La méthode Arteta racontée par Charles Watts

Charles Watts est un des journalistes référence lorsqu’il s’agit d’Arsenal. Cet été, il a sorti un livre, Revolution : The rise of Arteta’s Arsenal. Il évoque pendant près de 300 pages la méthode Arteta et la manière dont l’Espagnol a remis le club sur le droit chemin. En voici quelques extraits et anecdotes qui vous donneront très probablement l’envie de l’ajouter à votre bibliothèque, ou de l’offrir au pied du sapin… 

Wenger refuse qu’il intègre son staff… pour son bien ! (P.24) 

Dès qu’Arteta raccroche les crampons en mai 2016, il est tourné vers le métier d’entraîneur. Durant la saison, il passe une licence d’entraîneur UEFA et mène des sessions avec les équipes de jeunes du club, où l’on retrouve notamment Reiss Nelson. La question se pose alors légitimement de le voir intégrer le staff d’Arsène Wenger, ou d’avoir un rôle dans la formation. 

Les deux hommes échangent à ce sujet et finalement le Français invite son capitaine à aller voir ailleurs. Selon Dick Law, ancien responsable mercato du club, c’était la meilleure chose à faire pour l’Espagnol : 

“Arsène savait que la meilleure manière qu’Arteta progresse était de quitter le club. Pour grandir, vous devez aller voir ailleurs. On savait qu’il n’irait pas chez les Spurs (Pochettino le voulait dans son staff), il était assez intelligent pour ne pas le faire. On a toujours pensé qu’il rejoindrait City.” Ce qu’il a fait le 3 juillet 2016, retrouvant Pep Guardiola. 

Dès 2012, Arteta conseille Guardiola (P.25)

La complicité entre Mikel Arteta et Pep Guardiola est puissante, et ne date pas d’hier. Malgré leurs 11 ans d’écart, et le fait que le Basque n’ait jamais joué avec l’équipe première Blaugrana, les deux hommes se sont toujours voué un respect mutuel. 

Alors en 2012, quand le Barça affronte Chelsea en Ligue des champions, Pep n’hésite pas à appeler Arteta pour lui demander des conseils tactiques sur les Blues. Pertinents a priori, puisque le Catalan évoque déjà l’idée que le milieu de terrain d’Arsenal puisse rejoindre son staff. Une proposition rejetée par l’intéressé, qui a estimé qu’il avait encore à donner en tant que joueur. 

Arteta et ses “non-négociables” : l’exemple Guendouzi (P.68)

Brighton – Arsenal en sortie de confinement est un match, sur le papier anodin, qui restera pourtant gravé dans nos mémoires très longtemps, tant il est un tournant dans les débuts d’Arteta à la tête du club. Après le coup de sifflet final, Guendouzi essaye d’étrangler Maupay, qui avait auparavant blessé sévèrement Leno et inscrit par la suite le but de la victoire. 

Cela aurait pu en rester là, mais l’ancien lorientais est fou de rage et au moment de regagner les vestiaires, il balance tout ce qu’il trouve sur son chemin. On peut alors lire : “Des jeunes joueurs comme Bukayo Saka ou Gabriel Martinelli marchaient derrière lui dans le tunnel. Embarrassés, ils ont fait demi-tour pour redresser ce que Guendouzi avait renversé.”

On ne le sait pas encore, mais c’est le dernier match du Français sous le maillot d’Arsenal. Quelques jours plus tard, il est convoqué à Colney pour s’excuser, ce qu’il ne fait pas. Ce n’est pas la première fois qu’Arteta n’apprécie pas son comportement, et décide de l’exclure de l’entraînement collectif. Un premier exemple de l’application des “non-négociables”. 

La méthode Arteta : Trust the process (P.167)

Une bonne partie du livre évoque la saison 2020-2021, probablement l’une des pires de l’histoire du club, qui aurait pu voir Mikel Arteta être viré s’il n’avait pas la confiance du board. Mais l’une des différences entre l’Espagnol et d’autres entraîneurs est bien sa confiance envers le projet de jeu qu’il souhaite instaurer, même au plus fort de la tempête, quand Arsenal se retrouve 15e de Premier League en décembre 2020.

Andréas Georgson est l’un des adjoints d’Arteta à cette période, et il livre un témoignage révélateur de la méthode de travail de l’Espagnol : 

“L’atmosphère était la même, la confiance envers le staff était la même, le process était le même. Mikel est quelqu’un de fier, mais sa valeur la plus importante est de toujours vouloir gagner. Ce qui veut dire que si, à un moment, il doit prendre parmi mes conseils, alors que je n’ai pas d’historique en tant que joueur professionnel et que cela ne faisait qu’un an que j’étais en Angleterre, il réagirait en mode : “Vas y, on t’écoute.” Il ne donne aucun prestige à celui qui vient avec la meilleure idée et c’est très important pour vous assurer que vous continuez à progresser. Il n’y avait pas de politique ou de statuts, il était juste question de s’améliorer et c’est ce que j’ai beaucoup aimé en travaillant avec lui.”

 Le choix de prêter Saliba à l’été 2021 (P.171)

Après deux prêts convaincants à Saint-Étienne et Nice, beaucoup de supporters d’Arsenal s’attendent à ce que William Saliba s’intègre dans l’effectif à l’été 2021, d’autant que David Luiz quitte le club libre. 

