Holding

Rob Holding : pourquoi tant de haine ?

16 mars 2023 : soirée cauchemardesque pour les Gunners. Opposés au Sporting Portugal en 8ème de finale retour d’Europa League, le parcours européen des protégés d’Arteta s’arrête brusquement. Mais ce n’est pas tout, en plus de cette piteuse élimination, Arsenal doit également digérer deux grosses blessures qui impactent le sprint final des Gunners en championnat : celles de Tomiyasu et Saliba. Le verdict est vite tombé pour le Japonais, forfait pour le reste de la saison. Pour Saliba, sa disponibilité ou non pour la fin de saison est à l’heure actuelle toujours analysée par le staff médical. Une chose est sûre : c’est une blessure sérieuse, qui force Arteta à piocher dans la profondeur de son effectif, et aligner des joueurs que nous avions peu vu depuis le début de saison. À commencer par Rob Holding. 


Rob le dernier dinosaure 

Beaucoup ont oublié son existence depuis la prise de pouvoir de la charnière Gabriel – Saliba, et pour cause : Holding, c’est seulement 17 minutes de jeu cette saison en championnat, avant la blessure de Saliba. Un joueur qui avait presque disparu des radars, le dernier d’une ancienne génération de Gunners. Car oui, Holding est bel et bien un joueur historique du club.

Arrivé en 2016 en provenance de Bolton pour 2 millions d’euros, Holding est une des dernières recrues made in Arsène Wenger : peu onéreux, peu connu et très jeune. Devant faire face à une charnière vieillissante mais très efficace composée de Per Mertesacker et Laurent Koscielny, Holding doit faire ses classes et se contenter des miettes, à partager avec Calum Chambers et Gabriel Paulista.

À son arrivée, il n’était qu’un simple joueur de rotation d’effectif et malheureusement, cette étiquette ne l’a jamais quitté. Tantôt handicapé par de grosses blessures (ruptures des ligaments croisés en 2019) ou tantôt par des méformes, Holding ne réussit jamais à définitivement s’installer comme un titulaire indiscutable. Trop irrégulier, pas assez fiable, que ce soit sous Arsène Wenger, Unai Emery ou Mikel Arteta, personne ne compte réellement sur lui en tant que titulaire régulier.

Et pourtant, Rob Holding est toujours là. Avec Granit Xhaka et Mohamed Elneny, il est aujourd’hui, à seulement 27 ans, un des plus anciens joueurs de l’effectif. Une longévité au club qui s’explique par son caractère. Un joueur cadre du vestiaire, historique, qui accepte parfaitement son rôle de second, voir de troisième couteau. Il n’est également pas un joueur qui fait parler de lui en dehors du terrain (hormis pour son come back capillaire historique), en bref un vrai soldat. Un statut qui peut d’ailleurs l’amuser, notamment la saison dernière où Arteta le faisait régulièrement entrer dans les dernières minutes des matchs et passer dans une défense à 5 pour conserver un score. Des surnoms ont commencé à émerger sur les réseaux sociaux dès qu’Holding faisait son entrée : “Holding Klaxon” ; “Holding on” ; “Shutdown”. Car oui, quand Holding rentrait à la 88ème minute, c’était synonyme de game over pour les adversaires.

Il déclarait d’ailleurs à ce sujet en 2022 : “C’est quelque chose qui s’est passé vers la fin de la saison dernière. Évidemment, nous étions dans une position où nous avions vraiment besoin de points. On était à 1-0 et on s’est dit : « Pourquoi prendre plus de risques ? On ferme la boutique». Vous voyez les Italiens le faire dans tous les tournois majeurs – ils marquent puis ferment boutique – alors pourquoi pas ?”

Un vrai soldat expérimenté de la Premier League, joueur de l’ombre et qui accepte son statut de second rang, qui se voit pousser en pleine lumière pour tenter de faire oublier la blessure de Saliba, le tout dans un moment clé de la saison. 

