Que se passe-t-il en coulisse ?

Cette année 2018 fût assez spéciale pour Arsenal. En effet, le club a dit au revoir à son manager emblématique après plus de 20 ans de collaboration. Un départ qui a suscité beaucoup de réactions dans le monde du football, mais aussi beaucoup d’émotion. Mais voilà, depuis la prise de fonction d’Unaï Emery en tant que head coach en mai dernier, une lutte de pouvoir semble s’être immiscée entre certains dirigeants du club, ce qui pose certaines questions. Vers quel dénouement se dirige-t-on ? Le club risque-t-il d’être impacté par cette lutte de pouvoir en son sein ? Quelles sont les causes et les conséquences de cette lutte intempestive en interne ? Nous allons tenter de vous apporter quelques éléments de réponse.

Gazidis et Emery
                               Ivan Gazidis (ex Directeur Exécutif) et Unaï Emery (Entraîneur)

A la suite du départ d’Arsène Wenger au printemps dernier qui occupait le poste de manager général depuis vingt deux ans, Arsenal a dû dernièrement se restructurer. La direction du club semblait avoir anticipée le futur départ de son manager en commençant la réorganisation d’une partie de son staff dès l’été 2017, ainsi qu’en recrutant de nouvelles têtes au sein de l’encadrement du club. C’est ainsi que l’Allemand Sven Mislintat a rejoint le club en tant que responsable du recrutement dès le 1er décembre 2017 en provenance du Borussia Dortmund, tandis que l’Espagnol Raul Sanllehi, héritait lui, du poste de directeur du football (également en lien avec le recrutement) après avoir travaillé pendant quatorze ans comme directeur sportif au FC Barcelone.

En poste depuis novembre 2008 en tant que directeur exécutif, Ivan Gazidis a, quant à lui, contribué à la nomination d’Unaï Emery sur le banc des Gunners. Seulement voilà, après seulement quelques mois, le nouvel homme fort du club a finalement choisi de quitter Arsenal pour rejoindre l’AC Milan le 1er décembre dernier à la surprise générale. Le Sud-Africain a donc laissé les commandes, non pas à un, mais à deux successeurs, le premier étant Raul Sanllehi qui partage aujourd’hui cette responsabilité avec le britannique Vinai Venkatesham dont le véritable rôle reste assez flou. Un problème récurrent au sein de la direction du club, puisqu’on n’en sait en réalité très peu sur les véritables activités de la plupart des dirigeants actuellement en fonction. Qui gère quoi et comment ? Aucune structure n’ayant été clairement établie, on ignore à peu près tout ou presque des fonctions occupées par chacun.

Venkatesham et Sanllehi
                    Vinai Venkatesham (à gauche) et Raul Sanllehi (à droite) succèdent à Ivan Gazidis 

Ce qui semble à peu près certain, c’est qu’un trio de décisionnaires s’est formé après le départ de Gazidis. Les membres de ce trio qui ne sont autre que Sanllehi, Venkatesham et Mislintat travaillaient jusqu’ici plutôt bien ensemble malgré certaines divergences. Seulement voilà, le club a tout récemment communiqué que Sven Mislintat allait quitter le club le 8 février prochain, quatorze mois seulement après son arrivée sur les bords de la Tamise. L’intéressé déclarait pourtant quelques jours après son arrivée vouloir rester de nombreuses années à Arsenal. On peut donc logiquement se demander là aussi, ce qui a bien pu se passer pour que l’Allemand décide de plier bagage aussi rapidement. Promesses non tenues ? Manque de moyens pour le mercato ? Difficile de dire ce qui a décidé Mislintat a présenter sa démission. Il semblerait toutefois que sa relation avec Emery se soit rapidement dégradée, le technicien espagnol souhaitant avoir davantage de pouvoir décisionnel au niveau du recrutement.

Mislintat
                                                Sven Mislintat, Responsable en Chef du Recrutement

Selon David Ornstein, journaliste sportif de la BBC, ce soudain revirement s’apparente visiblement au fait que Gazidis aurait explicitement indiqué à Mislintat lors de son arrivée qu’il aurait la main mise sur la gestion du mercato d’Arsenal et le recrutement des joueurs, tandis que Emery serait lui cantonné uniquement à son rôle d’entraîneur. Une nouveauté à part entière au sein du club puisque auparavant, Arsène Wenger cumulait les deux fonctions. Dans les faits pourtant, il semble que Emery ait bel et bien son mot à dire au niveau de la gestion du mercato, comme en témoigne l’intérêt du club pour plusieurs joueurs ayant déjà travaillés avec lui auparavant, notamment Denis Suarez et Ever Banega. Autre problème évoqué par Ornstein, Sanllehi et Mislintat n’auraient pas du tout la même approche concernant le recrutement des joueurs. Si l’Allemand privilégie un travail essentiellement basé sur une analyse approfondie des joueurs et de certaines données statistiques via son réseau de scouts, l’Espagnol lui, miserait davantage sur son réseau d’agents et de connaissances dans le milieu du football.

