“Sans Arsène Wenger, je n’aurais jamais vécu tous ces moments à Arsenal”

Dans un nouveau podcast de la série “In Lockdown” réalisé par le club, Jack Wilshere revient sur son passage à Arsenal. Ancien Gunner de 2008 à 2018, il évoque sa jeunesse, ses plus beaux moments mais aussi ses passages les plus difficiles. Traduction des meilleurs moments de ce podcast.

Sur le confinement:

J’essaye de jongler entre les devoirs de mes enfants et mon entraînement à domicile. Je me suis remis de mon opération fin janvier juste avant ce confinement et je vais essayer de revenir du mieux que je peux.

Sur sa formation:

Je ne me sentais pas particulièrement plus fort que les autres lorsque j’étais au centre de formation à l’âge de 11 ans. J’ai commencé à m’entraîner avec les gars de l’équipe première pour la première fois lorsque j’avais 15 ans. Le véritable déclencheur, ce fut ma première pré-saison avec l’équipe quand j’ai eu 16 ans. J’étais impressionné du niveau d’engagement de certains joueurs et c’est là que je me suis rendu compte du chemin qu’il me restait à parcourir.

Sur ses débuts avec Arsenal:

J’ai débuté ma carrière avec Arsenal en championnat contre Blackburn. J’étais sur le banc et Arsène m’a dit d’aller m’échauffer à la mi-temps car il savait à chaque fois avant le match quel joueur allait rentrer ou non en cours de jeu. Pendant tout mon échauffement j’essayais de ne pas paniquer et de penser à jouer le plus simplement possible en passant la balle proprement. Je me souviens encore du premier ballon que j’ai touché. C’était vraiment un moment spécial. Personne ne m’avait dit que j’allais battre le record du plus jeune joueur d’Arsenal à joueur en Premier League. Pat Rice m’a pris en accolade dans le tunnel en me félicitant. Je ne savais même pas quoi lui dire, c’est comme si j’étais ailleurs.

Cela peut sembler un peu fou de le dire, mais j’avais l’impression de ne pas mériter ma place car j’étais uniquement ici à cause du nombre de blessures importantes qu’il y avait dans l’équipe première.

J’ai commencé très tôt mais au final je n’ai pas si bien joué que ça mes 2 premières années, surtout que je ne jouais que des matchs de coupes. Ce n’est qu’après mon prêt à Bolton (saison 2010), que je me sentais prêt à jouer tous les matchs et à élever mon niveau de jeu. Arsène m’a ensuite accordé toute sa confiance et j’ai été extrêmement chanceux d’enchaîner les matchs en tant que titulaire.

Ses débuts avec l’Angleterre:

Quand je suis arrivé dans la salle à manger et que j’ai vu Rooney, Lampard, Gerrard, Terry et Ferdinand, tous les joueurs que j’avais l’habitude de voir à la télé, je ne savais même pas quoi dire. On s’est juste assis avec Kieran (qui faisait également sa première sélection) et nous avons juste parlé tous les deux tout le repas en attendant qu’on nous adresse la parole. (rires)

ST ALBANS, ENGLAND – NOVEMBER 09: Arsenal manager Arsene Wenger with Jack Wilshere before the Arsenal Training Session at London Colney on November 9, 2013 in St Albans, England. (Photo by Stuart MacFarlane/Arsenal FC via Getty Images)

Sur sa meilleure saison:

Ma meilleure saison selon moi est celle de 2010-2011, avec ce match légendaire contre Barcelone.  Pourtant, sur ce match, on se sentait vraiment dominé par cette équipe de Barcelone qui nous faisait tourner en rond sans aucune raison et qui menait 1-0 à la mi-temps. Après la pause, on était tous déterminé à les presser plus fort et ça a marché. Ce n’est qu’après qu’on s’est rendu compte de l’exploit qu’on venait de faire. A l’époque, après le match, tout le monde venait me voir pour me dire que j’avais mis Iniesta dans ma poche, mais je ne me rendais pas compte. Pour moi, j’avais juste fait mon boulot. J’ai joué énormément de matchs en Premier League mais j’ai senti que ce match était vraiment un énorme bond en avant dans ma carrière. A la fin du match, Samir (Nasri) m’a envoyé un message pour me dire « c’est à ce niveau là que tu dois être et que tu devras garder désormais ».

