Thierry Henry

P-S : From Thierry, with love

Il y a 10 ans jour pour jour, Thierry Henry inscrivait le dernier but de sa carrière sous nos couleurs. Mettant par là même un point final à l’inattendu et magnifique post-scriptum d’une correspondance que l’on pensait déjà achevée depuis longtemps.

À l’enthousiasme avait tout de suite succédé la crainte. Vive le roi ! Il est de retour sur ses terres. Mais… Ne risque-t-il pas d’entacher sa légende ? Près de 5 ans après son départ, il revient, certes. Mais usé. Repu de titres et de gloire. Les fans sont ivres de plaisir. Les observateurs extérieurs, eux, sont plus timorés quant à la venue pour quelques semaines d’un Thierry Henry qui n’est plus celui qu’il était.
Mais les faits prouveront qu’il fallait être homme de bien peu de foi pour voir en cette brève parenthèse enchantée un potentiel désastre. Le King revient, voit, vainc et clôture définitivement son aventure sous le maillot des Gunners de la plus belle des façons possibles.

Rien que le plaisir des retrouvailles

Le 6 janvier 2012, soit un mois après l’inauguration de sa statue devant l’Emirates Stadium, la nouvelle tombe. Thierry Henry, meilleur buteur de l’histoire du club, revient à Arsenal sous forme de prêt le temps que ses New-York Red Bulls retrouvent le chemin des terrains de MLS. Ce comeback inattendu est perçu par les supporters comme le plus fou et le plus beau des cadeaux. Les Gooners de longue date savourent avec plaisir et nostalgie le fait de voir le plus illustre des leurs rentrer à la maison. Les plus jeunes entendent profiter de cette occasion inespérée de voir le monstre sacré taper dans le ballon. Plus tard, ils pourront dire : « J’ai vu jouer Thierry Henry ».
Les supporters n’attendent rien, si ce n’est de pouvoir communier avec leur légende. Personne n’exige de lui qu’il soit le leader sur le terrain, qu’il soit celui qui montre la voie vers la victoire. On espère, on aimerait le voir marquer ! Un but serait un plus. Une cerise sur le gâteau. Mais on anticipe un éventuel mutisme de la part du joueur de 35 ans. Ses belles années sont derrière lui. Et qu’importent ses performances. Ne pas le voir scorer ne serait pas une désillusion. Il sera là, canon sur le cœur, et c’est tout ce qui compte.

Henry ? Ne pas marquer ? Sous le maillot d’Arsenal ? Come on.

Scénario hollywoodien

Le 9 janvier, trois jours après l’officialisation de son prêt, Henry voit son nom être couché sur la feuille de match. Le troisième tour de la Coupe d’Angleterre attend les Gunners, qui reçoivent Leeds pour l’occasion. L’attaquant, n°12 dans le dos, débute sur le banc. L’affiche n’est pas grandiose. Le match l’est encore moins. Mais le stade est plein et vrombit d’un plaisir teinté d’impatience. Tous les yeux sont tournés vers le revenant. Le moindre de ses gestes est prétexte à une ovation. Lorsqu’il se lève pour s’échauffer, le public n’y tient plus, rongé d’excitation. Le moment approche !
Dans les travées de l’Emirates et devant les télés du monde entier, on se prend à rêver. Le match est poussif, déplaisant. Il a tout d’un piège pour les Londoniens, tenus en échec 0-0. Et si… ?
L’instant fatidique survient à la 68e minute. Le King remplace Marouane Chamakh. Le stade est en ébullition. Et explose 10 minutes plus tard. L’appel dans la profondeur est parfait. La passe de Song l’est tout autant. Le stade retient son souffle. Personne n’ose encore y croire, mais tout le monde sait déjà. Contrôle, plat du pied droit, petit filet.

Jamais l’incrédulité n’aura côtoyé de si près l’évidence. Thierry Henry délivre les siens et inscrit le but de la victoire pour son retour. C’est aussi irréel que c’était inévitable. C’en est presque grotesque tant on dirait le scénario d’un blockbuster hollywoodien super-héroïque.

The end

Au soir du 9 janvier, la réussite de ce retour est déjà totale. Henry a été décisif et a offert aux supporters un moment unique comme jamais il ne s’en reproduira dans l’histoire du football. Mais le Frenchy ne s’en contente pas et poursuit sur sa lancée. Le 4 février, à l’occasion de la 24e journée de championnat, il inscrit le 7e et dernier but des Gunners lors de leur démonstration face à Blackburn. N’en déplaise à la FA qui finira par attribuer un CSC à Scott Dann. Il récidive une semaine plus tard pour le dernier match de Premier League de sa carrière, offrant la victoire à Arsenal face à Sunderland à la 91e minute (2-1).
Son ultime rencontre sous la vareuse rouge et blanc a lieu quelques jours plus tard, lors de la déroute enregistrée face au Milan en Ligue des Champions (défaite 4-0 le 15 février). Qu’importe cette sortie quelque peu perturbée. Pour 6 matchs disputés, l’attaquant comptabilise 3 buts selon les fans, 2 selon les autorités, et un moment gravé à jamais dans la mémoire de tous les amoureux de foot avec ce pion face à Leeds.

Le pari est pleinement réussi, Henry peut reprendre la direction des States avec le sentiment du devoir accompli. Il est parvenu à faire de son bref retour un joli post-scriptum concluant avec panache l’épître monumentale que fut son aventure à Arsenal.

#Clément #AFC


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