Kanu believe it ?

*version audio à retrouver dans le 2e épisode de The Chronic à retrouver sur Youtube ici et sur SoundCloud ici

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un derby londonien assez particulier à mes yeux, un derby Chelsea-Arsenal disputé lors de la saison 1999-2000. Alors pour remettre un peu dans le contexte : Arsenal se déplace à Stamford Bridge pour affronter un Chelsea rival pour une qualification en coupe d’Europe, mais surtout un Chelsea très souverain à domicile : leur gardien Ed De Goey n’a pas encore concédé de but à domicile cette saison-là. En plus, le génial Dennis Bergkamp, véritable pierre angulaire de l’attaque des Gunners cette saison-là, n’est pas indisponible pour cette rencontre pourtant capitale. Autre absence majeure, Thierry Henry, meilleur buteur du club, est laissé sur le banc au profit de l’attaquant nigérian Kanu ; un bon attaquant certes, mais qui n’a pas le même charisme que le King sur une feuille de match… Enfin, cerise sur le gâteau, ce derby a généré pas moins de 49 cartons jaunes lors des 7 dernières rencontres, soit une moyenne de 7 cartons jaunes par matchs.

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En bref, ce n’est pas un match simple qui attend nos Gunners, mais une véritable bataille dont il faut absolument sortir vainqueur face à un rival sûr de ses forces et jouant à domicile. Le ton de la rencontre est donné par le légendaire défenseur des Gunners Lee Dixon, qui prend le premier carton jaune justement dès la 2e minute de jeu, en accrochant plus ou moins volontairement la cheville de Graeme le Saux. Ce climat de joyeusetés continuera tout au long du match, et les amateurs de tacles appuyés en auront pour leur argent ce jour-là. Et dans ce climat belliqueux, c’est Chelsea qui prend l’avantage juste avant la pause par l’intermédiaire de Tore Andre Flo.

A la mi-temps, les Blues ont donc l’avantage, et on pense que les dés sont jetés vu l’état de grâce dans lequel se trouve le portier des Blues. Au retour des vestiaires, les quelques Gunners encore optimistes verront leurs derniers espoirs douchés par un nouveau but de Chelsea, cette fois-ci par l’intermédiaire de Petrescu qui reprend victorieusement un centre de Le Saux. On pense alors que c’en est terminé pour les Gunners. Mais étrangement, c’est à ce moment-là que les hommes d’Arsène Wenger vont commencer à produire leur jeu offensif habituel, utilisant toute la largeur du terrain et leur capacité à mettre en danger la défense adverse avec des centres, notamment ceux de la mobylette néerlandaise Overmars et ceux de Freddy Ljungberg. En deuxième mi-temps, Arsenal a donc la maîtrise du ballon, pousse mais ne parvient pas à marquer face à une solide défense des Blues, qui confirme sa réputation à domicile.

Puis vient la 75ème minute, le fameux dernier quart d’heure du match. Dixon hérite du ballon, tente de l’envoyer dans la boîte : c’est renvoyé par la défense. C’est Overmars, bien placé, qui va tenter une frappe sans grande conviction, presque un acte désespéré de sa part. La chance sourit enfin aux Gunners malgré un contexte catastrophique. C’est Kanu qui sent bien le coup et s’infiltre entre Leboeuf et Desailly. Le Nigérian récupère le ballon et envoie une merveille de frappe au ras du poteau de du gardien de Chelsea, qui va donc chercher le ballon dans ses filets pour la première fois de la saison. Le scénario qui semblait complètement à l’avantage de Chelsea est alors totalement bouleversé. Toutefois, Chelsea a toujours l’avantage, et il ne reste qu’une grosse dizaine de minutes de jeu à Stamford Bridge. Overmars met le feu sur son couloir droit, il est en jambes et le couloir gauche des Blues est mis en difficulté par son duo avec Lee Dixon. A la 83ème minute, le Hollandais parvient à éliminer Leboeuf et adresse un centre fort à ras de terre dans la surface des Blues. Gustavo Poyet est trop court pour dégager, et c’est Monsieur Kanu qui profite de l’erreur du milieu uruguayen pour fusiller le portier adverse qui ne peut que constater les dégâts.

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Alors que tout le monde s’attendait à une défaite des Gunners, ces derniers ont renversé la situation en moins de dix minutes pour revenir à hauteur des Blues. A ce moment-là, presque tous les joueurs d’Arsenal aurait volontiers signé pour que l’arbitre Alan Wilkie siffle la fin de la rencontre sur ce score de 2-2. Presque tout le monde, oui. Seul un homme. Kanu, y croit encore. A la 90ème minute, le Nigérian réalise un exploit qui l’a élevé au rang de légende pour beaucoup de fans. Sur un ballon en profondeur bien trop long de Davor Suker, et alors que la fatigue se fait vraiment ressentir chez tous les acteurs du match après une rencontre très intense, Kanu livre un dernier effort pour aller presser. Cette course est dure, mais le Nigérian donne tout. Albert Ferrer, défenseur droit des Blues, hérite du ballon de Suker et veut dégager, mais c’est Kanu qui contre ce ballon au bout de son effort. On pense alors que l’attaquant ne peut plus être lucide, que son engagement magnifique aura été fait en vain. Seulement voilà, celui qu’on considérait comme le talisman des Blues craque et est l’auteur d’une sortie très hasardeuse dans les pieds de Kanu très loin de ses cages. Le Nigérian l’élimine d’un double contact superbe, lève la tête et envoie une merveille de frappe pour contourner Desailly et Leboeuf, qui avaient pris la place de leur gardien dans les cages. Insuffisant, le ballon est bien trop précis pour être arrêté. 3-2 dans les arrêts de jeu de ce match, Kanu a sauvé les Gunners a lui tout seul et malgré des conditions dantesques. Le fighting spirit et le talent d’un homme auront permis à Arsenal de remporter ce derby capital dans une saison qui verra les hommes d’Arsène Wenger terminer 2èmes du championnat, devant Chelsea…

#Guillaume


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