Votre panier est actuellement vide !
Mon football avec mes mots. Par Gabriel Martinelli
The Athletic a rencontré Gabriel Martinelli dans sa maison à Londres et ont abordé, autour d’un long entretien, sa vision du jeu, son évolution depuis son arrivée à Londres ainsi que les difficultés du football de haut niveau. La rédaction d’AFC vous propose aujourd’hui une traduction des passages les plus importants de cet entretien.
La jeunesse d’Arsenal
Gabriel Martinelli est assis sur le canapé de sa maison du nord de Londres et commence à sourire. La conversation se dirige vers le noyau de jeunes footballeurs qui émergent ensemble sous la direction de Mikel Arteta à Arsenal. La plupart des observateurs ont reconnu à la fois des progrès et un sentiment croissant d’unité au sein de l’équipe d’Arsenal. Huit des joueurs titulaires étaient âgés de 24 ans ou moins et une bande de joueurs révoltés, dont Ben White, Bukayo Saka et Emile Smith-Rowe, conquiert désormais le cœur des supporters d’Arsenal. Martinelli, qui n’a que 20 ans, fait de plus en plus partie intégrante du processus d’Arteta.
Après quelques blessures qui ont ralenti son développement, il semble avoir retrouvé son meilleur niveau sous les couleurs d’Arsenal. Martinelli voit un groupe de jeunes joueurs capables de redonner au club ses anciennes heures de gloires. « Nous sommes si jeunes« , dit Martinelli. « Le joueur le plus âgé du match contre City était Laca mais beaucoup de joueurs ont 22, 23, 24 ans. Nous avons le temps de nous améliorer et nous allons le faire. Nous serons l’une des meilleures équipes du monde, c’est sûr et certain. »
Ses débuts fracassants en Angleterre
Martinelli est arrivé à Arsenal à l’âge de 18 ans en juillet 2019 et sa première saison a été remarquable. Il est devenu le premier adolescent du club à atteindre la barre des deux chiffres dans le classement des buteurs lors d’une saison depuis Nicolas Anelka lors de l’exercice 1998-1999. Si les supporters d’Arsenal ont rapidement adopté Martinelli, des managers adverses l’ont également adoubé.
Après avoir marqué deux buts pour Arsenal lors du match nul 5-5 contre Liverpool en Carabao Cup en 2019, Jurgen Klopp a décrit le Brésilien comme le « talent du siècle« . Après le succès en demi-finale contre Arsenal cette saison, Klopp a doublé ses éloges. Il a déclaré : « Martinelli, d’ailleurs, tout le monde devrait se souvenir de ce nom. Un joueur exceptionnel« . Klopp a ensuite ajouté : « Le petit Martinelli, nous parlerons de ce joueur à l’avenir – je vous le promets. Sans blessures majeures, Martinelli aura une belle carrière.«
Sa jeunesse et son amour du Brésil
Martinelli a grandi dans la ville brésilienne tentaculaire de São Paulo. Élevé par sa mère, Elizabete, et son père, Joao, Martinelli a commencé à jouer au Corinthians, où il pratiquait le futsal. « C’est ce que j’ai fait jusqu’à l’âge de 11 ans, à cinq contre cinq« , raconte-t-il. Il est ensuite passé au football à 11 au Corinthians, jusqu’à ce que son père, un outilleur, déménage avec sa famille à Itu, une petite municipalité de l’État de São Paulo. Martinelli explique : « C’était dur pour moi parce que Corinthians était vraiment ma vie et, comme nous avons déménagé, j’ai aussi laissé derrière moi mes amis d’école. J’ai beaucoup pleuré quand on m’a dit que je devais déménager. Mais au final tout c’est bien passé«
Son Brésil se trouve peut-être à 10 000 km de chez lui, mais sa fierté et sa passion pour son pays sont bien présentes. Sur un mur de son salon à Londres est accrochée une toile de Martinelli célébrant la médaille d’or du Brésil aux Jeux olympiques de 2020 à Tokyo. Il faisait partie de l’équipe et a marqué un penalty lors de la victoire aux tirs au but en demi-finale contre le Mexique.
