Cette fois, on ne rigole plus

Un mercato faramineux, des joueurs de talents en renfort, Tottenham a mis les bouchées doubles pour contrecarrer les plans de son rival de toujours. Un duel sportif qui s’ajoute au duel de moeurs, Ce North London Derby s’annonce plus excitant que jamais !

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Wenger vs Villas-Boas, le jedi et le padawan

Il est souvent tentant de les définir comme de terribles ennemis, de par la comparaison faite entre Villas-Boas et Mourinho, avec qui Wenger avait enchainé les bras de fer à une certaine époque. Et pourtant, les deux managers des plus grands rivaux londonniens se respectent et s’apprécient même. De son côté, le Portugais a lui beaucoup à apprendre de son homologue, d’autant plus depuis les derrière gifles que lui a infligées le Français. Mais la roue tourne, et la balle pourrait être dans le camp du jeune apprenti cette fois-ci…
5-0, 3-5, 5-2. Le duel entre les deux entraineurs aurait presque des allures de match de tennis. Avec les trois équipes qu’il a dirigé, Villas-Boas a du faire face au courroux de l’homme qui est installé à Arsenal depuis 16 ans. Mais si la roue tourne doucement, elle tourne surement. L’ancien adjoint de Mourinho à Porto a su inverser la tendance pour la première fois le 3 mars dernier, en l’emportant contre son aîné à White Hart Lane (2-1). Une rencontre qui avait d’ailleurs eu un effet paradoxal, puisqu’Arsenal était devenu irréductible jusqu’à la dernière journée alors que Tottenham perdait deux fois d’affilée par la suite avant d’enchainer quelques matchs nuls, engendrant ce que tout le monde sait: une magnifique quenelle au classement, avec les Spurs en grands perdants. Pourtant, sur le match en lui-même, il n’y avait pas eu photo. Les Spurs avaient réussi à profiter des errances défensives de leurs rivaux, et à l’inverse ces derniers n’étaient pas parvenus à trouver la faille dans une défense que Villas-Boas avait discipliné depuis ses dernières rencontres avec Wenger. Car s’il y a bien un tord qu’a eu l’entraineur portugais lors des dernières batailles nord-londoniennes, c’était d’avoir pris à la légère la capacité de contre de ses adversaires. Aujourd’hui, avec son recrutement à Tottenham, ce dernier semble mieux armé pour faire face aux attaques rapides des Gunners, qui soit dit en passant furent bien dénaturées lors des récentes années.
Par ailleurs, on assiste à plusieurs mutations chez les deux protagonistes. Pour des raisons différentes, AVB et Wenger doivent adapter leurs stratégies en fonction des hausses des formes ou des départs.

Apprendre à vivre sans Bale
Du côté de White Hart Lane, le futur départ de Bale se fait d’ores et déjà ressentir puisque Villas-Boas a opté pour un 4-3-3 sans véritable 10. Bien sur, la donne pourrait changer en raison de l’arrivée de Christian Eriksen, mais à l’heure actuelle, l’absence de Bale chamboule pas mal le système de jeu des Spurs, sans grande conséquence d’ailleurs puisque ces derniers ont remporté tous leurs matchs officiels en ce début de saison. Wenger, quant à lui, alterne entre le 4-2-3-1 de la saison dernière et un 4-3-3, même si c’est la première option qui devrait être préférée demain, étant donné que Rosicky se positionnera surement en 10 haut, entre les lignes, ce qui a toujours posé beaucoup de problèmes aux Spurs.
Tout comme Wenger avant lui, Villas-Boas est en train de transformer son équipe en long, en large et en travers. Si Bale devrait s’envoler pour l’Espagne, l’excellent recrutement des Spurs pourrait bien le faire oublier rapidement si le Portugais huile bien les rouages. Ce dernier a grandi depuis ses gammes au FC Porto, et Wenger devra pour leur cinquième rencontre se défaire d’un entraîneur qui pourrait lui arriver à la cheville bien plus vite que prévu.

