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Saliba – Gabriel : défense d’entrer
S’il y a bien une chose irréprochable du côté de cet Arsenal version 2023-2024, c’est sa défense. Actuellement meilleure défense de Premier League, les Gunners ont su mettre à profit le recrutement de Declan Rice au milieu de terrain cet été pour consolider une défense qui était déjà impériale la saison dernière. Les deux grands bâtisseurs de cette défense, William Saliba et Gabriel Magalhães, sont absolument impériaux et affichent une complicité à toute épreuve. Comment ces deux anciens pensionnaires de Ligue 1 sont-ils parvenus à former la meilleure charnière de Premier League ? Et surtout, pourquoi la relation entre les deux joueurs est la clé du retour d’Arsenal au plus haut niveau ?
Saliba, French Legacy
L’histoire de William Saliba n’a pas commencé de la meilleure des manières dans le Nord de Londres. Arrivé lors de l’été 2019 en provenance de Saint-Etienne, Saliba repart directement une année en prêt chez les Verts. À son retour, Saliba ne joue pas et végète avec la réserve. Arteta est clair, le joueur n’est pas prêt. Il est de nouveau prêté pendant six mois à Nice, puis une saison complète à Marseille. A l’OM, le joueur confirme enfin tout son potentiel et termine meilleur espoir de Ligue 1.
De retour avec les Gunners, Saliba réalise une préparation de tonnerre et montre à Arteta qu’il est enfin prêt à porter la tunique rouge et blanche. Le reste appartient à l’histoire. Lors de son premier match, Saliba sort une performance fabuleuse face à Crystal Palace. Il marque quelques jours plus tard un but somptueux face à Bournemouth. En quelques semaines, Saliba gagne le cœur des Gunners en multipliant les tours de force. Les observateurs sont unanimes, une telle adaptation pour un joueur qui n’avait pas joué une seule minute de Premier League auparavant relève du paranormal.
Saliba ramène ce qu’il manquait cruellement à Arsenal à ce poste depuis tant d’années : de l’anticipation, du calme, de l’intelligence et surtout de la précision à la relance grâce à une superbe technique balle au pied. Malheureusement, une sale blessure au dos au mois de mars viendra terminer prématurément sa saison, ce qui n’enlève en rien ses formidables sept premiers mois de compétition.
On ne change pas une équipe qui gagne. Saliba a pris le temps pour se remettre de sa blessure et repart de plus belle lors de cette nouvelle saison. Il arrive que le Français connaisse quelques trous d’air, comme lors de la double confrontation face à Porto par exemple, explicable par son manque d’expérience en coupe d’Europe, mais son assurance et sa domination continue d’impressionner tout le monde. C’est un maillon indispensable du système d’Arteta grâce à sa capacité de relance et sa capacité à défendre très haut sur le terrain. Défendre dans cette position demande à un défenseur central une très grosse anticipation et aussi une grosse pointe de vitesse en cas de contre-attaque, chose que Saliba maitrise sur le bout des doigts de pieds.
Ce qui différencie Saliba des autres défenseurs, c’est également sa qualité de passe. Il n’a pas peur de garder le ballon ou de monter très haut avec sur le terrain. Le grand projet d’Arteta étant de construire le jeu depuis le gardien, il lui fallait obligatoirement un défenseur à l’aise balle au pied, capable de casser des lignes et de trouver les milieux de terrain sous pression. Chose que Saliba a su faire à la perfection depuis son arrivée.
Preuve ultime de son statut de titulaire indiscutable, Saliba est le seul joueur du championnat à avoir disputé toutes les minutes de Premier League cette saison. Une statistique aussi impressionnante qu’inquiétante, quand on sait que sa blessure de l’année dernière avait mis indirectement fin aux espoirs de titre d’Arsenal. Une affirmation qui peut sembler osée, mais force est de constater que la chute des Gunners dans le sprint final coïncide étrangement à la blessure de « Wilo ».
Au-delà de tous ces superlatifs, William Saliba est avant tout français. Aujourd’hui seul représentant tricolore chez les Gunners, William continue de perpétuer la tradition des « Frenchies », comme on aimait bien les appeler à l’époque. Même si la comparaison est tentante, Saliba n’a pas grand-chose à voir avec le profil de Koscielny, le dernier défenseur français à avoir marqué les esprits dans le nord de Londres.
