Arsenal Women, l’effet Renee Slegers

Outre-manche, on appelle ce phénomène le « new manager bounce ». Soit, la faculté d’une équipe à inverser la tendance de ses résultats à la suite d’un changement d’entraineur. Pour le coup, dans le nord de Londres, cela a été plutôt radical. Depuis que Slegers a pris les rênes, les Gunners surfent sur le momentum, à tel point que la Néerlandaise devient de plus en plus crédible au poste de numéro un.

La coach

Ancienne milieu de terrain ayant évolué aux Pays-Bas et en Suède, Slegers a représenté son pays à 55 reprises. Sa carrière se termine en 2016 à la suite d’une blessure au genou, alors qu’elle était sélectionnée pour l’Euro que les Oranje allaient accueillir et remporter. Elle effectue son apprentissage d’entraineur en Suède (U19, U23) et reprend l’équipe première de Rosengard au départ d’Eidevall. Ce dernier la recrute en septembre 2023 à Arsenal comme assistante, puis prolonge son contrat à la fin de la saison 23/24. Quelques jours après la défaite à l’Emirates contre Chelsea et le départ du coach, elle est nommée manager intérimaire.

En conférence de presse face aux caméras, elle apparait calme, claire et précise. Sa communication est fluide, elle répond aux questions avec beaucoup d’aisance. Ses missions quotidiennes ont changé. Auparavant spécialisée dans le coaching individuel, elle a dû prendre du recul et redonner de la confiance à ses joueuses. Cela est passé par leur octroyer plus de libertés sur le terrain tout en les tenants responsables de leurs actions. « Nous les impliquons dans les réunions, nous leur demandons de réfléchir et de présenter leurs idées qui sont souvent très bonnes ».

Jonas Eidevall expliquait la saison dernière les bénéfices d’avoir davantage de présence féminine au sein du corps managérial. Des liens plus étroits peuvent être créés avec l’effectif. La nomination de Slegers n’a pas chamboulé les habitudes de l’équipe, les fondations étaient en place, il semble qu’il fallait juste un changement de leadership. Celui-ci semble avoir été bien accueilli, comme l’a confirmé Beth Mead : « C’est un nouveau chapitre qui commence, nous devons en tirer le meilleur et continuer à avancer. Nous aimons avoir Renee auprès de nous et nous serons heureux quoiqu’elle choisisse de faire dans le futur ».

Les résultats

Slegers prend les matchs les uns après les autres. Depuis mi-octobre, les Gunners enchainent les bons résultats avec trois victoires et un match nul en WSL, onze buts marqués et un but encaissé. En Ligue des champions elles ont écrasé Valerenga (4-1) puis la Juventus (0-4). Bien que les ambitions en championnat aient dû être revues à la baisse, en Europe tous les espoirs sont permis.

Lors de leurs cinq matches de Super League et de Ligue des champions sous Eidevall cette saison (hors qualifications), elles n’ont marqué que six buts pour 8,6 xG. Depuis, cela s’est amélioré avec 19 buts pour 13,6 xG en six rencontres sous Slegers. En début d’exercice, l’équipe semblait trop réfléchir et tergiverser, les joueuses sont maintenant plus instinctives. La grande gagnante est Alessia Russo, qui depuis le 16 octobre cumule quatre buts et une passe décisive. Son ouverture du score rapide face aux Spurs reflète tout ce qu’on attend d’un attaquant : force, intelligence et contrôle, le tout couronné d’une belle finition.

Alessia Russo a su provoquer l’étincelle !

La Néerlandaise a remanié sa défense et installé Steph Catley dans le XI comme défenseur central : « Steph a ses qualités, elle nous apporte les basiques et des détails que les gens ne voient pas toujours, elle couvre très bien les espaces et les joueurs, ses passes et sa prise de décision sont de très grande qualité ».

Quand Eidevall est arrivé en 2021, l’équipe excellait sur les flancs. Elle semble maintenant être revenue à l’essentiel. Les prises de risques ont été éliminées, les passes sont plus longues, l’intensité et la rapidité du jeu sont les maitres mots. Les attentes sont claires, l’équipe doit être calme, précise et impitoyable.

Steph Catley, pilier de la charnière centrale.

L’opposition

Malgré la victoire des Blues sur Manchester City ce week-end, il est encore trop tôt pour enterrer la concurrence. Chelsea domine allègrement le championnat, premier avec deux points d’avance sur les Sky Blues et un match en plus à jouer. Après la rencontre prévue le week-end prochain contre Manchester United, le club de l’ouest de Londres pourrait compter jusqu’à neuf points d’avance sur Arsenal. L’arrivée de Sonia Bompastor après le départ d’Emma Hayes était censée ouvrir une fenêtre d’opportunité, il semble que celle-ci se soit vite refermée.

La Française passée par Lyon, les États-Unis et le PSG fait figure d’épouvantail. Elle a quasiment tout gagné comme joueuse, puis comme coach. Elle a l’habitude de travailler sous la pression et de manager les égos. Accompagnée de sa fidèle assistante Camille Abily, elle a pour mission de continuer à empiler les trophées et de développer les jeunes talents du club. Bompastor vient d’ailleurs de réaliser un très bon coup, en remportant les trois matches de WSL que Chelsea avait perdu la saison dernière, son équipe marquant sept fois lors de ces matches et n’encaissant qu’une seule fois. Son équipe applique un pressing intense et aime contrôler les rencontres.

Bompastor reste invaincue depuis son arrivée dans le West-End.

En Ligue des champions, Arsenal entame sa phase de matchs retours avec la réception de la Juve à l’Emirates jeudi soir. Confortablement installé en tête de la Serie A, le club turinois ne s’est pas encore complètement remis de la claque reçue la semaine dernière face aux Londoniennes. À la maison contre Sassuolo ce week-end, le match s’est terminé sur un match nul dans un stade quasiment vide. Après une trêve de deux semaines, les Gunners joueront quatre matchs en dix jours, dont la réception du Bayern Munich. Le soir du 18 décembre, on en saura plus sur l’avenir européen de notre club.

Officieusement Slegers est en poste jusqu’à la prochaine trêve, après quoi un nouveau coach pourrait être dévoilé. Le poste d’entraineur principal attire beaucoup de convoitises, mais c’est aussi une position qui comprend des attentes énormes et beaucoup de pression, la Néerlandaise est-elle prête à relever un défi de cette taille ? Elle réalise un tel sans-faute que la personne qui la remplacera aura des difficultés à faire mieux. Le choix le plus sage serait de la laisser en place jusqu’à la fin de la saison et de suivre l’évolution des performances. La sensation de fraicheur et de légèreté qu’elle a insufflée dans un environnement anxiogène n’est pas passée inaperçue. Ici ou ailleurs, elle réussira. Go Gunners !

#AFC

Jonathan


Publié

dans

,

par