Gyokeres, Eze, Zubimendi : les premiers pas 

Gyokeres, Eze, Zubimendi. Voici les 3 recrues du mercato estival 2025 les plus à l’œuvre sur ce début de championnat. Période d’adaptation ou taille patron, les débuts de saisons de chacun sont différents, avec leurs lots de satisfaction et d’axes de progressions. Analyse.  

 

 

Gyökeres : l’adaptation forcée

 

C’était peut-être le point où notre nouveau directeur sportif, Andrea Berta, était le plus attendu cet été : la quête du 9. Longtemps, il a joué un double jeu entre Sesko et Gyökeres, mais c’est finalement l’attaquant suédois qui rejoint les Gunners le 26 juillet dernier, contre 65 millions d’euros. Meilleur buteur européen sur la saison 2024-2025, culminant à 63 buts avec le Sporting Portugal et la sélection suédoise, l’objectif du duo Berta/Arteta est simple : concurrencer un Havertz bien seul sur le front de l’attaque. 

Quelques semaines plus tard, la situation a bien changé. Havertz s’étant gravement blessé au genou dès le début de saison, Arteta n’a eu d’autres choix que de jeter un Gyökeres dans le grand bain très tôt, lui qui n’a pas eu de véritable pré-saison. Avec 8 titularisations en 8 matchs de Premier League, l’attaquant suédois est actuellement le 4ème joueur le plus utilisé par le coach espagnol en championnat. 

 

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Suffisant pour avoir un premier tableau de ce qu’apporte l’ancien attaquant de Coventry sous le maillot d’Arsenal. 

Il y a d’abord du très bon. Comme écrit précédemment, Gyökeres n’a pas eu la chance de participer de bout en bout à la très importante pré-saison, étant arrivé tardivement dans le nord de Londres après un bras de fer avec le Sporting Portugal, marqué notamment par une grève de la reprise avec le club de Lisbonne. Une reprise tardive, et assez logiquement une condition physique très limitée sur ses premiers matchs. 

Pour autant, notre nouveau numéro 14 n’est pas un joueur avare en efforts. Multiplier les courses, ça ne lui fait pas peur. C’est une de ses marques de fabrique, déjà observée au Portugal : le moindre espace il va le dévorer. Et cette tendance se confirme en ce début de saison : avec 54 courses, il est le joueur de Premier League qui a effectué le plus de courses sans ballon vers la surface de réparation adverse en championnat. 

 

 

Très à l’aise dans le demi-espace gauche, il apprécie particulièrement rentrer dans l’axe dans le dos des défenseurs. Il est d’ailleurs le 3ème joueur qui a effectué le plus de sprints dans le dos de la ligne adverse (92 sprints), derrière Watkins et Mbeumo. Une recherche constante de la verticalité, une des raisons qui amènent les blocs adverses à jouer bas, pour éviter d’avoir à courir tout le match après l’attaquant suédois. 

Autre bon point pour Gyokeres, c’est sa faculté à presser le porteur adverse. C’est simple, il est une machine à pressing. Par exemple, il est le joueur d’Arsenal qui a récupéré le plus de ballons dans le dernier tiers adverse. Quand on connaît la volonté d’Arteta d’asphyxier et de presser ses adversaires, sa qualité dans le pressing est un énorme atout. Il n’a pas peur de répéter les efforts quand il s’agit de mettre la pression à son adversaire. Il est tout simplement le joueur de Premier League qui a le plus de courses à haute intensité en phase de pressing, avec 199 actions de pressing. Impressionnant. 

Mais Viktor Gyokeres c’est aussi un physique de déménageur, un beau bébé, comme dirait l’autre. 1m89, avec un poids qui tourne autour des 90kg, bouger le suédois relève de l’un des douze travaux d’Hercule. Un gabarit qui lui permet de peser sur les défenses adverses, de les aspirer, et qui doivent bien souvent user de la manière forte dans le duel, surtout quand il est dos au jeu. Et dans ce registre, c’est un calvaire pour passer devant notre numéro 14. Avec presque 2 fautes provoquées par match, il est dans le 89ème percentile de Premier League en termes de fautes récupérées. Les matchs contre Newcastle et de L’Atletico Madrid sont l’exemple parfait du duel physique qu’est capable d’imposer Gyökeres à ses adversaires. Avec 19 fautes subies depuis le début de saison, aucun joueur d’Arsenal ne fait mieux que lui. 

