Dossier mercato d’été (3/4) : L’arrière garde.

Des grands gagnants…et des grands perdants. Voici comment la saison des défenseurs d’Arsenal pourraient être résumé en cette fin de saison. Entre solidité pour les uns et blessures pour les autres, les bilans individuels de nos défenseurs sont assez hétérogènes. De quoi faire surgir quelques dossiers chauds, à quelques semaines du début du mercato d’été. 

 

Les grandes satisfactions. 

Un des grands piliers de la saison 2023-2024 a été, incontestablement, la solidité. Un solidité collective mais surtout défensive, incarné par sa charnière Saliba – Gabriel. Meilleure défense de Premier League, la défense des Gunners a brillé par son calme, sa puissance et sa régularité.

Le duo Saliba – Gabriel ce n’est ni plus ni moins que 18 clean sheets en 37 matchs de Premier League cette saison. De quoi couvrir de louanges les observateurs outre-Manche, à commencer par Jamie Carragher. L’ancien défenseur des Reds de Liverpool n’a pas manqué de saluer ce duo, qui aura écœuré toutes les attaques de Premier League : “Je pense que si ce duo reste ensemble pendant les 3 ou 4 prochaines années, nous les citerons aux côtés de Ferdinand & Vidic, Carvalho & Terry. Ces deux là pourraient côtoyer certains des meilleurs duos que nous ayons vus en Premier League”. 

Un duo efficace et complémentaire, mais surtout solide physiquement et apte à enchainer les matchs. Tout le monde a en tête la blessure catastrophique de Saliba en fin de saison dernière, qui nous a causé tellement de préjudice dans le sprint final. Un an après, le constat est radicalement opposé : cette saison Saliba c’est 100% des minutes jouées en championnat. Sans jamais faillir. Gabriel n’a quasiment rien manqué non plus. 

Au delà de cette incroyable solidité défensive, cette charnière a brillé par sa magnifique efficacité offensive. Sur la nouvelle arme de destruction massive des Gunners, les corners, Gabriel a marqué à 4 fois cette saison. Une flèche en plus sur l’arc offensif des Gunners.  Du côté de Saliba, c’est 2 buts et une passe décisive. Offensivement, c’est évidemment d’excellentes statistiques pour le défenseur français. 

Autre satisfaction : Ben White. Une saison pourtant physiquement compliqué pour le défenseur anglais. En effet, la blessure précoce de Timber en début de saison a rabattu les cartes du turnover en défense. Avec un Tomiyasu régulièrement blessé, tout comme Zinchenko, Ben White a beaucoup joué. Peut être même plus que prévu.

En effet, cette saison Ben White c’est 50 matchs TCC, et quasiment à chaque fois titulaire. Pas de turnover possible, même quand Ben White souffrait d’une blessure à la mi saison qui l’a handicapé quelques semaines. C’est ce que Arteta a avoué en avril dernier : “Il a eu quelques problèmes physiques ces derniers jours mais c’est un grand compétiteur et il voulait être sur le terrain”. 

 

Ben White a parfois souffert, mais il nous a offert une magnifique seconde partie de saison. Un joueur qui ne cesse d’assumer ses responsabilités, et qui monte clairement en puisse dans son rôle d’arrière droit. Un Ben White plus offensif, qui est peut être la grande victoire tactique d’Arteta cette saison.

En effet, en mettant de côté la philosophie du latéral intérieur sur le côté gauche à cause des blessures de Zincheko et Tomiyasu à la mi saison, Arteta a libéré Ben White. Plus de libertés dans son couloir, plus de poids offensifs. Sur la deuxième partie de saison, Ben White c’est 3 buts et 3 assists, alors qu’il n’avait marqué une seule fois et une seule assist entre août et janvier 2023. Un stage à Dubai salvateur, qui a remis Ben White dans ses meilleurs dispositions. Il a d’ailleurs reçu le trophée de meilleur joueur du mois de Mars, tant il a était décisif offensivement et défensivement. 

S’adapter pour survivre.

Derrière ces 3 indéboulonnables, le constat est moins positif. 

Revenons à l’été dernier : Arteta décide de se séparer de Tierney, qui part en prêt du côté de la Sociedad, sans forcément le remplacer. En terme de profondeur d’effectif, c’était maigre. La grosse blessure de Timber en début de saison a accentué le manque de solutions. Arteta ne pouvait que compter sur Zinchenko, Tomiyasu et le néo Gunner Kiwior. 

