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Hale End et Arteta
Frustration, incompréhension, doutes, critiques… A l’aube de cette 5ème saison sous la houlette de Mikel Arteta, il est temps de tirer un bilan de l’utilisation de Hale End par le coach espagnol. Car outre l’équipe première, l’académie des Gunners a aussi entamé sa mue, inévitable. Niveau de l’académie, utilisation des jeunes et élévation des standards attendus, Arsenal touche au but.
Hale End
Histoire de l’académie des Gunners
Devenir une usine à talents, ça prend du temps. Il faut dire que l’histoire de l’académie d’Arsenal remonte aux années 50. Pourvus d’équipes jeunes depuis la création du club, les Gunners comprennent rapidement que la formation des jeunes joueurs doit devenir l’un des piliers du club. Former, faire grandir, accompagner et faire percer, le club sait que sa réussite passera par là.
L’académie, qui sort de terre en 1954, accueille des joueurs de 9 à 21 ans, qu’il faut donc façonner pour alimenter l’équipe professionnelle. Et pendant des décennies, le centre de formation amassera bon nombre de trophées, faisant même d’Arsenal une des académies de football les plus titrées de Grande Bretagne, mettant en exergue la qualité de la formation et du travail accompli par le club.
Par exemple, l’équipe des -18 possède à son palmarès pas moins de 7 FA Youth Cup et 5 championnats (Premier Academy League), ce qui en fait l’une des équipes les plus titrés dans cette catégorie, avec Manchester United, en plus de d’autres coupes et championnats secondaires.
En 1998, virage à 360 degrés. Fort de son prestige, Arsenal s’allie avec d’autres clubs pour fonder la FA Premier Youth League, à l’époque division la plus haute pour une équipe jeune. En parallèle, Arsène Wenger, présent au club depuis 1996, pousse pour la construction d’un tout nouveau centre de formation, cette fois ci basé à Hale End, moderne et pleinement équipé.
Inauguré en 1998, Hale End centralise à présent toute l’académie d’Arsenal en un seul lieu, des plus jeunes aux plus grands. Arsène Wenger l’avait pleinement identifié, la jeunesse et la formation font partie du club, qui doit s’appuyer dessus. Sportivement et philosophiquement, Hale End représente Arsenal, son Arsenal, sa vision. Fabregas, Clichy, Ashley Cole, Gibbs, Iwobi, Wilshere … le coach Français a, dans sa carrière de manager d’Arsenal, lancé pléthores de joueurs en pro, et passés par Hale End.
Les “Baby Gunners” de Wenger
Ça sera d’ailleurs une des caractéristiques du coach alsacien à Arsenal. S’appuyer sur le centre de formation pour faire éclore des talents. Et les candidats sont nombreux saisons après saisons, à tel point que l’étiquette “Baby Gunners” a vite collé à ces joueurs lancés dans le grand bain.
Mais pourquoi s’appuyer autant sur son centre de formation, pendant que les dépenses commençaient à grimper en flèches en Premier League, chez les concurrents des Gunners ? Eh bien car “tonton” Arsène se refusait à faire des folies financières. Un manager qui a rapidement compris qu’un club doit être économiquement en bonne santé pour être viable et solide. Et avec le centre de formation ainsi que les Baby Gunners, Arsenal a fait beaucoup, beaucoup de profits.
Lire aussi : Trust The Process : et L’Emirates dans tout ça ?
Car il fait dire que si Hale End était le première rêve d’Arsène, L’Emirates Stadium était le deuxième. Un an après l’inauguration de Hale End, Wenger le bâtisseur prend rapidement conscience que pour passer un cap Arsenal a besoin d’un nouvel écrin.
A l’image de son académie moderne et neuve, le club a besoin d’un nouveau stade, moderne et flamboyant. Il s’empare donc du projet d’un nouveau stade en 1999 et porte le projet en interne. Projet approuvé en 2002, les travaux démarrent en 2004, à quelques pas de l’historique Highbury. 2 ans après, le nouveau stade d’Arsenal, L’Emirates Stadium, est inauguré lors de l’été 2006.
“C’est l’une des valeurs de notre club… Je veux que cela fasse parti de notre tradition et je veux aussi développer un esprit au sein du club qui rend les jeunes joueurs fidèles à ce club” Arsène Wenger sur les jeunes en 2016
Même si les retombées économiques sont énormes, elles ne le sont pas assez pour couvrir la construction de L’Emirates. Endetté sur les 2/3 du coût total du stade, dont la facture s’élève à plus de 450 millions d’euros, Arsenal et Wenger doivent s’adapter et se serrer la ceinture.
