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Le radeau de la Mesut
A l’instar du célèbre naufrage de la frégate française La Méduse, Arsenal s’est aussi échoué après avoir pris l’eau depuis un bon moment. Les derniers survivants sont sur un radeau de fortune, les victoires en FA Cup et Community Shield n’ont fait que maintenir leurs têtes hors de l’eau. Certains résistent, d’autres veulent quitter définitivement le navire, mais pour l’instant tout ce beau monde est coincé sur cette embarcation de fortune sans capitaine capable de la manœuvrer. A défaut de tirer des conclusions hâtives après seulement 3 journées de championnat, le mal d’Arsenal semble bien plus profond et très inquiétant.
Rien n’a changé
Avant de revenir plus en détail sur ce début de championnat et ce mercato raté, revenons sur les promesses de fin de saison dernière. Car, oui, la culture de l’instant nous fait oublier que les maux qui secouent Arsenal ne datent pas de quelques semaines.
Ils ne semblent pas si loin les beaux discours de fin de saison sur les changements au club. Les choses devaient changer après une saison catastrophique. La bronca des supporters avait, semble-t-il, fait prendre conscience au board qui existaient au sein du club, ou au moins en apparence. Staffs, joueurs, politique de recrutement, étaient autant de sujets amenés à être modifiés, mais qui au final se sont fait éclipser par les victoires en FA Cup et lors du Community Shield.
Tout ne semble tenir que par illusion. En réalité, Arsenal a toujours les mêmes dirigeants passifs, le même coach qui semble être dépassé par la situation et Arsenal continue de reproduire les mêmes erreurs. De nouvelles têtes sont toutefois arrivées comme Darren Burgess (directeur de la haute performance) et Huss Fahmy (négociateur de contrat). Le reste n’a pas changé. Des membres du staff ancien, expérimentés certes, mais qui à l’image du coach semblent être restés dans le passé. Ivan Gazidis, loin d’être parfait, s’est démené pour imposer un directeur sportif, en vain. Il a tant bien que mal réussi à imposer de nouveaux membres dans le staff de Steve Rowley (chef du recrutement). A croire que le choix de la mascotte (un dinosaure) représente vraiment bien le Board et le staff du club. L’arrivée de Jens Lehmann était aussi de bonne augure pour le mental de l’équipe et l’expérience apportée, mais son arrivée est encore trop précoce pour que les effets se fassent ressentir. Côté Board, on sent une certaine fracture entre deux camps mais surtout une inaction totale pour intervenir et tenter de remettre le club dans le droit chemin. Stan Kroenke semble trop occupé à compter ses dividendes et à acheter un énième club de sport aux Etats-Unis pour intervenir à Arsenal. L’Américain souhaite plus que jamais qu’Arsenal soulève des trophées mais ne veut pas investir un centime de sa fortune personnelle.
La colonne vertébrale du club n’a donc pas changé. Les quelques changements et les victoires en coupes ne sont que les arbres qui cachent la forêt.
Paris risqués
En fin de saison dernière, Arsenal avait 12 joueurs en fin de contrat en juin 2018 ! Si quelques joueurs étaient sur le départ (Szczesny, Gibbs, Campbell, Jenkinson, Sanogo), la majorité étaient des joueurs clés de l’effectif, dont les deux stars : Alexis et Özil.
Aucun grand club ne pourrait laisser cette situation intervenir, et pourtant Arsenal l’a fait. Le pire étant qu’à ce jour, tous ces joueurs n’ont toujours pas renouvelé leurs contrats. Ce problème en dit long sur l’état du club en ce moment.
Le club a pris le pari de conserver Alexis et Ozil en espérant qu’ils prolongent pendant la saison et surtout pour ramener Arsenal en Ligue des Champions. Si le choix peut se comprendre vu l’apport offensif des deux joueurs, la volonté de départ d’Alexis risque de poser problème au cours de la saison. Le chilien est sous contrat et ne peut pas faire ce qu’il veut, certes, mais l’attitude du joueur au cours des derniers mois laisse présager une dégradation de son comportement dans le futur, et Wenger ne semble pas le sanctionner, de quoi déstabiliser un groupe déjà fragile. Ajoutez à cela, les volontés de départ de Mustafi et Bellerin et vous obtenez un groupe au bord de l’implosion. L’objectif de la Coupe du Monde 2018 pourrait cependant pousser les joueurs à donner le meilleur d’eux-mêmes pour y participer au sein de leurs sélections respectives.
