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Arsenal version 2023-2024 est-il moins bon que la saison dernière ?
La défaite dans la dernière ligne droite, face à l’ogre City la saison dernière, semble déjà digérée et oubliée. Avec un début de saison remarquable malgré quelques accrocs, notamment en coupe, Arsenal est une fois de plus dans le bon wagon pour une course au titre suprême de la Premier League. Pourtant, un sentiment général règne devant les prestations des Gunners cette saison. Un Arsenal différent de la saison dernière. Moins flamboyant, moins spectaculaire. Arsenal est-il moins bon que sa version 2022-2023 ?
L’évolution tactique
Mikel Arteta ne démarre jamais une saison sans mettre en place une évolution tactique.
La saison dernière, Arteta intronisait un 11 de départ construit autour de la volonté de faire rentrer ses latéraux à l’intérieur du jeu, notamment Zinchenko, pour apporter le surnombre au milieu de terrain, et amener le danger très rapidement dans le camps adverse. Un double pivot Zichenko / Partey qui fonctionnait très bien en phase de possession, permettant à Odegaard et Xhaka d’utiliser beaucoup de verticalité dans leurs jeux. Verticalité qui a rapidement mis sur orbite la ligne offensive, avec notamment Gabriel Martinelli et Bukayo Saka qui nous ont offert une saison phénoménale.
Le mercato d’été est passé par là. Granit Xhaka, pierre angulaire du milieu de terrain, a tiré sa révérence et est parti comme un prince du nord de Londres. Le départ du milieu de terrain suisse a imposé une refonte totale du milieu de terrain des Gunners : remplacer Xhaka, mais aussi trouver un concurrent à Partey, bien seul devant la défense.
Le board opte alors pour Jorginho au mercato d’hiver, mais le grand bouleversement passe par Declan Rice et Kai Havertz pour refondre le milieu de terrain. Declan Rice pour solidifier l’aspect défensif de l’équipe, et le coup de poker Kai Havertz pour renforcer l’attaque des Gunners. Un attaquant pour remplacer Xhaka, le pari est excitant sur le papier.
Lire aussi : Kai Havertz, c’est quoi le problème ?
Kieran Tierney exit, c’est Timber qui est venu pour le remplacer. Pas un pur latéral, mais un profil de défenseur polyvalent capable d’occuper les couloirs, mais aussi la défense centrale.
Des recrues qui donnent l’occasion à Arteta de faire évoluer son schéma tactique par rapport à la saison précédente. Premièrement, Timber est utilisé dans les couloirs, notamment à gauche pour solidifier la ligne défensive. Point faible de Zinchenko, le défenseur batave est censé contenir l’ailier adverse plus particulièrement en 1vs1. Deuxièmement, Partey est replacé de l’autre côté dans le couloir droit. Ce n’est plus Zinchenko qui rentre à l’intérieur du jeu dorénavant, mais bien le milieu ghanéen, qui forme un double pivot avec Declan Rice en phase de possession. Enfin, Kai Havertz évolue dans une position bien plus basse qu’à Chelsea. Au côté de Martin Odegaard, il se mue en meneur de jeu voir deuxième attaquant en phase offensive.
Des profils différents de la saison dernière, pour amener quelque chose de nouveau. Arteta tente des choses tactiques sur les premières semaines, expérimente. Mais il doit rapidement faire face à la terrible blessure de Timber ainsi qu’aux blessures à répétition de Partey. Deux blessures de longues durées, qui forcent Arteta à improviser et changer ses plans. Gabriel réintègre le 11 et White reprend son couloir droit. Zinchenko lui, redevient l’arrière gauche qui forme le double pivot avec donc Declan Rice, en l’absence de Partey.
