La lumière au bout du tunnel

Après un mois d’avril éreintant, nous avons enfin la ligne d’arrivée dans le viseur. Liverpool a été lâché dans le dernier col, et tels deux coureurs à la fin d’une longue étape de montagne, Gunners et Cityzens s’observent, guettant la moindre faille. Arsenal a su retrouver le momentum et ne se pose plus de questions.

Kai Havertz, le facteur X

Le flop du dernier mercato estival se mue tout doucement en avant-centre tranchant et crédible sur le long terme. Comme d’autres avant lui, il a eu besoin d’un temps d’adaptation et il arrive finalement à floraison avec le printemps. Ses forces sont sa solidité et son endurance aussi bien physiques que mentales.

Depuis son arrivée à Arsenal l’été dernier, son historique à l’infirmerie est vierge, il a toujours été disponible pour Arteta et c’est bien ce qui lui a permis de passer devant Jesus dans la hiérarchie. Même à Chelsea, sa santé n’a jamais été un problème (son absence la plus longue fut à la suite du COVID-19). L’Allemand est en passe de réaliser sa meilleure saison en PL avec 12 buts et 6 passes décisives, même si ses statistiques les plus flatteuses remontent à son époque du Bayer Leverkusen (2018-2019, 17B + 4PD). La machine a mis du temps à se mettre en marche, avec seulement un but sur ses douze premières apparitions.

Mais Kai Havertz marche à l’affectif. Au-delà du support évident fourni par son équipe, les fans qui font les déplacements à l’extérieur ont grandement contribué à l’éclosion du joueur. Au départ, sa chanson semblait prématurée et une blague plus qu’autre chose avec cet air d’autodérision. Néanmoins, les supporters se sont tellement exténués dessus qu’elle lui a donné de la confiance. Du moins c’est ce que l’on aime à penser. À l’extérieur, Havertz est clinique avec sept buts et trois passes décisives. Le public a été patient et ça a payé.

L’Allemand effectue un gros travail de sape et fatigue vite les joueurs qui le marquent, avec ou sans ballon, il arrive à faire des différences. Il est bien impliqué sur les replis défensifs et n’hésite pas à commettre la faute quand elle semble nécessaire (déjà neuf cartons jaunes cette saison contre quatre pour Granit Xhaka l’année dernière). Sa finition est encore à travailler, mais il y a eu d’énormes progrès. Face à Chelsea et aux Spurs, il a marqué de vrais buts de numéro neuf et son jeu aérien en fait un point de fixation redoutable.

Depuis mi-février, Kai Havertz mitraille (8 buts) et fait preuve de sang-froid. Serait-ce lui le game changer ?

Arteta, humilité et flexibilité

On l’aura compris, le coach n’est pas fan du statu quo. Il est constamment à la recherche d’excellence et contrairement à Wenger, il ne pense pas que celle-ci est synonyme de beau jeu mais plutôt d’efficacité. Il ne craint pas de remettre en question les schémas de jeu préférentiels.

On l’a vu avec le placement d’Havertz comme 8 à gauche en première partie de saison mais aussi avec la tentative de jouer Partey comme latéral inversé en août, laissant Gabriel sur le banc. Dans ces deux dossiers, il n’a pas eu le résultat escompté. Ça n’a pas fonctionné, ça a donc changé. Bien vu, nous avons été témoins d’une impressionnante montée en puissance du défenseur central brésilien et avons déjà évoqué plus haut le cas de l’Allemand.

Sa façon d’appréhender certains adversaires a, elle aussi, évolué. Arsenal n’a plus peur de lâcher le ballon et de laisser jouer l’adversaire en faisant confiance aux forces en présence. Contre City et les Spurs, Arsenal a préféré laisser tomber la possession (27.5% puis 37.8%). Face aux attaques de Tottenham, les joueurs se positionnaient en bloc bas, renforçant sévèrement leur milieu en poussant l’ennemi à passer sur les côtés. David Raya a ensuite beaucoup joué long, en particulier sur Kai Havertz, qui remporte sept duels aériens (son second meilleur rendement depuis le début de la saison).