Moins d’argents, donc moins de dépenses… et donc de plus en plus de jeunes utilisés. De quoi causer une perte de compétitivité de l’équipe pendant les presque 10 ans de remboursement des dettes du club.
Brillant en FA Cup, avec 3 trophées remportés entre 2006 et 2017, Arsenal peine à rejouer les premiers rôles en Premier League à partir de 2006. La faute à une équipe trop jeune et pas assez expérimentée, ce qui causera les premières critiques envers Wenger.
Arsène n’a donc pas vraiment eu le choix, les “Baby Gunners” étaient une force mais aussi une obligation à utiliser pour construire une rotation. Quitte à les utiliser à outrance, comme lors du 9 décembre 2009 où il aligne, en Ligue des Champions, un 11 de départ avec une moyenne d’âge de seulement 21 ans.
C’est peu, mais pas le choix. Et pendant presque 10 ans, notre bon vieux Arsène Wenger aura quand fait même de petits miracles avec son armée de “Baby Gunners”, en réussissant quasiment à chaque fois à placer le club dans le top 4 de Premier League, économiquement primordial pour le club.
Mertesacker et ses piliers.
Changement de paradigme
Oui mais voilà, même après une santé financière retrouvée à partir de 2013, marquée par les arrivées de Mesut Ozil puis Alexis Sanchez en 2014, les fans veulent retrouver une équipe compétitive, et Arsène tire sa révérence en 2018.
2018 qui marque aussi la retraite du grand (et lent) Per Mertesacker, qui prend immédiatement les commandes de Hale End. Le club veut démarrer un nouveau cycle post Wenger, et Hale End fait parti de ce nouveau cycle.

L’objectif du nouveau staff de Hale End est simple : construire les “Baby Gunners” de demain, capable de repousser l’équipe vers les sommets. En effet, lors de sa nomination en 2018, Arsenal n’avait plus participer à la Ligue des Champions depuis la saison 2016-2017, une véritable hérésie pour les Gunners, et un coup de massue. Retrouver les sommets oui, mais sans pour autant gommer son ADN de club formateur.
“La promotion d’Edu officilise sont influence déjà importante sur les opérations de Hale End, et nous sommes impatients de voir Per Mertesacker et Edu travailler ensemble pour renforcer d’avantage l’intégration entre notre équipe première masculine et l’Académie” – Vinai Venkatesham en 2022
Et sa stratégie pour réussir, Mertesacker la détaille en 4 axes : “On a identifié 4 piliers sur lesquels on veut travailler. Le premier, c’est identifier ce qu’est un joueur efficace. Cela concerne la manière dont nous évaluons les joueurs par leurs performances sur le terrain, mais aussi comment nous les mesurons en termes d’apprentissage tout au long de son cursus. Ça aussi c’est un pilier : il faut mettre l’éducation au premier plan, et avoir une soif de développement personnel, tout en s’assurant d’être en phase d’apprentissage du football et de ce que ça implique. Le troisième pilier concerne les aspects physiques, en veillant spécifiquement à être aussi efficace que possible dans les déplacements. Il s’agit de bien exécuter les actions footballistiques et de maximiser ce que vous faites sur le terrain en termes de mouvements nécessaires pour un joueur de football. Le quatrième pilier concerne vraiment l’état d’esprit : nous l’appelons la “mentalité de champion”. Tout le monde ne soulèvera pas forcément un trophée, mais il s’agit de votre mentalité et de consacrer chaque jour, chaque mois, chaque année à votre développement et à faire de vous la meilleure personne possible. C’est cela, la mentalité de champion.”
En résumé, la stratégie de Mertesacker s’appuie sur 2 axes : être bon, efficace et intelligent sur le terrain, mais aussi en dehors du terrain. Un état d’esprit sain et pleinement dévoué à l’équipe.
Une vision qui n’est pas sans rappelé l’arrivée de Mikel Arteta au club, et son fameux “Trust the process”.
Les premiers résultats
Une nouvelle stratégie pour Hale End, qui va rapidement porter ses fruits. Réputé pour faire éclore les jeunes talents, Unai Emery est choisi pour prendre la suite de Wenger le 1er Juillet 2018. Durant sa courte expérience au club, il en profitera pour lancer dans le grand bain les stars d’Arsenal de demain.
