Sur la route de Wembley

Les tirages au sort de Ligue des champions ont accouchés d’un tableau très excitant. À ce stade de la compétition, il reste rarement de petites équipes. De toute façon, il y a peu d’intérêt à rêver depuis des années de grandes soirées européennes et en même temps à espérer un tirage facile. Nous voilà servis, nous retrouverons en quart un adversaire que l’on connait bien, un mammouth de C1, qui nous a très souvent corrigé. Et si ça passe, les rencontres suivantes seront toutes aussi palpitantes jusqu’à la finale à Londres.

Dans la peau de l’outsider

De retour en quart de finale après quatorze ans d’absence, les Gunners n’ont (quasiment) rien à perdre. On ne crachera pas sur une épopée épique jusqu’au 1ᵉʳ juin, mais on peut déjà considérer qu’Arsenal vient de retrouver l’élite, il suffit de regarder les équipes qui nous accompagnent.

Maintenant, il faut transformer l’essai, affronter et vaincre ses anciens démons. D’ailleurs, nous pourrions en croiser quelques-uns sur la route de Wembley. Jouer en fin de saison, dans le stade mythique du nord-ouest de Londres, est toujours synonyme de réussite. Notre historique y est plutôt flatteur et le bilan est positif (31 victoires, 8 nuls, 20 défaites), c’est ici que nous avons remporté nos 14 finales de FA Cup.

Toutes les équipes qualifiées ont une sérieuse expérience dans cette compétition. Dortmund et l’Athletico, deux clubs qui peuvent au premier coup d’œil sembler un petit niveau en dessous (respectivement 4ᵉ et 5ᵉ de leur championnat), ont excellé en C1. Les Madrilènes ont atteint le dernier carré à deux reprises (2014 et 2016), tombant tristement contre leurs rivaux et voisins du Real Madrid. En 2013, Jürgen Klopp, alors à la tête du BVB, emmène ses hommes jusqu’en finale. Ils s’inclineront face au Bayern Munich à la suite d’un but en fin de match de Robben.

Tout ça pour dire que si une équipe fait figure de petit poucet, c’est bien nous. Face à des collectifs qui seront là pour jouer et aller chercher la victoire, Arsenal aura des opportunités. Contrairement à la plupart de nos matchs en championnat, nous ne devrions pas faire face à ces blocs bas qui nous compliquent régulièrement la tâche. Footballistiquement, les Gunners ont les armes pour se battre contre n’importe qui. Très peu expérimentés à ce niveau-là, nos joueurs devront gagner une bataille psychologique contre eux-mêmes.

Bayern München

C’était l’affiche espérée par beaucoup. En effet, nous avons quelques comptes à régler avec les Bavarois. Ils ont souvent exercé sur nous une domination infernale, et nos trois derniers rendez-vous ont été des humiliations sur la place publique, conclus sur des scores à chaque fois identiques… 5-1…

Le Bayern est un des patrons de l’Europe du football. Le club a remporté six fois la coupe aux grandes oreilles (la dernière fois en 2020) et a été champion d’Allemagne à 33 reprises. Leur enchainement de onze titres d’affilée devrait s’arrêter cette année, ils ont dix points de retard sur le Bayer Leverkusen. Malgré ce petit coup de moins bien, il serait dangereux de sous-estimer les troupes de Thomas Tuchel.

Son équipe est une machine à marquer, 78 buts en 26 journées et est menée d’une main de maitre par Harry Kane qui s’est très vite adapté. Les statistiques de l’attaquant anglais sont ébouriffantes : 37 buts et 12 passes décisives TCC. Pour sa première saison, il devrait recevoir le prix du meilleur buteur de Bundesliga et peut toujours battre le record de Robert Lewandowski (41 buts lors de la saison 2020-2021). Kane connait très bien Arsenal, il est toujours détenteur du nombre de buts marqués lors des derbys du nord de Londres (14).

À l’inverse d’Arteta, Tuchel est un spécialiste de la C1. Il l’a remporté avec Chelsea en 2021, quelques mois seulement après avoir pris la direction des Blues, en est à sa huitième campagne (39V/9N/15D) et est un habitué des quarts de finale. Les deux entraineurs ne se sont rencontrés qu’à trois reprises en PL, avantage pour le Basque. C’est officiel depuis quelques semaines, Tuchel n’entrainera pas le Bayern la saison prochaine. Cette annonce semble l’avoir libérée, il peut maintenant opérer l’effectif comme il le souhaite et ne se soumet plus autant aux souhaits de la direction.