Malgré ces ajustements, les Gunners ont encore récité leurs classiques avec deux buts sur coups de pied arrêtés. Une tactique peu au gout d’Ange Postecoglou qui a déclaré « Si je pensais que les coups de pied arrêtés étaient la solution pour combler le fossé, j’y consacrerais toute mon énergie ».

Le coach ne craint pas d’essayer et de se tromper, et n’a pas non plus à venir se justifier devant la presse. Ses choix sont très généralement judicieux, quand ce n’est pas le cas, il fait les ajustements nécessaires.

Tout gagner puis espérer

Il reste aux Gunners trois matchs à disputer. Ce samedi, nous accueillerons Bournemouth à l’Emirates. Nous nous souvenons que trop bien de leur dernière visite et nous devrons à tout prix éviter un scénario similaire. Arsenal doit rentrer vite dans la partie, éteindre tout excès de zèle des Cherries et tuer le match au plus tôt. La saison dernière, ils avaient ouvert le score à 1ʳᵉ minute et nous avions couru derrière le score jusqu’à l’exploit de Nelson à la 96ème.

Arsenal se déplace ensuite à Old Trafford pour un match qui s’annonce électrique. Les artificiers restent sur deux défaites à Manchester et les hommes de Ten Hag sont imprévisibles, capables du pire comme du meilleur. L’entraineur hollandais est sur la sellette et doit assurer une fin d’exercice la plus propre possible s’il souhaite rester dans les plans de Sir Jim Ratcliffe. L’historique des Red Devils à domicile n’est pas extraordinaire avec six échecs.

Le bouquet final aura lieu le 19 mai avec la réception des Toffees. Ils auront payé cher leurs derniers déplacements à l’Emirates avec deux naufrages (4-0 en mars 2023, 5-1 en mai 2022). 

De son côté, Guardiola connait la chanson. Comme par le passé avec Liverpool, il sait que le moindre point perdu peut être fatal. Bien qu’il ne cesse de rappeler aux médias à quel point ses joueurs sont fatigués, Manchester City est toujours donné favori au titre par Opta Analyst (66%).

City va enchainer quatre matchs d’ici au 19 mai, avec au programme deux visites à Londres en l’espace de quelques jours. Ils n’iront pas à Craven Cottage la peur au ventre, cependant le choc au Tottenham Hotspur Stadium peut s’avérer compliqué. Bien que des supporters des Spurs appellent les hommes de Postecoglou à boycotter le match (pour bloquer Arsenal), il y a peu de doute que les voisins se battront becs et ongles s’ils sont toujours au contact de Villa. Les Skyblues termineront leur saison de championnat à l’Etihad face aux Wolves, ce qui devrait être une formalité.

De retour de blessure dimanche face à Forest, Erling Haaland n’a pas mis longtemps à reprendre ses bonnes habitudes et il a scellé le sort du match moins de dix minutes après son entrée. Le Norvégien se réjouit de cette fin de saison boostée à l’adrénaline. Il a déclaré : « C’est super. C’est exactement comme la saison dernière et c’est le moment le plus excitant dans nos carrières. C’est pour cela que je joue. Ce sentiment avant le match, le stress qui monte, c’est fantastique ». Il est vrai que depuis son arrivée en Angleterre, l’avant-centre vit un conte de fées. Il est en tête du classement des buteurs, faisant de lui le favori pour le Golden Boot, qu’il pourrait remporter pour la seconde saison d’affilée.

Après un mois d’avril chargé, Arsenal retrouve un calendrier plus raisonnable en matière d’intensité avec un match par semaine. Depuis les défaites contre Aston Villa et le Bayern, l’équipe semble revigorée et prête à se battre jusqu’au dernier ballon. Les deux derniers matchs nous ont rassurés avec des joueurs rayonnants et pleins de confiance. Encore un peu d’efforts, quelques coups de pédale sont encore nécessaires avant la photo-finish. Go Gunners !

#AFC

Jonathan


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