Arsenal v Tottenham, le savoir-faire contre la puissance financière

On imagine déjà la blague faire le tour des écoles primaires et des pubs londoniens. “Qu’est-ce qui différencie Villas-Boas de Wenger ? Lui au moins n’a pas d’oursins dans ses poches!” On dit ça avec le ton décalé qu’impose l’humour bien sûr (quoique…) mais la fiction n’est peut-être pas aussi imagée que cela.
Car les faits sont trop présents pour être ignorés. On a promis un été faste pour Arsenal, avec l’assurance de voir le record d’achat détenu par Arshavin largement battu mais c’est au sein même de l’administration de la N17 (le code postale du quartier de Tottenham) que l’argent a coulé à flot. Des records de dépenses, trois superposés à la suite pour être précis, ont été enregistrés dans cette partie de Londres: d’abord Paulinho (£17M, le 6 juillet), puis Soldado (£26M, le 5 août), puis Lamela pour conclure (£30M, le 30 août) ont rangé aux oubliettes le précédent record d’achat pour Darren Bent, datant de… 2007 (£16,5M). Cette activité en coulisses parait sensationnelle à côté de celle d’Arsenal, dont les seules dépenses pour joueurs se limitent à un versement d’une aide à la formation pour Yaya Sanogo (environ 400,000 euros) et de deux nouveaux salaires octroyés pour l’ancien Auxerrois et Mathieu Flamini, arrivé libre en provenance de l’AC Milan. L’écart d’investissement financier entre les deux rivaux londoniens donnerait presque le vertige: £105 millions partis des caisses de Tottenham (2e plus gros acheteur estival derrière Monaco) contre… £0 pour Arsenal. On pourrait presque parler d’insultes envers les Gooners, qui sont bercés depuis fin mai par le fantasme d’un coffre-fort garni de quelques 80 millions de livres et des promesses de renfort de premier plan (Higuain, Jovetic, Suarez, Luiz Gustavo, Bender, Gündogan) qui se sont envolés aussi vite que le temps que met Wenger pour placer ses économies dans la banque Barclays.
Dans l’esprit des médias et des fans avisés le constat est équivoque. Tottenham a enfin la gueule d’un prétendant au titre et le pedigree nécessaire pour enfin surpasser Arsenal au classement, un fantasme pour les Spurs qui attendent ce moment depuis 1995.

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Arsenal perdant, Arsenal perdu mais Arsenal toujours devant à la fin
Le parcours récent des deux clubs en Premier League incite toutefois à user de la méthode du pronostique avec une sécurité mesurée. Car Tottenham ne comptait-il pas 12 points d’avance et même virtuellement 15 lorsqu’il menait 2-0 à l’Emirates en février 2012 ? Les Spurs ne dominait-il pas Arsenal au classement durant plus de la moitié du Championnat (22 journées) la saison dernière ? Vous avez compris. A chaque fois qu’on enterrait les Gunners d’Arsène Wenger, ceux-ci ont tué toutes paroles médisantes et promesses d’avenir sombre en parvenant à réaliser des fins de marathon sensationnels, privant du coup Tottenham de la Coupe aux grandes oreilles deux fois de suite alors qu’elle lui était promise. Cette vérité se vérifie encore. N’avait-on pas trop vite anticipé un début de crise après la défaite initiale contre Aston Villa ? Les Gunners restent depuis sur trois succès et comme Wenger s’est plû à le rappeler jeudi: cette défaite contre Villa reste la seule connue depuis… une défaite contre Tottenham début mars.
Bien sûr, il vaut mieux prendre Tottenham à cette période de la saison plutôt que quand l’équipe aura atteint sa vitesse de croisière, chose qui devrait être le cas pour les retrouvailles entre les deux adversaires le 15 mars 2014. A ce moment, la Premier League aura déjà des réponses sur les ambitions des deux clubs et le derby aura un impact beaucoup plus considérable sur la suite des rêves nord-londoniens que celui auquel on assistera dans quelques heures.
Mais pour cette saison, au moins, Arsenal sera encore une fois le club qui entendra la musique de la Ligue des champions au minimum 6 fois (et quel programme !) tandis que les fans de Tottenham attendront le jeudi soir pour s’extasier des prouesses de leur club chéri contre un obscur club moldave et une terreur norvégienne.

