Les 10 plus grosses ventes de l’histoire d’Arsenal

Malgré seulement 209 minutes disputés avec l’équipe première d’Arsenal, Folarin Balogun va devenir la plus grosse vente de l’histoire d’Arsenal, pour 40 millions d’euros. Une belle opération financière pour un club qui ne s’est pas toujours montré adroit quand il s’agissait de récupérer des indemnités de transferts. L’occasion pour nous de se replonger dans les dix plus grosses ventes de l’histoire du club (selon Transfermarkt), témoins des différentes réalités du moment. 

10 – Emmanuel Adebayor (Manchester City – 29M€)

Le passage du Togolais est sportivement intéressant. Plus de 60 buts en 142 matchs officiels dont une excellente saison 2007-2008 (24 buts en PL) et hormis une altercation avec Nicklas Bendtner face à Tottenham, son départ vers City aurait pu rester dans l’anonymat, mais c’est mal connaître son caractère. Quelques semaines plus tard, il marque à l’Ethiad face à Arsenal. S’en suit une célébration mythique où il traverse tout le terrain pour célébrer face au parcage. 

Quelques années plus tard, il a expliqué à demi-mot cet acte, pour Beyond The Game

« J’ai eu une rencontre avec Arsène Wenger dans son bureau quand il m’a dit que je devais partir car il ne voyait plus mon avenir à Arsenal. Je n’avais donc pas d’autre choix que de rejoindre Man City, que j’étais très heureux de rejoindre. Et le lendemain, quand j’ai rejoint Manchester City, je l’ai vu faire une conférence de presse à Londres en disant que je voulais partir pour l’argent et tout […], c’est de là que vient ma haine pour Arsenal. »

Et le professeur de répondre, pour the Ornstein & Chapman podcast

« J’avais l’habitude de dire aux joueurs que s’ils partaient, il ne revenaient pas. C’était une façon de fidéliser les joueurs, qui voulaient parfois voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Sa célébration ? Ce n’était pas la meilleure réaction de sa part. Mais quelque part, il n’était pas convaincu de partir, il avait un peu de ressentiment car je l’avais poussé au départ. »

Au final, le passage d’Adebayor à City ne restera pas dans la légende et il quitte le club un an et demi après être arrivé. Cerise sur le gâteau, il a passé par la suite quatre ans à Tottenham 

9 – Marc Overmars (Barcelone – 29,3M€)

C’est l’un des ailiers les plus talentueux de se génération. Trois saisons à Arsenal,  ponctuées d’un doublé coupe-championnat en 1998 et de deux places de vice-champion. Il suscite alors l’intérêt du FC Barcelone qui le fait signer en compagnie d’Emmanuel Petit. Une vente intéressante pour l’époque, mais qui va marquer le début de la fin pour le Néerlandais qui enchaîne les blessures au genou. Sans avoir pu être sacré champion d’Espagne en quatre saisons, il raccroche finalement les crampons à seulement 31 ans. 

8 – Joe Willock (Newcastle – 29,4M€)

Sans cette vente, Martin Odegaard serait-il le maître à jouer d’Arsenal ? Nous sommes à l’été 2021 et le club se remet péniblement d’une saison finie en dehors des places européennes. À l’hiver, Joe Willock, dont le profil ne convenait pas vraiment au style de jeu d’Arteta, est prêté à Newcastle. Dans le même temps, Odegaard arrive pour six mois en provenance du Real. 

C’est le moment choisi par le jeune anglais pour exploser, avec huit buts inscrits en quatorze matchs de Premier League, ce qui va grandement contribuer à augmenter sa valeur marchande. Mikel Arteta affirme d’ailleurs compter sur lui en fin de saison, mais c’est un coup de billard à trois bandes qui se met en place. Le club est tenté de recruter définitivement Martin Odegaard, pour un prix similaire à une vente de Willock, qui est alors plus ou moins mis à la porte. 

