Martin Ødegaard – profession chef d’orchestre

Voilà quelques jours que la Premier League vient de se terminer et petit à petit la déception d’avoir fini si proche du but s’estompe. L’heure est maintenant au bilan. Cet exercice 2023-2024 a été remarquable aussi bien sur le plan comptable que sur le plan humain. L’intégration réussie de Kai Havertz est un marqueur important de l’ambiance au sein du groupe. Arteta et sa garde rapprochée en sont les principaux responsables, mais notre jeune capitaine n’y est pas étranger non plus. Pour sa deuxième saison avec le brassard, Ødegaard était encore au rendez-vous.

Pre-Dubai

La première partie du championnat est à l’image du skipper. Arsenal est là, bien placé en tête du peloton, mais il manque l’étincelle, la folie dont nous avons été témoins l’année précédente. Contre toute attente, les victoires s’accumulent et les Gunners sont invaincus jusqu’au match contre Newcastle début novembre. Martin Ødegaard était alors absent, blessé à la hanche, il sera tenu éloigné des terrains pendant une vingtaine de jours.

Premiers du classement à la veille de Noël, les joueurs s’écroulent pendant les fêtes avec des défaites face à West Ham, Fulham puis Liverpool en Cup. Les statistiques du Norvégien ne sont pas au mieux, loin de ses temps de passage à N-1, il est alors impliqué sur sept buts seulement en PL.

La faute au fait qu’il ait trainé une blessure sur plusieurs matchs en octobre et aux changements tactiques imposés par le coach. Il est vrai qu’avec Arteta, il ne faut pas s’attendre à ce que les schémas de jeu soient figés et répliqués d’une année à l’autre. Le Basque aime innover, et jusqu’à début 2024, on ne voit que très rarement combiner le triangle White, Saka, Ødegaard qui nous avait tant régalé lors de la saison précédente.

Post-Dubai

L’équipe, très critiquée pour son manque de réalisme face au but, revient transformée de son stage hivernal dans les Émirats. Au lieu de convoquer ses joueurs pour un camp militaire, Arteta prend la décision d’inviter aussi les familles. Les joueurs ont leur lot d’entrainements, mais une fois la journée terminée, ils peuvent profiter de la ville avec femmes et enfants. L’intelligence émotionnelle dont le coach a su faire preuve paiera presque instantanément.

À leur retour sur le sol anglais, les Gunners démolissent tout sur leur passage. Entre le 11 janvier et le 21 février (cinq matchs), Martin Ødegaard va créer 18 occasions de buts, il est le numéro un en Europe pour les passes dans la surface de réparation. Le joueur utilise son physique de super-welters (178cm, 68kg) à merveille. Soudainement ses épaules tombent et il esquive, feinte, trompe. Ses adversaires en ont le tournis.

Souvent, on le voit redescendre et récupérer la balle plus bas sur le terrain, ce qui pousse le joueur qui le marque à sortir et donc laisser un espace vide dans son dos. Le capitaine n’en demande pas plus, les passes en profondeur sont sa spécialité (caviar pour Bukayo Saka contre West Ham). Dans cette deuxième moitié de saison ses statistiques remontent en flèche, il terminera avec dix passes décisives pour finir à la 3ème place des passeurs de PL. Aussi, il fait partit des joueurs qui courent le plus, en moyenne 11.45 km par match, seulement devancé par Pascal Gross de Brighton.

Leadership

L’aura du capitaine n’a cessé de grandir. Fin septembre, il convainc Bukayo Saka de laisser Havertz tirer le pénalty contre Bournemouth. L’Allemand cherche toujours sa place dans l’équipe et Ødegaard sait que cet élan de solidarité aidera son coéquipier à s’épanouir. Le Norvégien est généreux dans ses efforts et montre toujours l’exemple. Il mène généralement le pressing et permet à son équipe de récupérer beaucoup de seconds ballons.

Si Arteta lui a confié le brassard après moins de deux saisons dans le nord de Londres, il avait de bonnes raisons. Arrivé à 16 ans au Real Madrid, le jeune Martin enchainera les prêts sans jamais pouvoir faire son trou. En attendant, il travaille dur. Après la pression qu’il s’est mise en Espagne, son arrivée à Colney en janvier 2021 fut plus douce. Les échecs qu’il a connus ont façonné sa personnalité. Arsenal le signe définitivement à l’été pour environ 35 millions d’euros.

Chez les Gunners, le capitanat peut amener à des destinées bien différentes : d’un côté, les Adams, Henry et Arteta ; de l’autre les Gallas, Van Persie et Aubameyang. Mais Ødegaard n’est pas tombé dans le côté obscur. Sa valeur marchande est aujourd’hui évaluée à 95 millions d’euros (Transfermarkt) et il vient d’être nommé dans l’équipe de l’année de Premier League par The Athletic. Autre source de satisfaction pour tout meneur d’hommes qui se respecte, dans ce XI type, il est accompagné par quatre de ses coéquipiers.

Indispensable ?

Leader technique du groupe avec tout l’attirail qui va bien (contrôles en une touche, roulettes, talonnades), Ødegaard en est aussi le métronome et harcèle les défenses adverses quand les Gunners n’ont pas le ballon. Arsenal a récupéré la possession dans le dernier tiers à 283 reprises, ce qui débouchera sur 74 tirs, soit 11% de leur total sur la saison. Son empreinte sur le jeu est énorme, peut-être même trop. Le groupe est orphelin quand il est absent. Cela a sauté aux yeux en avril contre Aston Villa. Il est remplacé à la 79ᵉ minute, les hommes d’Emery planteront ensuite deux buts coup sur coup. L’équipe semblait étouffée, perdue et sans créativité.

Cette année, Arsenal s’est fait éliminer des coupes domestiques relativement tôt, ce qui a considérablement réduit le nombre de matchs disputés. Pour la saison prochaine, il faudra trouver des solutions, une équipe de notre rang ne peut pas se reposer autant sur un joueur. Declan Rice pourra prendre le relais au niveau du leadership, mais techniquement il n’évolue pas dans le même registre. L’Anglais est un box to box, le Norvégien est un numéro 10.

Le mercato estival s’ouvrira le 14 juin et l’effectif risque de bouger, mais à l’heure actuelle les seuls prétendants à ce poste sont Emile Smith Rowe et Fabio Vieira. Malgré tous les espoirs placés dans le natif de Croydon, celui-ci n’aura pas vraiment saisi sa chance. Recruté par Edu et Arteta, le Portugais aurait l’avantage, mais sa condition physique a été très fragile et nous n’avons pas encore pu mesurer l’étendue de son talent. Si l’on veut pouvoir jouer sur tous les tableaux il va falloir trouver une solution à cette « Ødegaard-dépendance ».

En 2014, Wenger avait remué ciel et terre pour recruter Ødegaard. « Heureusement, il est là maintenant. Il ressemble vraiment à un jeune Cesc Fabregas. Il est devenu un joueur complet ». Cette année encore, le professeur a dû se délecter des performances de notre capitaine. À 25 ans à peine, son influence sur le groupe est colossale. On n’a qu’une envie, le retrouver au mois d’aout. Go Gunners !

#AFC

Jonathan


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