Remporter un titre majeur avec Arsenal représenterait un beau symbole pour tous les suiveurs français d’Arsenal, qui ont toujours eu un lien spécial avec ce club auparavant représenté par les grands Henry, Pirès, Vieira, Wiltord, Anelka ou bien Petit.
Gabriel, forcer sa destinée
Gabriel débarque sur la pointe des pieds en provenance de Lille à l’été 2020. Son prix de 30 millions d’euros, somme record pour un défenseur à Arsenal à l’époque, est conséquent, mais la pression sur le défenseur est moindre comparée à ce qu’on a pu connaitre avec un Nicolas Pepe, par exemple. Arsenal doit se renforcer en défense et mise sur Gabriel pour apporter une solidité défensive devenue inexistante à Arsenal.
Le Brésilien, qui est âgé de 22 ans à l’époque et qui n’a joué qu’une cinquantaine de matchs avec Lille, semble un pari très risqué. Les premiers matchs du Brésilien sont pourtant très satisfaisants et le joueur dégage une grosse puissance et une belle présence athlétique qui lui permettent de très vite se démarquer sur les corners. Gabriel fait preuve d’une adaptation-éclair et adopte déjà sa place de titulaire.
Les premières faiblesses de Gabriel sautent malheureusement vite aux yeux au bout de quelques matchs. Manque de discipline, déficit de concentration, Gabriel passe parfois complètement à travers ses actions et ses interventions manquent d’assurance. Le Brésilien va devoir gommer ses défauts s’il veut garder sa place de titulaire dans un Arsenal en constante reconstruction. Son association avec Ben White redonne à Arsenal un équilibre défensif important pour retrouver le haut du classement, mais le rendement irrégulier de Gabriel laisse encore quelques interrogations planer.
C’est lors du retour de William Saliba que Gabriel va trouver le déclic et élever son niveau de jeu. Les recrutements sont ambitieux (Gabriel Jesus, Zinchenko) et plus personne n’est assuré d’avoir une place de titulaire. Chaque joueur va devoir se battre pour sa place, et Gabriel le sait. Porté par les premiers matchs magistraux de Saliba, Gabriel se met naturellement au niveau de son compère en défense.
Des erreurs d’inattention sont toujours présentes, comme le carton rouge lors du premier match de 2023 face à Manchester City, mais ces dernières se font de plus en plus rares. Une vraie connexion se forme avec Saliba et Gabriel monte en puissance au fil des matchs, jusqu’au point où les deux joueurs forment à eux deux un socle défensif époustouflant qui mène Arsenal à la seconde place du classement de Premier League. Mais Gabriel n’a pas encore dit son dernier mot.
Sur cette édition 23/24, Gabriel a encore haussé d’un cran son niveau et à trouvé une stature que personne n’attendait. Ses mauvais matchs se comptent sur le doigt d’une main et il se révèle être l’un des meilleurs joueurs de l’effectif. Ses interventions dégagent une puissance incroyable sans pour autant être proches de la faute. Si Saliba était considéré comme le leader défensif la saison passée, force est de constater que c’est Gabriel qui occupe ce rôle désormais, à la surprise générale.
Au-delà de ses capacités défensives, Gabriel s’est avéré être une arme offensive redoutable sur coups de pieds arrêtés au fil des années. Il a marqué un total de 14 buts en Premier League depuis son arrivée à Arsenal il y a quatre ans, aucun défenseur n’a marqué plus dans ce laps de temps. En plus d’être un cauchemar pour les attaquants, c’est également une plaie pour les défenseurs de défendre sur lui lors des coups de pieds arrêtés, notamment grâce au travail de Nicolas Jover.
Une alchimie parfaite
Des très grands défenseurs, la Premier League en a vu passer des centaines. Mais au bout du compte, ce qui fait gagner des titres, c’est le lien si important qui lie ces deux joueurs en charnière centrale. Impossible de créer une défense imperméable sans alchimie, surtout dans le football moderne, et encore plus dans cette Premier League.