Ce run solitaire face à Chelsea
« Au futsal, explique-t-il, tu dois te déplacer rapidement et dribbler dans des zones étroites. C’est plus facile ensuite lorsque tu es sur un grand terrain, car tu as plus d’espace à exploiter et si tu es rapide, tu peux contourner les défenseurs. Une fois que je suis en train de courir, c’est du pur instinct. Le futsal m’a aidé à jouer dans ces petits espaces. Il vous aide à trouver des solutions.«
En janvier 2020, Arsenal était mené face à Chelsea à Stamford Bridge et ils avaient été réduits à 10. Puis Arsenal a défendu avec succès un corner. Martinelli parcourt 67 mètres en l’espace de 13 secondes, laissant Emerson Palmieri dans son sillage et N’Golo Kante visage au sol, avant de terminer froidement. Combien de fois as-tu regardé celui-là, Gabby ? « Je n’en ai aucune idée… mais je pense un million de fois !«
Martinelli a-t-il eu une quelconque hésitation lorsque l’incroyable Français s’est dressé devant lui ? « Non« , insiste-t-il. « Je ne pense pas comme ça contre n’importe quel adversaire. Je crois en moi. » Kante trébuche, Martinelli est loin et se rapproche du but. Est-il tenté de donner le but à Nicolas Pepe, qui a débordé sur la droite ? « Non ! » répond Martinelli.
Il poursuit : « Quand je suis en train de courir vers le but, c’est la partie la plus facile. Vous faites tout pour avoir cette chance, alors quand vous êtes devant le gardien, vous devez juste être calme. Je m’entraîne à ce genre de finition depuis que je suis enfant. J’ai eu de très bons entraîneurs aux Corinthians et à Ituano. L’un d’entre eux était Ze Sergio, qui a joué pour Sao Paulo et le Brésil, et qui jouait de la même manière que moi. Il m’a toujours dit : « Dribble, finis bien et sois toujours toi-même« .
La transition Brésil/Angleterre
Lorsque j’ai signé pour la première fois à Arsenal, Unai Emery était le manager. « J’avais signé pour jouer avec les moins de 23 ans et pour m’entraîner avec l’équipe première. Puis j’ai fait la pré-saison et je n’ai plus jamais joué pour l’équipe des moins de 23 ans après ça. Je savais que le jeu était complètement différent en Angleterre. Ici, vous devez être plus rapide, lire le jeu plus vite et vous n’avez pas de temps à perdre. C’était un peu un choc. Je me souviens qu’en pré-saison, les joueurs étaient tout de suite sur vous. C’était un peu « Woah ! ». Mais on s’y habitue, on s’améliore et on se prépare. L’entraîneur et les joueurs m’ont fait sentir que je faisais partie de la famille« .
Cela ne veut pas dire que la transition a été facile. Comment pourrait-elle l’être lorsqu’un adolescent est déraciné du Brésil vers l’une des destinations touristiques les plus populaires d’Europe ? « C’était un grand pas. La langue a été un grand défi, car je ne connaissais pas un seul mot, à part ‘bonjour’ et ‘merci’. J’ai eu des cours, mais c’est quand je me suis blessé que j’ai le plus appris, car j’étais avec le kiné tout le temps et je n’ai parlé qu’en anglais pendant six mois. »
Un futur numéro 9 ?
Certains supporters d’Arsenal se demandent si Martinelli, qui a surtout joué sur les côtés sous les ordres d’Arteta, n’aurait pas un avenir en tant qu’avant-centre dynamique. Il déclare : « J’ai joué sur les ailes en grandissant, mais je peux jouer au milieu aussi, ou sur les côtés. J’ai beaucoup appris d’Auba et de Laca. Ils ont été incroyables avec moi. Ils ont enseigné à des joueurs comme moi et Emile (Smith-Rowe) d’une manière humble parce qu’il y a dix ans, ils étaient à la même place que nous, et ils ont toujours été tous les deux si gentils avec moi.«
Des débuts pas si faciles
Si les débuts de Martinelli en 2019-2020 pour Arsenal ont pu battre des records, ils n’ont pas été sans difficultés. Il a travaillé sous les ordres de deux entraîneurs principaux, Emery et Arteta, mais c’est l’entraîneur intérimaire de l’époque, Freddie Ljungberg, qui a donné à Martinelli sa première titularisation en Premier League contre West Ham, où l’attaquant a marqué lors d’une victoire 3 buts à 1. Lorsque la saison de Premier League a été suspendue en raison de la pandémie, Martinelli s’est déchiré le cartilage du genou gauche à l’entraînement et n’est pas apparu avec Arsenal entre le 2 mars 2020 et le 8 décembre de la même année.
