Prises à deux et blocs bas : les difficultés des Gunners en palette

Face à Brentford, les Gunners ont enchaîné un deuxième match consécutif sans victoire. Et les Bees ont eu une stratégie claire, en mettant à mal le jeu offensif d’Arsenal, forçant les hommes d’Arteta à multiplier les passes sur les ailes, sans pouvoir réellement déséquilibrer le bloc adverse lorsque celui-ci était replié devant sa surface. Ainsi, en l’espace d’une semaine, Arsenal s’est retrouvé deux fois pris au piège de son adversaire, sans réellement le mettre à mal. Voyons comment.

La prise à deux sur nos ailiers

Que ce soit face à Everton ou à Brentford, Arsenal s’est retrouvé confronté à un problème similaire : le manque d’espace dans l’axe. En effet, nos deux adversaires ont montré un bloc-équipe très resserré devant leur surface, limitant ainsi l’espace entre les joueurs d’une même ligne, et donc les possibilités de trouver un joueur dans ces (petits) intervalles. Et même dans le cas où un joueur serait trouvé, celui-ci ne disposerait que de très peu de temps et d’espace afin d’agir efficacement.

Réussir à créer du danger via l’axe relève ainsi pratiquement de l’exploit, que n’ont pas réussi à concrétiser Odegaard, Saka et Nketiah, n’ayant pas hésité lors de ces matchs à combiner entre eux via des redoublements de passes, des déviations ou des une-deux dans ces espaces étriqués. De même face à Brentford, les dézonages notamment de nos ailiers vers l’axe n’auront pas suffit à déséquilibrer la structure défensive mise en place par Thomas Frank (pour plus d’informations sur ces décrochages, découvrez l’article d’Ahmed Walid de The Athletic en parlant comme une solution face aux blocs bas de nos adversaires.)

Fermer l’axe n’est que logique dans le foot. Il est normal de vouloir protéger le centre du terrain où se trouve son but. Se faisant, on libère alors des espaces sur les ailes, moins dangereux et limités par la ligne de touche comme défenseur naturel.

Le bloc resserré d’Everton

Le bloc resserré Brentford

Il est une chose de vouloir appliquer une telle stratégie, mais il en est une autre de la mettre en application effective tout au long d’un match. Malheureusement pour Arsenal, les Toffees et les Bees ont réussi cela de fort belle manière.

Néanmoins, les ailes n’ont pas pour autant été négligées par nos opposants, loin de là. En plus de chercher à tout prix à bloquer d’éventuelles lignes de passe dans l’axe, l’idée de ces deux équipes était également de coulisser dans la largeur et venir ainsi soit presser (comme Everton), soit cadrer (comme Brentford) un éventuel porteur de balle sur le côté (en particulier nos ailiers).

Lors du match face à Everton, on a alors pu voir la mise en place d’une véritable prise à deux sur nos ailiers. C’est une tactique souvent utilisée au basket et dont le site de la World Association of Basketball coaches permet visuellement de comprendre le principe :

Nos ailiers (Martinelli ou Saka) trouvés, ceux-ci étaient alors pressés par l’ailier et le latéral adverse.

Martinelli sur son côté gauche, pressé par Coleman (latéral droit) et McNeil (ailier droit)

Saka sur son côté droit, pressé quant à lui par Mykolenko (latéral gauche) et Iwobi (ailier gauche)

Combiné à un manque de solutions dans l’axe, l’équipe a alors manqué de réel impact et de domination sur son adversaire pour lui faire mal et le déséquilibrer afin de le mettre en danger. Contre Brentford, un problème similaire, malgré une mise en place différente s’est retrouvé. De fait, nos ailiers (notamment Saka) furent cadrés par le latéral adverse et par le milieu central excentré des Bees.

Saka cadré par Henry (latéral gauche) et Jensen (milieu central gauche)

Martinelli cadré par Roerslev (latéral droit) et Janelt (milieu central droit)

Nos ailiers pris à deux, nos latéraux étaient ainsi lors de ces deux matchs relativement libres balle au pied. Ce fut d’autant plus le cas face à Brentford, jouant
sans ailiers et ne montrant donc aucun opposant structurel à White et Zinchenko.

Arsenal – Brentford. Schéma tactique sur le papier des deux équipes

Ceux-ci ont néanmoins été utilisés relativement différemment en phase offensive lors de ces deux matchs.
À Goodisson Park, Zinchenko et White avaient un rôle de soutien de nos ailiers, en proposant une solution de passe en retrait et ainsi être présent en protection en cas de perte de balle. Très peu de fois l’un des deux a dédoublé son ailier afin d’apporter de la profondeur et gêner la prise à deux adverse.

Un des rares débordements d’un latéral durant ce match. La passe d’Odegaard sera malheureusement trop longue

Ce samedi à l’Emirates, nos latéraux ont montré davantage de velléités offensives en dédoublant davantage sur l’aile (surtout White) pour ainsi gêner la prise à deux adverse, étirer dans la profondeur le bloc équipe, ouvrir des espaces et apporter du danger.

C’est notamment sur notre flanc droit qu’on a pu voir des permutations intéressantes entre Odegaard, Saka et White. Odegaard n’hésitait pas à se proposer en solution courte pour White côté droit, formant ainsi un triangle dans cet espace de jeu effectif avec Saka.

On voit donc apparaître ici l’évolution stratégique opérée par Mikel Arteta entre les matchs. Face à Everton, le manque d’apports de nos latéraux pour libérer de la
pression adverse à nos ailiers nous a été trop préjudiciable. Une adaptation a donc été proposée ce samedi, avec, selon moi, plus de courage montré en se permettant de laisser nos latéraux monter plus haut (tout en étant de toute façon couvert par l’ailier ou par le milieu central). Combiné à cela les décrochages de nos ailiers vers l’axe, on voit de nouveaux outils se mettre en place pour s’adapter au défi proposé par les adversaires.

Ce ne fut évidement pas parfait, preuve en est le résultat, mais cela montre un signe plutôt positif, d’un staff technique en ayant encore sous la pédale.

City, une approche différente

Pour la première fois de la saison, Arsenal enchaîne deux matchs sans victoire en championnat et permet à City de réduire son écart avant le choc ce mercredi. Outre le défi que proposera ce match, et dont on a pu avoir un aperçu en FA Cup récemment, Arteta et son staff doivent trouver une manière d’affronter les différents blocs bas qui se mettront sur leur route jusqu’à la fin de saison.

Thomas Frank, dans sa conférence de presse d’après-match, a notamment déclaré à propos d’Arsenal : “Il s’agit d’éliminer leurs menaces, donc bien sûr Martinelli et Saka, [donc] nous savions qu’il fallait doubler sur eux”.

Les équipes, s’analysant toutes, sont évidement au courant des forces et des faiblesses de chacune d’elles. Ce qui est cependant intéressant de noter dans cette déclaration, n’est pas l’évidence des menaces représentées par nos ailiers, mais le fait qu’un entraîneur admet qu’une mise en place tactique (la prise à deux) serait logique (et possiblement efficace) face à nous.

En sept jours, deux entraîneurs ont ainsi proposé une difficulté similaire à nos joueurs, ayant résulté en des résultats plutôt positifs pour nos adversaires. Il est évident que jouer ainsi ne peut comporter que des avantages pour l’opposant, mais tâche désormais à notre staff de faire face à cela et s’adapter, comme il a pu commencer à le faire face à Brentford. Car ce n’est ni la première, ni la dernière fois qu’Arsenal va devoir faire face à ce genre de défis tactiques.

Nicolas


Publié

dans

par