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Le changement c’est maintenant ?
En décembre dernier, nous évoquions les difficultés de Martinelli et plus largement du côté gauche d’Arsenal. L’équipe, qui depuis plusieurs saisons joue majoritairement sur le côté droit, y consacrait près de 46% de son jeu. L’émergence d’un latéral gauche et une blessure de l’ailier brésilien plus tard, voyons si la donne a changé depuis. De Lewis-Skelly à Gabriel, analysons ce qui a changé pour nos Gunners.
La droite traditionnelle

Comme mentionné précédemment, Arsenal base son jeu sur son côté droit depuis maintenant trois saisons. Le symbole de tout cela est le trio White (ou Timber) – Odegaard – Saka parvenant à combiner à merveille en échangeant leurs positions si besoin. Ceci permettait notamment l’utilisation des qualités de passe d’Odegaard et de dribbles et finitions de Saka, pouvant également prendre la profondeur.
“Quelques” combinaisons entre les 3 joueurs ici.
Ces trois là, pouvant être aidés par Saliba en retrait, monopolisaient le ballon et l’attention des adversaires. Même avec Timber à la place de White, l’équipe continuait d’utiliser préférentiellement ce côté en profitant de la mobilité et de la qualité technique des joueurs positionnés là. Et comment ne pas le faire quand on a un Saka marchant sur l’eau ?
Despite not playing since the 21st December, Bukayo Saka has created more big chances than any other player in the Premier League this season (19).
— Squawka (@Squawka) February 8, 2025
46% of the chances he has created in the PL in 2024/25 have been big chances and 24% of them have been assists.🌶️ pic.twitter.com/2BfGb6qhN5
Pour autant, tout cela rendait l’équipe prévisible dans sa manière de faire progresser le ballon sur le terrain et de chercher à pénétrer dans le bloc adverse.
Finalement, avec les blessures de White et Saka cette saison (et même celle d’Odegaard plus tôt dans la saison), Arteta a été contraint de trouver une alternative, notamment pour l’animation dans le dernier tiers adverse.
“I’m putting some ideas together. I haven’t got there yet but I have a few,” Arteta said. “I want to speak with them as well to understand how we are going to generate that and take it in a positive way. It means we’re going to be different.”
Mikel Arteta – Après la blessure de Saka
Germin’Hale End

“Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre.” Germinal (Emile Zola)
En plus des blessures, quelque chose d’autre est coupable de cette adaptation : Hale End.
Notre pépinière de talent (cf. notre article sur l’Academy et son utilisation par Arteta) ne nous a pas donné que le fantasque Ethan Nwaneri cette saison. “Caché” plus bas sur le terrain, Myles Lewis-Skelly est apparu, profitant des blessures de Calafiori, Zinchenko, Tierney, Timber, etc. (mais surtout de l’Italien).

Depuis son entrée sur la durée parmi les titulaires face à Monaco le 11 décembre dernier, le jeune Anglais de 18 ans a su influencer le jeu de l’équipe et ce dès la relance dans notre camp.
En effet, depuis trois saisons et l’arrivée de Zinchenko, Arsenal est disposé en 3-2 avec une première ligne composée de Gabriel, Saliba et d’un de nos latéraux, devancés par Partey/Jorginho et l’autre latéral.

Selon les titulaires, le latéral gauche ou droit alterne celui haut placé, ou sinon un est désigné comme devant rester dans la ligne la plus basse (c’est souvent le cas pour White comme dans l’exemple au-dessus).

Peu importe cependant celui en haut, la relance penchait de toute façon à droite à cause des décrochages d’Odegaard, venant se rendre disponible assez bas.

Mais depuis l’arrivée dans le XI de MLS, hasard ou pas, Arsenal est moins dépendant de ce schéma de relance sur sa droite. A la différence d’un Calafiori, rarement trouvé entre les lignes lorsqu’il se réaxe, notre jeune latéral anglais sait se positionner pour se rendre disponible et profiter de ses qualités physiques et techniques pour faire progresser le jeu.

Notre capitaine, même s’il continue encore à le faire, décroche moins pour être la première solution de passe et avancer jusqu’au camp adverse.
Ceci se voit alors statistiquement avec un Lewis-Skelly touchant 10 ballons de plus dans la zone du milieu de terrain que son compère italien.
Profitant ensuite de ses qualités de contrôle et de conduite, il s’avère être une solution pour progresser jusqu’au camp adverse et apporter le danger jusqu’à la surface.
The pre-assist by Lewis-Skelly 😮💨#UCL pic.twitter.com/uDEY2T5IKB
— UEFA Champions League (@ChampionsLeague) December 13, 2024
Balle au pied, MLS se montre plus percutant que Calafiori comme le montre les stats :
Avançant dans le terrain forcément sur le côté gauche, notre jeu s’est alors beaucoup plus équilibré concernant les zones jouées et a même commencé à pencher sur la gauche.
On observe ainsi une légère différence dans les zones jouées par nos Gunners, encore bien influencées notamment par la présence d’Odegaard côté droit.
Pour autant, de plus en plus de nos matchs se rapprochent des 40% de ballons joués sur la gauche, avec même une pointe à 53% contre Gérone en LDC (mais sans Lewis-Skelly titulaire…), signe d’une volonté de changer des choses.
Le nouveau trio…
Notre manière d’atteindre le camp adverse changeant, les zones préférentielles de ballons joués vont également changer. Ainsi le côté gauche, souvent sous-utilisé jusqu’en décembre, retrouve une seconde jeunesse.
L’arrivée parmi les titulaires de Lewis-Skelly a donné une nouvelle dynamique à nos joueurs habitués au côté gauche. Trossard et Rice ont ainsi un nouveau camarade de jeu, leur permettant de combiner et d’échanger leur placement si besoin (exemple contre Manchester City par Michael Cox).