Et dans cette rotation, le défenseur ukrainien a déçu cette saison. Pourtant élément clé la saison dernière, l’arrière gauche, qui incarne parfaitement le rôle de “latéral intérieur”, a moins brillé cette année. Moins décisif, moins rassurant. Mais surtout il est toujours autant sujet aux blessures. Un mollet qui l’a contraint, une fois de plus cette saison, à regarder ses coéquipiers depuis les tribunes plus d’une fois. Mais surtout, Zinchenko a déçu défensivement, il a très souvent souffert dans ses duels défensifs et ses 1vs1.

 

 

Tactiquement, le dépat de Xhaka a beaucoup pesé dans sa façon de jouer. Et le choix de remplacer le milieu suisse par Havertz ne l’a pas mis dans ses meilleurs dispositions. Moins influent car moins de ballons, moins de maitrise car moins d’équilibre dans ce nouveau milieu de terrain, le défenseur ukrainien a perdu de sa superbe cette saison, notamment sur la première partie de saison. 

Action, réaction : Arteta fait le choix fin janvier de lancer Kiwior. Pourtant défenseur central, le coach espagnol décide de le mettre dans le couloir gauche. Après quelques semaines compliquées d’adaptation, le défenseur polonais explose au grand jour. En particulier lors de la victoire des Gunners face à Liverpool le 4 février dernier. Victorieux 3-1, Kiwior avait livré une prestation  de haute volée, de quoi lancer définitivement sa carrière avec Arsenal. Plutôt habitué au banc de touche depuis son arrivée il y a un an et demi, Arteta voit en Kiwior son arrière gauche idéal. 

Enfin, arrière gauche : oui et non. Tactiquement Arteta a évolué, et Kiwior n’est pas Zinchenko. Le défenseur polonais n’a pas les capacités techniques de l’Ukrainien, mais Kiwior est rassurant défensivement. Tantôt pur latéral gauche, tantôt central gauche en situation de possession avec Saliba et Gabriel, Kiwior a rééquilibré cette équipe. 

 

Les chiffres sont explicites : entre Janvier et Mars, période où Kiwior a pris la place de Zincheko, Arsenal c’est 33 buts marqués pour seulement 4 encaissés. Arteta n’a pas manqué en mars dernier de saluer les progrès du polonais : “Nous lui avons rendu la tâche difficile pour deux raisons : premièrement parce qu’il n’a pas beaucoup joué de minutes, et deuxièmement parce que nous lui avons demandé de jouer sur une position qu’il ne connaissait pas auparavant (…). Je pense qu’il s’est très bien adapté et qu’il joue de mieux en mieux. On peut dire qu’il gagne en confiance et physiquement il est mieux”. 

De toute évidence, Kiwior n’est pas le seul facteur de ce début d’année 2024 mémorable. Mais Arteta a su s’adapter. Pousser le polonais dans le couloir gauche, monter Havertz d’un cran au poste de 9 et faire entrer Jorginho en pointe basse, au côté d’un Rice désormais plus verticale et plus “box to box”. Mais le choix Kiwior latéral gauche, personne ne l’avait vraiment vu venir. Et de mettre en stand-by sa tant aimé clé du “latéral intérieur” non plus. 

 

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Un choix forcé pour Arteta, mais un choix payant. Le jeune défenseur polonais a ramené de la stabilité, et c’est bien évidemment Zinchenko qui en paye les frais. Beaucoup moins utilisé sur la deuxième partie de saison, le défenseur ukrainien n’a plus foulé les pelouses de Premier League depuis le 23 avril dernier, où il avait joué 20 minutes lors de la victoire 5-0 contre Chelsea. Depuis, c’est le banc de touche, sans rien d’autre à se mettre sous la dent, à part une petite demi heure contre Everton lors du dernier match de championnat.  

Autre joueur, autre saison compliqué : Tomiyasu. L’inusable couteau suisse, capable d’évoluer à peu près partout en défense, n’aura pas réussi à tirer totalement son épingle du jeu et passer devant un Zinchenko, la faute là aussi à des blessures en cascade. Entre le 5 décembre 2023 et le 9 mars 2024, le défenseur japonais n’aura disputé qu’un seul match de Premier League. Blessé début décembre juste avant la CAN, il sera quand même du voyage avec la sélection nippone pour disputer la Coupe d’Asie des Nations… avant d’en revenir blessé.

Manque de chance, ou est ce une erreur d’avoir autorisé Tomiyasu à partir avec le Japon, sachant qu’il n’était pas à 100 % ? Qu’importe, le mal est fait. Et malheureusement, le défenseur japonais n’aura disputé que 33% des minutes possibles en Premier League cette saison. C’est peu, trop peu. Suffisant pour soulever quelques questions ? 

