Les enseignements de la mi-saison

« Le titre ne se gagne pas pendant le Boxing Day, mais il peut s’y perdre ». Nul doute que cette phrase de Sir Alex Ferguson doit résonner chez les fans d’Arsenal. En tête du classement à Noël, nous voilà à la quatrième place avec un point d’avance sur les Spurs. Le mois de décembre aura fait très mal, sur les six derniers matchs, douze points nous ont échappés. Le match contre Fulham a mis en lumière les difficultés rencontrées par les hommes d’Arteta et les talismans que sont Saliba, Gabriel et Rice ne peuvent masquer éternellement les faiblesses de l’équipe.

Une infirmerie bien remplie

Mis à part les habituels va-et-vient, trois grosses blessures sont à déplorer. Jurrien Timber a subi une rupture des ligaments croisés lors de la première journée de championnat, ce qui a très fortement amputé sa saison, avec un retour en mars si tout se passe bien. Ses premiers pas sous nos couleurs étaient prometteurs et laissaient entrevoir une animation différente sur le côté gauche.

Thomas Partey n’a toujours pas retrouvé l’effectif dont il est absent depuis le 9 novembre. Il était pressenti pour partir à la CAN mais restera finalement à Colney pour continuer sa réhabilitation. Précaution du club ou blessure plus grave que prévue ? Fabio Vieira complète le podium, touché à l’aine fin novembre.

Raya/ Ramsdale, fin du débat ?

Le mercato d’hiver mettra-t-il un terme à la saga de ce début de saison ? Rien n’est moins sûr. Il semble qu’Arteta souhaite conserver Ramsdale dans son effectif afin de challenger Raya, actuel numéro un. Une rengaine que l’on entend depuis septembre mais qui peine à se matérialiser de façon concrète. Le portier anglais doit se satisfaire de quelques miettes : League Cup et un match européen sans grand intérêt. Rambo sera-t-il dans les cages à Anfield ce dimanche pour le 3ᵉ tour de la Cup ? C’est peu probable, Arteta titularisera surement son meilleur onze.

Ramsdale espère toujours faire partie des Three Lions qui participeront à l’Euro cet été, mais avec aussi peu de minutes au compteur, cela semble compliqué. Chelsea et Newcastle lui font les yeux doux, mais on voit mal Arsenal renforcer un concurrent direct. Entre Raya et la fan base, la mayonnaise n’a toujours pas pris. Il n’y a pas eu de performances catastrophiques, mais l’aura et le charisme de Ramsdale sont durs à effacer. De plus, les résultats récents ne sont pas là pour aider et beaucoup se demandent quand l’Espagnol saura se montrer décisif. Enfin, une statistique est sortie plus tôt cette semaine et met en lumière les gardiens avec les plus faibles taux de sauvetage… Raya trône à la triste première place…

Des latéraux stériles

On pourra toujours se demander s’il était judicieux de laisser partir en prêt Kieran Tierney l’été dernier. À la Real Sociedad, il cumule déjà plus de minutes que Tomiyasu (662 vs 628) et s’y épanouit. Il a trouvé sa place dans une défense solide qui n’a concédé que deux buts lors des cinq dernières rencontres de Liga. D’ailleurs, Tierney a récemment déclaré qu’il ne comptait pas raccourcir son prêt pour venir au secours des Gunners (à raison).

Le Japonais, aussi bon et polyvalent soit-il, est trop fragile. En 2023, ses blessures au genou et au mollet l’ont tenu éloigné des terrains 134 jours. Tomiyasu est, certes, beaucoup plus solide défensivement que Zinchenko, mais il est trop souvent absent.

L’Ukrainien, tellement impressionnant l’année dernière avec ce rôle hybride d’«inverted full back» a perdu de sa superbe. Il est toujours très utile en rentrant dans le cœur du jeu et en se projetant, mais face à des équipes de gros calibres, comme Liverpool, c’est beaucoup plus compliqué. Il y a quelques semaines, Mo Salah s’était facilement joué de lui pour égaliser.

La dernière solution sur le flanc gauche reste donc Jakub Kiwior, mais là encore le résultat est loin d’être satisfaisant. Son match contre Fulham a été un cauchemar, à tel point qu’il a été remplacé à la pause. Le Polonais aurait dû être tout doucement intégré en défense centrale, profitant de fins de matchs où le score était scellé. Au lieu de ça, Arteta joue au pompier en jonglant avec les absences de ses latéraux titulaires.

Pour Ben White, c’est un constat un peu similaire à Zinchenko. Son replacement sur le flanc droit la saison dernière avait été brillantissime, ses combinaisons avec Saka faisaient des ravages. Mais à l’image de notre efficacité offensive, la flamme s’est éteinte. Même en défense, ses performances déçoivent. De plus, à la suite de l’hémorragie sur le côté gauche, Arteta n’a aucun joueur sous la main pour venir challenger l’ancien de Brighton, à part peut-être Cedric Soares. Ça promet.

Le cas Havertz

Cette fois-ci, on ne pourra pas dire que les supporters manquent de patience. Kai Havertz a été titulaire treize fois et est entré six fois en cours de jeu, cumulant 1175 minutes pour quatre buts, une passe décisive et cinq cartons jaunes. C’est un rendement trop léger pour un joueur qui a couté au club 75 millions d’euros. Malgré ces piètres performances, les fans continuent à être derrière lui jour après jour.