Connu pour sa personnalité solitaire, Mislintat se serait rapidement isolé en marge du duo espagnol, ce qui aurait apparemment engendré certaines tensions entre Sanllehi et Emery d’un côté, et Mislintat de l’autre. Cet épisode remet donc un certain nombres d’éléments en question. A peine constituée, la nouvelle antenne de direction du club s’est rapidement fissurée. En l’espace de moins d’un an, deux des principaux dirigeants ont quitter le navire, laissant Arsenal dans une situation délicate et en proie à de nombreux conflits internes. Le départ imminent de Mislintat prévu pour le 8 février prochain a provoqué l’indignation et la colère de nombreux fans. Et pour cause, l’actionnaire majoritaire du club, l’américain Stan Kroenke est parvenu à racheter l’intégralité des parts du club en août dernier. Désormais propriétaire du club à 100%, l’américain n’a dorénavant plus aucun compte à rendre, notamment au niveau de la gestion comptable du club à laquelle les fans pouvaient avoir accès durant l’assemblée générale qui se déroulait une fois par an à la veille du début de saison.

Stan Kroenke et son fils Josh
                  Stan Kroenke (à gauche) et son fils Josh, lui aussi membre du Board d’Arsenal

Seul investisseur de Premier League à ne pas avoir investi le moindre centime dans son club, la politique capitaliste de Kroenke (également propriétaire des franchises des Denver Nuggets en NBA, des Colorado Avalanche en NHL et des Colorado Rapids en Major League Soccer) vise essentiellement à faire d’Arsenal une entreprise rentable pour le milliardaire américain, le club réalisant chaque année de nombreux bénéfices sur le plan économique au détriment de l’aspect sportif. Avec une enveloppe constamment revue à la baisse sur le marché des transferts ces dernières années, dû notamment à la non participation en Ligue des Champions depuis deux saisons, Mislintat semblait donc être l’homme idéal pour redresser Arsenal. Capable de dénicher de très bons joueurs à moindre coût, l’Allemand avait déjà fait ses preuves du côté du Borussia Dortmund, jouant un rôle majeur dans la signature de nombreux joueurs emblématiques au sein du club allemand ces dernières années.

A l’origine des arrivées de Lucas Torreira, Matteo Guendouzi, Pierre-Emerick Aubameyang ou encore Sokratis Papastathopoulos du côté des Gunners, son départ est vécu comme un véritable drame du côté de la majorité des supporters. D’autant plus que l’enveloppe allouée aux transferts pour ce mercato hivernal est inexistante, comme l’a déclarée lui-même Unaï Emery en conférence de presse au début du mois de janvier. Si le club n’a pas renoncé à recruter pour autant, c’est principalement dû au fait que plusieurs joueurs importants sont actuellement gravement blessés (Hector Bellerin, Rob Holding et Danny Welbeck) et sont d’ores et déjà forfaits pour le reste de la saison. Or si recrutement il devait y avoir d’ici la clôture du mercato (il reste sept jours), Emery a lui-même déclaré que ce ne serait que sous forme de prêt… assez indécent pour le septième club le plus riche du monde.

Autre perte à déplorer, les départs imminents de plusieurs joueurs en fin de contrat en juin prochain. Aaron Ramsey, Danny Welbeck, Petr Cech (retraite) et Stephan Lichtsteiner (une année renouvelable en option) vont tous quitter le club libres à l’issue de la saison, l’objectif de cette vague de départs étant de réduire la masse salariale, jugée trop importante. Le chantier s’annonce donc colossal pour la direction et la cellule de recrutement qui s’apprête donc à perdre son principal protagoniste. Par ailleurs, un peu à l’image de Jorge Mendes à Wolverhampton, l’agent espagnol Arturo Canales ; actuel agent d’Unaï Emery et proche de Raul Sanllehi ; pourrait plus ou moins prendre les commandes du club de manière non officielle en cherchant à placer ses propres joueurs au sein du club. Il n’est donc pas exclu qu’Arsenal “s’hispaniolise” encore davantage dans les mois/années à venir.

Sanllehi, Emery et Arturo Canales
                                                               Raul Sanllehi, Unaï Emery et son agent Arturo Canales (à droite)

Il demeure toutefois un infime espoir pour les fans, puisque Ornstein a récemment mentionné que le club, sous l’impulsion d’Emery, chercherait à recruter Ramon Rodriguez Verdejo, plus connu sous le pseudonyme de Monchi, en tant que directeur sportif. Rappelons que Emery et Monchi ont déjà travaillé ensemble et connu le succès au FC Séville durant plusieurs années, l’Espagnol étant considéré comme une référence mondiale dans son domaine. Actuellement dans une situation délicate dans son club de l’AS Roma, où on lui reproche que certaines recrues ne donnent pas satisfaction, Monchi pourrait donc rebondir du côté d’Arsenal très prochainement. A noter également que l’ancien joueur et actuel membre de la cellule de recrutement, Francis Cagigao pourrait lui également obtenir un poste à un échelon supérieur.

L’avenir s’annonce donc plus ou moins indécis du côté d’Arsenal. S’il est difficile de se rassurer vu le chemin emprunté par le club dernièrement, l’éventuelle arrivée de Monchi pourrait un temps soit peu redonner espoir aux nombreux fans qui se désespèrent de voir le club retrouver l’élite sur la scène nationale et européenne.

#FlyMillenium


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