Declan Rice se montre rapidement à la hauteur de l’enjeu, et est sans contestation possible le Gunners de ce début de saison. Difficile d’en dire autant à propos de Kai Havertz. Déjà sous le feu des critiques avant même son premier match avec Arsenal, le jeune attaquant allemand est à la peine sur le premier tiers de cette saison. Cependant, la critique est aisée mais l’art est difficile. Mis au pilori, voir moqué, pour ses prestations dès les première semaines, Havertz est juste un attaquant qui découvre un nouveau club, une nouvelle philosophie et surtout un nouveau poste. L’homme à blâmer pour les premiers pas de l’allemand n’est pas Havertz, mais bien Arteta. Ce coup de poker vient de lui, et non pas du jeune allemand. On a parfois le sentiment que le coach espagnol a poussé dans le grand bain un Havertz qui ne savait pas (encore) nager.
Des premiers pas difficiles pour le néo milieu de terrain allemand, qui profite à Jorginho. Arteta prend le choix de le positionner devant la défense, et de faire monter Declan Rice d’un cran, au côté de Martin Odegaard. Un 433 qui se mue en 4231 hybride. Choix payant lors de la victoire 1-0 contre Manchester City.
Une phase de construction différente
Nouvelle saison, nouveau schéma tactique, nouveaux joueurs et nouveaux repères donc. Comptablement parlant la mayonnaise prend. Premier de son groupe en Ligue des Champions, 3ème de Premier League à un point du leader Manchester City, les Gunners répondent présents malgré la quantité de blessés que le club doit gérer.
Toutes ces nouveautés impactent le jeu des hommes d’Arteta, qui est moins “fluide” et spectaculaire que la saison dernière. Les “xG” (expected goals) par match sont plus faibles cette saison, preuve que cet Arsenal est moins dangereux devant le but adverse. En revanche, les Gunners concèdent beaucoup moins d’occasions.
En effet, Arteta s’adapte aux profils à sa disposition, et le schéma de la saison dernière n’est pas adapté aux nouveaux profils ajoutés dans le 11 de départ. La clé reste toujours cette volonté de créer ce fameux double pivot entre la pointe basse du milieu de terrain et un arrière latérale, en l’occurrence Zinchenko et Declan Rice ou Jorginho. Comme expliqué plus haut, l’objectif de cette paire est de créer la différence au milieu de terrain, et d’amener de la verticalité et rapidité dans le jeu des Gunners. En d’autres termes, avoir la faculté de recevoir le ballon, se retourner et orienter le jeu.
Chose que Thomas Partey arrive parfaitement à faire. Rice est lui, différent. 2 profils qu’on peut juger complémentaire, mais l’ancien capitaine de West Ham ne peut pas faire du Partey. Le milieu de terrain anglais excelle dans son travail défensif et son abattage physique, tandis que le milieu ghanéen excelle dans l’orientation du jeu, et amener le ballon vers la zone de vérité.
Rice préfère plutôt se placer plus proche des ailes pour recevoir le ballon, plutôt que dans le milieu du terrain pour éviter un pressing immédiat, zone que Jorginho affectionne bien plus. Ceci explique le choix d’Arteta d’aligner le milieu italien dans le double pivot au côté de Zinchenko, plutôt que Rice.
L’ancien milieu de terrain de Chelsea n’est cependant pas Partey non plus. Conséquence immédiate : la verticalité qu’amenait le ghanéen au côté de Zinchenko la saison dernière est plus difficile à trouver aujourd’hui. Par réflexe, le jeu se tourne beaucoup plus vers les côtés, car la zone centrale est plus compliquée à exploiter.
Constat qui apparait très bien dans les zones du terrain utilisées par les Gunners cette saison par rapport à la saison dernière.
Moins de verticalité dans le milieu de terrain, et moins de ballons dans la zone centrale donc. Le couloir droit en sort vainqueur, il suffit de voir les chiffres du début de saison de Saka pour s’apercevoir qu’il est notre leader offensif (6 buts et 8 assists en 17 matchs toutes compétitions confondues).
A l’inverse, c’est Martin Odegaard qui paye les frais de ce changement d’animation tactique. Notre capitaine se délectait la saison dernière du dynamisme dans notre jeu. Il suffisait de trouver le milieu norvégien en mouvement, et le danger arrivait immédiatement dans la surface adverse. Cette saison s’est logiquement plus compliqué. Odegaard peine à peser sur le jeu, privé de ballons et de mouvements dans sa zone centrale.