Arteta n’avait d’ailleurs pas manqué de saluer le travail de son attaquant après son match réussi face à L’Atletico Madrid en Ligue des Champions : “Il nous rend tellement meilleur en tant qu’équipe. Je pense que nous sommes devenus beaucoup plus imprévisibles. Il est très physique, il ouvre des espaces pour tout le monde, la façon dont il presse le ballon, il est tout simplement phénoménal. Et puis, cerise sur le gâteau, le plus important pour nous, ce sont ses buts. Il en a marqué 2 différents aujourd’hui, et j’espère qu’il va commencer à prendre son envol et enchaîner les buts.”

 

 

Cependant, le géant suédois doit encore travailler quelques points en ce début de saison. En premier lieu, sa qualité dans le dernier geste. Pourtant extrêmement létal au Portugal sur ses deux saisons avec le Sporting CP, l’attaquant passé par Brighton peine à être le tueur qu’on lui prête depuis le début de saison. Moyen dans le dernier geste, il a fait preuve de nombreuses maladresses dans ce registre. Avec seulement 35 % de frappes cadrées, il n’est que dans le 61ème percentile des attaquants de Premier League cette saison. 

Il faut dire que ses débuts ont été compliqués. Esseulé sur le front de l’attaque, loin de ses coéquipiers, beaucoup de difficultés à combiner et sentir les coups… Certains matchs ont été de véritables traversées du désert. Forcément, ses statistiques du début de saison en pâtissent. 54ème percentile en nombre de tirs sur 90min et sur le nombre de tirs cadrés sur 90min, Gyokeres doit encore monter en puissance dans sa faculté à terminer les actions. Mais la marge de progression est là. Avec 5 buts toutes compétitions confondues, il est tout de même, déjà, le meilleur buteur du club cette saison. 

Enfin, il y a les lacunes identifiées. De grosses lacunes dans le jeu de Gyokeres. Gros gabarit certes, mais jeu aérien encore très limité. Avec 36 % du duels aériens remportés, il n’est que dans le 36ème percentile des attaquants de Premier League dans ce domaine. 

Mais, le plus alarmant sur son début de saison, c’est peut-être la dimension technique. Certes, comme écrit précédemment, le néo-Gunner dévore les espaces. Mais quand il n’y en a pas, les choses se compliquent. Combiner dans les petits espaces, le jeu dos au but ou encore éliminer son vis-à-vis avec un dribble ne sont clairement pas des points forts du jeu de Gyökeres. Éléments qui avaient été identifiés au Sporting CP et qui se confirment sur ce début de saison. 

Avec seulement 30 % de dribbles réussis, il n’est que dans le 32ème percentile des attaquants de Premier League sur cette métrique. Le gros point noir de son début de saison réside bien sûr dans sa capacité à trouver ses coéquipiers. 4ème percentile dans le nombre de passes dans le dernier tiers du terrain, 11ème percentile en nombre de passes tentées et réussies et 4ème percentile en pourcentage de passes réussies. C’est évidemment très peu, trop peu pour un club comme Arsenal. Mais voyons le bon côté des choses : Gyökeres ne peut que progresser dans ces aspects du jeu. Le match face à L’Atletico fait office de match référence dans ce domaine par exemple : 2 buts, 3 tirs cadrés et 89 % de passes réussies. 

La montée en puissance continue. 

 

 

 

Eze, l’intégration en douceur

 

Eberechi Eze, c’est un peu une intégration aux antipodes de celle de Gyökeres. En douceur, sans brûler les étapes. Lui aussi arrivé dans les dernières semaines du mercato, il n’est que le 11ème joueur de l’effectif le plus utilisé depuis le début de saison. Il a participé à tous les matchs de championnat depuis son arrivée, il a réalisé son premier match complet en championnat le 28 septembre dernier contre Newcastle. 

