Arsenal et Old Trafford, une longue histoire

Sir Bobby Charlton, une légende du football anglais, a surnommé l’antre de Manchester United le théâtre des rêves. Nous y faisons le déplacement ce dimanche à l’occasion de l’avant-dernière journée du championnat. C’est un match qu’Arsenal doit à tout prix gagner pour pouvoir continuer à croire et espérer. « Old Trafford est un endroit où vous suivez vos rêves, votre gloire et votre bonheur ». Le moment ne peut pas mieux tomber. COYG !

2002, Arsenal couronné chez son ennemi

En février 2001, les Red Devils détruisent Arsenal à domicile. Le score est sans appel, 6-1, dont un triplé de Dwight Yorke en première mi-temps. Nous sommes en plein cœur de la rivalité entre les deux clubs. Sir Alex Ferguson et Arsène Wenger sont au sommet de leur art et leur domination sur le reste de la Premier League est sans appel. La saison suivante est marquée par l’arrivée de Sol Campbell en provenance de Tottenham et aussi du départ à la retraite de l’emblématique capitaine Tony Adams.

Après avoir laissé les trois derniers titres de champion d’Angleterre leur échapper, les Londoniens comptent bien rééquilibrer la balance. L’antépénultième match de l’exercice est surligné au fluo sur l’agenda de Wenger qui rêve d’un scénario comparable à la saison 1988-1989. Plus d’une décennie auparavant, George Graham avait conduit ses hommes au sommet avec une victoire 2-0 sur le dauphin Liverpool lors de la dernière journée à Anfield. Les artificiers débarquent donc dans le nord-ouest au printemps, le couteau entre les dents. C’est Sylvain Wiltord qui donnera le titre aux siens en trompant Fabien Barthez du pied gauche. La victoire est exquise et célébrer un tel succès sur le terrain de son principal concurrent a quelque chose d’irréel, on souhaiterait voir le temps s’arrêter.

Les hommes de Wenger ne perdent alors que trois matchs et sont invaincus à l’extérieur. C’est ce qui poussera l’Alsacien à prétendre que ses joueurs pourraient très bien finir une saison sans la moindre défaite au compteur.

Une rivalité féroce

Entre 1995 et 2004, Manchester United et Arsenal écrasent la concurrence. Les diables rouges ont remporté le championnat à six reprises, contre trois pour les Gunners. Cette rivalité statistique se ressent vite sur le terrain.

Au cours de la saison 96-97, sir Alex et Arsène Wenger s’affrontent pour les premières fois. Ian Wright se frotte au grand Peter Schmeichel, alors un des meilleurs gardiens au monde. Entre la frustration de ne pas pouvoir marquer et le trash talk du Danois, l’attaquant originaire de Brockley voit rouge, et sur une sortie du portier, il envoie les deux pieds en avant pour ce qui restera dans les annales comme un des pires tacles de la PL. La Football Association tranche, les joueurs s’en sortent facilement avec un simple rappel à l’ordre et des excuses publics. Mais du côté des entraineurs, la guerre est déclarée.

En octobre 2003, Arsenal se déplace à United pour ce qui deviendra « la bataille d’Old Trafford ». Une altercation avec Ruud Van Nistelrooy provoque l’expulsion de Patrick Vieira (après un deuxième carton jaune). Le français est en furie à la suite de ce fait de jeu et doit même être calmé et escorté par son meilleur ennemi, Roy Keane. En fin de match, Arsenal concède un penalty qui est frappé par le joueur hollandais, mais celui-ci tire sur la transversale. Scènes de liesse dans le stade pour des Gunners qui resteront invaincus cette saison-là, on se souviendra longtemps de la célébration de Martin Keown. Les réactions virulentes de plusieurs de nos joueurs seront finalement sanctionnées par la FA, le club écopera d’une amende 175 000 £.

L’année suivante et toujours à Old Trafford, Manchester United mettra fin à l’invincibilité d’Arsenal après 49 matchs. La rencontre est sous tension et les choses dégénèrent dans le tunnel après le match quand Arsène Wenger confronte Van Nistelrooy. Ferguson intervient pour protéger ses joueurs et recevra en échange une part de pizza en plein visage (Cesc Fàbregas au lancer).

Après neuf ans de luttes au plus haut niveau, aucun des protagonistes n’a gardé de ressentiment face à l’adversaire. Bien au contraire, un respect mutuel s’est construit à la suite de ces grandes batailles qui ont amené les deux clubs au sommet du football anglais.

Sir Alex: « Roy Keane contre Patrick Vieira restera pour toujours un duel de titans, j’ai adoré ces affrontements et je suis sûr qu’eux aussi ».

Manchester United à l’aube du renouveau?

Onze ans plus tard, Manchester United ne s’est toujours pas remis du départ de Ferguson. La trajectoire du club est quelque peu semblable à celle d’Arsenal. Il est très compliqué de rebondir immédiatement après le départ d’un homme qui a eu les clés du club pendant si longtemps.

Néanmoins, l’arrivée de Sir Jim Ratcliffe dans le capital du club (25%) semble faire beaucoup de bien. Ineos est déjà très présent dans le domaine sportif : formule 1, voile, cyclisme, football et a souvent trouvé la bonne formule pour arriver au plus haut.

Jean-Claude Blanc, CEO d’Ineos Sport et CEO intérimaire de Manchester United, gère la maison en attendant l’arrivée de la nouvelle équipe de direction. Le Français a un CV long comme le bras et a déjà prouvé ses qualités de fin stratège (organisation du tour de France, président de la FFT, rôles importants à la Juventus de Turin et au PSG).

Pour remettre le club sur les rails, Ratcliffe a débauché une équipe de choc : Omar Berrada (CEO, Manchester City), Dan Ashworth (directeur sportif, Newcastle), Jason Wilcox (directeur technique, Southampton). Il devra malgré tout s’armer de patience, les futurs collaborateurs n’étant pas disponibles tout de suite à cause leurs statuts dans leurs clubs respectifs.

En attendant, l’homme d’affaires prend les choses en mains et passe le club au kärcher en instaurant des changements draconiens : fin du télé-travail, fin des cartes bancaires d’entreprise, courriel salé envoyé à tous les employés du club relatif à l’état déplorable de certains locaux. L’Anglais souhaite remettre toutes les fondations en état avant de s’attaquer au sommet de l’iceberg. Avec une telle formule, il ne serait pas étonnant de voir Manchester United à nouveau dans le big six d’ici peu.

Une victoire dans ce stade mythique, qui a tant marqué notre histoire, nous permettrait de finir la saison en beauté. Comme un match de Cup ou un derby, l’état de forme n’a pas grand-chose à voir avec le résultat final. Il faudra s’inspirer de ces grandes batailles du temps des Invincibles et y aller avec les tripes. Go Gunners !

#AFC

Jonathan


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