Quelque peu contesté, David Raya a rapidement remplacé l’un des chouchous des supporters, Aaron Ramsdale. Arrivé en fin de mercato, le gardien espagnol a la lourde tâche de prendre le poste de gardien de but titulaire et d’assurer de la fluidité et de la sérénité dans son jeu au pied pour favoriser les sorties de balles.
C’était une arrivée assez peu attendue. Après deux bonnes saisons dans les buts des Gunners, Aaron Ramsdale a vu débarquer un concurrent arrivé de l’Ouest de Londres, David Raya. Pourtant nommé gardien de l’année en Premier League et dernier rempart de l’équipe de l’année, l’Anglais se voit remettre en cause.
“Ramsdale ? Par rapport à ce que doit représenter Arsenal et leur objectif, c’est un peu en deçà.”
– Christophe Lollichon, ancien entraîneur des gardiens à Chelsea
On le sait, Mikel Ateta est obsédé dans la quête du parfait. Pas de place au hasard ni au manque de justesse. Tout doit être rodé. Son équipe fonctionne comme une montre et chaque engrenage est lié, au millimètre près. Acheté près de 30M€ à l’été 2021, Ramsdale est arrivé à l’Emirates avec le statut du jeune gardien prometteur, pas mal à l’aise avec ses pieds, ce qui est assez rare pour un gardien anglais.
Mais le haut niveau est un autre monde, impitoyable, et Arteta n’a pas le temps d’attendre. Il aurait pu prendre son temps avec Ramsdale, lui apprendre à mieux utiliser son jeu au pied. Mais le titre manqué l’an dernier après avoir passé autant de journée en tête du championnat a dû faire réfléchir l’entraîneur espagnol.
Lors du match entre Arsenal et Bournemouth, le 30 septembre (0-4), Christophe Lollichon, ancien entraîneur des gardiens de Chelsea qui commentait le match en tant que consultant, s’est montré élogieux envers Raya. « Quand bien même Ramsdale est un très bon gardien de PL, par rapport à ce que doit représenter Arsenal et leur objectif, c’est un peu en deçà. Malgré un déficit de taille (1,83m), il compense par un excellent placement et un jeu au pied déterminant et c’est ce que recherchait Arteta. »
Pour l’entraîneur espagnol, cela permet surtout d’avoir de la profondeur de banc. « David Raya va apporter des meilleures qualités pour notre modèle de jeu, c’est très simple, détaillait-il en conférence de presse. Nous voulons deux joueurs par position qui peuvent faire cela, et vous avez vu ce qui est arrivé à Jurrien (Timber, victime d’une blessure au ligament croisé antérieur du genou droit), cela peut arriver à notre gardien, c’est arrivé à Thibaut Courtois. »
Une option de plus à la relance
Après trois matches sur le banc, Raya débute face à Everton et son apport est clair, il permet une option en plus à la relance. Et c’est ce pour quoi il a été choisi. Cependant, on remarque que, sur la saison dernière, le pourcentage de passes réussies entre l’Espagnol et l’Anglais est similaire (63,4% pour Ramsdale contre 60,8% pour Raya). Mais l’explication est simple. Face à la difficulté de ressortir les ballons de derrière face au pressing adverse, il était demandé à Raya de relancer loin.
Sur cet aspect-là, l’ancien gardien de Brentford a trouvé preneur sur 42% de ses longs ballons, contre seulement 29,2% pour l’ancien de Bournemouth. Plus que ça, Raya représentait le point de départ de nombreuses actions, et, la qualité de son jeu au pied à fait de lui le tireur de coup franc depuis sa moitié de terrain pour mettre le ballon dans des zones dangereuses.
La preuve en est puisqu’il a réussi 75 passes arrivant dans le dernier tier adverse, dont 3 arrivant directement dans la surface, la saison dernière. À titre de comparaison, c’est 19 de plus que Ramsdale sur les deux dernières saisons. Opta Analyst a analysé la performance du gardien espagnol face à Arsenal l’an passé, confirmant son habilité à jouer long.
Un très bon gardien d’abord
Mais Raya ne se définit pas uniquement par sa qualité de jeu au pied. Il a pu le montrer face à Tottenham, c’est un très bon gardien. Sa parade qui l’a vu être nommé pour l’arrêt du mois en Premier League illustre sa palette technique. Placement haut pour anticiper un centre, sa vitesse latérale et son bon placement lui ont permis de réaliser un arrêt de grande classe.
L’an passé, il a sauvé l’équivalent de 6 buts en termes d’expected goals sur la saison, le classant troisième derrière Bernd Leno (10,7) et Alisson (9,5). Ramsdale a coûté un but aux Gunners. C’est-à-dire qu’il a concédé un but de plus que ce qu’il aurait dû, quand Raya en a encaissé 6 de moins que ce qui était prévu selon les xG.
Les statistiques de Raya sur la saison 2022-2023 via Opta Analyst.
Les statistiques de Ramsdale sur la saison 2022-2023 via Opta Analyst.
Mais Raya est aussi contesté par certains fans des Gunners, notamment face à Manchester City, où il lui a été reproché de prendre trop de temps balle au pied. Lors d’un micro-trottoir d’AFTV, un fan s’est montré critique envers l’Espagnol, ainsi que la politique de recrutement du club. « J’ai regardé Raya aujourd’hui, est-il vraiment meilleur que ce que l’on avait avec Ramsdale ? Non, mais lors des deux dernières années, j’ai observé qu’on avait besoin d’une amélioration au poste d’avant-centre. Vous l’avez vu aujourd’hui (Nketiah a été pour le moins discret) et il n’y a pas de vrai tueur. J’ai entendu quelqu’un dire que Mikel (Arteta) est impitoyable. Oui, il l’est avec le gardien de but, mais pas avec ceux de devant. »
En réalité, si Raya pose le pied sur le ballon, c’est dans la quête d’un décalage. Il ne le fait pas pour gagner du temps, mais pour qu’un attaquant adverse vienne le presser et ainsi l’éliminer par la passe, offrant ainsi à Arsenal un 10 contre 9 dans le champ (on enlève le gardien adverse). Justement, face à City, la consigne était donnée de jouer long, en cherchant Gabriel Jesus sur la droite.
Lorsque l’équipe joue haut, il a tendance à venir presque sur la même ligne que ses défenseurs centraux. Cela offre une solution de retrait en plus et permet de créer plusieurs triangles en plus, la clé pour des sorties de balles propres.
Il a aussi cette faculté à casser une ligne par la passe, et la vision du jeu nécessaire. Face à Bournemouth, sa passe pour Zinchenko, seul dans le cœur du jeu, permet à Arsenal de se retrouver dans la surface adverse en seulement 2 passes.
Il est également très sollicité par ses coéquipiers, touchant en moyenne 50 ballons par match depuis son intronisation en tant que titulaire. Face à Manchester City, il a réussi 67% de ses passes (29/43), dont une majorité de longs ballons, un chiffre similaire à la rencontre face à Tottenham (66% pour 19/29). Mais, lorsque l’équipe domine, il touche plus de ballons, et réussi plus de passes (60 ballons pour 44/52 contre Bournemouth).
David Raya est parti pour être le nouveau numéro 1 d’Arsenal. Ses performances, ainsi que son application quasi parfaite de la tactique d’Arteta, l’ont conforté comme membre important du onze. Sa qualité à la relance est un véritable plus pour les Gunners qui ressortiront plus sereinement, malgré les quelques coups de chauds provoqués par le pressing adverse sur le gardien. Raya possède également de très bonnes qualités pour prendre le but d’Arsenal et permettre au club d’atteindre ses objectifs.
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