Martin Ødegaard : North London Forever

Martin Ødegaard s’est longuement confié à Players Tribune. Tout comme Granit Xhaka quelques mois auparavant, le Norvégien est revenu en détail sur sa carrière ainsi que son amour pour Arsenal, qu’il considère désormais comme sa maison. Une carrière déjà incroyablement remplie et semée d’obstacles pour son jeune âge mais qui l’ont conduit aujourd’hui là où il se sent le mieux : le Nord de Londres. La rédaction d’AFC vous propose une traduction de cet entretien fascinant du capitaine des Gunners. 

J’ai toujours eu ce lien étrange avec Arsenal. Ça a commencé bien avant que je signe. Je ne sais même pas vraiment comment l’expliquer, sauf avec cette petite histoire.

Je n’ai jamais été très porté sur les jeux vidéo. Je suis de cette génération qui a toujours joué dehors, mais la seule exception était FIFA. Je jouais surtout au mode Carrière. Vous savez, quand vous devenez manager ?

Le club que j’ai toujours choisi de diriger était Arsenal. C’était mon équipe FIFA.

En grandissant en Norvège, je regardais beaucoup la Premier League et j’avais un bon pressentiment pour Arsenal. J’avais vu des clips de Thierry Henry et des Invincibles. Je savais que le club avait l’habitude de former des meneurs de jeu comme Fabregas, Nasri, Özil – des joueurs vraiment intelligents et techniques, qui étaient bons avec le ballon et faisaient des passes difficiles. Mon genre de joueurs.

En vieillissant, vers l’édition 2015, j’ai commencé à apparaître réellement dans FIFA. Au début, je ne me ressemblais pas beaucoup. Je pense que j’avais 67 de général, mais j’étais réellement dans le jeu et c’était une grosse réussite. Alors, naturellement, l’une des premières choses que j’ai faites quand je me prenais pour Arsène Wenger en mode Carrière a été de m’acheter (rires).

Moi et Arsenal. Ça semblait aller ensemble dans ma tête.

Cette connexion spéciale est devenue une réalité lorsque j’ai signé ici il y a deux ans. C’est une décision qui a changé ma vie. J’arrive à l’entraînement avec le sourire tous les jours. Mais mon histoire n’a rien à voir avec le mode Carrière. Le parcours a été très différent de celui que j’avais imaginé sur FIFA. Dans la vie réelle, vous ne pouvez pas simplement choisir où vous voulez aller et tout sera parfait.

 

“Moi et Arsenal. Ça semblait aller ensemble dans ma tête.”

 

Les gens veulent toujours savoir ce que c’était pour moi de grandir en tant qu’adolescent en Norvège avec tout ce buzz de fou. Et, pour être honnête, je ne sais pas comment répondre à cette question. C’est étrange à dire mais, à l’époque, cela me semblait… normal.

Je pense que j’étais trop jeune – peut-être un peu trop naïf ? – pour comprendre totalement, vous voyez ?

Je pense que les gens s’imaginent que je devais éviter tout ce qu’on disait de moi dans la presse et vivre dans une bulle, mais ce n’était pas le cas. En fait, j’avais l’habitude de lire tout ce qu’ils écrivaient sur moi. Je m’asseyais littéralement et je lisais les journaux. Mais je les lisais en mode “OK, cool. C’est bien.” Et c’est tout. Je suis passé à autre chose.

J’avais une bonne famille autour de moi, de bons amis, une bonne vie. J’étais juste un enfant qui aimait le football. J’aimais vraiment, vraiment ça. J’étais obsédé. Il y avait un terrain artificiel juste à côté de ma maison à Drammen – littéralement à 100 mètres – et j’y ai vécu toute mon enfance. Parfois, quand je rentre chez moi, je vois des enfants sur ce même terrain en train de discuter, de faire de simples frappes, et je leur dis “mais qu’est-ce que vous faites ?!” Ce n’est pas comme ça que mes amis et moi jouions. On jouait des tournois, des un contre un jusqu’à ce qu’il fasse nuit. C’était sérieux.

Source: Courtesy of Martin Ødegaard

J’ai également eu la chance d’avoir mon père, Hans Erik. Il était mon entraîneur au club de mon enfance, Drammen Strong, puis à Strømsgodset jusqu’à mes 13 ans, et mon entraîneur personnel depuis que je suis bébé. Il avait joué en première division en Norvège en tant que milieu de terrain, donc si je ne jouais pas avec mes amis, je m’entraînais avec lui. Je m’entraînais vraiment.

