinzième victoire de la saison, et dépasse ainsi au terme de cette 27ème journée Chelsea, qui pointe désormais à la quatrième place. Les Spurs ont de nouveau leur destin entre leurs mains, et sont en pole position pour accrocher la C1 sans qu’un énième rebondissement comme celui de l’an passé puisse venir obscurcir leurs horizons. Bien sûr, le calendrier du club est chargé : Arsenal, puis Liverpool, Chelsea, Manchester City, et Everton seront tous des obstacles de taille aux rêves de gloire de Villas Boas. Mais Tottenham a montré par le passé que se défaire des autres « gros » ne relevait pas de l’exploit. Le club de Daniel Lévy est invaincu sur les deux matches l’opposant à United et a fait tomber Liverpool en novembre. Mais face à leurs ennemis londoniens, les Spurs expriment quelques difficultés. En effet, ces derniers n’ont gagné aucun des matches les opposant à Chelsea ou à Arsenal depuis la victoire sur les Gunners au début de la saison 2012. Et cette anecdote va en s’amplifiant puisque leurs rivaux se sont aisément défaits d’eux lors de la première partie de saison, faisant trembler leurs filets à neuf reprises en tout et pour tout (5-2 pour Arsenal et 2-4 pour Chelsea).

Le Portugais aura surement à cœur d’accomplir une revanche personnelle en plus de vouloir distancer ses rivaux. Effectivement, ce dernier détient de tristes statistiques face au Arsenal de Wenger, avec trois matches, dont trois perdus, et quinze buts encaissés (5-0 contre Porto, 2-5 contre Chelsea et 5-2 contre Tottenham pas plus tard qu’en novembre dernier). Après un cuisant échec à la tête des Blues, « The Special Two » semble avoir trouvé son club en posant ses valises plus au nord et réalise une très belle saison qui pourrait être couronnée des succès. Et même si Tottenham reste l’équipe la plus faible du top five statistiquement parlant (plus mauvaise attaque avec 47 buts inscrits et plus mauvaise défense avec 32 buts encaissés) en parallèle d’être la moins dangereuse à domicile (plus de victoires à l’extérieur qu’à White Hart Lane), le club du nord de Londres commence 2013 sur des chapeaux de roue. Invaincus en PL depuis le 9 décembre, les Spurs ont traversé un épineux mois de février avec brio en comptabilisant trois victoires en trois matches (0-1 contre WBA, 2-1 contre Newcastle et 2-3 contre West Ham). Alors certes, Tottenham s’effondre souvent en fin de saison depuis quelques années, et rate de peu les premiers rôles, mais si l’heure du renouveau avait sonné pour les joueurs de Villas Boas ? Emmené par un Gareth Bale qui marche sur l’eau, Tottenham a validé sa qualification pour les 8ème de finale de la Ligue Europa, et semble très bien embarqué au classement en Premier League. Le Gallois, à l’instar de Van Persie à Arsenal l’an passé (et de cette année à United ?), semble être le « One Man Team » qui pourrait aider son club à atteindre ses objectifs avant de tirer sa révérence à Londres. Les Spurs se reposent bien souvent sur cette individualité comme en témoigne leur faible nombre de passes décisives. L’ex-Saints a mené son club à la victoire à lui tout seul lundi dernier, s’offrant l’étreinte de son entraineur en fin de match, et a abattu Lyon grâce à ses coups de pied arrêtés qui révèlent aujourd’hui l’efficacité d’un très grand joueur. L’intéressé, fier de la reconnaissance que le monde du football a désormais envers lui, en a profité pour jeter de l’huile sur le feu à quelques jours du tant attendu derby : « Je pense qu’aujourd’hui, Tottenham est au-dessus d’Arsenal » disait récemment le jeune Gallois dans les colonnes de The Sun, avant d’ajouter, plus réaliste, que les deux clubs boxent dans la même catégorie.