Pas vraiment. Malgré une condition physique problématique, Arteta apprécie fortement Tomiyasu. Le club n’a pas hésité à lui offrir une prolongation de contrat, lui qui est désormais lié au club jusqu’en 2026. Le coach espagnol n’a d’ailleurs pas manqué de déclarer sa flamme au défenseur nippon lors de sa prolongation : “Tomy est aimé par tout le monde et il fait partie intégrante de l’équipe depuis qu’il nous a rejoint. La façon dont il s’entraine, avec son envie et sa détermination d’être chaque jour la meilleur version de lui même est admirable. Nous sommes impatients de continuer de travailler avec lui dans les années à venir.”

Tomiyasu est là pour rester, pourvu que son corps le laisse tranquille. Car à 100%, c’est une superbe option pour la rotation, comme il l’a démontré dimanche dernier en égalisant face à Everton, dans un match ô combien important. 

Changement de philosophie ? 

On le sait, Arteta ne démarre jamais une saison sans effectuer un changement tactique dans son équipe. Et cette fois ci, c’est la défense qui pourrait être ciblé. 

Dans le viseur : le rôle de “inverted fullabck”. Comme dit précédemment, Zinchenko incarne parfaitement ce rôle. Rentrer à l’intérieur du jeu pour compléter le milieu de terrain, le défenseur ukrainien sait brillamment le faire. 

Mais avec les blessures à répétition, et l’étonnant équilibre trouvé avec Kiwior à partir de la mi-saison dans un rôle de pur arrière gauche ou central gauche au côté de Gabriel et Saliba, peut être le rôle de Zinchenko n’a plus lieu d’exister. Ou tout du moins, son rôle doit être mis en concurrence. Pas forcément une concurrence avec un profil semblable à l’Ukrainien, mais plutôt une concurrence tactique. Un ou des profils différents pour le couloir gauche, des profils défensivement plus solides, quitte à sacrifier la maitrise technique d’un Zinchenko. 

 

 

En effet, si on prend les profils actuellement disponible dans les couloirs, tous ont un profil assez similaire. White, Tomiyasu et Timber sont d’excellents joueurs polyvalents, mais des défenseurs centraux de formation. Des joueurs qui savent défendre, mais pour le côté offensif du poste ce n’est pas toujours optimal. Saka a très souvent souffert de son isolement face aux défenses adverses, devant très souvent gérer des 1vs2. De l’autre côté Martinelli a également été bien plus isolé que la saison dernière, sans réellement de possibilités de combiner avec son latéral. Seul Zinchenko a un profil différent, mais comme expliqué précédemment : il a déçu. 

Cette fin de saison est peut être riche d’enseignement pour ce qui devrait être la base de la défense version 2023-2024. Terminé le rôle de “inverted fullback”, place au “Back 3”, plus traditionnel, plus stable et compact. 

Prenons comme référence le dernier match de la saison, la victoire 2-1 face à Everton. Zinchenko une fois de plus sur le banc, Arteta a opté pour un Tomiyasu arrière gauche, et un Ben White latéral droit. Mais dans les faits, Tomiyasu n’a pas pris le rôle de “inverted fullabck” habituel du jeu des Gunners, mais de 3ème centrale au côté de Gabriel et Saliba. Ben White était lui, collé à Saka sur l’aile droite. 

Tomiyasu, numéro 18, est collé à Gabriel (numéro 6) et moins à l’intérieur qu’un Zinchenko. Un “back 3” qui laisse plus de libertés offensives à Ben White sur le côté droit (numéro 4).

 

Un dispositif qui permet à Ben White une plus grande liberté offensive, tout en ne craignant pas un déséquilibre défensif. Latéral gauche en situation défensive, mais défenseur central en situation offensive, donnant la possibilité à sa défense de relancer plus facilement voir d’apporter le surnombre sur son côté, sans viser à obligatoirement rentrer à l’intérieur. C’est un schéma qu’on retrouve de plus en plus depuis Janvier 2024, période où Arteta a modifier tactiquement son approche des matchs. Période où Zinchenko a peu à peu disparu de la circulation, moins adapté à ce schéma. 

La différence avec le rôle de “Inverted fullback” est minime, mais la volonté est claire : être plus compact, plus sûr défensivement, pas nécessairement chercher à rentrer à l’intérieur pour les latéraux. Pas un hasard si Arsenal termine meilleure défense du championnat version 2023-2024. L’idée est de solidifier le côté gauche, pour permettre à Ben White de contribuer offensivement. 

Les cibles. 

2 profils possibles : continuer avec cette logique de hybride latérale gauche / défenseur central comme actuellement avec Tomiyasu et Kiwior, ou allez plus loin et trouver un profil de pur latéral gauche, profil absent depuis le départ de Tierney, capable de défendre, relancer, attaquer. 

Jorrel Hato, 18 ans, Ajax Amsterdam. 

