Décryptage des célébrations de la victoire face à Bournemouth

Les célébrations d’Arsenal contre Bournemouth : sprints dans tous les sens, clin d’œil d’Ødegaard à Federer… et qui est ce petit garçon avec Mikel Arteta?

Un moment si dramatique que même Richard Keys ne pourrait se résoudre à maugréer sur les célébrations d’Arsenal.

En cherchant sur les réseaux sociaux, vous pourrez toujours trouver des rabats joie se moquant de la façon dont les Gunners ont célébré le but extraordinaire de Reiss Nelson à la 97ème minute. « Ils célébraient comme s’ils avaient gagné le championnat ».

Mais quiconque resterait de marbre après avoir remonté un score de 2-0 en étant mené depuis la 9ème seconde, après avoir inscrit ce but à la toute fin du temps additionnel et de rester ainsi tout en haut du classement, devrait se remettre en question en se demandant si le football est vraiment fait pour lui.

Même pour une personne neutre, les accolades d’Arsenal étaient synonyme des scènes de joie, d’explosions de relâchement après deux heures de frustration, de tension et d’espoir. Pour nous, les fans, c’est pour cela que nous continuons d’aller voir des matchs, et que nous y consacrons temps et argent. Pour les joueurs, les liens qui se tissent doivent être extraordinaires et en résulte un esprit d’équipe quasiment indéfectible.

Ainsi, on ne se demande pas pourquoi ceux présents sur le terrain et dans les gradins ont exulté de cette façon après que Nelson eu propulsé son ballon dans les filets. 

Commençons avec la réaction immédiate.

Les célébrations de buts sont souvent des expressions instinctives de joie mais pour les buts plus normaux, il y a des codes à suivre. Généralement, les joueurs se rassemblent autour du buteur ou peut-être du passeur. Quand ils courent après le score, ils récupèrent rapidement le ballon pour rallier le rond central. Il y a une organisation.

Mais dans un instant comme celui la, les règles disparaissent.

Le journaliste sportif Rob Smith avait écrit que l’on sait que quelque chose de formidable vient de se passer quand tout le monde court dans tous les sens. C’est exactement ce qui est arrivé.

Nelson – homme le plus calme du stade – court vers la ligne de touche, suivi de près par Bukayo Saka. William Saliba se dirige aussi vers lui avant de sprinter au point de corner.

Gabriel Martinelli et Ben White foncent vers les cages. Martinelli ne croyant peut-être pas à ce qui venait de se passer et qui voulait vérifier que c’était bien un but. Ben White pour chambrer Neto, qui nous avait livré une performance à la Emiliano Martinez, en terme de perte de temps pendant la seconde période.

Martin Ødegaard et Gabriel Magalhaes s’écroulent tous les deux au sol dans des directions différentes, alors que le gardien Aaron Ramsdale se tient dans le rond central puis se joint aux autres avec extase.

Juste en aparté, il est amusant de voir que l’arbitre, Chris Kavanagh, se sent obligé de pointer vers le rond central pour confirmer que oui, c’est un bien un but ! Merci Chris.

Observons ici Gabriel et Ødegaard et les différentes manières de célébrer.

Le Brésilien tombe à genoux, étend ses bras et met la tête au sol, comme s’il était en pleine séance de yoga. Mais nous étions plus dans l’émotionnel que le spirituel.

Ødegaard de son côté, choisi de s’allonger sur le dos, bras et jambes étendus, façon Federer. Cela pourrait aussi être façon Nadal ou Djokovic mais le principe est le même : réaction standard d’un homme gagnant un titre du Grand Chelem. Nous l’avons vu tellement de fois que c’est devenu un classique. Une sorte de réflexe pavlovien à une balle de match plutôt qu’une réaction d’euphorie. Néanmoins chez Ødegaard cela était très surement instinctif.

Autre chose : l’attention est naturellement portée à ceux sur le terrain et dans les gradins, mais d’autres profitent aussi de ce moment. Comme ce stadier au-dessus du signe Adidas. Il saute poing en l’air, court jusqu’au panneau publicitaire Emirates d’à côté, puis revient vite à sa position venant peut-être de se rappeler qu’il était au travail.

Ne t’en fais pas l’ami. Nous ne te jugerons pas pour avoir montré un peu d’émotion !

Nous sommes censés couvrir les célébrations d’Arsenal, mais il est intéressant de voir comment les joueurs désespérés de Bournemouth ont réagi à ce but. À noter : cinq joueurs mains sur la tête (entourés en rouge), quatre mines déconfites (en bleu) et deux joueurs tombant à terre n’en croyant pas leur yeux (en jaune).