Alors, l’esprit revanchard de Villas Boas et les rêves de gloire de son homme à tout faire suffiront-ils à renverser les Gunners ? Les deux compères, respectivement nommés entraineur du mois et joueur du mois en Premier League, seront sur le devant de la scène pour la réception de leurs rivaux dimanche, au plus grand dam de ces derniers.

En pleine reconquête.

Côté rouge et blanc, l’heure de la révolte a sonné. Les Gunners sont à la poursuite de leurs concurrents grâce à trois victoires d’affilée. Après avoir rattrapé Everton, Arsenal se place désormais à deux points de la quatrième place, détenue par Chelsea, et à quatre points des Spurs. Les hommes de Benitez recevront West Brom à 16h, et pourraient plus que jamais rater le coche après les déclarations du manager dans la presse cette semaine.

Des débuts chancelants, suivis d’éliminations dans les diverses compétitions pour terminer par une  chevauchée fantastique jusqu’en fin de saison : tel est l’ordre chronologique des parcours récents des hommes de Wenger en Premier League. Et 2013 ne semble pas déroger à la tradition, puisque ces derniers, qui ont validé leurs évictions en Cup et en C1, pourraient effectuer un stratosphérique come-back. Invaincus depuis mi-janvier, et fiers de leurs victoires contre West Ham, Stoke City, Sunderland et dernièrement Aston Villa, les Gunners peuvent envisager l’avenir plus sereinement, même s’ils sont encore loin de s’être tirés d’affaire. Le calendrier des canonniers n’est pas spécialement chargé par rapport à celui de leurs voisins, mais le derby de ce week-end pourrait avoir un impact non seulement sur le plan comptable mais aussi sur le plan moral. « C’est une rencontre très importante parce que nous sommes dans la dernière partie de la saison. Psychologiquement, il y a aura un impact. Le vainqueur prendra un avantage » disait Wenger en conférence de presse. Le coach alsacien a très peu insisté sur la rivalité entre les deux clubs, et s’est dit focalisé sur ses forces avant de penser à l’ennemi. Abou Diaby, incertain pour demain, a quant à lui été bien moins modéré. « Nous sommes toujours impatients de disputer ces matches. Ce n’est pas important que pour nous les joueurs, mais aussi pour les fans et le club. C’est plus qu’un match. » déclarait-il à Rob Kelly pour Arsenal Player. Comme le disait le Français, son équipe à un avantage psychologique à la veille de ce bouillant derby, puisque les deux dernières oppositions se sont soldées par un cinglant 5-2 en faveur des Gunners. Alors même si sur le plan de la forme récente, Tottenham a l’avantage, leurs ennemis partent avec un ascendant au niveau historique. Ce 170ème derby du nord de Londres nous réservera-t-il autant de buts et de spectacle que lors des précédentes versions ?

Une guerre de 100 ans.

Voilà maintenant un siècle cette année que les Gunners et les Spurs se livrent une querelle pour la suprématie et la fierté. C’est en 1913, quelques années avant le début de la première guerre mondiale, qu’ont débutés les différents entre les deux clubs. A l’époque, Arsenal est proche de la faillite et sombre en seconde division, et le rachat du club par Henry Norris et William Hall amène Woolwich Arsenal (appellation donnée avant 1913) a déménagé. Alors installés à Plumstead, à l’est de Londres et au sud de la Tamise et de Boleyn Ground, l’actuel stade des Hammers, les Gunners migrent vers Highbury, à quelques kilomètres au sud de White Hart Lane. Débute alors une rivalité entre les Spurs et les nouveaux arrivants qui semble à des années lumières de pouvoir s’éteindre aujourd’hui, alors que les deux clubs luttent pour les places européennes.

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                L’équipe des Gunners en 1913.

