Rencontre avec Arsène Wenger : les citations

Il y a quelques jours, l’un de nos membres a eu l’opportunité de rencontrer Arsène Wenger, le Professeur, The Boss, lors d’une conférence sur le thème “Dessine-moi le manager de demain” à Cholet pour laquelle il était invité par le Centre des jeunes dirigeants. 22 ans à la tête des Gunners, l’homme qui a permis à Arsenal de devenir le club que l’on connaît aujourd’hui. Un manager qui a inspiré toute une génération de supporters à travers le monde, et notamment en France, de par sa classe et ses valeurs. Si vous nous lisez aujourd’hui, vous faites sûrement partie de ces personnes qui ont découvert le football et aimé ce sport incroyable grâce à Arsène Wenger et la French Touch d’Arsenal dans les années 2000. Nombreux d’entre vous ont rêvé ou rêvent toujours de prendre ne serait-ce qu’une photo avec lui. Voici donc le récit à travers la retranscription de ces nombreuses citations d’un moment privilégié et inoubliable, même s’il était beaucoup trop bref et formel.

Sur son enfance : 

“Je voulais devenir paysan ou curé. […] Je priais la messe pendant les matchs de l’équipe de mon petit village… J’ai vite compris que ça ne fonctionnait pas”

Sur l’influence des entraîneurs : 

“Il y a 3 formes d’influence pour un entraîneur : le style de jeu, le développement de chaque joueur et le développement de la structure du club. Il faut d’abord former un club avant de former une équipe”

Sur les jeunes d’aujourd’hui dans le football : 

“Aujourd’hui les jeunes arrivent à 20 ans ils ont eu déjà eu 15 entraîneurs avant… Ils questionnent leur entraîneur, il y a moins de respect”

“En Angleterre, 66% des jeunes qui ont eu un contrat entre 16 et 18 ans ne jouent plus du tout au football”

Sur l’accompagnement des joueurs : 

“Est-ce qu’il y a un problème dans notre système ? Je le nie pas. Je pense que, pendant beaucoup plus longtemps, les jeunes devraient aller à l’école normale comme tous les autres et s’entraîner après l’école. Parce qu’on leur fait rêver trop tôt qu’il vont devenir professionnels alors qu’ils ne vont pas forcément l’être. Il y a un degré d’échec absolument incroyable. Ensuite il y a l’argent trop tôt. Il y a quelques années on payait les joueurs quand ils étaient en fin de carrière parce qu’ils avaient un nom. Après on a payé les joueurs en milieu de carrière. Après on a payé les joueurs en début de carrière. Et aujourd’hui on paie les joueurs qui ont peut-être une chance de faire une carrière. Alors tout ça, qu’est-ce que ça fait ? Ca tue l’indice de la faim. En tout cas ça ne l’augmente pas. Malheureusement c’est le système de compétition qui veut ça. Par exemple, Manchester United va lutter avec Arsenal pour prendre un jeune français… Ca se termine toujours par de l’argent. Et 9 fois sur 10, c’est le club qui paiera le plus qui aura le joueur. Nous sommes pris dans un système que nous ne maîtrisons pas. C’est le système qui nous maîtrise.”

Sur l’entourage des joueurs : 

“Vous ne pouvez pas vous mêler de la vie privée si le joueur ne le veut pas. Aujourd’hui, comme on prend les joueurs de plus en plus jeune, la famille est impliquée et autour de la famille il y a du monde. Vous êtes obligé de respecter les décisions. Parfois ce qui est dangereux, c’est qu’ils sont mal entourés. Mais vous ne pouvez pas interférer dans les rapports de force. Vous ne savez pas si c’est le père ou la mère qui décide. C’est très compliqué, il faut d’abord essayer de comprendre ces rapports de force vous savoir qui est influent dans l’entourage.”

A propos des recrues à Arsenal : 

“Chaque nouveau joueur qui arrivait à Arsenal, je faisais deux choses : je le mettais avec les meilleurs joueurs à l’entraînement et si en 5 minutes on lui passait le ballon, c’était qu’il était bon. Après je lui demandais ‘tu t’es trouvé comment ?’… et si son analyse était bonne ça voulait dire qu’il avait une chance”

Sur le fait d’avoir beaucoup de joueurs de nationalités différentes :

“Avant chaque saison, je réunissais mes joueurs et je leur disais ‘voilà on est tous de cultures différentes, on va essayer de créer notre propre culture au sein du club’. Une fois qu’ils avaient établis leurs règles, je rédigeais une constitution et je leur remettais. De cette manière quand il se plaignait de quelque chose, je leur disais qu’ils avaient eux-mêmes décidé de cette règle”

Sur la personnalité et l’ego des joueurs : 

“La starification nourrit l’ego. Il y a trois formes d’ego pour un joueur : l’égocentrique, l’égoïste et le narcissique.”

“Nous sommes tous un mix d’envie de gagner et de haine de la défaite. Les attaquants sont plus envie de gagner et les défenseurs détestent perdre”

“Le meilleur révélateur de la personnalité de quelqu’un c’est sur le jeu. Sur un terrain de football, on oublie les codes de la société et on devient vraiment soi-même”

A la question, qu’est-ce qu’un bon joueur ?

“Ce qui définit un bon joueur ? La maîtrise du ballon, la prise de décision et l’éxecution”

“J’ai travaillé avec une université en Norvège pour voir ce qui se passait avant de recevoir le ballon. J’ai remarqué que les 10 secondes avant la réception sont les plus importantes. Un grand joueur il scan ce qu’il se passe autour de lui entre 6 et 8 fois dans les 10 secondes avant qu’il ne reçoive le ballon. Les joueurs moyens c’est entre 4 et 5 fois. La perception avant la réception fait la différence.”