Certains joueurs peu connus pour leur vitesse ont même battu des records.

Vous voulez deviner qui était le premier à étreindre Nels? Ni Saliba, qui était le plus proche à l’instant du tir. Ni Saka, pas très loin non plus. Ni Granit Xhaka, dont les yeux brillant d’intensité auraient pu lui donner l’avantage.

Non, c’était Aaron Ramsdale, qui dans les dernières minutes était un spectateur nerveux parmi 60 000. Mais lui avait le droit de se précipiter vers le buteur pour lui donner l’accolade. Un privilège qu’il s’est accordé.

Un autre sprinter surprenant était Jorginho, remplaçant pendant tout le match, qui vécut pleinement ces derniers instants, sautillant sur la ligne de touche. Alors quand Nelson marqua, il sortit des starting blocks tel un coureur de 100m, mais ne fut pas le premier à atteindre le marqueur car il tomba sur White.

À sa gauche, on peut voir Saliba partir dans une direction opposée aux célébrations. Que fait-il ? Où va-t-il ?

Direct sur le drapeau de corner avec la ferme intention de le faire exploser. Que s’est-il passé dans sa tête ? Qui sait… Il n’est pas possible d’expliquer rationnellement ces réactions dans les secondes suivant un tel but. Comme le dit l’entraineur Mikel Arteta : « C’est complètement fou, vous perdez tous vos repères. »

Il faudra quelques secondes pour que toute l’équipe soit rassemblée autour de Nelson, avant de le faire disparaitre dans une marée humaine. Il est là, quelque part. Une autre façon de voir que quelque chose de fantastique vient de se passer : comptez le nombre d’imperméables et vestes d’entrainement…

Le banc de touche vient de se vider, tous sont sur le terrain.

Les claques affectueuses pleuvent sur l’arrière de la tête de Nelson, certaines plus fortes que d’autres, en guise de félicitations.

Une autre méthode de reconnaissance est la déclaration enflammée.

Il faut confronter son coéquipier, le féliciter d’une manière aux limites de l’agressivité en utilisant furieusement son index. Saliba, après les accolades préliminaires, nous en fit une belle démonstration.

Après les joueurs, qu’en est-il sur le bord du terrain ?

Bien entendu, le chaos s’empare du staff. À commencer par l’entraineur qui se retourne vers son banc pour célébrer…

… se rue dans sa direction…

…avant de pivoter et de longer la ligne de touche …

…et finir ainsi plus proche du drapeau de corner que de son siège.

Nous regrettons de vous annoncer que Mikel Arteta est encore hors de sa zone technique. Richard Keys devait être furieux.

Vous vous demandez surement à quoi pense un entraineur dans un moment comme ça, quand il part dans tous les sens. Cherche t-il quelqu’un de particulier ? Un collègue proche ? Ou est-il dans une sorte de transe ? Plus vraiment sûr de ses mouvements, il est loin d’être à même de trouver une personne en particulier dans ce chaos.

Si Arteta cherchait une personne spécifique, on est à peu près certains que ce n’était pas ce jeune garçon qui finit on ne sait comment dans la zone technique quelques secondes après le but. Celui-ci gagna un « high five » de l’entraineur d’Arsenal qui dut se dire en même temps : « Mais attends, tu ne fais pas parti de mon staff toi ! »

Au milieu de ce bazar, Arteta a eu rapidement la présence d’esprit de réaliser que ce jeune écolier n’avait rien à faire là et le remit sous la responsabilité d’un adulte.

D’où vient ce petit bonhomme ? Observons minutieusement les images avant le but, et nous le retrouvons dans la première rangée des gradins. Il a réussi à détourner l’attention de ses parents pour se joindre aux célébrations de ses héros. Bien joué ! Espérons tout de même qu’il aura retrouvé sa famille.

Les commentaires d’Arteta résumèrent bien l’état d’esprit général.

« Simplement regarder les visages de chacun, les joueurs et les supporteurs, ces sourires, ces étoiles dans les yeux, c’est fantastique. C’était un jour extraordinaire, une magnifique expérience. Beaucoup de stress, mais qui vaut d’être vécu, car la fin est heureuse ».

Traduction de Arsenal’s celebrations analysed: Split sprints, Odegaard’s Federer tribute…and who’s that boy with Arteta ? de The Athletic par Jonathan

#AFC


Publié

dans

par