Sur la célébrité:

Donc après ce match, tout a changé très très vite. Les gens me reconnaissaient dans la rue et je ne pouvais plus aller au magasin sans que quelqu’un me demande une photo. Je suis passé de mon foyer familial à un nouvel appartement très rapidement, pour être honnête, ma vie est devenue complètement dingue.

Sur un possible départ:

Je n’ai jamais été intéressé par un départ du club. J’étais comme dans un rêve en jouant pour Arsenal et je n’ai même pas répondu à mon agent quand il m’a dit qu’on avait eu quelques offres venant d’autres clubs.

Sur la saison 2013-2014:

J’y repense constamment. Je me demande à chaque fois ce qu’on aurait du faire ou ne pas faire. Je repense aussi à ce qui se serait passer si Cesc était resté. Est-ce qu’on aurait pu attirer de meilleur joueur ? 

Sa plus grosse déception:

La finale de League Cup perdue en 2011 reste un traumatisme pour la plupart des jeunes joueurs qui ont joué ce match, notamment Wojciech (Szczesny). Cela m’a pris plusieurs semaines pour passer au delà de tout ça.

Sa première grosse blessure:

J’étais tellement heureux de passer de l’Academy à titulaire régulier de l’équipe en si peu de temps que j’ai joué à fond chaque seconde de chaque match. Malheureusement, j’ai payé par la suite cet excès d’engagement lors de cette période (2010-2011) où j’ai enchaine énormément de matchs. Ma première blessure à la cheville remonte à l’été 2011, après cette première grosse saison. En vérité, je pense m’être réellement blessé à la cheville sur le dernier match de la saison avec l’Angleterre contre la Suisse. Je ne pensais pas que c’était très grave et j’ai fait toute la pré-saison qui a suivi avec cette douleur à la cheville en pensant que ça allait passer, mais ça a empiré jusqu’à ce match de FA Cup. Je pensais aussi qu’en tant que jeune joueur ma première opération se passerait bien mais ça n’a pas du tout été le cas. Cette douleur m’a suivi pendant très longtemps et j’ai raté une année entière. A chaque fois que j’arrivais enfin au bout de ma réadaptation, la douleur revenait et je partais sur une autre opération. C’était horrible et ça ne s’arrêtait jamais. C’était un véritable choc pour moi parce que jusqu’en 2011, je n’ai jamais été blessé de toute ma jeunesse.  Ce fut une expérience vraiment traumatisante car je commençais à devenir un joueur clé de l’équipe et tout est parti en fumée à cause de cette blessure.

Son ami le plus proche:

Wojciech. Il était là depuis le premier jour. J’étais également très proche de Theo (Walcott) et Kieran Gibbs. Les joueurs qui me donnaient le plus de conseil étaient Cesc (Fabregas), Kibbo (Kieran Gibbs) et Aaron (Ramsey). Nous étions un groupe très jeune et très soudé.

Sa relation avec Arsène:

Il a toujours toujours été très généreux avec moi. J’ai gagné beaucoup de confiance en moi même grâce à lui et sans lui, je n’aurais jamais vécu tous ces moments avec Arsenal. Il était toujours là derrière moi et je le remercie pour tout ce qu’il a fait pour moi.