Les compos probables

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La forme des équipes (Premier League)

Arsenal :

Infirmerie : Abou Diaby (genou), Mikel Arteta (cuisse),Thomas Vermaelen (dos), Alex Oxlade-Chamberlain (genou), Podolski (ischios-jambiers)

Incertain : /

Suspendu : /

Casier disciplinaire: 5 jaunes, 1 rouge

Forme : VD

Meilleurs buteurs : Olivier Giroud, Lukas Podolski (2 buts)

Recrues : Yaya Sanogo, Mathieu Flamini

Principaux départs : Gervinho, Denilson, André Santos, Marouane Chamakh, Vito Mannone, Johan Djourou (prêt), Francis Coquelin (prêt), Andreï Arshavin, Sébastien Squillaci

Tottenham :

Infirmerie : /

Incertain : Assou-Ekotto (abdominaux), Adebayor (manque de forme), Lennon (pied)

Suspendu : /

Casier disciplinaire: 1 jaune.

Forme : VV

Meilleur buteur : Roberto Soldado (2 buts)

Recrues : Christian Eriksen, Erik Lamela, Etienne Capoue, Nacer Chadli, Roberto Soldado, Paulinho, Chiriches

Principaux départs : Scott Parker, Tom Huddlestone, Steven Caulker, Clint Dempsey, William Gallas (fin de contrat), Bale (en instance départ)


Chiffres du match 

 

Face-à-face

– En 29 matchs contre Tottenham, Arsenal n’a pas réussi à marquer qu’une seule fois. C’était lors d’un 0-0 en 2009. Il faut remonter à 1998 pour retrouver trace d’un match sans but pour Arsenal.
– Les six dernières rencontres ont collecté pas moins de 31 buts, en incluant les deux 5-2 à l’Emirates durant l’année 2012.
– Les Spurs n’ont jamais réussi à garder l’avantage lors de leurs deux derniers matchs à l’Emirates (matchs qu’ils ont perdu  5-2 à chaque fois)
– La victoire de Tottenham 3-2 à l’Emirates en novembre 2010 est la seule victoire des Spurs dans le stade d’Arsenal depuis la naissance de la Premier League en 1992.
– Treize des quatorze derniers matchs entre les deux équipes se sont conclus avec une moyenne de plus de 2,5 buts par match.
– Gareth Bale a marqué plus de but contre Arsenal que contre n’importe quelle autre équipe de Premier League (5 au total sur 10 rencontres)
– Le Gallois a marqué lors des deux confrontations l’année dernière.
– Il y a eu 124 buts inscrits dans l’ensemble des matchs entre Arsenal et Tottenham. Il s’agit de l’opposition la plus prolifique en Angleterre.
– Tottenham n’a jamais réussi à terminer ses deux dernières rencontres à l’Emirates avec onze joueurs. Parker en février puis Adebayor en octobre ont été en effet expulsés

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Arsenal

– Olivier Giroud à marqué lors de ses deux premiers matchs cette saison en Premier League, et il reste sur un total de 3 buts sur ses 4 derniers matchs de Premier League à l’Emirates.
– La victoire contre Fulham, la semaine dernière, fut la 100ème victoire des Gunners dans les derbys londoniens. Record en la matière.
– Les Gunners ont gagné juste un de leurs quatre derniers matchs à l’Emirates (1V, 2N, 1D) mais ils restent sur six victoires à l’extérieur.
– Arsenal n’a pas perdu ses deux premiers matchs dans son enceinte depuis 1949-1950. A l’époque le club londonien a  perdu contre Burnley et Chelsea à Highbury.
Les 13 buts de Giroud pour Arsenal en Premier League ont eu lieu à Londres (11 à l’Emirates, 1 à West Ham et 1 à Fulham)

Tottenham

– Tottenham a tiré 39 fois aux buts depuis le début de la saison mais n’a toujours pas réussi à marquer dans le cours du jeu. Ses deux buts ont été inscrits par Roberto Soldado sur penalty.
– Depuis janvier 2010, Tottenham n’a jamais tenu plus de quatre matchs sans prendre de buts.
– Roberto Soldado a marqué 12 buts lors de ses 10 derniers matchs de Championnats (dont ses deux penaltys  pour Tottenham)
– Si l’international espagnol (11 sélections, 6 buts) marque contre Arsenal, ce sera seulement le deuxième joueur à marquer lors de ses trois premiers matchs en Premier League, suivant les pas de Jermaine Defoe.
– Tottenham a commencé la saison en gardant sa cage inviolée lors de ses deux premiers matchs. C’est la première fois depuis 2005-2006 que l’équipe réussit cela.

#Anto et #Yannick


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