Une cohésion qui peut s’expliquer en plusieurs facteurs. Tout d’abord, les deux joueurs parlent français. Saliba, par sa langue natale, puis Gabriel, par son passage à Lille et Troyes dont il a gardé un très bon français. Un avantage qui leur permet de parfaitement communiquer sur et en dehors du terrain.
Âgés respectivement de 23 et 26 ans, la jeunesse est aussi ce qui lie les deux défenseurs. On dit souvent qu’un défenseur expérimenté aide souvent le défenseur le plus jeune à progresser. Il n’est pas question de ça ici puisque les deux défenseurs ont à peu près le même nombre de matchs en carrière (201 pour Saliba contre 258 pour Gabriel). C’est également ce qui rend les performances des deux joueurs si exceptionnelles, puisqu’il montre déjà une immense expérience et un très grand contrôle des situations en très peu de temps. Arteta n’est sans doute pas étranger à cette maîtrise-là.
Autre preuve de l’alchimie parfaite des deux joueurs, leur double confrontation en championnat cette saison face à la bête noire des Gunners ces dix dernières années : Manchester City. Autrefois ultra dominateurs face à Arsenal, la tendance s’est complètement inversée cette année puisque Manchester City n’a cadré que deux petits tirs sur l’ensemble des deux confrontations. 20 possessions remportées, 16 duels gagnés, 11 dégagements, 7 tacles, 4 interceptions, 2 clean-sheets… Ce sont les stats folles du tandem Saliba – Gabriel face aux hommes de Guardiola cette saison en championnat.
Ce qui fait les grandes charnières, au-delà de la cohésion et de l’entente entre deux joueurs, c’est aussi la complémentarité entre les deux profils. Bien différents dans le cas de Saliba et Gabriel, leurs profils se complètent pourtant à merveille. Le calme et la sérénité pour Saliba, la puissance et le courage pour Gabriel. Un profil plus technique d’un côté et un profil plus destructeur de l’autre. L’anticipateur et le stoppeur.
Même s’il serait bête de limiter les joueurs à ces rôles-là car les deux peuvent aussi aller sur le terrain de l’autre en cas de moins bien, il est évident que c’est cette dualité qui fait l’immense force de notre charnière centrale aujourd’hui et qui est aujourd’hui l’une des principales raisons du retour au plus haut niveau des Gunners en Premier League.
Il est également important de préciser que les performances de Saliba et Gabriel sont sublimées et rendues plus « faciles » grâce au travail de Partey l’année dernière et à celui de Rice cette année. Posté en véritable tour de contrôle devant la défense l’année dernière, Partey abattait un travail considérable à la récupération qui permettait à Saliba et Gabriel de se concentrer sur les phases de relance.
Suite à la longue absence de Partey, c’est Rice qui a endossé ce rôle cette année, au début en tant que numéro 6, puis en tant que numéro 8. L’Anglais réalise un travail monstrueux au milieu de terrain depuis son arrivée et sa relation avec Saliba et Gabriel saute aux yeux. Alors que l’équipe a connu une période de manque de réalisme offensif au mois de décembre, le trio Saliba-Gabriel-Rice reste celui qui a toujours tenu la barque contre vents et marées.
Aujourd’hui meilleure défense de Premier League avec seulement 24 buts encaissés en 31 matchs, Arsenal réalise pour l’instant une saison historique d’un point de vue défensif. On est certain que si les Gunners continuent sur cette voie, le duo Saliba-Gabriel se hissera parmi les plus grandes charnières de l’histoire du club, aux côtés de Campbell-Touré ou encore Adams-Keown.
À l’aube du grand quart de finale de Ligue des Champions avec le Bayern Munich, Saliba et Gabriel apparaissent comme la force majeure d’Arsenal dans la compétition. Pour la première fois arrivés à ce stade depuis 14 ans, les Gunners vont pouvoir s’appuyer sur ce duo du choc pour espérer aller le plus loin possible en Ligue des Champions. En difficulté lors de la double confrontation face à Porto, à eux de prouver qu’ils ont aussi les épaules pour briller lors des grandes soirées européennes.
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