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Gazidis et les ambitions du Club
Le chef de l’exécutif d’Arsenal, Ivan Gazidis s’est exprimé au micro d’Arsenal player. Dans cet entretien riche en enseignements, Gazidis, qui va bientôt fêter ses six ans de fonction, a levé un coin du voile sur son rôle au sein du Club, les ambitions de ce dernier, ainsi que sur ses projets à long terme.
Ivan, vous êtes CEO depuis bientôt 6 ans. Est-il juste de dire que cette période aura été une période où la patience a été la principale qualité requise pour vous-même, pour votre équipe exécutive et surtout pour les supporters ?
Dans le football, personne n’est patient, je n’aime pas trop ce terme “patience”. Je ne pense pas qu’Arsenal soit un Club patient, je ne pense pas que nos collaborateurs soit patients, et certainement pas complaisants. Nous ne sommes pas dans un milieu où la patience existe. Au contraire, je pense que nous devons avoir un plan d’action à long terme : savoir où nous voulons aller et surtout comment y parvenir. Il est extrêmement important de ne pas dévier de sa ligne de conduite, car, dans le cas contraire, on commet de graves erreurs.
Une certaine proportion de supporters ne veut pas voir la passion qui vous habite. Est-ce frustrant pour vous ?
Croyez-moi, en tant que chef de l’exécutif, je vis les hauts et les bas de la même manière que les supporters. J’ai deux enfants à la maison qui supportent Arsenal. Quand on rentre à la maison après une défaite, c’est toujours difficile à encaisser. Naturellement, je crois beaucoup en ce Club. Je suis convaincu qu’il représente quelque chose de particulier pour le football. Mon travail ne consiste pas à engueuler tout le monde le lundi matin et à vivre des hauts et des bas, mon travail c’est de vivre la passion à la maison, ne pas en savoir dormir, puis de revenir le lendemain et de dire : « Les gars, souvenez-vous de ce que nous voulons, rappelez-vous des moyens à mettre en œuvre. »
Quelle est l’importance du manager dans tout cela ?
La majeure partie de l’attention est tournée vers un seul home, mais c’est compréhensible quand on voit le géant que nous avons pour manager à Arsenal. Arsène a toujours été une locomotive et a placé le Club dans une position admirable. Le plus grand défi que nous allons devoir affronter dans les prochaines années, – et nous ignorons quand – sera de procéder à la transition entre Arsène et le prochain manager, de manière à ce que le Club soit encore renforcé.
Arsène Wenger
Durant les deux dernières saisons, les critiques visaient l’incapacité du Club à remporte des trophées et la frilosité dans les dépenses consenties vous avait été imputée. Ces deux arguments ont désormais été réfutés. Est-ce une satisfaction pour vous ?
Je ne suis pas satisfait. Cette pression constante est nécessaire, il faut un élan, une volonté d’améliorer, de faire les choses mieux et de montrer des résultats – c’est essentiel. Cette période a été frustrante pour les supporters. En tout cas, je sais que ça a été frustrant pour Arsène et moi-même. Le pire ça a été de ne pas être capable d’atteindre nos objectifs ces quelques années, alors, gagner la FA Cup a été un moment merveilleux. C’est un des plus beaux instants de ma vie, la victoire puis le tour triomphal sur le toit du bus. Pas seulement pour moi, mais aussi pour les supporters. Les voir et voir ce que cette victoire représentait pour eux. Ça a été véritablement un grand moment pour moi ainsi que pour tous les membres du staff et les joueurs qui y ont participé. Mais je ne suis pas rassasié, je n’émerge pas de ce sentiment en me reposant sur nos lauriers. La soif de succès a recommencé à me tirailler directement. A l’instant même où on retombe de l’euphorie, il faut se réveiller et se demander : « Comment peut-on tirer encore plus de ce qui nous est arrivé ? ». C’est ce sur quoi tous les acteurs du Club se projettent. On ne peut pas se contenter de ce qu’on a, le plus important est encore à faire.
Vous avez apporté le succès commercial au Club. A quel point a-t-il été difficile à obtenir ?
C’est le carburant nécessaire à nos ambitions sportives. Nous voulons que ce Club gagne et fasse partie des meilleures équipes européennes. C’est le but final de cette aventure. La question est : Comment prendre un Club comme Arsenal, exceptionnel et plein d’histoire mais malheureusement installé dans stade de Highbury un brin obsolète (mais néanmoins fabuleux) pour le propulser vers le sommet et lui permettre de tutoyer les plus grands clubs européens ? Nous n’y sommes pas encore – loin de là, c’est une aventure au long cours dans laquelle nous sommes embarqués. Cette ambition nous dévore tous au Club, les dirigeants, les membres du comité, le staff, le manager… et il est extrêmement important que tous les joueurs le ressentent également. Nous voulons être au sommet du football mondial.