Vous pensez peut-être connaître l’histoire ? Un père exigeant qui oblige son fils à s’entraîner tous les jours. Mais en fait, c’était le contraire. C’est moi qui le poussais. Il savait des choses que les autres parents ne savaient pas. Donc je voulais qu’il m’apprenne, qu’il me donne un avantage.

Il était particulièrement obsédé par le fait que je développe ma sensibilité et ma rapidité. Il me faisait toujours regarder par-dessus mon épaule avant de recevoir le ballon. En hiver, lorsque nous ne pouvions pas jouer à l’extérieur, il m’emmenait dans la salle de sport couverte et nous faisions des exercices où il jouait le ballon depuis un banc et où il rebondissait vers moi. Il arrivait par derrière, me pressait d’un côté et je devais regarder et m’ajuster avant de le recevoir.

 

“Aujourd’hui, quand vous me voyez me détourner d’un défenseur, en utilisant ce toucher et cette lecture rapide du jeu, c’est la salle des sports. C’est mon père.”

 

J’étais tellement concentré sur le fait d’être le meilleur à cette époque. Je savais que j’avais du talent, mais je ne m’emballais pas. Je prenais simplement plaisir à jouer avec mes amis dans le club de ma ville natale.

Puis les choses ont commencé à progresser très vite.

À 13 ans, j’ai fait mes débuts avec Strømsgodset.

À 15 ans, je suis devenu le plus jeune joueur à jouer pour l’équipe nationale de Norvège.

C’est là que les choses sont devenues vraiment folles.

Source: Vegard Wivestad Grott/AFP/Getty Images

Je me souviens être entré en jeu pour les 20 dernières minutes d’un match de qualification pour l’Euro 2016 contre la Bulgarie à l’Ullevaal Stadion d’Oslo et tout le stade, plus de 20 000 personnes, était en délire. À chaque fois que je touchais le ballon, ils m’acclamaient. Je peux encore entendre ce son.

Le fait est qu’en Norvège, nous n’avions pas eu de “superstar” depuis si longtemps que les fans étaient un peu désespérés et quand ils ont commencé à entendre parler de ce jeune homme de Drammen, ils ont voulu y croire, même s’ils ne savaient pas vraiment si j’étais bon. Cela a ajouté à cette étrange hype.

Et puis le matraquage médiatique ne fait qu’accroître le matraquage, et tout à coup vous êtes lié au Real Madrid.

Mon père s’occupait de tout avec les clubs, et il y en avait beaucoup. On est allé au Bayern, à Dortmund, à Man Utd, à Liverpool, à Madrid, à Arsenal aussi. On nous emmenait dans des avions privés et on nous faisait sentir spéciaux.

Je ne dis pas ça comme ça… J’étais même à deux doigts de choisir Arsenal. Quand nous y sommes allés, j’ai pu m’entraîner à London Colney. J’ai rencontré Arsène Wenger. Il nous a emmené dîner avec papa. C’était cool, mais étrange aussi. C’est Arsène Wenger, tu sais ? C’est cette légende avec qui j’ai grandi en regardant la télé, et maintenant je suis assis en face de lui à manger un steak. J’étais tellement nerveux que je me disais : “Est-ce qu’il est en train de m’analyser ? Est-ce qu’il va me juger si je mange les frites ? Peut-être que je devrais juste les laisser.” (Rires)

 

“Je ne dis pas ça comme ça… J’étais même à deux doigts de choisir Arsenal.”

 

Alors, pourquoi le Real Madrid ? J’en ai beaucoup parlé avec mon père et le reste de ma famille. Au final, Madrid, c’est Madrid. Ils étaient détenteurs de la Ligue des champions avec les meilleurs joueurs du monde. À l’époque, j’adorais Isco, il était si doux avec le ballon. Encore un de mes joueurs préférés ! Mais ce qui était vraiment important dans l’offre de Madrid, c’est qu’ils avaient une équipe B où je pouvais jouer en compétition immédiatement. Et l’entraîneur de cette équipe ? Zinedine Zidane. J’avais l’impression d’avoir le package complet.

Avant que nous ne leur disions officiellement, je me souviens que j’étais assis avec mon père sur le canapé à regarder un match du Real Madrid à la télévision. À un moment, il s’est tourné vers moi, son téléphone à la main, en disant : “C’est le moment ? Devons-nous leur dire ?”

