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Le 18 octobre 2005: Henry, les étoiles comme horizon
Il y a 8 ans, le 18 octobre 2005, Thierry Henry écrivit son nom en lettres d’or dans les livres d’histoire d’Arsenal en devenant le meilleur buteur ayant jamais joué pour le club depuis la naissance de Dial Square en 1886. Il marqua son 185e et 186e but pour Arsenal contre le Sparta Prague, dépassant ainsi Ian Wright.
Ian Wright 185 buts, Thierry Henry 181. La saison 2005/2006 n’a pas encore ouvert ses portes que les supporters d’Arsenal, les journalistes, experts et autres amateurs du football ont déjà une certitude: l’attaquant français surpassera Ian Wright au concours du plus grand cannonier en chef du club. Mais où ? quand ? contre qui ? De quelles manières ?
Patrick Vieira parti à la Juventus, Wenger décide de faire d’Henry le leader de la nouvelle génération (Fabregas, Flamini, Hleb, Reyes) en le nommant capitaine. La saison démarre bien sur le plan de la statistique pour Henry. Trois buts en trois matchs de Premier League. 182, 183, 184. Le total monte, monte. Inexorablement. Malheureusement, une blessure au talon chopé avec l’Equipe de France le contraint à regarder les sept autres matchs en tribunes. 38 jours sans jouer. Une souffrance pour le buteur alors qu’Arsenal peine sans l’éclat de ses buts. Sept points sur dix-huit possibles pris dans cette période, deux défaites dont la dernière à West Bromwich (1-2), le 15 octobre, fait glisser l’équipe à la 8e place. Henry manque aux siens. Surtout que le tank Chelsea a gagné tous ses matchs et compte déjà une marge de champion en puissance: 14 points d’avance sur les Gunners. La reconquête du titre de 2004 glisse déjà vers l’illusion.
La campagne européenne des Gunners est mieux réussie, dans un groupe B, il est vrai très abordable, où se disputent l’Ajax, le Sparta Prague et le FC Thun (seule participation des Suisses en phase de poules). Arsenal a remporté ses deux premiers matchs sur le même score de 2-1 (Buts de Gilberto Silva, Bergkamp, Ljungberg et Pirès) et prépare la troisième rencontre avec l’intention de garder son pourcentage de victoires intact.
Intelligence et instinct
Pour la symbolique du lieu et ce qu’il représente pour le Français, c’est à Highbury qu’Henry se voit égaler (et battre) les 185 buts de Wright. Exactement comme son illustre prédécesseur anglais a supplanté le record de Ted Drake (178 buts) contre Bolton en septembre 1997. L’histoire est coquine. Et a décidé que l’obscur Stadion Letnà de Prague fera très bien l’affaire pour un événement d’une telle importance dans la carrière d’un joueur.
Vient donc ce match de Ligue des champions en République tchèque trois jours plus tard. Le numéro 14 londonien, toujours 184 buts, retrouve sa place dans le groupe. Arsène Wenger (qui déclara à la fin du match qu’il ne voulait pas précipiter son retour) compte le faire rentrer à l’heure de jeu, histoire qu’Henry, dont la cheville n’est pas guérie totalement, dispose d’une bonne demi-heure pour retrouver des sensations avant la réception de Manchester City. Taquin, le scénario du match ne répond pas aux prévisions et la blessure de José-Antonio Reyes force l’Alsacien à faire rentrer son attaquant phare à la 15e minute de jeu. Puis vint l’évidence.
Dans sa biographie de l’attaquant français « Lonely at the Top », Philippe Auclair loue «l’instinct et l’intelligence» d’un joueur qui comprenait son corps et le jeu à la perfection. Son 185e but en est l’une des expressions. 21e minute de jeu: appel dans la profondeur entre les défenseurs Petrous et Lukas qui invite Kolo Touré à lui faire une transversale qui survole les deux lignes du milieu et de la défense polonaise. La passe est juste assez dosée pour qu’elle arrive sur le Gunner qui décide de la contrôler et d’arrêter sa course plutôt que d’essayer de se l’emmener et de jouer de sa vitesse et sa puissance. Par ce geste «intelligent», Henry se débarrasse de ses deux gardes du corps qui se transforment pourtant en mini-muraille devant Jaromir Blažek. L’angle de tir qui se propose alors au Français ne lui permet pas d’utiliser son pied droit, du moins pas la partie intérieure et supérieure du pied pour un tir enveloppé ou une frappe en force du coup de pied. Et là, c’est l’instinct du buteur qui parle. Le genre d’instinct qui l’a guidé 184 fois et qui le fera une 185e fois avec cet extérieur du pied droit qui semble glisser dans le petit filet droit du portier tchèque.Comme téléguider par le regard de Henry. Van Persie réclamait le ballon mais il avait tord car dans ces moments, seule la décision du buteur est la bonne. Et celle prise par Henry ce jour-là fut… parfaite.
Entre la 21 et la 73e minute, Thierry Henry et Ian Wright partagent le même nombre de buts pour le même club. La minute suivante est historique. L’attaquant des Bleus reçoit une ouverture malicieuse de son partenaire Pirès. Derrière c’est but, derrière c’est le doublé et derrière c’est l’addition d’une unité à un score qu’aucun homme n’avait réussi à atteindre en 119 ans. Thierry Henry, 186 buts en 303 matchs. Une moyenne de 0,61 but par match depuis son arrivée en 1999. Historique.
Le joueur déclara à la fin du match: «Je suis au septième ciel lorsque je pense à ce record. Wrighty était un joueur exceptionnel et demeurera toujours une légende à Arsenal. Battre son record est quelque chose de vraiment spécial. J’aurais préféré le faire à Highbury, mais lorsque les occasions se présentent, je les saisis.» Et c’est exactement ce qu’il a fait ce 18 octobre 2005.
Pour revoir cette prestation en vidéo:
[vimeo http://vimeo.com/56626968]
#Yannick
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