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Sack in the morning
L’info est tombée sur les coups de onze heures, vendredi 29 novembre 2019, Emery n’est plus l’entraîneur d’Arsenal Football Club. “Sack in the morning “, comprenez “viré dans la matinée”, une expression qui revenait avec insistance dans la bouche des supporters depuis plusieurs semaines. Une opération évidente pour la plupart des observateurs qui a mis du temps à prendre forme. Ne pouvait-elle pas intervenir plus tôt ? Retour sur les raisons qui ont poussé la direction à agir et la chronologie des événements, avec une question en fil rouge : n’y avait-il pas un meilleur moment pour changer d’entraîneur ?
Les raisons d’un échec :
Un plan de jeu frileux, des compositions douteuses et une gestion des hommes catastrophiques, voici les trois maux qui ont rythmé l’an deux d’Emery à Arsenal. Les plus cyniques diront qu’il fallait s’en séparer dès cet été. Un choix fort qui n’aurait pu avoir lieu que dans l’éventualité où un entraîneur de classe mondiale était prêt à prendre le job. En aucun cas la première saison prometteuse d’Emery avec des moyens “limités” ne laissait présager pareil déroute au cours de ce deuxième exercice. Toutefois, certaines décisions du Basque avaient déjà semé le trouble au sein de son groupe l’an passé. Le départ libre de Ramsey est le fruit de la décision hâtive d’Emery de l’écarter, avant de réaliser que l’apport du Gallois était trop important. Le traitement similaire auquel a été soumis Özil, avant de revenir dans le groupe a fait perdre énormément de crédibilité au coach espagnol. On pourrait en dire autant du lent processus de désignation des 5 capitaines pour cette saison, qui n’a fait que monter l’exaspération au sain du vestiaire. De plus, les problèmes de communication persistent encore cette saison et se sont mêmes renforcés avec l’intégration de nombreux jeunes anglais en équipe première, qui se sentent plus proche de Ljungberg. (source James McNicholas et David Ornstein pour The Athletic).
Un début de saison timide
Si l’entame de saison – jusqu’à la 1er trêve internationale – était plutôt satisfaisante sur le plan comptable, on pouvait déjà nourrir de grosses inquiétudes quant à la capacité d’Emery à mener ses hommes aux objectifs qui étaient les siens. L’objectif fixé par les dirigeants est clair : retrouver la Ligue des Champions et si possible avec la manière. Or on ne va pas se voiler la face, les bons résultats du début de saison reposaient uniquement sur la capacité d’Aubameyang à faire des différences individuelles.
Emery cherche l’équilibre entre l’attaque et la défense. Pour répondre à ce problème il insuffle à son onze une philosophie ultra prudente qui impose l’équipe à subir devant ses cages pour repartir en contre. Un schéma de jeu qui n’est pas du tout adapté aux qualités des joueurs à sa disposition. Pour jouer aussi bas il préférable d’avoir une bonne défense, ce qui n’est pas le cas. A contrario l’attaque survitaminé d’Arsenal n’est pas mise en valeur. Les attaquants sont très peu sollicités car l’équipe n’arrive pas à construire. C’est pourquoi la trêve internationale arrivait à point nommé. Elle laissait du temps aux blessés de longue date (Bellerin, Tierney et Holding) de retrouver le groupe avec l’espoir qu’ils améliorent le niveau défensif et incitent Emery à jouer un jeu plus offensif.
Un nouvel espoir ?
En bref après la trêve Arsenal devait décoller, en bénéficiant à la fois d’une équipe au complet et d’un calendrier des plus abordables sur le papier (Sheffield, Palace, Wolverhampton et Leicester). Or dès la réception de Sheffield, les espoirs nourris précédemment sont balayés. Emery reconduit la même équipe qui avait péniblement triomphé de Bournemouth (1-0) deux semaines plus tôt. Peu inspiré, sans le moindre meneur de jeu, Arsenal s’incline face à un promu au jeu collectif bien plus abouti. Classic Arsenal.
Des dirigeants sanguins auraient sûrement activé le siège éjectable du coach à ce moment-là. Toutefois ce n’est pas dans l’ADN du Club de jouer aux chaises musicales avec les entraîneurs et c’est tout à fait louable. Après tout, Wenger est bien resté 22 ans à la tête du club. Il est souvent plus constructif de penser un projet à long terme. Dans ce sens Unai Emery est conforté au moins jusqu’au match de Leicester, dernière sortie avant l’ultime trêve internationale de l’année.