Odegaard a besoin de dynamisme et de faire progresser le ballon très rapidement dans sa zone pour être impactant dans le jeu. Et comme expliqué plus haut, sa zone est beaucoup moins utilisée cette saison. Trouver un Odegaard arrêté n’est pas là où il brille le plus.
On a donc parfois l’impression qu’Arsenal a la possession, mais que c’est stérile. Bloqué au milieu de terrain, les Gunners passent par les côtés. Mais très souvent confrontés à des blocs bas, difficile de trouver la faille sur les ailes. On voit donc les hommes d’Arteta faire circuler le ballon autour de la surface adverse, sans réellement réussir à trouver une faille ou déstabiliser un bloc adverse, et créer du danger. Exemple criant contre Newcastle, où avec 59% de possession les Gunners ont tiré 14 fois au but…pour seulement un seul tir cadré.
La solidité et le contrôle au détriment du spectacle
Arsenal crée beaucoup moins de dangers. C’est donc un fait. Les phases de possession sont plus grandes, les attaques moins directs. Les Gunners prennent leurs temps.
Une mauvaise chose ? Pas vraiment. Car Arsenal a certes perdu en spectacle, mais Arsenal est devenu en contre partie solide. Très solide.
En 12 matchs de Premier League cette saison, les Gunners n’ont concédé que 10 buts. C’est le chiffre le plus bas en Premier League cette saison, à égalité avec Liverpool. Mais ce n’est pas tout. Arsenal concède moins de tirs et moins d’occasions adversaires que la saison dernière. Les hommes d’Arteta tiennent également beaucoup plus le ballon. Moins de pertes de balle, et plus de phases de possession.
Lire aussi : The Arsenal, un collectif qui arrive à maturité ?
Plus solide, mais plus léthale également. Arsenal n’est que le 12ème club de Premier League qui se crée le plus d’occasions en Premier League depuis le début de saison. En revanche, les Gunners se hissent à la 4ème place du classement des “Expected Goals” en Premier League. En résumé : Arsenal ne concède rien, se crée moins d’occasions mais quand ils se créent une occasion, ça fait très souvent mouche. A la manière d’un Boa Constricteur, Arsenal s’enroule progressivement autour de sa victime, prend son temps et fini par l’avaler. Une approche plus pragmatique que la saison dernière.
Les meilleures défenses cette saison (selon le nombre de xG concédés) :
— Arsenal French Club (@FrenchAFC) November 14, 2023
1. Arsenal – 9,64 (xG)
2. Manchester City – 11,84 (xG)
3. Newcastle – 14,26 (xG)
La solidité 💪@xGPhilosophy pic.twitter.com/AcqpdTE41Q
Arsenal a appris de ses erreurs. Les vagues offensives de l’année dernière ont engendré parfois de véritables chaos sur le terrain, dans des moments clés de la saison, où un plus gros contrôle des matchs aurait donné la solidité défensive nécessaire pour finir correctement la saison. Souvenez vous du nul 3-3 à L’Emirates contre Southampton, ou encore le nul 2-2 à West Ham en fin de saison dernière. Du chaos, des points perdus et beaucoup de regrets en fin de saison.
Arsenal version 2023-2024 est juste la continuité du Arsenal 2022-2023, avec de la maturité et plus de calme.
Les Gunners ont compris cette saison que la solidité et le contrôle priment plus sur les vagues offensives. La finalité reste la même, les moyens sont juste différents.
Arsenal est il différent de sa version 2022-2023 ? Oui. Pour autant, est ce un Arsenal moins bon ? Pas du tout. Terminé le chaos et les vagues offensives de la saison dernière, place au contrôle du jeu et à la solidité. Moins spectaculaire mais ultra solide, le jeu des Gunners a juste mûri. Premier de son groupe en Ligue des Champions et un point derrière le leader City en Premier League, les Gunners se placent pour le grand sprint qui démarre après les fêtes de fin d’année. Comme a dit Michael Jordan : “L’attaque fait lever les foules tandis que la défense fait gagner des titres”.
#Louis AFC