Dennis Bergkamp : bon anniversaire au but du siècle

Cela fait 20 ans que le temps s’est arrêté à St James’ Park. Non pas que cette période coïncide avec le dernier podium des Magpies en Premier League, mais que c’est bien ici, en ce 2 mars 2002, que Dennis Bergkamp a inscrit le plus beau but de l’histoire d’Arsenal. Quand le temps n’a pas de temps pour le temps.

En ce soir de fin d’hiver 2002, Arsenal se déplace dans le nord de l’Angleterre pour y affronter Newcastle. Les Gunners arrivent en forme, portés par une série d’invincibilité de dix matchs en championnat, leur dernière défaite étant face à ces mêmes Magpies. En début de rencontre, Robert Pirès envoie un parpaing dans les pieds de Dennis Bergkamp. Il ne se doute pas qu’à ce moment-là, cette passe sera décisive, comme il l’explique à France Football. “Il a un mec au marquage, donc ce n’est pas facile. Même le ballon que je lui mets n’est pas évident. Avec le contrôle qu’il a fait, il s’est mis dans de très bonnes dispositions. C’est juste magique.”

“L’idée c’était juste : récupère le ballon, et on verra”

Mais le ballon n’arrive pas dans les pieds de n’importe qui. Si tout ce que touche Dennis Bergkamp ne se transforme pas en or, il excelle dans la manière de rendre le football presque simple. Trois mètres avant que le ballon n’arrive dans mes pieds, j’avais déjà pris ma décision, explique le virtuose dans son autobiographie. Je n’avais pas forcément réfléchi à l’endroit où était Dabízas (le pauvre défenseur de Newcastle), mais je savais où il était. Je le savais. Dans ces situations, tu sais d’instinct où le défenseur va être, tu sais que ses genoux vont s’écarter un peu et qu’il ne pourra pas se retourner. Et surtout qu’il ne s’y attendra pas. L’idée, c’était juste : récupère le ballon et on verra.”

D’un contrôle orienté du gauche, le Néerlandais réalise une sorte de grand pont inversé sur Nikos Dabizas. Au premières loges de ce but de légende il témoignait dans So Foot, sans rancunes :

“Je suis très fier. J’ai pris part à une œuvre d’art parce que cette action en est une, une vraie œuvre d’art. Elle a été réalisée par un génie. Dennis Bergkamp était un génie et j’étais malheureusement dans cette position. On a perdu le match à cause de ce geste, mais en même temps, je me dis que je suis chanceux d’avoir participé à ça, peut-être de façon négative, mais je resterai toujours un acteur de cette œuvre d’art. C’est quelque chose que vous devez tenir dans vos mains ouvertes en disant : ‘ Wahou, c’est une pure beauté.’ Je resterai dans l’histoire pour ça. C’est l’un des plus beaux buts dans l’histoire du football et tu dois juste l’admirer comme tel, juste ça. Pas de honte, rien. Ça fait partie de la vie, ça fait partie du foot.”

Le dribble est superbe, mais si le ballon avait finit sa course dans les tribunes, cette action serait tombée aux oubliettes. Au moment de récupérer le cuir, Bergkamp fait le choix de se mettre sur son pied droit, et donc de perdre un peu de temps. Il explique : “Ensuite, lorsque je me retrouve avec la balle en plein milieu de la surface, je dois prendre une décision. Si je tire du gauche, il va falloir plus qu’un bon tir, parce que l’angle est fermé, je ne peux pas vraiment orienter la balle comme je veux. Mais si j’arrive à me mettre sur mon pied droit…” Plat du pied, sécurité, postérité.

“On se met à genoux et on dit : merci beaucoup, il fallait que je vois ça dans ma vie”

Un but qui n’a évidemment pas laissé indifférent Arsène Wenger : “Cette combinaison fait que l’on peut que être admiratif. Quand le geste technique est associé à la créativité et l’efficacité, à ce moment-là on se met à genoux et on se dit : merci beaucoup, il fallait que je vois ça dans ma vie.” Un but qui intervient dans une période faste pour le club, qui termine la phase retour invaincu et qui est sacré champion quelques semaines plus tard.

Encore aujourd’hui, ce but sert d’anti-dépresseurs aux fans des Gunners, comme l’explique Robert Pirès : “Sur les réseaux sociaux, dès que les fans d’Arsenal sont un peu nostalgiques, ils le balancent. Ce qu’il a fait, c’est juste propre. Tu peux toujours faire mieux, mais c’est propre dans la technique, dans l’enchaînement, dans la finition… C’est propre, tout simplement. Ce qu’a réalisé Dennis ce soir-là, c’est juste la classe.” En ce 2 mars 2022, le club n’a donc pas manqué de souhaiter un“Happy Dennis Bergkamp day” aux fans.

Ce but a été élu par les fans du club le plus beau de l’histoire d’Arsenal face à ceux de Henry, Wilshere, Giroud ou encore… lui-même. Il symbolise presque à lui-seul le style de jeu du non-flying Dutchman, fait de délicatesse, de beauté, mais avant tout de justesse. Pas un hasard si Thierry Henry affirmait que Bergkamp est “le meilleur coéquipier avec qui (il a) joué,” tout en expliquant qu’il “faisait toujours ce que le jeu réclamait. Il pouvait marquer, mais il pouvait aussi faire la passe ou attendre le bon moment. Il essayait toujours de respecter le jeu alors qu’il pouvait faire autre chose.” Une manière aussi de prouver qu’il n’y a pas que les avions qui peuvent nous emmener au septième ciel.

Antoine #AFC

Crédit photo : Daily Mirror

 


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