Ozil et le début de la rédemption, par Amy Lawrence

Dans la revue “The Athletic”, la journaliste britannique Amy Lawrence revient sur le match d’Ozil réalisé à Anfield et sur l’importance qu’il doit avoir cette saison à Arsenal. Traduction.

Mesut Ozil souleva la capuche sur son manteau pour se protéger du froid et s’assit par terre avec Sead Kolasinac près de la tribune des visiteurs à Anfield. Les supporters de Liverpool demandèrent alors aux joueurs devant eux de s’asseoir afin qu’ils puissent voir la surface de laquelle les penaltys allaient être tirés, face au Kop, ils acceptèrent.

Les premiers sursauts de joie qui accompagnaient chaque pénalty réussi par Arsenal ont soudain changé de visage lorsque la frappe de Dani Ceballos fut repoussée. La tête de Ozil s’est abaissée. Ce fut pour lui une soirée pour retrouver le football, son intensité, loin de l’isolement des terrains d’entraînement.

Il ne restait alors que des applaudissements à réaliser pour les supporters ayant fait le déplacement, avant de se retirer de la pelouse et d’aller dans le tunnel du stade menant aux vestiaires. Le match était terminé. Ce sentiment (finir un match) n’avait pas été ressenti par Ozil depuis un bout de temps. Mais, qu’elles que soient les justifications d’Unai Emery justifiant son retrait des terrains depuis de nombreuses semaines, Ozil leur a répondues à chaque fois qu’il a touché le ballon avec son pied gauche. Il réalisé des touches de balles, des passes spectaculaires, dont lui seul connaît a le secret.

Regardez la passe décisive pour Ainsley Maitland-Niles et son but. Comment est-ce possible ? Nous avons tous pensé à deux choses lorsque nous avons vu cette remise magnifique. Comment est-il possible de réaliser cette passe aussi facilement alors que le stade entier pense que la balle va sortir ? Comment est-il possible qu’un joueur avec une telle aisance technique n’ait joué que 207 minutes en deux mois et demi ?

Il y a évident que cette question est plus complexe que ce que l’on pourrait penser. Mais pour les supportes présents à Anfield, cette passe démontre bien tous les rouages et toutes les difficultés de la relation entre Ozil et Emery. “Nous avons Ozil, Mezut Ozil, je pense juste que vous ne comprenez pas…”. Ce chant retentit, bruyamment, comme s’il venait de milliers de personnes. De nombreuses décisions d’Emery sont confuses mais pourquoi a-t-il été si difficile pour lui de comprendre l’importance d’Ozil quand le niveau de création d’Arsenal a été aussi faible ?

En réalité, Ozil n’a mis un pied sur le terrain que lors de trois matchs du club, en quinze matchs joués par arsenal cette saison. La plupart du temps, il a été retiré du groupe. Au debut, il a été mis de côté parce que lui et sa femme avaient été agressés, puis il est revenu blessé. Mais depuis, c’est bien la décision d’Emery.

Le culte d’Ozil n’a cessé d’augmenté ces dernières semaines alors qu’il a été mis de côté pour six matchs consécutifs. Son chant est devenu une musique de protestation contre Emery dont l’équipe a du mal à se créer des opportunités pour Aubameyang, Lacazette et Nicolas Pepe. Ces trois joueurs devraient être heureux de voir Ozil de retour.

Les premiers signes de rédemption, si on doit l’appeler ainsi, ont été vus lors de la soirée mémorable d’Anfield. Et il y a un point encore plus significatif que celui-ci : toujours au coeur des complications de Granit Xhaka, le retour d’un Ozil en froid avec son entraîneur est bien vu.

La masterclass d’Ozil doit avoir été plus facile face à une équipe de Liverpool très jeune. Mais même avec ça, la façon avec laquelle il a profité du peu d’espace laissé par les joueurs de Liverpool, la façon qu’il a de passer le ballon, de créer, et surtout l’appétit qu’il a démontré est une manière d’envoyer un message important. Il aurait pu avoir laissé tomber son équipe et son entraîneur et profiter de son énorme salaire quelque part ailleurs, mais la qualité de sa performance et son influence ont bien montré à quel point il pouvait être impliqué et rehaussé le niveau si faible de l’équipe cette saison.

Ne nous leurrons pas, Emery et Ozil ne sont pas prêts à devenir amis. Mais, ils oeuvrent tous les deux à trouver une solution pour le bien de l’équipe parce que ne pas faire jouer Ozil n’est pas bon pour l’équipe.

Après le match, Emery n’avait pas hésité à parler de la performance d’Ozil, et avait expliqué qu’il serait titulaire lors du match suivant (contre Wolves, 1-1). L’espagnol n’est pas du genre à s’étaler sur un joueur et a insisté sur son “état d’esprit lorsqu’il a décrit la performance du joueur allemand.

“Il est temps de penser au match contre Wolverhampton maintenant”, Ozil a tweeté, avec des emojis d’amour pour le football peu après le match à Anfield fini de manière spectaculaire. Le réseau social a été le théâtre de discussions pour comprendre l’inexplicable partie de poker entre Ozil et son entraîneur. Les enjeux de la saison sont élevés, ils le savent tous les deux.

A certains moments de sa mise à l’écart, il était raisonnable de se demander si un tel joueur avec un salaire si conséquent (350 000 par semaine) allait se contenter d’une place sur le banc. Comme il l’a confié à The Athletic plutôt dans le mois “J’ai un contrat ici, jusqu’en 2021, et je resterai jusqu’à la fin. On peut traverser des périodes difficiles, comme celle-co, mais ce n’est pas une raison pour fuir”

La vie dans le monde curieux d’Ozil est fascinante pour nous. Mais pour les gens qui aiment le football, expliquer sa situation est devenu assez déroutant. A Anfield, son retour sur la pelouse, Ozil a rappelé que le football est simple.

C’est tellement une habitude pour lui dans un match de dix buts, avec neuf tirs au buts par la suite, et des tirs qui n’ont pas donné de buts, de marquer le match de son empreinte avec une telle passe.

Il vaut la peine de revoir cette remise pour tout ce qu’elle symbolise sur le rôle d’Ozil à Arsenal. Le ballon avait l’air d’être anodin, sans danger pour liverpool, s’approchant dangereusement de la la sortie. Ozil a alors trouvé Maitland-Niles, lui offrant un caviar pour marcher. C’était sa 70ème passe décisive avec Arsenal. Vingt-huit de plus que n’importe quel joueur depuis qu’il a rejoint le club.

Cela vient s’ajouter a d’autres ouvertures superbes pour marquer d’autres bus. L’importance de sa passe, sa manière de se retourner, était parfaite pour que Saka se rue sur la balle et offre à Martinelli un nouveau but. D’un point de vue “arsenalien”, cette passe ne pouvait être faite que par Ozil. Arsenal n’a pas d’autre joueur capable d’orchestrer de telles actions.

Ozil sera encore utile pour Arsenal, au grand péril d’Emery.

 

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