Nous parlions de cette décision depuis si longtemps, car il était si difficile de refuser tous ces autres clubs incroyables. Mais ensuite nous l’avons fait.

Il avait le brouillon enregistré dans son téléphone depuis une semaine ou deux. Ce message très simple.

C’était quelque chose comme : “Martin a décidé qu’il voulait venir, si tu le veux toujours.”

Je lui ai juste dit, “envoie-le”.

Parlons de ma journée de présentation.

En fait, je suis trop gené rien que d’y penser maintenant… mais je sais que beaucoup de gens en ont parlé à l’époque. J’étais devenu un meme. Alors laissez-moi vous expliquer ce qui s’est passé.

Ils ont envoyé un avion pour venir nous chercher en Norvège le matin. Très tôt. Donc, je me réveille mais je suis encore à moitié endormi. Mes cheveux sont dans tous les sens. Je n’ai pas eu le temps de prendre une douche. J’ai juste mis les vêtements que j’ai pu attraper rapidement, j’ai jeté quelque chose de plus classe dans un sac et nous avons pris le vol. Je me suis dit qu’une fois arrivée à l’hôtel à Madrid, je pourrais me changer, prendre une douche, me préparer, vous voyez ?

Mais ensuite nous atterrissons, nous descendons de l’avion et je réalise qu’ils nous emmènent directement au terrain d’entraînement pour passer la visite médicale et ensuite la conférence de presse. Pas d’arrêt à l’hôtel.

 

“Je sais que beaucoup de gens en ont parlé à l’époque. J’étais devenu un meme. Alors laissez-moi vous expliquer ce qui s’est passé.”

 

Et je me suis dit, attends, on fait ça maintenant ?

Soudain, je suis assis à côté de la légende madrilène Emilio Butragueño – qui porte un costume très chic, bien sûr – et ils me présentent au monde.

Je sais que vous avez vu les photos.

Moi, dans ce vieux pull à rayures, même pas douché, essayant d’aplatir mes cheveux avec mes mains.

C’était le plus grand jour de ma vie, les images allaient dans le monde entier. Je suis censé être ce joueur pour lequel le Real Madrid a battu tous les autres pour me signer et je ressemble à un écolier qu’on vient de sortir de la visite du stade.

Butragueño me présente et dans ma tête, je me dis :

Mon Dieu, j’aurais dû changer de pull.

Quelqu’un aurait pu me le dire.

Pourquoi personne ne me l’a dit ???? (Rires)

Source: Victor Carretero/Real Madrid/Getty Images

L’autre chose à laquelle je pense à ce moment-là, assis là devant tous ces gens, c’est à ma Confirmation. Si vous ne le savez pas, il s’agit d’une cérémonie commune aux enfants norvégiens au cours de laquelle on célèbre le passage à l’âge adulte. J’ai fait la mienne quand j’avais 15 ans. C’est juste pour la famille et les amis proches et il est courant qu’à la fin de l’événement, l’enfant se lève pour faire un petit discours pour remercier tout le monde d’être venu. Sauf que lors du mien, je me suis figé. J’étais trop timide pour parler devant ma famille – les personnes avec lesquelles je suis le plus à l’aise ! J’étais sûr de moi sur le terrain de football, mais parler devant des gens ? Jamais de la vie.

Un an plus tard, je suis devant et au centre d’une conférence de presse du Real Madrid. Dans ce pull à rayures.

Haha, vous imaginez ?

J’étais tellement hors de ma zone de confort. Vous pouvez voir la peur sur mon visage.

Quand c’est mon tour de parler, j’ai ces gros écouteurs sur les oreilles et je chuchote pratiquement en norvégien : “Euh oui… C’est un grand plaisir. Ummm, je suis très fier….”.

Mais bizarrement, je pense que ce moment a aidé beaucoup de gens à me percevoir. Dès que vous devenez célèbre, les gens s’attendent à ce que vous agissiez d’une certaine façon. Comme si tu étais un super-héros, qui peut tout faire. Vous pouvez jouer au football, donc vous devez aussi être capable de bien parler, d’être confiant, de tout donner à chaque instant. Mais ce n’est pas réaliste.

Je pense que cette conférence de presse a aidé les gens à se connecter à ce que je vivais. J’étais juste un petit garçon timide. Je veux dire, vous avez rencontré un jeune de 16 ans récemment ? Ils ont eu de la compassion pour moi et ont vu à quel point j’étais normale.