Mais revenons-en à l’histoire, et à ce championnat d’après-guerre en 1919, qui accroit plus que jamais la rivalité entre les deux clubs. Cette année-là, Arsenal termine à la cinquième place en seconde division, tandis que les Spurs se placent 20ème en Football League First Division (équivalent de la Premier League aujourd’hui), mais cette dernière doit s’étendre à vingt-deux places. Les instances du football britannique, qui n’avait pas instauré de réglementation dans un tel cas, décide de procéder par vote. Dans un extraordinaire fracas provoqué par tricherie, pots de vin et consorts, Tottenham est relégué en seconde division alors que leurs éternels rivaux, suspectés d’avoir forcé la main au destin, accèdent à la première division. Alors que les uns entament un record de longévité en Premier League, les seconds bataillent pour revenir dans l’élite et se venger de leurs voisins. Les deux clubs vont alors se livrer une guerre sans merci, à tel point qu’en 1922, ils sont tous deux sanctionnés par la fédération pour l’abusive agressivité et le lot de tension qui règnent autour des derbys. Finalement, les deux opposants furent obligés de calmer le jeu lors de la seconde guerre mondiale. En effet, Highbury fut réquisitionné par l’armée britannique pour servir de base aérienne, et subit par la même occasion des dégâts considérables : la Clock End est touchée, tout comme le toit de la North Bank, transpercé par des bombes incendiaires. Ses résidents doivent de nouveau déménager, et c’est White Hart Lane qui sera désigné de manière temporaire comme stade des Gunners et donc lieu de cohabitation des deux rivaux.

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                             Affluence lors d’un derby en 1934

Mais ce tête à tête ne se résume pas simplement à une histoire de proximité ou de résultats sportifs. Sur le fond, nous y retrouvons une certaine forme de lutte des classes. En effet, dans les années où le football s’apparentait de plus en plus à une véritable mode, chaque club était à la recherche d’un public relativement aisé financièrement pour augmenter ses revenus. Et il se trouve alors que Tottenham a su atteindre cette catégorie de supporters beaucoup plus facilement qu’Arsenal. On retrouvait donc à White Hart Lane un public un peu plus cossu, à l’inverse d’Highbury, plus au sud.

A toute cette partie historique s’ajoute évidemment l’aspect sportif, qui ne fait qu’alimenter un peu plus la rivalité entre les deux clubs. Si les lendemains de leur victoire en Coupe de l’UEFA en 1984 furent durs, les Spurs sont bel et bien de retour sur le devant de la scène depuis quelques années. Souvent en difficulté au classement lors de ce début de siècle, le club de Daniel Levy est en féroce concurrence avec son ennemi juré depuis maintenant quatre ans pour s’approprier les convoitées places européennes. Cela fait trois ans qu’Arsenal termine une place devant Tottenham en fin de saison, accentuant encore un peu plus la lutte que se vouent les deux formations à chaque North London Derby. Les Gunners se sont même permis par deux fois de célébrer leur titre de champion sur la pelouse adverse. Effectivement, en 1971 puis plus tard en 2004, les rouges et blancs n’ont besoin que d’un petit point pour accéder au panthéon et, ironie du sort, c’est à White Hart Lane que ces derniers se déplacent lors de ces deux opus. En 71, Bertie Mee et ses joueurs empochent la victoire sur le plus petit des scores, alors que trente-trois ans après, Wenger réédite l’exploit grâce à un nul cette fois (2-2), portant encore un peu plus aux nues l’offense faite par son prédécesseur.  2013, l’heure de laver l’affront pour les Lilywhites?

Rocastle 1987

Rocastle donne la victoire aux Gunners en demi finale de Cup contre les Spurs en 1987.

Le ton est donné. Déclarations foudroyantes, goût de revanche et rêves de C1 : préparez-vous à vivre l’un des plus prometteurs derbys de ces dernières années. Frictions, engagement et avalanche de buts nous seront logiquement réservés si cette rencontre poursuit la tradition. Mais aujourd’hui, la donne aurait-elle changé ? Les Spurs sont plus menaçants que jamais, et une ambiance chaotique plane au nord de la Tamise. Aux canonniers de faire parler la poudre, et de prouver au monde du football que Big Smoke sera et restera teintée de rouge.