« Je n’étais pas valorisé à Arsenal, c’est devenu clair, a avoué Willock au Telegraph en mai dernier. Lorsque j’ai eu une réunion avec eux, il était évident qu’ils voulaient que je m’en aille. Ouais, ça faisait mal. J’étais là depuis l’âge de quatre ans et demi. J’avais donné ma vie à Arsenal. » Si le départ d’un Baby Gunner n’est jamais très agréable, le fait de le voir épanoui à Newcastle donne l’impression que ce choix était gagnant pour tout le monde.

7 – Alex Iwobi (Everton – 30,4M€)

Alex Iwobi quitte le club à l’été 2019, après avoir pourtant prolongé la saison précédente. Jeune espoir de l’Academy, il s’installe progressivement dans l’équipe sous Arsène Wenger. Özil affirme même que Iwobi lui « rappelle un mélange de Jay-Jay Okocha et d’Edgar Davids. Il est vraiment fort balle au pied, bon aussi défensivement, mais aussi devant le but. » Toujours est-il que le Nigérian paraît un peu tendre pour devenir l’un des meilleurs ailiers du championnat. 

Valorisé à 30M€, cela va accélérer son départ à l’été 2019, alors que les finances sont plombées par le transfert record de Nicolas Pépé. Unai Emery préfère retenir Reiss Nelson, malgré l’intérêt de plusieurs clubs de Premier League, et laisse filer Iwobi pour 30M€, un montant qui s’apparente à une bonne affaire pour le club aujourd’hui. Toujours un Toffee, il n’a pas vraiment confirmé les espoirs placés en lui. Malgré tout, il reste le dernier Gunner buteur lors d’une finale de coupe d’Europe.

6 – Robin Van Persie (Manchester United – 30,7M€)

C’est LE transfert qui est le symbole des difficultés (notamment financières), post-Highbury. On y avait d’ailleurs consacré un article l’année dernière, alors que cela faisait dix ans que RVP avait quitté le Nord de Londres. Lors de la saison 2011-2012, Van Persie est le joueur star de l’équipe, qu’il avait alors rejoint en tant que jeune espoir en 2004. Après des blessures récurrentes qui l’avaient empêchées d’atteindre tout son potentiel, le Néerlandais est intenable pour sa dernière saison sous le maillot d’Arsenal, où il plante 30 buts en 38 matchs de Premier League ! 

Et pourtant, les hommes d’Arsène Wenger terminent très loin des deux Manchester (19 points), portant à sept le nombre de saisons consécutives hors du Top 2 (après avoir toujours fini dans les 2 entre 1998 et 2005 !). C’en est trop pour le serial buteur qui est à l’apogée de sa carrière mais son armoire à trophée peine à se remplir. « Je ne sentais pas qu’on avait le niveau pour rivaliser, a t-il expliqué à un média néerlandais en 2020. Un jour, le PDG m’a montré que le club allait bien à travers des tableaux avec des chiffres. Je lui ai dit : ‘j’en ai rien à foutre de tes chiffres. Je veux soulever la Premier League’ ». 

Ce qui arrive la saison suivante avec le maillot de… Manchester United. Le rival honni est l’un des rares clubs à pouvoir mettre 30M€ sur un joueur à qui il reste un an de contrat. Avec 26 buts, Van Persie porte les Red Devils vers ce qui est le dernier titre de Sir Alex. La logique financière obligeant à vendre nos meilleurs joueurs pour payer l’Emirates avait atteint son paroxysme. 