Quelques jours après la présentation, je suis allé m’entraîner pour la première fois et, honnêtement, c’était juste surréaliste. Je n’ai pas l’âge de conduire, alors mon père doit m’amener pour jouer avec Isco, Ronaldo, Ramos, Modric, Bale et Benzema, comme s’il me déposait à l’école.

 

“Je pense que cette conférence de presse a aidé les gens à se connecter à ce que je vivais. J’étais juste un petit garçon timide.”

 

Je ne pense qu’à la façon dont ces gars vont me traiter quand j’entrerai dans leur loge. Ce petit garçon qui ne parlait pas espagnol. Mais ils étaient tous très gentils, et ceux qui parlaient anglais – Kroos, Modric, Ronaldo – ont pris grand soin de moi au début. Ils m’ont donné des conseils et m’ont beaucoup aidé. Mais honnêtement, je pense qu’aucun d’entre eux était particulièrement inquiet de voir un jeune Norvégien de 16 ans prendre leur place dans l’équipe.

Avec le club, nous avions prévu que je m’entraînerais tous les jours avec l’équipe première et que je jouerais régulièrement avec l’équipe B. Cela semblait être un plan intelligent à l’époque, mais il s’est avéré que je n’ai pas trouvé ma place dans les deux groupes.

Avec l’équipe B, je n’étais pas avec eux régulièrement, donc je n’ai pas trouvé cette connexion. Dans l’équipe première, j’étais juste un gamin qui venait s’entraîner. Je n’étais pas impliqué dans les matchs. Je me sentais un peu comme un outsider. J’étais coincé entre les deux.

J’ai arrêté de jouer avec l’étincelle qui était typique de mon jeu. J’ai été un peu trop prudent pendant un certain temps. Je me souciais plus de ne pas faire d’erreurs que de jouer mon jeu. Et mon jeu a toujours consisté à faire la différence. Jouer la passe difficile. Je peux comprendre pourquoi c’est arrivé maintenant. J’étais encore un petit garçon, mais j’ai appris qu’il fallait être impitoyable. Vous ne devez pas vous poser de questions. Vous devez montrer votre vrai visage sur le terrain.

“Il n’y a pas d’entre-deux dans le football moderne. Soit vous êtes la meilleure signature de l’histoire, soit vous êtes une merde.”

Après quelques années, je ne progressais plus.

La presse s’en est prise à moi parce que je n’étais pas à la hauteur. J’étais une cible facile. Si vous me connaissez vraiment, vous savez que je souris beaucoup, mais je pense que de l’extérieur, mon visage semble parfois plus grincheux que je ne le suis en réalité ! C’était plus facile pour eux d’écrire sur mes difficultés d’adaptation.

Je me souviens avoir lu un titre comme : “C’EST LE MOMENT OU JAMAIS POUR MARTIN ØDEGAARD”.

Et je me suis dit, “c’est le moment ou jamais ?” J’ai 18 ans !

Source: Ali Yaqub for the Players’ Tribune (2)

Peut-être que si j’avais été espagnol, on m’aurait donné un peu plus de temps pour grandir. Honnêtement, je ne sais pas. En fin de compte, c’est juste la nature de la hype. Il n’y a pas d’entre-deux dans le football moderne. Soit vous êtes la meilleure signature de l’histoire, soit vous êtes une merde.

Que ce soit clair, je ne me plains pas de mon passage au Real Madrid. Pas du tout. Aller à Madrid a été une bonne chose pour moi. J’ai appris tellement de choses sur ce qu’il faut faire pour atteindre le sommet. J’ai regardé, je me suis entraîné et j’ai appris des meilleurs joueurs du monde, mes idoles. J’ai joué au Bernabéu. J’ai appris à être dur et à relever des défis. Cela fait partie de qui je suis maintenant. C’est la raison pour laquelle je suis là où je suis aujourd’hui.

Mais quand les choses sont devenues difficiles, je n’ai jamais perdu de vue l’essentiel. Dans ma tête, je me disais toujours : “Comment puis-je changer ? Comment puis-je m’améliorer ? Parce qu’au bout du compte, je ne serai jamais le gars qui se contente de s’entraîner dans le plus grand club et qui obtient peut-être quelques minutes ici et là. J’ai toujours pensé à ce que je devais faire pour être la meilleure version de moi-même. C’est pourquoi j’avais besoin d’aller de l’avant.