La raison pour laquelle nous mettons en avant des finances saines, c’est parce qu’elles sont nécessaires à ce que nous voulons atteindre. C’est facile de parler d’ambition, de recourir à de jolis mots pour exprimer ce qu’on veut, mais en fin de compte, il faut se donner les moyens de ses ambitions, arriver à un but. C’est un point essentiel, et c’est pourquoi le déménagement vers l’Emirates Stadium a été aussi important pour nous. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons pu débloquer une partie de nos revenus commerciaux. Ces fonds nous ont permis d’être plus actifs et de permettre au manager d’acheter des joueurs en qui il croit, comme Mesut Özil ou Alexis Sanchez. Ces signatures de stars, dont tout le monde parle, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il se passe énormément de choses à côté. Nous avons aussi signé nombre de jeunes talents et, à la différence de ces trois ou quatre dernières saisons où nous étions dans une situation financière plus délicate et donc obligés de vendre, nous gardons désormais les joueurs essentiels. Nous les faisons même prolonger leur contrat. Des gars comme Jack Wilshere et Aaron Ramsey, par exemple, mais je pourrais en citer d’autres. Et à côté de ça, il y a tout le reste de ce qui constitue ce Club.
Notre centre de formation, par exemple, devra être la fondation de notre Club à l’avenir. Nous investissons aujourd’hui des millions de livres pour être à l’avant-garde dans ce domaine et à ce niveau. Nous avons besoin d’améliorer l’encadrement, mais également les infrastructures. Hale End est notre centre pour les 9-16 ans sur la ligne Circulaire Nord. Nous sommes en train de le réaménager totalement. Quiconque irait là-bas se rendrait immédiatement compte de ce que nous y avons investi. Nous avons aussi investi beaucoup d’argent pour notre centre d’entraînement principal à London Colney – nos départements athlétique, développement, analyse et scouting ont profité de ces investissements et contribuent à la création d’un Club ultra-moderne.
Nous devons nous assurer d’être à la pointe dans ces domaines. Nous devons trouver notre ligne de conduite et nous avons choisi de dépendre dans le futur de la manière dont nous formons les jeunes et les préparons à l’équipe première. Ça a toujours été une des valeurs intrinsèques du Club et elle restera dans le futur. La différence, c’est que, aujourd’hui, au sortir d’une période plus difficile, nous sommes à nouveau en mesure de compléter nos fondations avec des joueurs extérieurs. C’est cette combinaison qui nous permettra d’être plus forts. Les Clubs comme le Borussia Dortmund et l’Atlético ont montré qu’ils pouvaient être compétitifs à très haut niveau [N.d.T : sans être riches à milliards] et je ne ferais pas ce métier si je ne croyais pas que nous en sommes capables également. Je sais qu’Arsène pense exactement la même chose.
Et pour ce qui est du scouting ? Pensez-vous que que nous faisons des progrès quand il s’agit de repérer les talents de demain qui porteront un jour le maillot d’Arsenal.
Nous parlons ici des changements qui s’opèrent en matière de formation. Une chose importante est en train de se passer : tous les investissements consentis à travers la Premier League en matière de développement dans des centres de formation de première catégorie nous permettent d’élargir notre recrutement au niveau national. Pour la première fois, un club comme Arsenal peut chercher des joueurs dans toute l’Angleterre, les amener et les former ici, contrairement à ce qui se faisait avant. Les portes sont désormais ouvertes, mais par conséquent, nous nous efforçons d’avoir un excellent réseau de scout pour les jeunes, afin de s’assurer que seuls les meilleurs sont sélectionnés pour jouer à Arsenal.
Nous avons une fantastique histoire à écrire, ici à Arsenal, car nous avons les meilleurs coaches de jeunes, nous avons de magnifiques infrastructures dans lesquelles nous investissons – elles seront bientôt au summum et dans les meilleures du monde. Nous avons également un fantastique département de développement athlétique et par-dessus tout, nous avons une philosophie de Club, qui s’articule autour d’un beau jeu et qui donne la chance aux jeunes joueurs. Ce qui veut dire que non seulement les meilleurs jeunes joueurs d’Angleterre veulent venir à Arsenal, mais aussi les meilleurs jeunes d’Europe. Ce qui nous donne un avantage considérable et c’est pourquoi je crois que nous pourrons avoir la meilleure académie du monde pendant quelques années, mais nous n’y sommes pas encore. Il faut encore investir.
C’est la 17ème saison consecutive où Arsenal participe à la Ligue des Champions. Où pensez-vous que le Club se situe dans le classement mondial.
Nous ne sommes sans doute pas très loin des plus grandes équipes mondiales. Je pense que les meilleures équipes sont en Europe et on ne peut pas encore se mesurer aux grosses cylindrées européennes que sont le Real de Madrid, le Barca ou le Bayern de Munich. Nous ne sommes pas encore à leur niveau, mais nous désirons y parvenir. C’est une chose d’en parler, encore faut-il y arriver.
Voilà pourquoi toutes ces ambitions dont nous parlons pour Arsenal, ce ne sont pas que des mots ou une vision, nous mettons réellement les moyens pour la donner à nos supporters, en améliorant les infrastructures. Ce n’arrivera pas du jour au lendemain mais nous sommes embarqués dans cette aventure, c’est pourquoi Stan Kroenke s’investit dans le Club, c’est pourquoi les membres du comité, des supporters de longue date, s’investissent et c’est pourquoi Arsène Wenger et moi-même nous investissons dans ce Club. Du terrain aux bureaux en passant par les vestiaires, tout le monde au Club s’efforce de concrétiser ces ambitions. Nous désirons ardemment qu’Arsenal fasse partie de l’élite des clubs de football mondiaux.
Traduction : Jonas Flohimont
Copyrights : Arsenal.com
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