Les ailes fragiles de Mattéo Guendouzi

Révélation du club l’an dernier, Mattéo Guendouzi semblait être l’un des rares Gunners à surnager durant la première moitié de cette saison. Pourtant, la confirmation attendue a plutôt laissé place aux doutes, voire à l’inquiétude. Le staff doit protéger le jeune espoir sous peine de brûler ses ailes. Icare.

La grinta de Guendouzi est désormais connue sur toutes les pelouses du royaume. L’abnégation de l’ancien lorientais a rapidement marqué les esprits, tout comme son sens du sacrifice. En 2018, Unai Emery, qui hérite de l’impossible héritage de Tonton, lui accorde rapidement sa confiance. La Premier League découvre alors un jeune plein de fougue, qui s’époumone pour colmater les brèches aux quatre coins du terrain, avec une assurance surprenante. Il s’impose rapidement dans le onze de base. Arsenal échoue une nouvelle fois aux portes de la Ligue des Champions, mais l’international espoir français est unanimement salué comme l’une des grandes satisfactions de la saison.

Après le six sur six inaugural d’août 2019, Guendouzi subit un sérieux coup d’arrêt à Anfield et prend l’eau à l’instar de toute l’équipe.  Une semaine plus tard, il sauve Arsenal d’une débâcle lors du NLD, grâce notamment à son assist pour l’égalisation d’Aubameyang, mais le doute s’installe. Les Gunners  grappillent encore huit points entre mi-septembre et début octobre mais très vite la machine s’enraye. La charnière centrale étale toutes ses faiblesses, confirmant les craintes des supporters. Les semaines se suivent et se ressemblent pour le milieu de terrain, dont la clairvoyance devient inversement proportionnelle à l’agressivité (en atteste ses six cartons jaunes).

 Guendouzi reste indéboulonnable mais tout l’influx nerveux qu’il gaspille à contester, quémander, et provoquer entame sa lucidité et commence à réduire considérablement son impact à la récupération et la construction du jeu. Ses qualités n’ont pas disparu mais ses épisodes de déconcentration influent négativement sur un ensemble en déliquescence. Le retour de karma qu’il subit à Watford éclipse partiellement tous les superlatifs qu’on lui a un peu vite adossé.

Et la genèse des déboires provient probablement de là : en étant si rapidement porté aux nues,  l’estime de soi de Guendouzi s’est potentiellement emballée et le poids de la pression est devenu pesant. Malgré son bagage physique et sa générosité, il ne pouvait sauver à lui seul une équipe à la dérive, condamnée par les préceptes nébuleux d’un entraîneur entêté. Les lacunes de son intelligence de jeu sont apparues au grand jour dans ce contexte défavorable, à tel point qu’il est arrivé à cet atout de devenir un fardeau.

Depuis l’interim de Freddie Ljungberg et l’arrivée de Mikel Arteta, son temps de jeu est réduit à peau de chagrin. La faute en partie à différentes dispositions tactiques, mais également à un essoufflement psychologique. Guendouzi est un battant, mais il doit prendre du plomb dans la tête et comprendre qu’un match de football ne se gagne par des invectives, mais par des ouvertures tranchantes et des couvertures intelligentes.

Le gestion de son cas et la responsabilité de son avenir incombent également au staff d’Arsenal. Il est déjà l’un des piliers du noyau alors qu’il n’a que 20 ans, et qu’il a transité d’une équipe de Ligue 2 au top de la Premier League sans pallier intermédiaire. Arsenal compte suffisamment d’anciens joueurs expérimentés dans le staff technique pour l’aider à différencier l’essentiel de l’accessoire et lui apprendre à garder la tête sur les épaules en toutes circonstances. L’éclosion définitive de Guendouzi est à ce prix, et gageons que le statut actuel de remplaçant du joueur est avant tout une mesure de protection avisée du nouvel entraîneur. Arsenal aura besoin de lui pour retrouver la Ligue des Champions.

#FrançoisTahon


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