Et si Arsenal jettait une fois de plus son dévolu sur les Pays Bas ? Plus particulièrement sur un club que Arteta connait bien, l’Ajax d’Amsterdam, depuis le transfert de Timber l’été dernier. Dans une saison plus que compliquée pour les Hollandais, il y aura eu quelques rares éclaircies. En particulier Jorrel Hato, pur produit du centre de formation batave. A seulement 18 ans, le solide défenseur central à livré une saison très convaincante. Pouvant évoluer aussi bien défenseur central qu’arrière gauche, il est déjà vu comme un futur crack du ballon rond. Un joueur plein de talent, à l’éclosion expresse, lui qui a même permis de porter le brassard de capitaine cette saison. 

Déjà pisté par Arsenal lors du mercato d’hiver, il avait alors pris la sage décision de prolonger son contrat avec l’Ajax. De quoi freiner les ardeurs des Gunners ? Peut être pas, surtout que Hato n’a pas manqué de faire un appel du pied à Arsenal en octobre dernier, en évoquant le transfert d’un certain Jurrien Timber, lui aussi passé par l’Ajax : “Le transfert de Timber à Arsenal a été merveilleux pour lui. C’est aussi mon rêve de faire un tel transfert, mais je sais que j’ai encore beaucoup de travail à effectuer”

 

 

Murillo, 21 ans, Nottingham Forrest. 

Une vraie révélation de Premier League. Débarqué pour 12 millions d’euros l’été dernier en provenance du Brésil, Murillo s’est rapidement imposé dans cette défense de Forrest et a rapidement montré ses qualités. Rapide, fort, et très à l’aise dans la relance, il a montré une constance assez rare pour une équipe qui a joué le maintien toute la saison. Des caractéristiques qui font de lui le candidat idéal pour ce rôle hybride. Bien évidemment ses prestations ont attiré les mastodontes du vieux continent : Liverpool, Chelsea, Newcastle le PSG et Barcelone apprécieraient beaucoup son profil. Mais qui dit “Premier League” dit bien sûr prix élevé : Nottingham Forest attendrait pas moins de 50 millions d’euros pour son défenseur central.

 

Jarrad Branthwaite, 21 ans, Everton.

Autre révélation de Premier League cette saison, Jarrad Branthwaite sort d’un exercice remarquable avec le club basé à Liverpool. Le grand gabarit d’1m95 a brillé par ses interventions défensives et sa faculté à relancer le jeu. Très difficile à passer et très propre techniquement, il excelle aussi bien dans une défense à 2 que dans une défense à 3, un peu plus le long de la ligne. Peu de chance que Everton soit vendeur cependant, à moins que leur situation vis à vis du Fair Play Financier change la donne. Dans tous les cas ça sera cher, pour un joueur qui possède une valeur marchande de 30 millions d’euros. 

 

Ferdi Kadioglu, 24 ans, Fenerbahçe.

Pure latéral gauche cette fois ci. Avec 4 passes décisives cette saison, le latéral turque a brillé. Très dynamique et offensif, collé à sa ligne de touche, Kadioglu sait défendre et très bien attaqué. Rapide et techniquement soyeux, mettre le bazar dans les défenses adverses il sait faire. Capable d’évoluer à gauche comme à droite, il a un profil qu’Arsenal n’a pas actuellement. Cela tombe bien, il parait que les scouts des Gunners l’ont observé plus d’une fois cette saison. Peut être l’heure du grand saut pour Kadioglu. 

Miguel Guttierez, 22 ans, Girona. 

Dans la famille “Girona saison exceptionnelle”, je demande l’arrière gauche. Grand artisan de la saison dantesque du club espagnol, Guttierez s’est rapidement imposé comme une valeur montante de la Liga. Issu du centre de formation du Real Madrid, qu’il a quitté en juin 2022 pour tenter sa chance avec Girona, Miguel Guttierez a plus qu’impressionné cette saison. Latéral gauche pur sang, il est capable d’évoluer sur tous les postes du côté gauche. Latéral défensif, piston, ailier gauche… il sait à peu près tout faire. Une polyvalence toujours très apprécié par Arteta. Arsenal a déjà supervisé le joueur un bon nombre de fois cette saison. En fin de contrat en 2027, il est suivi par les plus grands cadors européens. A commencer par son ancien club, le Real Madrid, qui possède une clause de rachat dans son contrat. 

Une défense qui a brillé, et des questions. Entre une charnière exceptionnelle et une profondeur parsemée de blessures, Arteta a dû d’adapter cette saison. Changement tactique, coup de poker et mise au banc, Arteta a déjà prouvé avec Ramsdale qu’il n’avait pas peur de prendre des décisions radicales. De quoi mettre en garde certains défenseurs qui sont passés au travers de leur saison ? Réponse dans les prochaines semaines. 

 

#LouisAFC


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