Forme des équipes (PREMIER LEAGUE) :

Tottenham :

Infirmerie : Huddlestone, Dempsey, Kaboul, Sandro.
Incertain: Defoe
Suspendu: /
Forme: VVVNN
Casier disciplinaire: 36 jaunes, 2 rouges.
Meilleurs buteurs : Bale (15), Defoe (10), Dempsey (5).
Meilleurs passeurs : Lennon (6), Defoe (3), Huddlestone (3).

Arsenal :

Infirmerie : Gibbs, Sagna.
Incertain : Diaby.
Suspendu : /
Forme : VVVNV
Casier disciplinaire : 25 jaunes, 3 rouges.
Meilleurs buteurs : Walcott, Cazorla (11), Giroud (9), Podolski (8).
Meilleurs passeurs : Podolski (9), Walcott (8), Cazorla (6).

Clés du match

Face à face:

  • Arsenal a gagné les deux dernières rencontres 5-2. Lors des deux matches, un joueur de Tottenham a été expulsé.
  • Il y a eu trente-trois buts lors des six dernières rencontres toutes compétitions confondues. C’est la rencontre comportant le plus de buts dans l’histoire de la Premier League avec 121 buts.
  • Arsenal n’a gagné aucune de ses quatre dernières visites à White Hart Lane (2 nuls, deux défaites). La dernière victoire remonte au 15 septembre 2007. Les Gunners remportèrent le match grâce à un doublé d’Adebayor et un but de Fabregas. Gareth Bale (18 ans à l’époque) ouvrit le score sur coup-score, déjà un classique… 3-1 pour Arsenal.
  • Arsenal a toujours réussi à marquer un but contre Tottenham lors de leurs 34 dernières joutes fraternelles officielles sauf une fois : 0-0 le 9 février 2009. C’était à White Hart Lane.

Tottenham:

  • Tottenham est invaincu sur les onze derniers matches de PL, et a gagné ses trois derniers matches.
  • Les Spurs ont perdu juste deux matches à White Hart Lane cette saison, et n’ont pas perdu là-bas depuis début novembre.  Mais par rapport à la saison dernière, leur forme à domicile est moins bonne étant donné qu’ils comptent sept points de moins.
  • Cette saison, ils ne sont pas parvenus à marquer chez eux à deux reprises.
  • Gareth Bale a marqué six fois lors des quatre derniers matches de Tottenham, et huit fois lors des six derniers matches toutes compétitions confondues Il a marqué plus de buts en PL en 2013 qu’aucun autre joueur. Un autre but ferait de Bale le meilleur buteur Gallois dans une saison de PL avec seize buts.
  • La dernière fois que Tottenham a terminé devant Arsenal au classement, c’était en 1994-1995 (Spurs 6e, Arsenal 12e)

Arsenal:

  • Comme Tottenham, Arsenal sera à la recherche d’une quatrième victoire consécutive en Premier League . Les Gunners ont gagné quatre de leurs cinq derniers matches.
  • Arsenal a gagné quatre de ses sept derbys de Londres cette saison (4 victoires, un nul et deux défaites)
  • Les Gunners ont marqué dix buts dans les dix dernières minutes d’un match de Premier League cette saison. Seul Reading (11) a fait mieux.
  • Santi Cazorla est le seul joueur à avoir participé aux vingt-sept matches de PL de son club. Il a marqué les trois derniers buts de son club en championnat.
  • De plus, Cazorla est devenu la semaine dernière contre Aston Villa (victoire 2-1 avec un doublé de l’Espagnol) le premier joueur depuis Thierry Henry à marquer 10 buts pour sa première saison en PL.
  • Walcott a marqué quatre buts lors des quatre derniers North London Derby en PL.

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