Bonne nouvelle pour nous, les supporters allemands sont interdits de déplacement à la suite de l’utilisation de fumigènes lors de précédentes rencontres.

Expulsion de Laurent Koscielny lors du dernier naufrage à l’Emirates en 2017

Un tableau de folie

Une fois cet obstacle passé, les affaires se corsent encore un peu plus. En demi-finale, nous affronterions le vainqueur du choc au sommet des quarts : Real Madrid – Manchester City. Ces deux équipes sont sans aucun doute les meilleures du monde à l’heure actuelle. Les Mancuniens ne paraissent pas rassasiés après leur orgie de l’année dernière mais auront fort à faire contre les hommes d’Ancelotti.

Pour le côté glamour, strass et paillettes, on préfèrerait voir nos Gunners affronter le Real. En Europe, c’est l’équipe ultime à faire tomber, elle a remporté la compétition à 14 reprises dont cinq des dix dernières éditions. Saison après saison, la maison blanche impressionne de régularité et devrait encore une fois remporter le championnat cette année (huit points d’avance sur le FC Barcelone). Une demi-finale au Santiago Bernabeu serait un symbole de la résurrection d’Arsenal. Et puis, on y a gagné notre dernier match. En 2006, nous nous étions qualifiés à leurs dépens grâce à l’inévitable Thierry Henry.

De l’autre côté du tableau : Barça, PSG, Dortmund et Athletico. Les deux derniers ont déjà été évoqués plus haut et on a bien conscience de l’enfer que représente un match dans leur stade. Rencontrer Barcelone en finale serait spécial. Notre relation avec les Blaugrana est similaire à celle que nous entretenons avec Munich : des défaites à gogo… notre seule et unique victoire remonte à 2011 (2-1, avec des réalisations de Van Persie et Arshavin). Aussi, cela ferait un bon remake de la triste finale de 2006.

Il reste le PSG, qui malgré un effectif de luxe a toujours fait preuve d’inconstance dans cette compétition. Mais attention, leur talisman Kylian Mbappé quittera le club cet été et il faut toujours se méfier d’un animal blessé.

21 février 2006, Henry punit les Galactiques

Gabriel Jesus et Thomas Partey, des retours à point nommé ?

Arrivé à l’été 2022 et automatiquement propulsé comme un des leaders de l’équipe, l’attaquant brésilien peine à convaincre et à s’imposer de façon pérenne dans le onze de départ. La faute à des blessures répétées (notamment son genou) qui l’ont tenu éloigné des terrains pendant 184 jours depuis sa signature. Le scénario semble se reproduire à l’infini : blessure, convalescence, retour prometteur puis rechute.

Sa non-participation aux matchs de la Seleção est de bon augure. On sait qu’il est préservé afin d’optimiser ses performances et il y a peu de doute que le coach comptera sur lui, notamment pour les matchs de milieu de semaine. Son expérience en C1 est inestimable dans une équipe aussi jeune. En Ligue des champions, il cumule 44 matchs pour 24 buts et 7 passes décisives, cette saison son ratio est de 0.67 buts par match en Europe contre 0.21 en championnat. Un petit peu décevant donc, mais il tient ici l’opportunité parfaite de se racheter et peut-être même de se métamorphoser en légende du club. À suivre…

Thomas Partey n’a pas rejoint non plus son équipe nationale qui affronte le Nigéria vendredi. Lui aussi a un abonnement à l’infirmerie. Il a fait un retour discret il y a quelques semaines contre Sheffield puis Brentford mais n’a pas participé au match retour contre Porto. Nous sommes tous au fait des qualités athlétiques du joueur, qui pourrait faire grand bien à un milieu qui va être mis à rude épreuve au mois d’avril. Il connait l’adrénaline de la compétition et avait accompagné les Colchoneros en finale de coupe d’Europe en 2016.

L’histoire semble jusqu’ici bien écrite, ces deux poids lourds ont très peu contribué au succès de l’équipe cette année, mais leurs absences n’ont pas été préjudiciables. Leurs coéquipiers ont tenu la baraque et ont placé le club dans une position très confortable. Maintenant, c’est à eux de reprendre le flambeau et de terminer le job.

Alors oui, ça fait beaucoup de suppositions. Mais ce qui est beau dans le football, c’est que tout peut arriver et on sent que ces artificiers ont faim. Après le match contre Porto, Thierry Henry a demandé à David Raya s’il préférait remporter le championnat ou la coupe d’Europe, la réponse était sans équivoque : les deux ! C’est l’état d’esprit que l’on attend de nos joueurs, ne nous interdisons rien, surtout pas de rêver. Go Gunners !

#AFC

Jonathan


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