Entre temps la situation ne fait qu’empirer avec la destitution du capitaine Xhaka suite à son coup de sang face à Crystal Palace. Ce qui était un début de saison prometteur a soudain tourné au vinaigre. Les Gunners butent sur Palace et Wolverhampton, puis s’inclinent logiquement face à des foxes en pleine bourre et ce malgré le retour à une défense à cinq d’Arsenal. Emery ne trouve plus les solutions et est forcé de réintégrer Özil dans son onze. Les Londoniens sont distancés, de 10 points du top 4, un gouffre à ce stade de la saison.
Le bon moment ?
Pendant la trêve, les Spurs, dans une situation sportive similaire à la nôtre, n’hésitent pas à faire sauter Mauricio Pochettino, pour aller chercher José Mourinho. Quoiqu’on pense du Portugais, ce virage à 180° est une marque d’ambition très forte puisque Mourinho a un palmarès gargantuesque qu’il a garni dans tous les clubs dans lesquels il est passé. Pour un club qui n’a pas gagné de trophées majeurs depuis 1991, s’attacher les services d’un entraîneur de cette trempe est un véritable tournant. Du côté d’Arsenal la direction soutient toujours Emery, même s’il se dit que Raul Sanllehi a tenté de négocier avec Mourinho, avant que celui-ci ne signe chez le voisin. De son côté la famille Kroenke ne veut pas se précipiter et réitère sa confiance à Emery.
Faux rebond
A l’occasion de la 13ème journée de PL, Arsenal reçoit Southampton, 19ème de PL, l’occasion parfaite de se relancer. Résultat ? Un match nul obtenu dans les arrêts de jeu grâce à Lacazette qui ne célèbre même pas son but. Au cours du match Emery a changé trois fois de dispositifs, passant de 5 à 3 défenseurs. Il a tout essayé et pourtant Arsenal n’a pas réussi à relever la tête. Pire, ce nul est miraculeux et Leno a encore une fois subit un nombre de tirs adverses hallucinants (12 tirs à 21).
Au lendemain d’une défaite à domicile contre Francfort dans un stade vide, il semblait évident que l’aventure du Basque allait prendre fin. Il était impératif d’abréger les souffrances d’un coach en perdition, même si la triste situation du club n’est pas le fait d’un seul homme.
En effet, il semble évident que les joueurs ont lâché le coach espagnol depuis bien longtemps. Leurs attitudes sur et en dehors du terrain (cf les likes de post “Emery Out” et les moqueries sur son accent) vont dans ce sens. Dans une telle situation, à quoi bon s’acharner avec un coach dépassé, si l’on ne peut pas changer les joueurs ? Il était pourtant aisé de se séparer d’Emery qui n’a ni l’aura, ni le passé d’Arsène Wenger à Arsenal. Dire au revoir à l’Alsacien était un crève cœur, se séparer d’Emery est un soulagement.
Le destin de l’Espagnol est triste et on se prend de compassion pour l’homme, tant il fut dépassé par les événements. Au-delà des résultats sportifs, c’est dans la gestion du groupe qu’il a failli. Sa maladresse dans la gestion des hommes a manifestement tué le groupe avant que l’impact sur les résultats sur le terrain ne s’en fasse sentir. Il y a un mois de cela nous évoquions une possible mutinerie de la part des joueurs, la réalité n’est pas très éloigné de cela.
La situation actuelle du Club est aussi à mettre sur le compte des dirigeants qui n’ont pas senti ce basculement au sein du vestiaire. Il aurait été souhaitable que le licenciement d’Emery intervienne plus tôt dans la saison. Car entre-temps l’écart avec le top 4 s’est agrandi. La complexité et le nombre de personnes dans le processus décisionnaire ont inévitablement ralenti la prise de décision.
A présent nul doute que Freddie Ljungberg saura redonner un nouveau souffle à cette équipe. Quant à Emery nous le remercions pour son travail et lui souhaitons bonne chance dans ses prochaines aventures.
#COYG #Julien
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