« J’essaie toujours d’être positif, mais c’était une période vraiment difficile. Mes parents sont toujours avec moi, ils me disent de bonnes choses, ils me disent que je dois croire en moi et laisser passer toutes les mauvaises choses. Puis le lendemain, on travaille dur et cinq mois et demi après ma blessure, j’étais de retour sur les terrains. J’ai fait ma rééducation en Angleterre et j’ai eu un peu de temps de récupération au Brésil. »
C’était frustrant de ne pas pouvoir aider mes coéquipiers. Mais ces mauvais moments sont maintenant passés. Mikel est un homme très gentil et une personne adorable. En tant que manager, il est incroyable. Il essaie toujours d’aider tout le monde. Quand j’étais blessé, il m’appelait et me demandait comment j’allais. C’est un très bon manager, mais pas seulement, c’est aussi une très bonne personne.«
Ses relations avec les autres joueurs…
« Nous sommes une famille. On ne se contente pas d’aller au travail et de jouer au football. C’est plus que cela pour nous. Nous devenons tous plus forts ensemble, sur le terrain et en dehors. Nous essayons de faire des repas ensemble. À Dubaï, pendant le camp d’entraînement de mi-saison, nous avons fait un barbecue avec tout le personnel et toute l’équipe, ce qui était génial. Tous les joueurs sont formidables pour moi.
J’aime Emile et Saka ; leur façon de jouer, ils sont si intelligents, ils lisent le jeu si rapidement. Honnêtement, j’adore jouer avec eux. Ben et Aaron sont des mecs très gentils et ils essaient de parler à tout le monde. Ramsdale est incroyable avec le ballon, il peut le mettre où il veut. Et Ben – il est tellement sûr de lui, il peut dribbler, il peut jouer des longs ballons, il peut faire ce qu’il veut avec le ballon. Ils sont tous les deux si précieux pour nous.«
…Et particulièrement avec Martin Odegaard
Martinelli estime également que sa relation avec Odegaard s’améliore à chaque match et à chaque séance d’entraînement. Nous observons deux séquences ; une où il reçoit un centre d’Odegaard pour marquer à Crystal Palace, à la fin de la saison dernière, et une autre où il retourne le compliment à Odegaard pour marquer lors de la défaite 3-2 contre Manchester United à Old Trafford en décembre.
Arsenal est à égalité avec Crystal Palace alors que le match entre dans le temps additionnel. Odegaard récupère le ballon sur le côté droit et Martinelli, avec son bras levé, demande le ballon… De manière impressionnante, Odegaard repère la course et cette image montre Martinelli en train de s’élancer, prêt à bondir dans la zone derrière les défenseurs de Palace qui restent figés sur place. Martinelli sourit : « Je pense toujours que le ballon va arriver et que je peux marquer. Dans ce cas, il n’y a que moi et Martin qui pouvons voir que cela peut arriver. » Odegaard enroule un centre délicat dans la trajectoire du Brésilien et l’attaquant soigne sa finition. Arsenal remporte le match 3-1. « Jouer avec Martin est facile« , ajoute Martinelli. « Il est comme ça tous les jours à l’entraînement« .
La conscience qu’a Martinelli du timing et du positionnement d’Odegaard a été mise en évidence lors du match de cette saison à Old Trafford. Martinelli reçoit le ballon sur le flanc droit et le transmet instantanément à Odegaard dans les 18 mètres. Le Norvégien s’est faufilé dans une zone derrière le milieu de terrain de Manchester United, Fred. Martinelli déclare : « Martin est un joueur incroyable. Je voulais qu’il revienne après son prêt au club et nous étions tous très heureux quand il a signé. Pour ce but, je sais que Martin est toujours là dans cette position à l’entraînement. Il dit toujours : ‘Quand tu vas sur le côté, je serai au centre dans la surface’. »
Sur sa capacité à presser et à récupérer la balle
Lorsqu’on le compare à ces joueurs en Premier League cette saison, Martinelli a le taux de réussite le plus élevé d’interceptions (en moyenne 0,96 par match), ce qui confirme son mélange de soie et d’acier. Martinelli se classe également deuxième parmi les 11 joueurs pour la réussite de ses tacles et de ses récupérations de balle dans le dernier tiers adverse, tandis qu’il se classe troisième pour la réussite de ses duels.