Arsenal have no plans to replace AOC & no money for major signings, but only way Sanchez leaves is if #AFC get massive money & replacement
— David Ornstein (@bbcsport_david) 30 août 2017
L’autre grand pari pris par le club se situe au niveau du recrutement. On y reviendra plus loin, mais le club a en effet affiché publiquement le désormais célèbre “No Money” relayé par David Ornstein. Dans la vision des dirigeants, l’objectif est d’accumuler suffisamment de liquidités pour acheter en masse avec des salaires élevés lors des deux prochains mercatos. Quid d’une nouvelle saison ratée ? Quid d’une non-qualification en Ligue des Champions ? Quid des joueurs qui ne veulent plus venir à Arsenal ? Bref, beaucoup de questions autour de cette décision, qui relève plus du pari que de la stratégie sportive et financière.
Gestion douteuse
Nous allons revenir rapidement sur ce fameux match contre Liverpool du week-end dernier, qui a concentré à peu près tout les maux d’Arsenal. Peut-être le plus mauvais match que l’on ait pu voir sous l’ère Wenger avec le 8-2 face à Manchester United.
Tout d’abord sur la composition. Arsène Wenger s’attendait à souffrir et décide donc de la jouer un poil plus défensif que d’habitude tout en conservant les joueurs clés. Mais la boucherie a été totale. Comment imaginer gagner contre un Liverpool au top de sa forme avec une équipe où :
- Monreal joue défenseur central en lieu et place de Mustafi.
- Bellerin joue latéral gauche, lui qui est déjà en difficulté à droite.
- Titulariser Welbeck à la pointe de l’attaque alors que tu viens de lâcher 60M€ sur un attaquant.
- Titulariser Holding alors que Wenger l’affirmait quelques semaines avant : “je sais que quand je fais jouer un jeune, il va me coûter des points dans la saison, c’est une certitude.” Alors pourquoi ne pas le faire jouer contre Stoke mais le faire contre un Liverpool en feu offensivement.
- Ne pas réajuster l’équipe plus tôt dans le match alors que l’équipe était totalement larguée.
- Et enfin, titulariser Oxlade-Chamberlain dont le départ était déjà acté puisque le joueur avait refusé la prolongation de 180 000£/semaine.
Ensuite, il est bon de revenir sur l’incapacité du coach à renverser le cours du jeu. Dans un article récent du Guardian, Amy Lawrence écrivait : “Tout ce que fait Wenger dans une telle situation, c’est se pencher en avant dans son siège rembourré, frotter son visage et avoir l’air désemparé.” Comment lui donner tort ? Et ce n’est pas l’impassibilité de Steve Bould sur le banc de touche qui rassurera qui que ce soit. Le staff répète sans cesse les mêmes erreurs.
Enfin, à quel moment on titularise un joueur dont le départ est acté depuis 2 jours ? C’est là qu’on observe les défaillances de gestion d’Arsène Wenger. Est-il trop gentil ? Trop naïf pour croire que les joueurs jouent encore pour un club et non pour l’argent ? Peut-être, oui. Les déclarations de Wenger à propos d’Oxlade-Chamberlain dans les semaines précédents son départ sont assez révélatrices de son impuissance. Il a tenté par tout les moyens de le retenir à coup de punchlines flatteuses pour le joueur. Il a certainement souhaité montrer à Oxlade-Chamberlain qu’il comptait sur lui, qu’il ne voulait pas le perdre. Comme un père qui ne veut pas voir son fils partir vivre sa vie ailleurs. Alors que le temps était au changement, à la recherche de solution alternative, au recrutement.
Une politique de recrutement toujours aussi mauvaise
Arsène Wenger et la politique générale de recrutement garde une certaine continuité, essayant de ne pas céder aux prix fous réclamés sur le marché des transferts. Mais quand même, après plusieurs mercatos d’échecs, le club continue de faire les mêmes erreurs, se satisfaisant d’un effectif limité dont les cadres sont proches de la fin de carrière et dont certains ne veulent plus porter le maillot des Gunners.
Etat des arrivées et des départs à Arsenal
Source : https://www.transfermarkt.co.uk/
Le week-end dernier, Henry affirmait “Tout est confortable à Arsenal. Il n’y a aucune concurrence.” Et, comme souvent, l’ancien Gunner a raison. Le paternalisme jusqu’au-boutiste de Wenger à l’égard de ses joueurs semble se retourner contre lui. Déjà la saison dernière, une partie de l’équipe l’avait laissé tomber. Il faut dire que l’atmosphère pesante suscitée par les incertitudes sur l’avenir de Wenger n’ont pas arrangé les choses, mais Arsenal fait face à des enfants gâtés, Walcott en tête. Lui qui est surprotégé, surpayé et soutenu par le coach alors qu’il ne serait titulaire dans aucune équipe du Top 6. Il ne souffre d’aucune réelle concurrence à Arsenal, ou ne lui impose aucune pression. Ses seules bonnes phases lors des saisons précédentes correspondent aux moments où il demande des revalorisations salariales. Walcott est un exemple, mais le cas pourrait s’appliquer à d’autres joueurs , comme Hector Bellerin. Lui qui devra faire face aux terribles joueurs que sont Calum Chambers et Mathieu Debuchy pour assurer sa place à droite (ou à gauche ? on ne sait plus finalement).