Finalement, Saliba est de nouveau prêté, à Marseille cette fois-ci, et Arsenal jette son dévolu sur Ben White, déboursant 50M£. Deux choix finalement payants avec le regard actuel, mais qui ont suscité beaucoup de débat à ce moment-là. Cependant, le livre nous apprend que Saliba est alors loin de convaincre du côté de Colney.

“Les performances de Saliba à l’entraînement l’été précédent avaient déçu. Mais il avait des circonstances atténuantes. Il venait de perdre sa mère juste avant de s’envoler pour l’Angleterre et c’est très loin d’être facile à gérer pour un jeune joueur qui arrive dans un nouveau pays. Cependant, personne au club ne sentait que Saliba était prêt à être lancé en équipe première. J’en ai parlé à l’agent d’un joueur d’Arsenal. Selon son client, Saliba aurait eu des difficultés en championnat sur ce qu’il avait pu voir au quotidien à l’entraînement. Mais une année venait de s’écouler. Les fans voulaient le voir ajouté à l’effectif d’Arteta, mais le sentiment au début de l’été 2021 était qu’il serait probablement de nouveau prêté.”

North London Forever (P.219)

Sur la fin de la saison 2021-2022, la connexion entre les fans et le club semble revenir, d’autant que l’équipe est en bonne position pour enfin se re-qualifier en Ligue des champions. Pour matérialiser cette relation nouvelle entre les deux parties, l’idée d’un chant à la You’ll never walk alone germe dans la tête de Louis Dunford, fan inconditionnel du club originaire du nord de Londres. Il raconte, interrogé par Charles Watts : 

“On était assis dans un pub et mon pote me dit : ‘Ils doivent la jouer à l’Emirates’. Je vais au bout de la blague, je tagge Arsenal sur Twitter et dit : ‘Jouez The Angel’. Les gens le veulent.’ Je pensais juste que ma petite communauté trouverait ça drôle. Le lendemain, je me lève et voit que ça a explosé dans la nuit. Plus de 1 000 retweets. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Au fur et à mesure, je suis passé de 2 000 followers à 10 000, 15 000 puis 30 000. Tout ça après une blague alcoolisée.”

L’engouement sur les réseaux sociaux arrive aux oreilles du club et de Mikel Arteta, qui saisit alors cette occasion pour introduire ce chant, lui qui a fait de la reconnexion avec les supporters un mantra depuis qu’il est arrivé. 

Barbecues avec Bacary Sagna (P.230)

Mikel Arteta est un adepte des barbecues, à tel point que le sien est gravé de ses initiales et de celles de sa femme. Bacary Sagna, régulièrement invité à partager du bon temps avec quelques coéquipiers autour d’un bon morceau de viande et d’un bon match, évoque alors une anecdote qui en dit long sur le rapport du technicien espagnol au football : 

“La première chose qu’il me disait avant même que je puisse dire bonjour était sur le dispositif des équipes. Cela faisait à peine une minute que j’étais entré dans la maison et il me martelait déjà : ‘Qu’est-ce que tu en penses ? Ils vont jouer en 3-5-2 ?’ Tout ce qui m’importait était ce qu’il y avait sur la table. Mais c’est quelque chose que vous voulez de la part d’un amoureux du foot.” 

D’une manière générale, tout au long du livre, tous les interlocuteurs louent la grande connaissance tactique d’Arteta. 

La relation Arteta – Mertesacker (P.264)

La relation entre Mikel Arteta et Per Mertesacker est un rouage capital dans l’organisation du club et les deux hommes semblent être liées depuis leur arrivée à Arsenal en 2011, lors du dernier jour du mercato. Par la suite, l’Espagnol est devenu le capitaine et l’Allemand l’a secondé, avant de prendre par la suite le brassard. 

Charles Watts explique qu’Arteta, lorsqu’il prend sa retraite en 2016, pousse auprès de Ivan Gazidis pour conserver Mertesacker, qui reste finalement jusqu’en 2018. Le défenseur n’oublie pas ce geste et au moment du départ de Wenger, il souffle le nom de son ancien coéquipier auprès de la direction, qui choisit finalement Unai Emery. 

Une telle relation de confiance au sein du club, on peut ajouter également la présence de Jack Wilshere, n’est que bénéfique pour un bon fonctionnement sur le long terme. 

Arsenal – Bournemouth : la plus grosse explosion de l’histoire de l’Emirates (P.279)

Arsenal – Barcelone ? Non. Arsenal – Leicester ? Non plus. Selon Charles Watts, l’Emirates a connu le plus grand rugissement de son histoire cette année, après le but de Reiss Nelson face à Bournemouth, au bout du temps additionnel. Cela peut s’expliquer par la nouvelle relation positive avec les fans, mais aussi un rajeunissement dans les tribunes. 

“Il y a eu plusieurs moments mémorables depuis le départ pour l’Emirates en 2006, avance Watts. J’étais là pour le retour de Henry face à Leeds, le but vainqueur d’Arshavin face à Barcelone ou de la tête de Welbeck contre Leicester. Mais je n’avais jamais entendu les tribunes si fort, ou vu des célébrations aussi sauvages que celles qui ont suivi le but de Nelson. La joie était débridée et, au vu du contexte à ce moment-là de la saison, complètement justifiée.”

Lire : Charles Watts – REVOLUTION : The rise of Arteta’s Arsenal 

Antoine #AFC