A commencer par Emile Smith Rowe, qui connaîtra ses premières minutes en pro le 20 septembre 2018 en Europa League. Puis Bukayo Saka, qui lui aussi fera son baptême du feu le 29 novembre 2018, aussi en Europa League.
“Quand vous regardez Arsenal ces dernières années, nous avons fait de grands progrès. Moi même, j’essaie de faire la même chose au centre de formation, de renforcer toutes les équipes pour rendre notre équipe pro meilleure” – Mertesacker en 2023
2 joueurs issus de Hale End, purs nord londoniens, qui vont rapidement gagner le coeur des fans. Talentueux, fougueux, humbles et déterminés, ils représentent le futur du club, alors qu’en championnat Arsenal n’y arrive toujours pas. Ils sont accompagnés par des jeunes lancés par Wenger, à savoir Joe Willock et Maitland Niles qui prennent beaucoup plus d’importance sous Emery, tout comme Reiss Nelson.
Mais ça ne prend pas, à tel point que Emery prend la porte le 29 novembre 2019. Malgré l’éclosion de Saka et Smith Rowe l’équipe peine à être compétitive. Cette jeunesse de Hale End a besoin de talents autour d’elle pour aller plus loin.
Tous lancés ou développés par Emery, à la recherche de la bonne formule, Saka, Smith Rowe, Reiss Nelson, Joe Willock, Eddie Nketiah et Maitland Niles ont besoin de temps et d’accompagnement. Le niveau du 11 doit être élevé, pour les pousser au plus haut niveau.
Arteta et l’académie
La gestion des jeunes sous Arteta
Et élever le niveau du 11, c’est la mission d’Arteta à son arrivée fin décembre 2019. Le fameux “Trust The Process”. Faire le ménage des indésirables, et reconstruire un groupe compétitif, jeune, talentueux et déjà expérimenté. Imposer une vision claire, une ligne directrice acceptée par tout le monde, sous peine de prendre la porte. Stratégie validée par Edu en 2022 : “Si le joueur est au dessus des 26 ou 27 ans, non performant, gros salaire : aucune chance d’être intouchable”
Et Hale End dans tout ça ? Là aussi, le “process” s’impose. A la différence de ses prédécesseurs Wenger et Emery, Arteta prend son temps. Step by Step. Terminé la stratégie de lancer les jeunes à tout va, il faut les incorporer avec le groupe pro, petit à petit. Les faire travailler, les façonner, avant de les lancer.
Ça n’a pourtant pas empêché le coach espagnol de lancer des jeunes. Balogun et Miguel Azeez en 2020, Patino en 2021, Cozier Duberry et Sagoe Junior en 2023 et Nwaneri en 2022, qui est devenu le joueur le plus jeune de l’histoire à faire ses débuts en Premier League à 15 ans, par exemple.
“C’est toujours entre les mains des joueurs, alors montrez ce que vous pouvez faire. Montrez cette ambition, cette détermination, cette qualités et les choses se feront naturellement” – Arteta à propos du rôle de Nwaneri cette saison.
En presque 5 ans ça peut paraitre peu, mais Arteta est clair sur le sujet. A l’instar de Saliba qui a connu divers prêts, un jeune joueur doit travailler pour apporter à son 11. Gagner en expérience et en maturité, avec du temps de jeu en prêt. Patino à Blackpool puis à Swansea, Balogun à Reims après un départ définitif à Monaco. Arteta n’hésite pas à s’impliquer pour convaincre les jeunes de suivre son plan de développement.
Le niveau global de Hale End peut aussi être questionné. Si il y a si peu de jeunes lancés par Arteta, c’est qu’ils n’ont tout simplement peut être pas le niveau, même pour une rotation. Arteta travaille en étroite collaboration avec Edu et Per pour élever les standards de Hale End en suivant les 5 piliers de l’académie.
Arsenal revient jouer les premiers rôles en Premier League, et l’académie doit suivre. Avant Areta, Arsenal était une équipe qui au mieux bataillait pour le top 4, au pire dans le ventre mou. Aujourd’hui, Arsenal bataille avec City.
Les contextes et les attentes ont évolué. C’est d’ailleurs en ce sens que le board s’est lancé dans une campagne de recrutement “agressive” pour élever le niveau de ses équipes jeunes. Tommy Setford, jeune gardien anglais, a rejoint l’académie en provenance de L’Ajax cet été. Nul doute qu’il sera suivi par d’autres jeunes pour renforcer Hale End.