“Je cherche toujours chez un joueur la qualité qui va faire décoller une carrière”

Sur ses défaites et échecs avec Arsenal, et sur les Invincibles : 

“A Arsenal, je perdais 15 à 17% de matchs par an, ce n’est pas beaucoup. Mais chaque défaite est une catastrophe.”

“En 2002-2003, nous avons perdu le titre parce que j’ai dit quelque chose de stupide. J’ai dit que nous pouvions gagner le championnat sans perdre un match. Et quand on a perdu le premier match, tout s’est écroulé. Avant la saison suivante un joueur m’a dit que j’avais mis trop de pression sur leurs épaules en disant ça. Dans mon obstination, j’ai répondu que j’étais persuadé qu’ils étaient capables de le faire. Une fois le championnat gagné en 2003-2004 (NB : la saison des Invincibles), je leur ai dit, ‘vous avez une chance de devenir immortels’

Parlant des efforts et de la frustration dans le football : 

“L’idée de faire l’effort est plus décourageant que l’effort lui-même. Il faut réussir à faire passer ce pont à ses joueurs quand on est entraîneur.”

“Une équipe de foot c’est une équipe de râleurs, 100% garanti.”

“Je râle tout le temps, je ne supporte pas la défaite.”

“La vie d’entraîneur c’est 98% de frustration et 2% d’extase. Dans ce métier, on vit pour ces 2%.”

Sur ses erreurs et émotions : 

“La pire décision de ma vie, et que je regrette, c’est d’avoir sorti Robert Pirès en 2006 en finale de Ligue des champions (NB : défaite 2-1 contre Barcelone). Je sais qu’il ne me le pardonnera jamais mais je l’accepte.”

“J’ai toujours pensé que les préparateurs mentaux ne me concernaient pas. Pendant très longtemps, j’ai ignoré mes émotions.”

A propos de la construction de l’Emirates : 

“Pour la construction du stade, on a surbudgété. On est passé de 228 millions de livres au début à plus de 400 millions. Les banques m’ont fait signer un contrat de 5 ans après la construction de l’Emirates. Donc en 2006, ça fait 2011-2012. En plus de ça, le salaire des joueurs ne devaient pas dépasser 50% du budget. Quitter Arsenal dans ces conditions-là, ce n’était pas possible pour moi par rapport à mes valeurs. Alors que j’aurais pu signer au Real, au Barça ou au PSG plus tard.”

Sur son hygiène de vie pendant son mandat : 

“Je me levais à 5h30 tous les matins et je faisais 1h30 de sport.”

Sur la vie d’un entraîneur : 

“La vie d’entraîneur aujourd’hui est trop prise par les médias. Je trouvais que je passais trop de temps en conférence de presse et bien trop peu à faire mon job d’entraîneur.”

Le joueur qui l’a le plus marqué ? 

“Bergkamp est le joueur qui m’a le plus marqué, sa perfection.”

Sur Thierry Henry :

“Arriver à des conclusions sur Thierry Henry, ce ne serait pas juste parce qu’il n’est resté que 3 mois. Même si les 3 mois avaient été une réussite, il n’aurait pas fallu conclure que ça allait être un grand entraîneur. D’autant plus derrière, après son départ, ça n’a pas été bien meilleur, Monaco s’est sauvé à la dernière journée. Les gens sont allés trop vite en conclusion.”

Sur les réseaux sociaux : 

“Les réseaux sociaux encouragent la bipolarisation. On aime ou on déteste. C’est aussi dans la non-subtilité verbale, c’est souvent dans la violence. A 20 ans quand je jouais au foot, je ne sais pas comment j’aurais réagi au mec qui me dit après le match ‘t’as été nul’. Ce qui est terrible c’est que les joueurs en deviennent prisonniers et dépendants. Après le match, ils se jettent là-dessus. Ca rend le métier plus dur parce que tu es moins capable de t’isoler du jugement des autres. Et ça rend le métier de l’entraîneur aussi plus dur parce qu’il a moins d’influence. Quand j’étais joueurs, je n’écoutais que mon entraîneur. Aujourd’hui, le même joueur il écoute son agent, ses parents, les réseaux sociaux, les médias… et l’entraîneur a moins d’influence.”

Sur la Coupe du monde féminine : 

“A Arsenal, nous avons été le premier club à vraiment soutenir le football féminin. Et si vous regardez, elles ont gagné plus de titre que les hommes. Après je dois avouer que j’étais quand même sidéré par les audiences des matchs de l’équipe de France. On ne peut pas dire que ce soit un phénomène anodin quand on commence à avoir 10 millions de téléspectateurs. Au stade les gens peuvent dire c’est parce que les billets sont pas chers. Mais à la télévision, si les gens regardent, c’est qu’il se passe quelque chose. A mon avis pas entièrement justifiable par la qualité du spectacle mais parce que c’est une cause nationale, que c’est chez nous, que le soutien au féminisme et au football féminin c’est vraiment la vague porteuse. Il y a peut-être aussi une part de rejet du star-système masculin.”

Sur son héritage :

“Entre le moment où je suis arrivé et le moment je suis parti, je pense que le club a franchi une vraie popularité mondiale avec des structures saines et une situation financière saine donc aujourd’hui je suis redevenu simple supporter d’Arsenal qui regarde les matchs avec l’envie que l’équipe gagne et qu’elle joue bien surtout. C’est ça le plus important, c’est ce qu’on laisse derrière soi.”

 


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