Son meilleur poste selon Arsène:

Quand j’ai commencé à 16 ans, je jouais sur l’aile droite. Je ne me voyais pas du tout y jouer mais j’ai quand même apprécié. Ensuite, quand j’ai commencé à être titulaire régulier, le boss m’a appris à comment jouer dans un 4-2-3-1 au milieu de terrain en tant que milieu récupérateur. Et enfin, à mon retour de blessure, il voulait que je sois beaucoup plus avancé sur le terrain. J’ai commencé à jouer énormément de matchs en tant que numéro 10. J’ai adoré cette position mais je trouvais ça excessivement plus dur que de jouer un peu plus reculé dans l’axe. Je me sentais plus utile lorsque je prenais le contrôle du jeu, surtout que je jouais comme milieu récupérateur en équipe d’Angleterre. Je me sentais vraiment à l’aise dans ce rôle mais Arsène me disait « non, je ne te vois pas dans ce rôle ». Mais j’ai tout de même adoré jouer en 10 avec le numéro 10 d’Arsenal sur mes épaules, c’était comme un rêve.

Ce but contre Norwich:

Ca peut sembler fou et les gens ont du mal à me croire, mais ce genre de but arrivait constamment à l’entraînement. Je savais que je devais m’appuyer sur Giroud et c’est le style de jeu qu’Arsène voulait imposer depuis le début. Sans mentir, il mettait au moins 15 mannequins devant la surface et on devait tous les passer en 2 passes maximum le plus vite possible. C’était la façon dont il voyait le football. Quand on a réussi à le faire en match avec Giroud, il m’a dit que c’était vraiment incroyable mais sur le moment j’ai pensé qu’on le faisait sans arrêt à l’entraînement. C’est quand j’ai regardé le but après le match en vidéo que je me suis dit « Wow, c’était magnifique ».

Sur son départ d’Arsenal:

Je me suis encore blessé et quand je suis revenu au départ de la nouvelle saison, Arsène ne me faisait plus jouer et me laissait sur le banc. J’avais besoin de jouer, je l’ai dit au coach et il m’a dit que je pouvais partir en prêt si je le souhaitais. J’étais dévasté car je voulais vraiment continuer à jouer pour Arsenal. Mais je remercie tout de même Arsène qui aurait pu me laisser partir définitivement mais qui m’a poussé à partir un an en prêt pour que je revienne à un bon niveau. Cette saison à Bournemouth, je me suis encore blessé et je suis revenu me soigner à Arsenal. Je me venais juste de me marier, donc j’ai du prendre du recul par rapport au football et réfléchir un petit peu à ce qui venait de se passer. Lors de la pré-saison, Arsène m’a dit que c’était ma dernière année de contrat et que le club n’allait pas m’offrir de nouveau contrat. Je me suis alors battu pour reprendre ma place et j’ai enchaîné les bons matchs ce qui m’a permis de regagner la confiance du coach. Le club m’a offert un nouveau contrat, j’étais prêt à le signer mais c’est à ce moment là que j’ai appris qu’Arsène allait quitter le club. J’ai attendu de savoir qui était le nouvel entraîneur pour pouvoir m’entretenir avec lui. Quand je suis arrivé dans le bureau d’Emery, il m’a clairement fait comprendre que je n’étais pas dans ses plans et que ce serait mieux pour moi de partir. C’est le moment où j’ai décidé de partir car je voyais que le club partait dans une autre direction. C’était un choix très difficile, c’était comme quitter ma famille car je pensais ici rester jusqu’à la fin. Quand j’ai joué ensuite contre Arsenal avec West Ham, c’était juste trois matchs après mon départ et c’était vraiment bizarre.

Son moment préféré:

Gagner la première FA Cup. Etre mené 2-0 et remporter ce match, ce fut le meilleur moment de ma carrière avec Arsenal. Après le match, quasiment toute l’équipe est partie directement en boîte de nuit. On est rentré à l’hôtel vers 8 heures du matin. Je me rappelle avoir croisé Arsène dans le couloir qui prenait son petit déjeuner (rires). L’adjoint nous a dit qu’on devait tous être avec le boss dans une heure… Je me demande vraiment comment on a fait pour la parade ce jour-là. C’était le bon vieux temps.

Sur un possible retour au club:

Je me sens toujours comme une personne d’Arsenal. Sans manquer de respect à l’endroit où je suis actuellement, Arsenal restera toujours dans mon coeur. J’aimerais vraiment revenir un jour si j’en ai les capacités.

#Corentin #AFC


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