Ce qui l’a le plus impressionné
City est « à 100 % l’équipe la plus difficile à jouer. Il faut être prêt à courir pendant 96 minutes contre eux. Ils sont tellement bons, mais vous savez que vous devez le faire pour vous et pour l’équipe. C’est fatigant physiquement et psychologiquement. Vous êtes épuisé, mais ensuite vous devez récupérer le ballon et prendre de bonnes décisions lorsque vous attaquez. Si vous êtes en train de perdre, ils gardent le ballon entre eux pendant cinq minutes si vous ne mettez pas la pression sur le ballon. Ils gardent le ballon si facilement. »
Et l’adversaire individuel le plus difficile ? Il donne un nom surprenant. « En vrai, le gars de Nottingham Forest, Djed Spence, contre qui j’ai joué en FA Cup. Il est très fort, bon avec le ballon, calme et rapide. J’ai été surpris ; c’est un très bon joueur« .
La profondeur dans la peau
Martinelli évolue dans des positions écartées et ses buts témoignent d’un modèle spécifique dans leurs mouvements et leur exécution. Les mouvements intelligents de Martinelli ont été une caractéristique de ses buts cette saison.
Nous avons identifié trois buts – marqués contre Newcastle, West Ham et Leeds – dans lesquels Martinelli, attaquant sur les côtés, trouve un espace entre le défenseur latéral et le défenseur central pour s’infiltrer dans le dos et marquer un but. Lorsque Arsenal a joué contre Newcastle en novembre, Martinelli est entré en jeu à la 64e minute et, en deux minutes, il a marqué le but du break.
Ses mouvements sont astucieux. Lorsque Ben White est en possession du ballon, Martinelli cherche à créer des espaces pour Tomiyasu sur le flanc droit, tout en inquiétant la défense de Newcastle en s’engouffrant dans un espace entre les deux défenseurs gauches.
Lorsque Tomiyasu a le ballon, le défenseur japonais est capable de faire une passe précise au-dessus de la défense, où Martinelli fonce sur le ballon et place une volée dans le but. Il explique : « Le coach veut que nous fassions cela (courir) et c’est facile car c’est plus compliqué pour le défenseur latéral ou central de vous marquer. Je mets mon corps devant le but, et c’est beaucoup plus facile de marquer »
En décembre, Martinelli a réussi à marquer des buts grâce à des mouvements similaires. Lorsque Arsenal jouait contre West Ham, la course du Brésilien a déstabilisé Vladimir Coufal et Craig Dawson, sur le côté droit de la défense de West Ham. Il a couru à travers la défense pour marquer en suivant.
Cette fois, le créateur est l’avant-centre d’Arsenal, Lacazette. Nous demandons à Martinelli s’il s’agit d’un stratagème intentionnel pour Lacazette de descendre sa position, comme s’il était un numéro 10, et de faire courir des joueurs écartés comme lui et Saka entre les défenseurs. Le Brésilien explique : « Arteta veut que le numéro 9 descende au milieu de terrain, qu’il soit presque comme un numéro 10, ce qui signifie que Bukayo et moi pouvons courir derrière« . Il acquiesce de la tête quand on lui demande s’il pense qu’il serait capable de remplir ce même rôle central si son manager le lui demandait.
Trois jours après ce but contre West Ham, Martinelli a frappé deux fois à Leeds : « Sur l’action de ce but contre Leeds, j’étais censé revenir derrière pour défendre au début de l’action au lieu de rester devant. Au final, j’ai marqué le but. Le lendemain, lors de la réunion, Albert Stuivenberg (l’assistant d’Arteta) a dit : « Tu as marqué un beau but, mais tu étais censé marquer l’arrière latéral ». J’ai répondu : « Non, désolé !« .
Après 45 minutes de conversation, il est temps de mettre fin aux séances vidéos. L’ambition de Martinelli pour Arsenal est claire. Il pense qu’ils deviendront, selon ses mots, l’une des meilleures équipes du monde. Quant à son ambition personnelle, l’espoir d’une place en Coupe du monde demeure. « Cela signifierait beaucoup. Je n’en suis pas encore là. Je veux jouer et me battre pour ma place. Je ferai tout ce que je dois faire. Ce serait un honneur d’y être. »
#Corentin #AFC
Crédits photos: The Athletic, Icon Sport
par
Étiquettes :