Granit Xhaka, son prédécesseur au poste de numéro huit côté gauche, a aussi vécu des moments difficiles à Arsenal. Mais les performances du Suisse l’année dernière avaient mis la barre très haut pour son remplaçant. Il semblait pourtant qu’Havertz ait enfin trouvé son rythme de croisière avec des buts contre Brentford, Luton et Brighton mais l’Allemand a calé. Sa performance contre Fulham était fantomatique. Arteta continue à y croire, mais il semble bien seul.

Une attaque trop prévisible

Arsenal a marqué quatre buts sur ses cinq derniers matchs, Bukayo Saka est le meilleur marqueur du club en Premier League avec six réalisations (le même total que le souvent moqué Richarlison) et notre numéro neuf a récemment déclaré à la presse que marquer des buts n’était pas son point fort… C’est un triste constat. Après le « football chaos » pratiqué la saison dernière, le coach a souhaité faire évoluer ses joueurs en un bloc plus dominant, qui suffoquerait ses adversaires. Pour cela, les Gunners ont ralenti leurs transitions et toujours privilégié le jeu sur les côtés. Sur le terrain, les joueurs ont reculé.

Saka et Martinelli reçoivent généralement le ballon plus près de la ligne médiane que de la surface de réparation adverse, il leur reste ensuite plus de distance à parcourir avant de pouvoir provoquer et créer du danger. Notre « star boy » doit aussi travailler son pied droit, cela lui apporterait une profondeur de jeu non négligeable, ses enroulés du gauche surprennent trop rarement l’opposant. Martinelli vit aussi une première partie de saison compliqué dont le highlight reste le but victorieux contre Manchester City. Les défenses adverses semblent connaitre par coeur la partition de nos ailiers et répètent les prises à deux. Quand bien même Saka ou Martinelli arrivent à se débarrasser du marquage, la finition n’est pas au rendez-vous. Pourquoi ne pas les voir alterner d’aile de temps à autre, afin de bénéficier de l’effet de surprise et de gagner en explosivité?

Que dire de Gabriel Jesus ? Accueilli comme le messie à son arrivée à l’été 2022, il n’a jamais vraiment endossé le costume d’homme providentiel. Cette saison, il a déjà loupé dix matchs suite à des blessures. Alors oui, en ligue des Champions, il est au rendez-vous (quatre buts inscrits), mais notre groupe était loin d’être celui de Newcastle. En Premier League, il a marqué quatre buts en quinze matchs (une unité derrière Willian), c’est bien trop peu pour un prétendant au titre. Pendant longtemps, notre charnière centrale a été l’arbre qui cache la forêt, cette fin d’année aura dévoilé les faiblesses de notre attaque.

Les temps sont durs pour les joueurs de l’académie

Depuis Bukayo Saka, les Baby Gunners qui arrivent à percer en équipe première se font rares. Smith Rowe semblait faire partie du lot il y a quelques années, mais des blessures ont freiné son ascension. Il peine à revenir au plus haut niveau et les opportunités données par son coach se font rares. Ses apparitions se comptent sur les doigts de la main avec 116 minutes de jouées cette saison en Premier League. Reiss Nelson a crevé l’écran la saison dernière avec son but contre Bournemouth, depuis il va et il vient sans concrétiser. Ses trois titularisations ne lui ont pas permis de démontrer qu’il méritait plus.

Ethan Nwaneri a bien été lancé dans le grand bain en septembre 2022 contre Brentford mais depuis, c’est le silence radio. Les candidats à la promotion sont nombreux, l’entraineur basque semble vouloir attendre le moment opportun pour lancer ces potentielles pépites. Ils sont cinq à avoir gouté aux voyages européens de milieu de semaine et devront s’armer de patience et ne rien lâcher.

The A team

Si malgré des récents résultats décevants, Arsenal joue toujours les premiers rôles, c’est en grande partie grâce au trio Saliba – Gabriel – Rice. Cette charnière a joué 92% des minutes qui lui étaient disponibles, toujours avec un calme et une sérénité réconfortante. Au-delà de la solidité défensive, elle est aussi impliquée sur sept buts, notamment grâce à l’intelligence de jeu du milieu anglais. Dans ce secteur aussi, le manque de rotation se fait sentir et les jambes commencent à être lourdes.

Martin Ødegaard vient compléter cette épine dorsale, ayant joué plusieurs matchs avec une gêne à la hanche, il a loupé trois rencontres au mois de novembre. Il est depuis auteur de prestations honorables et on espère le revoir au meilleur de sa forme très vite. Ces joueurs devraient être titulaires face au Reds dimanche.

Cette revue d’effectif peut sembler dure pour certains, Arsenal étant bien placé dans le top quatre. Néanmoins, si le club veut continuer sur sa trajectoire et faire à minima aussi bien que la saison passée, Arteta et ses assistants vont devoir prendre des décisions fortes et redoubler de créativité. Le mercato d’hiver est toujours un évènement particulier où les bonnes affaires sont rares.

#AFC

Jonathan


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