4 – Cesc Fabregas (Barcelone – 34M€)

Autre symbole de cette époque où l’exode de nos meilleurs joueurs était craint chaque été : Cesc Fabregas. On ne va pas refaire l’histoire de ce milieu de terrain fantastique, capitaine à seulement 21 ans et qui a d’ailleurs arrêté sa carrière cet été. L’Espagnol, passé par la Masia entre 1997 et 2003, voit le Barça revenir lui faire la cour à l’été 2010. Mais le club ne semble pas disposé à le vendre, malgré les 40M€ proposé par les Catalans, qui regrettent d’ailleurs dans un communiqué : « À la lumière de la déclaration publiée aujourd’hui concernant l’avenir contractuel de Cesc Fabregas, le FC Barcelone regrette la décision d’Arsenal FC de déclarer le joueur n’est pas à vendre et de ne pas prendre en considération les offres proposées. »

Ce n’est finalement que partie remise. Un an avant Robin Van Persie, Arsène Wenger ne peut retenir son capitaine, qui effectue son retour au Barça à l’été 2011. Le professeur est impuissant :

« Nous avons clairement dit que nous ne voulions pas le départ de Cesc et cela reste le cas. Cependant, nous comprenons son désir de repartir vers le club de sa ville et nous avons désormais accepté une offre de Barcelone. Nous remercions Cesc pour sa contribution à Arsenal et lui souhaitons de futurs succès. »

4 – Alexis Sanchez (Manchester United – 34M€)

Transfert ou échange ? Difficile de vraiment savoir. À l’hiver 2018, Alexis Sanchez file à Manchester United alors que Henrik Mkhitaryan fait le chemin inverse. « Manchester United est ravi d’annoncer la signature d’Alexis Sanchez d’Arsenal dans un accord qui voit le milieu arménien Henrikh Mkhitaryan prendre la direction opposée, écrivait le club dans un communiqué. » La question est donc : quel type d’accord ? De nombreux sites spécialisés (dont Transfermarkt) référencent le transfert comme une vente des deux joueurs contre 34M€. Un échange somme toute.

À son arrivée, le Chilien affirme être venu « pour remporter le championnat, la Ligue des Champions et chaque trophée possible. » Sur le terrain, il met tout en oeuvre en formant un trio redoutable avec Giroud et Özil et termine même la saison 2016-2017 avec 30 buts et 15 passes décisives. Malgré deux FA Cup et une frustrante deuxième place en 2016, l’ancien Barcelonais se frustre au moment où Arsenal rate pour la première fois depuis 20 ans la qualification en C1. « La vérité est que la décision ne dépend pas de moi, explique-t-il à l’été 2017. Ma décision est prise, mais maintenant nous attendons une réponse d’Arsenal. Cela dépend d’eux, de ce qu’ils veulent. »

Finalement, le club pense réaliser une bonne affaire à l’hiver suivant alors qu’il ne lui restait que six mois de contrat, en réussissant à l’échanger contre Mkhitaryan. Ce sera finalement perdant-perdant pour les deux clubs puisque le Chilien commence à décliner, notamment à cause des blessures, et que l’Arménien ne s’est jamais vraiment imposé dans l’effectif. 

3 – Nicolas Anelka (Real Madrid – 35M€)

Le fait que la vente de Nicolas Anelka, datant pourtant du siècle dernier, soit encore sur le podium des plus gros transferts de l’histoire du club en dit long sur notre difficulté à bien vendre. Arrivé deux ans plus tôt, le Français s’impose progressivement sur le front de l’attaque, au dépend de Ian Wright. Participant activement au doublé coupe-championnat en 1998, il explose individuellement la saison suivante, avec 17 buts en Premier League. 

C’est le moment choisi par les grands clubs européens pour s’arracher l’un des attaquants les plus prometteurs d’Europe, qui se dévoile définitivement au public français par son doublé à Wembley en février 1999. D’autant que le joueur a des envies d’ailleurs. En 2008, il s’était expliqué à News of the World sur ses envies de départ : 

« Quand j’ai débuté la saison (1998-1999), les gens doutaient car je remplaçais Ian Wright. Je pensais que le public était heureux pour moi, mais en fait, je me suis aperçu en lisant les journaux et en regardant la télé que j’étais critiqué, alors que je n’avais rien fait pour mériter ça. Je me suis alors dit, quand vous serez tous derrière moi, alors je m’en irais. Et c’est ce que j’ai fait. »