À l’époque où j’ai grandi en Norvège, j’avais l’impression d’avoir toutes les options du monde. Seulement quelques années plus tard, j’ai dû accepter le fait que les clubs ne s’alignaient plus pour moi.

Si vous jouez au mode Carrière et que vous passez du Real Madrid à Heerenveen, vous pensez peut-être que quelque chose a mal tourné. Sans vouloir offenser le championnat néerlandais ! Mais honnêtement, pour moi, c’était une expérience fantastique. J’ai pu jouer régulièrement au niveau de l’équipe première, ce qui était exactement ce dont j’avais besoin. Je dois beaucoup à mes prêts à Heerenveen, où j’ai grandi en tant que personne, et à Vitesse, où j’ai grandi en tant que joueur.

À Heerenveen, j’ai obtenu mon permis de conduire (je n’avais plus besoin que mon père m’emmène à l’entraînement), j’ai appris à être seul et à prendre des responsabilités. Ensuite, à Vitesse, j’ai rencontré le manager Leonid Slutsky. Il était incroyable. Il croyait en mes capacités sans me demander d’être magique à chaque fois. Il a amélioré ma prise de décision et mon travail d’équipe. Rapidement, j’ai retrouvé les passes difficiles.

Source: Dean Mouhtaropoulos/Getty Images

Après deux saisons et demies en prêt aux Pays-Bas, j’étais prêt à revenir en Liga et à m’installer à la Real Sociedad pour au moins deux saisons. Finalement, ça ne s’est pas passé comme ça. C’est un club extraordinaire dans une belle région du monde, avec des fans qui sont très attachés à leur équipe. D’une certaine manière, la culture basque ressemble davantage à la Norvège. Les gens sont plus réservés à l’extérieur, mais une fois qu’ils vous ont pris dans leur cœur, ils sont si attentionnés et protecteurs. Vous devenez l’un des leurs. J’ai adoré cela.

Je jouais bien et j’étais vraiment heureux là-bas, mais au bout d’un an, quand Madrid m’a appelé, je me suis dit que je devais saisir ma chance maintenant. C’est le rêve que je poursuis depuis que j’ai 16 ans.

J’avais une bonne relation avec Zidane depuis qu’il entraînait l’équipe B et il s’est bien occupé de moi, alors je voulais croire que ça marcherait cette fois-ci.

Mais ensuite, j’ai eu le COVID. J’ai commencé les deux premiers matchs de cette saison 2020-21, mais je n’étais pas complètement remis. Je n’ai pas donné le meilleur de moi-même et, après cela, je n’ai plus eu beaucoup d’occasions. Presque rien. Pendant ce temps, je regardais la Real Sociedad à la télévision en me disant que j’aurais encore pu être là-bas.

J’y pensais beaucoup.

“Honnêtement, je défie quiconque de sortir d’une réunion avec Arteta et de ne pas croire tout ce qu’il vous dit.”

J’ai parlé à mon agent avant la période de transfert de janvier : “Écoute, nous devons faire quelque chose… Je ne suis pas revenu pour être juste là. Je suis revenu pour jouer. J’ai besoin de jouer et de continuer à m’améliorer.”

Il a essayé de me calmer, en me disant qu’on venait d’annuler un contrat pour revenir à Madrid. J’avais toujours dit que je voulais de la stabilité et maintenant, cinq mois plus tard, je voulais encore bouger ? Mais j’avais pris ma décision.

Je ne peux que remercier Madrid d’avoir investi dans un jeune de 16 ans. Tout le monde avait de bonnes intentions et je n’en veux à personne, mais j’avais besoin de trouver un endroit où m’installer. J’avais besoin de trouver une vraie maison.

Je l’ai trouvé dans le nord de Londres.

Source: Ali Yaqub for The Players’ Tribune

Mode Carrière.

Ce petit souvenir au fond de mon esprit a resurgi à la seconde où mon agent a mentionné qu’Arsenal était intéressé. Cela m’a juste semblé logique.

J’ai parlé à Mikel Arteta lors d’un appel Zoom et il m’a parlé du projet. À l’époque, Arsenal n’allait pas bien. Ils étaient en bas de tableau, à la 15e place, mais cette réunion… Honnêtement, je défie quiconque de sortir d’une réunion avec Arteta et de ne pas croire tout ce qu’il vous dit.