Une intégration en douceur, qui fonctionne plutôt bien. L’international anglais a très bien utilisé les minutes qu’Arteta lui a accordées sur ce début de saison. Avec 2 passes décisives en Premier League au compteur, il est déjà le meilleur passeur décisif de l’équipe, à égalité avec Rice et Calafiori. 

On le sait, Arsenal a gravement manqué de créativité la saison dernière. La venue d’Eze, souhaitée par Arteta et Berta, doit corriger ce problème une fois pour toute. L’ancien de Crystal Palace excelle en effet dans 2 choses, la première étant de mettre le bon ballon, au bon moment, dans la surface. Casser les blocs bas et les lignes resserrées. Avec 0.9 Expected Assist généré depuis le début de saison en Premier League, il n’y a que Rice et Saka qui ont fait mieux dans ce domaine à Arsenal. 

 

 

Le deuxième aspect du jeu dans lequel il surnage, c’est frapper au but. C’est simple, Eze est une machine à tirer, un poison aux abords de la surface, constamment à la recherche d’une petite ouverture pour catapulter le ballon au fond des filets. Avec 12 frappes tentées depuis le début de saison en championnat, il est le 3ème joueur de l’effectif à avoir le plus tenté sa chance de l’effectif. Il est également le 2ème joueur d’Arsenal à cadrer le plus de frappes sur 90 min, avec presque un tir cadré par match, juste derrière Martinelli. A l’échelle de la Premier League, il est dans le 99ème percentile en nombre de tirs cadrés et de tirs tentés sur 90min. 

Mais Eze c’est aussi une qualité technique, qu’on connaissait déjà à Crystal Palace mais qui se confirme sur ses premières semaines sous le maillot d’Arsenal. 95ème percentile en pourcentage de passes réussis et 84ème percentils en nombre de dribbles réussis, le joueur passé par Hale End est élégant à voir jouer, et sait parfaitement utiliser le ballon quand il est dans ses pieds. 

 

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Mais voilà, pour autant Eberechi est toujours en phase d’adaptation et doit se construire de nouveaux repères. On aimerait le voir encore plus influent dans le jeu, il n’est que le 7ème joueur de l’effectif qui a touché le plus de ballons dans le dernier tiers adverse en Premier League, 7ème également en nombre de courses progressives. Rien de dramatique évidemment, mais on veut en voir plus. 

Et en l’absence de notre capitaine Odegaard, on devrait en voir plus. Lui qui a démarré la saison sur l’aile gauche, on le voit dans un rôle beaucoup plus central et libre depuis quelques semaines. A lui de travailler pour devenir la plaque tournante des Gunners, et gagner en influence dans le jeu. Avec parfois quelques attitudes nonchalantes sur le terrain, il a tout à gagner en exploitant au mieux les titularisations que le coach va lui donner sur les prochaines rencontres. 

Le grand défi pour Arteta sera bien sûr de réussir à faire cohabiter tout ce petit beau monde au retour de blessure de Madueke et Odegaard. Le coach espagnol a d’ailleurs souligné la polyvalence de Eze, capable d’évoluer à plusieurs postes : “Oui, et au final, de ce que nous voulons faire avec lui, c’est le placer dans des positions, dans des espaces, où il peut créer des moments magiques et faire la différence dans l’équipe. Cela se fera en partie depuis les ailes, en partie depuis la droite ou la gauche par rapport à l’adversaire”. 

 

Zubimendi, déjà taille patron

 

Temps d’adaptation, repères, montée en puissance… rien de tout ça ne s’applique à Martin Zubimendi. 

Quelques semaines après son arrivée et le constat est simple : on a tous l’impression qu’il est à Arsenal depuis 5 ans, tant il semble être le leader sur le terrain, dans une mécanique parfaitement huilée. 