Cette capacité à s’échanger les positions est permise entre autres par la capacité accrue de Lewis-Skelly balle au pied à jouer dans des petits espaces comme ceux dans l’axe, par rapport à Calafiori.
Reste que sa présence rejaillit sur ses collègues de l’aile gauche.
A titre d’exemple, depuis le match contre Monaco et l‘arrivée de MLS en titulaire régulier, Declan Rice en moyenne :
- touche plus de ballons (60,4 contre 53,7)
- touche plus de ballons dans le 1/3 offensif (20,3 contre 18,7)
- tente plus de passes (52,9 contre 46,4)
- effectue plus de passes clé (1,4 contre 1,1)
- effectue plus de conduites progressives (2,9 contre 2,1)
- fait plus de passes dans le dernier tiers offensif (5,3 contre 3,8)
- fait plus de passes dans la surface adverse (1,3 contre 0,7)
- fait plus de passes progressives (6,6 contre 5,4)
La présence de Lewis-Skelly donne des ailes à l’international anglais et lui permet de montrer plus de choses balles au pied offensivement.
Pour Trossard, habituel ailier gauche des Gunners, le constat d’une progression statistique peut également être tiré. Il touche beaucoup plus de ballons avec le latéral sur le terrain (36,1 contre 23,6) et notamment dans le dernier tiers offensif (27,4 contre 14,6), même si c’est à nuancer avec la longue utilisation du Belge en tant qu’avant-centre en début de saison.
Rien de bien transcendant pour lui, mais nul doute qu’il ne peut qu’apprécier de voir le jeu se développer de plus en plus de son côté habituel.
Only two players have created 5+ big chances in the Premier League so far in 2025.
— Squawka (@Squawka) February 18, 2025
Declan Rice (6) 🤝 Leandro Trossard (5) pic.twitter.com/lSACbrhjUt
De là à ce que cela puisse bénéficier à un Raheem Sterling encore dans le dur…
… de quatre joueurs
Le développement de notre côté gauche ne peut cependant être restreint qu’aux trois joueurs cités précédemment.
Non content de former un duo avec William Saliba, notre menace aérienne Gabriel, aime à s’aventurer avec le trio décrit plus haut.
La seconde jeunesse de notre côté gauche lui permet ainsi de s’exprimer davantage.
Dès la relance depuis notre camp, le défenseur est souvent seul, avec l’ailier droit ou un attaquant adverse préférant soit se réaxer pour suivre Lewis-Skelly, soit rester plus bas pour empêcher une passe.

De par sa position basse, le défenseur central exilé sur la gauche a le temps de choisir et peut attirer vers lui un adversaire (souvent l’ailier droit adverse) afin ensuite de trouver un partenaire plus haut sur le terrain.

Le défenseur brésilien montre de plus des velléités offensives non pas seulement lors de nos corners. De différentes manières, il participe aux phases de construction autour de la surface adverse, de pénétration et de contre-pressing.
Se trouvant côté gauche dans notre bloc-équipe lorsqu’on a le ballon, même dans le camp adverse, le Brésilien est régulièrement trouvé en solution de retrait lorsqu’on cherche à progresser côté gauche.
De par sa position de départ, Gabriel se retrouve seul dans sa zone lorsqu’on se trouve chez l’adversaire. Il permet alors à l’équipe d’être une solution de passe pour conserver le ballon, en apportant un surnombre selon la disposition de ses coéquipiers.

Une fois trouvé, sa qualité de passe et le temps qui lui est laissé lui permettent de faire perdurer l’attaque :
- soit en cherchant un appui haut sur le terrain :

- soit en trouvant un joueur dans l’axe laissé libre :

- soit en trouvant un joueur entre deux défenseurs :

- soit en cherchant un joueur dans la profondeur :

- soit en avançant balle au pied :

Touchant davantage de ballons dans le dernier tiers adverse, il peut alors participer à la phase de pénétration, notamment par la passe. Ses qualités et son placement, souvent sans vis-à-vis dans l’immédiat, lui permettent donc et à l’équipe, d’atteindre la surface adverse par moments.
Sans ballon, il exécute à merveille les volontés proactives fixées par Arteta. Son placement lorsqu’on a la balle, “l’oblige” à participer au contre-pressing de l’équipe à la perte de balle.

Sur les relances adverses, il suit à la trace son vis-à-vis (l’attaquant ou un milieu central droit adverse) pour ne pas lui donner de répit et le laisser se retourner dans le cadre du marquage quasi-individuel tout terrain des Gunners.

Quitte à se retrouver très loin de ses collègues de défense :

Tout cela lui (et nous) permet de récupérer de nombreux ballons dans le camp adverse, permettant de repartir à l’assaut du but adverse.
Conclusion
Pensée et subie, cette adaptation du jeu d’Arsenal fait grandir l’équipe en lui permettant de développer de nouveaux outils (la rendant davantage imprévisible) et en faisant émerger de nouveaux joueurs. Lewis-Skelly, Gabriel et Rice enchainent ainsi les très bonnes prestations avec ce changement dans notre jeu.
Pour autant tout n’est pas parfait. L’équipe continue de montrer des difficultés de pénétration dans les 30 derniers mètres, enchaînant les passes sur les ailes et attendant parfois un miracle, notamment de Nwaneri (sur le côté … droit).
Reste à voir si ce changement d’aile (en partie) résistera au retour (tardif) de notre Golden boy Saka. Le nouveau front populaire perdurera-t-il ? A voir.
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