L’arrivée précoce de Kolasinac à Arsenal, représente évidemment un des plus beaux coups du mercato anglais de cet été, même s’il est encore tôt pour juger. Mais sans le transfer ban infligé à l’Atletico Madrid, le club aurait-il signer Lacazette ? Certainement pas. Arsenal n’aurait vraisemblablement rien changé dans le secteur offensif sans ce concours de circonstances.
Au-delà de ça, Arsenal ne règle pas le problème essentiel de son effectif : l’absence d’un milieu défensif. C’est certainement le poste où les Gunners devaient recruter un joueur. Le fait de jouer à trois défenseurs renforce encore plus ce besoin crucial pour rééquilibrer l’équipe. Xhaka et Ramsey sont des numéros 8 et non des milieux défensifs. La récente déroute face à Liverpool et les huit buts encaissés en trois matchs de Premier League confirment ce besoin d’un milieu défensif. Pour couronner le tout en matière défensive, les joueurs disponibles sont rares. A droite, Bellerin est absolument seul, s’il venait à se blesser, Chambers pourrait le remplacer mais il n’a pas le niveau. En défense centrale, Mertesacker vit sa dernière année en tant que joueur, Gabriel a été inexplicablement vendu, Koscielny souffre de blessures à répétitions à sa cheville, Holding est encore en manque d’expérience et Mustafi veut quitter le club. Bref, Arsenal est loin d’être serein à l’arrière. A gauche les choses sont différentes puisque même si Gibbs a été vendu, l’arrivée de Kolasinac amène un joueur de qualité avec Monreal en pour le suppléer.
Les récentes révélations du journaliste David Ornstein sur les coulisses du mercato d’été d’Arsenal sont stupéfiantes. Chambers a été invité à partir, puis à rester. Lucas devait rester et Giroud partir mais finalement l’inverse s’est produit puisque le français n’a pas souhaité partir. Le transfert de Gibbs a duré une éternité alors que le joueur savait qu’il devait partir depuis des mois (années ?). Aucunes discussions depuis mars pour prolonger Özil, Bellerin veut rejoindre Barcelone, Oxlade-Chamberlain qui refuse un contrat démesuré pour son niveau. Bref, une cacophonie incroyable dont on ne connaît même pas l’intégralité.
Arsenal vit ses jours de mercatos comme Wenger vit ses matchs, les uns après les autres : “the next game”. Et ce n’est que le 31 août que le club s’inquiète de l’état de l’effectif. Pour rejoindre la première partie de l’article sur “Rien n’a changé”, on peut aussi y ajouter les récents propos d’Ivan Gazidis qui considère ce mercato comme un succès ! Déni total, bêtise, incompétence ou mensonge ? Sûrement un peu de tout. S’il ne faut sauver que quelques points de ce mercato, ce sont les suivants :
- Les arrivées de Kolasinac et Lacazette.
- Le fait que le club soit resté droit dans ses bottes sur sa décision de ne pas vendre Alexis.
Alors oui, des clubs comme Liverpool n’ont pas fait un meilleur mercato que nous, mais ils sont habitués depuis des années. Arsenal prend la même pente et c’est inquiétant.
Pour clore cet article, nous revenons sur ce terme de “No Money”. A la lecture de ses deux mots pour caractériser le fait qu’Arsenal n’a plus les moyens d’acheter un joueur important, beaucoup se sont sentis trahis, insultés. Et pourtant, beaucoup de zones d’ombres existent en matière financière à Arsenal et on sait à quel point les salaires limitent la capacité d’action du club sur le marché des transfert (merci Kroenke). Les quelques ventes n’ont pas forcément rapportées autant que prévu (clauses de revente perçues par d’autres clubs, droits d’image…) et tout le monde ignore combien ont touché Kolasinac et Lacazette à la signature, et ce n’est pas négligeable. Enfin, Arsenal a fait le pari de conserver des liquidités pour 2018 et de pouvoir offrir de gros salaires pour les renouvellements de contrat et les nouvelles arrivées. Les 100M€ posés en dernière minute sont révélateurs de deux choses : Arsenal aura les moyens de mettre sur la table de grosses sommes l’année prochaine, mais reste toujours aussi mauvais en anticipation et en négociation. Le club aurait mis 80M€ en juin, Lemar serait probablement à Arsenal.
Il n’y a plus qu’une chose à espérer, que tous ces paris soient payants et que l’année 2018 ne soit pas l’année du naufrage total.
#Ben (merci Albin)
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