Il est déjà le 3ème joueur le plus utilisé par Arteta en Premier League depuis le début de saison, derrière Raya et Gabriel. 2ème joueur de champ, donc. Et déjà 2 buts pour l’international espagnol. 

On le savait doté d’un potentiel exceptionnel, l’ancien joueur de la Real Sociedad est très probablement, à l’heure actuelle, la meilleure recrue des Gunners du mercato estival 2025. Excellent à la relance, arme à orienter le jeu et casser le pressing adverse, il est le joueur de l’effectif qui a tenté et réussi le plus de passes courtes en championnat. Il culmine également à 74 % de passes longues réussies en championnat, ce qui le place à la deuxième place de l’effectif sur cette métrique. 2 aspects de son jeu très importants, qui lui permettent de savoir combiner court avec ses centraux et les joueurs autour de lui, mais également de trouver la profondeur quand il faut. Et, quand on a des dévoreurs d’espaces comme Gyökeres et Saka devant lui, ses longs ballons peuvent faire des ravages. 

 

 

Excellent à la relance, il l’est également un phase de Build-Up. Seul Rice a effectué plus de passes que lui dans le dernier tiers du terrain en championnat. Il est également second, toujours derrière Rice, en nombre de passes progressives effectuées en championnat. 

Rice est une machine à efforts, Zubimendi est une plaque tournante. Notre numéro 36 s’est parfaitement fondu dans le collectif, en se plaçant top 3 des joueurs de l’effectif qui ont touché le plus de ballons en Premier League jusqu’à maintenant (546 ballons touchés). Dans la zone centrale du terrain, il est même le premier joueur de l’effectif, avec 351 ballons. 

Des qualités qu’on lui prêtait déjà en Espagne, et qui se confirment en Angleterre. Toutefois, à son arrivée, on a pu lire quelques doutes sur sa capacité à répondre à l’agressivité du championnat anglais, et répondre au défi physique qui allait lui être imposé. 

Là encore, Zubimendi a tout balayé d’un revers de la main en quelques semaines. Excellent défensivement et dans l’agressivité, il est le 2ème joueur d’Arsenal à avoir tenté et réussi le plus de tacles en Premier League, derrière Timber. Toujours sur cette métrique, il est à égalité avec le défenseur batave dans la zone centrale du terrain. 

 

 

Il a également le record de l’équipe en nombres de dribbles adverses stoppés avec un tacle, avec 8 tacles réussis sur un joueur adverse en situation de dribble. Une énorme activité défensive et une parfaite agressivité, qui font logiquement de lui le joueur de l’effectif qui a effectué le plus de fautes en championnat depuis le début de saison (11 fautes). 

Une magnifique intégration, évoquée par Arteta il y a quelques semaines : “Venir de l’étranger est toujours très délicat, surtout avec les exigences de ce championnat et à ce poste en particulier, car vous avez beaucoup de responsabilités dans ce rôle et vous devez être conscient de tout ce que nous faisons. C’est un garçon très intelligent. Il a beaucoup de présence, beaucoup de qualités et beaucoup de courage.”

Forcément, son début de saison le place aisément comme l’un des meilleurs milieux de terrain de Premier League cette saison. 97ème percentile en termes de dribbles réussis et 91ème percentile en pourcentage de passes réussies, on lui découvre même des aspects de son jeu qu’on ne connaissait pas. Il est par exemple dans le 91ème percentile en nombre de duels aériens réussis. Mais en fait, qu’est ce qu’il ne sait pas faire ? 

 

 

Trois profils, trois trajectoires, mais une même dynamique : celle d’un Arsenal en pleine évolution. Entre la puissance brute de Gyökeres, la créativité retrouvée avec Eze et la maîtrise tranquille de Zubimendi, les Gunners semblent avoir trouvé un équilibre nouveau. Si tout n’est pas encore parfait, ces premières semaines confirment surtout une chose : le mercato 2025 a déjà profondément redessiné le visage de l’équipe d’Arteta.

@Louis


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