Enfin, Arteta et Mertesacker compte utiliser le marché des prêts pour développer mais aussi valoriser les jeunes de l’académie. Mika Biereth ou Balogun en sont le parfait exemple, eux qui ont définitivement quitté Arsenal après des prêts concluants.
Un avenir bouché ?
Globalement, aux yeux d’Arteta, Hale End peut être divisé en deux catégories : les jeunes qui ont la capacité d’apporter à son groupe, et les autres.
Car le point est là. Arteta a réussi, step by step, à élever drastiquement son 11 de départ. Logiquement, un jeune doit travailler beaucoup plus pour gagner du temps de jeu, gagner le droit d’avoir du temps de jeu dans une équipe ultra concurrentielle. Le coach espagnol a élévé les standards, et Hale End doit suivre. C’est ce que l’Espagnol a déclaré lors de la tournée aux USA la semaine dernière : “Ils nous ont impressionné de manière très positive. Il n’est pas facile d’atteindre le niveau et les normes que nous nous imposons en ce moment, et ils y arrivent vraiment, très près du but. C’est un plaisir de travailler avec eux tous les jours“.
Des standard à respecter et atteindre pour prétendre à avoir sa chance, de quoi respecter les piliers fixés par Mertesacker depuis 2018. Et si les standards ne sont pas respectés ? Aucune chance d’avoir du temps de jeu, même si la rotation s’impose, comme lors du match nul 1-1 en Ligue des Champions entre le PSV Eindhoven et un Arsenal déjà qualifié, le 12 décembre 2023. Alors avec le groupe pro, Lino Sousa et Reull Walters resteront sur le banc, malgré une présence régulière avec le groupe pro.
Arteta était d’ailleurs revenu sur la non utilisation des “Baby Gunners” lors de ce match, qui avait pas mal interpellé les fans : “Je ne pense pas que c’était le bon contexte, après avoir déjà fait 8 changements, les jeter face à une équipe qui n’a pas perdu à domicile depuis près de deux ans…je ne pense pas que c’était le bon moment”. Pas prêts, pas de temps de jeu. Step by step avec Hale End.
Est ce que pour autant l’avenir des jeunes de Hale End est nuageux avec Arteta ? Oui, si le travail fourni n’est pas suffisant pour apporter à l’équipe. Non, si le travail est fait correctement et dans le bon sens, et avec patience. Arsenal doit gagner, et Arteta le sait. Si un jeune est lancé, il doit être au diapason et pleinement intégré au groupe, sur et en dehors du terrain. Les piliers de Mertesacker.
Une stratégie illustrée par Nketiah, produit de Hale End, apprécié par Arteta : “Je viens de voir une photo de lui, une de lui quand il était à l’académie jusqu’à aujourd’hui. C’est un joueur différent. Ce que j’aime le plus c’est sa mentalité, et elle continue d’évoluer car il n’est jamais satisfait. Jamais. Et c’est comme ça qu’il est”
Preuve en est, Arteta a profité des vacances des internationaux pour sélectionner 12 jeunes de Hale End pour la tournée de pré saison aux USA. Pas simplement des “bouches trous”, mais des jeunes qui ont pu bénéficier de temps de jeu parfois très conséquents : 149 minutes pour Nwaneri, 114 pour Ayden Heaven, 110 pour Myles Lewis Skelly et 90 pour Salah M’Hand. Des joueurs aux portes de l’équipe première.
Elever des standards fait inévitablement des victimes, des jeunes qui se voyaient déjà en haut de l’affiche. Trop vite. Comment ne pas évoquer le cas récent de Chido Obi Martin, joyau de Hale End, qui a récemment refusé de signer son contrat pro avec Arsenal. En cause ? Le manque d’opportunité accordé aux jeunes par Arteta. Il devrait donc rejoindre Manchester United, qui compte doubler le salaire proposé par Arsenal (30 000 livres par semaine à 17 ans) et qui vient de signer Zirkzee et Hojlund la saison dernière à la pointe de l’équipe.
Si Arteta utilise moins de jeunes que ses prédécesseurs, c’est parce que les standards de l’équipe première ses sont élevés. Tout comme l’équipe première depuis l’arrivée de Arteta, Hale End a entamé sa révolution pour fournir au coach espagnol des jeunes capables d’apporter à son équipe de plus en plus concurrentielle et dans un contexte où la pression de gagner quelque chose s’accroit de plus en plus sur les Gunners. Lancer des jeunes oui, mais pas n’importe comment, et pas n’importe quand. La stratégie est limpide.
Louis
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