Alors que la Lazio est tout proche de le faire signer, il va au bras de fer avec son club (une chose rarissime pour l’époque !) et sèche la reprise de l’entraînement. « Tout concordait pourtant à Arsenal, expliquait à Eurosport Arnaud Ramsay, son biographe. Un coach qui l’aimait, d’autres Français dans l’effectif, il parlait de mieux en mieux anglais. Mais Anelka est comme ça : quand il prend une décision, il est tétu« . Le transfert aboutit finalement avec le Real Madrid, devenant alors le joueur français le plus cher de l’histoire. Un départ qui favorisera l’arrivée de Thierry Henry quelques jours plus tard…

2 – Alex Oxlade-Chamberlain (Liverpool – 38M€)

Sans lui manquer de respect, le nom d’Alex Oxlade-Chamberlain peut surprendre aux côtés de ceux précédemment évoqué. Et pourtant, il est donc resté la plus grosse vente de l’histoire d’Arsenal pendant six ans. Espoir du football anglais à son arrivée à Londres en 2011, Ox ne sait jamais vraiment imposé comme un joueur indispensable, mais sa régularité et sa polyvalence lui ont quand même valu presque 200 matchs avec le club. 

À 24 ans, il sent alors qu’il tourne en rond du côté d’Arsenal et rejoint Liverpool lors du dernier jour du mercato, malgré un intérêt prononcé de Chelsea. Sa carrière donne l’image d’un joueur qui aurait pu être encore meilleur, car s’il joue chez les Reds, il est plutôt un remplaçant au milieu et se retrouve plombé par une rupture des ligaments croisés en 2018. Malgré tout, il soulève une Ligue des Champions (sans jouer cette année-là) et la Premier League.

Tonton Arsène avait bien résumé l’état d’esprit d’Oxlade-Chamberlain, au moment ou ce dernier faisait son retour à l’Emirates : 

« Vous ne pouvez pas devenir un grand joueur en vous asseyant dans votre rocking-chair sans vous battre. Ça ne marche pas comme ça. Chaque joueur doit se battre. Mais il peut le faire. (…) Dans un grand club, vous avez une grosse concurrence avec de bons joueurs. C’est tout à fait normal. »

1 – Folarin Balogun (Monaco – 40M€)

209 petites minutes avec le maillot d’Arsenal, et le voilà propulsé meilleure vente de l’histoire du club. S’il sera un Baby Gunner pour toujours, Folarin Balogun n’a jamais pu s’exprimer pleinement avec l’équipe première. On se souviendra de ses deux buts en Ligue Europa, mais aussi quand il a été jeté dans la gueule du loup au début de saison 2021/2022, titulaire lors du naufrage à Brentford et entré en jeu face Chelsea. 

Son prêt à Reims a été judicieux. Tellement qu’il a tout explosé, et avec ses 20 pions en Ligue 1, le néo-américain s’est permis de choisir son destin. Début juillet, Arteta l’incorpore dans la préparation : « Nous lui faisons confiance. C’est pourquoi nous lui avons donné les minutes qu’il mérite pour montrer ce qu’il peut faire. Il reste ici avec nous pour le moment et nous verrons ce qui se passera. »

Mais en réalité, son départ parait inéluctable pour deux raisons : il n’est pas intéressé par un statut de remplaçant et sa valeur marchande représente une véritable opportunité de vente. Son nom a circulé dans toute l’Europe, mais c’est finalement à Monaco que ses valises se posent, club qui a une histoire si particulière avec Arsenal. Dans un championnat qui semble correspondre à son profil et avec une équipe dominatrice, Folarin Balogun a tout pour s’imposer comme l’un des meilleurs 9 d’Europe. En espérant qu’on ne le regrette pas trop…

Antoine #AFC