Responsable mais pas coupable


Remplacer un joueur clé n’est jamais simple, d’autant plus pour Holding plutôt habitué à l’ombre. Son retour dans le XI se passe pourtant très bien : victoire 4-1 contre Crystal Palace à l’Emirates le 19 mars. Holding est d’ailleurs acclamé sur chacun de ses ballons, et il rend une copie plus que correcte ce jour-là (noté 6/10 par AFC).

Une prestation qui n’est pas passée inaperçue aux yeux d’Arteta : “Rob a une très grosse expérience avec Arsenal et en Premier League et je pense qu’il l’a démontré de la meilleure des manières contre Crystal Palace“.
Malheureusement, les choses commencent à se gâter à Anfield. Menant par deux buts d’écart, les Gunners concèdent un match nul évitable et perdent deux points dans la course au titre. Concédant un pénalty (raté par Salah), les fantômes passés d’un Holding peu fiable remontent à la surface. Une méforme collective qui va s’accentuer dans les matchs suivants : encore un nul à West Ham alors que les Gunners menaient 2-0 très rapidement, et enfin le fameux 3-3 contre Southampton à l’Emirates. Il n’a pas fallu longtemps pour que les réseaux sociaux fassent le rapprochement entre les points perdus de ces dernières semaines avec le retour dans le XI de Holding.

Car oui, Holding est responsable de ces pertes de points. Mais il n’est pas plus responsable que ses 10 autres coéquipiers sur le terrain. Pas plus responsable qu’un Saka qui rate son pénalty crucial contre West Ham, pas plus responsable qu’un Ramsdale auteur d’une énorme erreur menant à l’ouverture du score des Saints ou pas plus responsable qu’un Zinchenko bêtement éliminé en un contre un sur l’égalisation des Reds à Anfield. La responsabilité est collective et non individuelle. Un bouc émissaire très (trop) facile ?

 

Quel avenir pour Holding ? 


A 27 ans, Holding est juste à son niveau. Le niveau qu’on lui connait, un joueur moyen mais excellent soldat comme évoqué plus haut. Ses lacunes défensives ne sont pas une surprise, s’il ne s’est jamais imposé comme titulaire c’est qu’il y a une raison. 

Le problème est ailleurs, et soulève d’autres questions : en connaissant les faiblesses de Holding depuis maintenant sept ans, comment se fait-il qu’il soit aujourd’hui considéré comme un back up d’un club visant le titre de Premier League ? Holding n’a nullement le niveau pour concurrencer Saliba, et n’a pas non plus le niveau pour n’être qu’un suppléant dans un top club de Premier League. Le vrai problème réside dans la qualité de la profondeur de l’effectif. Problème qui devrait être résolu cet été lors du mercato estival. Le groupe aura encore besoin de se renforcer, et surtout se renforcer en qualité. Sur chaque ligne. 

De quoi sonner le glas du parcours d’Holding chez les Gunners ? Peut-être. En fin de contrat dans un an, le board cherchera certainement à apporter une plus grande qualité à la profondeur de l’effectif, chantier déjà démarré cet hiver avec les arrivées de Trossard, Jorginho et Kiwior. On assiste donc peut être aux derniers matchs de “Holdini” sous le maillot d’Arsenal. 


Véritable soldat du club, Holding n’en reste pas moins qu’un joueur moyen qui joue avec ses qualités. Conscient de son rôle et son niveau, il n’a jamais causé de problème en dehors du terrain et se dévoue corps et âme à chaque match. En fin de contrat dans un an, de nouveau titulaire dans une équipe qui tangue collectivement au pire moment de la saison, Holding doit tenter de faire oublier Saliba et guider les siens vers le titre suprême de Premier League. Payant son image de joueur moyen, Holding est aujourd’hui désigné comme bouc émissaire du récent coup d’arrêt des Gunners. 

Une haine injustifiée, vous avez dit ? 

Louis #AFC


Publié

dans

par