Il est d’un niveau supérieur. C’est difficile à expliquer. Il est passionné, il est intense et parfois, oui, il est un peu fou … mais quand il parle, vous comprenez que quand il dit que ça va arriver, ça va arriver.

Il m’a raconté son plan, tout ce qu’il construisait. Il savait exactement ce qui devait changer au club. Il m’a parlé de ces jeunes joueurs extraordinaires dans l’équipe – Saka, Martinelli, Smith Rowe… Il m’a dit comment il voulait que je m’intègre et comment j’allais progresser.

J’ai eu la forte impression qu’il était sur quelque chose de vraiment spécial.

Non pas que j’avais besoin d’être plus convaincu, mais j’ai aussi reçu tellement de messages de fans d’Arsenal sur Instagram me disant de signer. Pas seulement moi, mais toute ma famille, mes amis et tous ceux que je suis ! C’est une base de fans tellement incroyable et active. Des gens au hasard que je connais me montraient comment les commentaires de leurs posts étaient remplis de trucs comme “Dis à Martin de signer pour Arsenal “.

C’était juste … Wow.

Je dois dire que les fans ont été incroyables depuis que je suis ici. Peut-être que certaines personnes pensent que cela n’a pas d’importance pour nous en tant que joueurs, mais ça en a. Aux Emirates, chaque fois que vous faites un tacle pour sortir le ballon en touche, tout le stade applaudit comme si vous aviez marqué un but. Ils vous donnent cette confiance que vous pouvez tout faire.

À la fin de ma première saison ici en 2020-2021, lorsque nous avons terminé huitième, on aurait dit que personne au club n’avait perdu la foi en ce que nous faisions. Tout le monde croyait en nous. Tout cela faisait partie du plan. Même la saison dernière, quand les choses sont devenues vraiment difficiles. Évidemment, nous avons eu du mal à supporter la non-qualification pour la Ligue des champions alors qu’elle était entre nos mains, mais nous avons appris de cette expérience.

Nous sommes revenus plus proches, plus forts, plus motivés.

Nous sommes dans la course au titre maintenant, mais le chemin est encore long et, croyez-moi, personne ne pense encore au mois de mai. C’est un cliché, mais nous prenons les choses match par match, séance d’entraînement par séance d’entraînement. Un morceau à la fois.

Mais s’il reste quelqu’un qui ne croit pas encore totalement en cette équipe, je vous le dis : il n’y a pas de limites à ce que nous pouvons accomplir. Personne ne peut me dire le contraire.

Je suis très fier d’être le capitaine de ce club et j’ai l’impression que je vais rester ici encore longtemps.

Après la victoire contre West Ham le lendemain de Noël, j’ai eu l’occasion de parler à Wenger – c’était la première fois qu’il revenait à l’Emirates depuis 2018, et la première fois que je le voyais depuis ce steak-frites il y a toutes ces années. Nous avons eu une bonne discussion et il a mentionné qu’il avait gardé un œil attentif sur ma carrière même après que j’ai choisi Madrid. Il a été honnête et a dit qu’à un moment donné, il était en fait inquiet de la façon dont les choses se passaient pour moi, mais maintenant il est tellement heureux de me voir épanoui dans le bon environnement.

 

“Je suis très fier d’être le capitaine de ce club et j’ai l’impression que je vais rester ici encore longtemps.”

 

Il avait reconnu quelque chose. Depuis que j’ai quitté la Norvège, j’ai l’impression que tout est temporaire. Je n’ai pas eu cette stabilité, cette connexion vraiment profonde, jusqu’à maintenant, et c’est si important.

Chaque fois que je dirige l’équipe à l’Emirates, j’ai ce moment pour moi. Je veux vraiment ressentir cette atmosphère, cette électricité des fans. J’écoute toujours la chanson North London Forever dans les haut-parleurs et je me mets à chanter dans mon souffle.

J’ai la chair de poule à chaque fois.

Je ferme les yeux et je me revois, enfant, sur le terrain artificiel de Drammen. Si vous aviez montré à ce gamin un aperçu de ce moment et lui aviez dit que c’était son avenir ?

Il serait mort pour ça.

La route a été sacrément longue, mais je vis mon rêve.

Je suis à la maison. Et le meilleur est encore à venir.

Vous pouvez également retrouver cet entretien en version vidéo. 

Traduit par Corentin. #AFC


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